Книга - Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin

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Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin
Maurice Leblanc


Легко читаем по-французски
Кто же этот загадочный Арсен Люпен? Он неуловимый грабитель и искусный мастер перевоплощений. Известно только, что герой обаятельный, элегантный, красивый и необычайно умный, в остальном его личность остается загадкой. Воровство – это его призвание и любимое развлечение. Кражи Арсена Люпена похожи на ловкие фокусы, веселые розыгрыши и искусные постановки пьес. Герой забавляется сценариями своих постановок и может вовлечь в них любого. Сам же всегда остается незамеченным. Прочитайте эти увлекательные истории на языке оригинала. Под силу ли вам раскрыть тайны Арсена Люпена?

Издание рекомендовано в качестве дополнительного пособия для изучающих французский язык (уровень от А2). Книга подойдет для начинающих, так как все сложные речевые обороты и выражения поясняются. После основного текста вы найдете упражнения на понимание прочитанного и развитие речевых навыков. В конце книги расположен словарь, составленный непосредственно к данным рассказам.

В формате a4.pdf сохранен издательский макет.





Морис Леблан

Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin





© Потокина А. М., подготовка текста, комментарии, упражнения, словарь, 2023

© ООО «Издательство АСТ», 2023





Maurice Leblanc

Les Confidences d'Arsène Lupin





Les jeux du soleil


«Lupin, racontez-moi donc quelque chose.

– Eh! que voulez-vous que je vous raconte? – me répondit Lupin qui somnolait sur le divan de mon cabinet de travail. – Un tas de potins[1 - un tas de potins – множество сплетен] qui n’ont aucun intérêt.

– Aucun intérêt, votre cadeau de cinquante mille francs à la femme de Nicolas Dugrival! Aucun intérêt, la façon mystérieuse dont vous avez déchiffré l’énigme des Trois tableaux!

– Étrange énigme, en vérité, dit Lupin. Je vous propose un titre: Le signe de l’ombre[2 - le signe de l’ombre – знак тьмы].»

C’était l’époque où[3 - C’était l’époque où… – Это было время, когда…] Lupin, déjà célèbre, n’avait pourtant pas encore livré ses plus formidables batailles[4 - …n’avait pourtant pas encore livré ses plus formidables batailles – еще, однако, не участвовал в своих самых великолепных сражениях (livrer (une) bataille – дать сражение)].

Comme il se taisait, je répétai:

«Lupin, je vous en prie!»

À ma stupéfaction, il répliqua:

«Prenez un crayon, mon cher, et une feuille de papier.»

J’obéis vivement.

– Vous y êtes?[5 - Vous y êtes? – Вы готовы?] dit-il. Inscrivez: 19–21 – 18–20 – 15–21 – 20

– Comment?

– Inscrivez, vous dis-je.

Il était assis sur le divan, les yeux tournés vers la fenêtre ouverte, et ses doigts roulaient une cigarette de tabac oriental.

Il prononça:

«Inscrivez: 9 – 12 – 6–1…»

Il y eut un arrêt. Puis il reprit:

«21.»

Et, après un silence:

«20 – 6…»

Était-il fou? Je le regardai: il n’avait plus les mêmes yeux indifférents qu’aux minutes précédentes, mais que ses yeux étaient attentifs.

Cependant, il dictait, avec des intervalles entre chacun des chiffres:

«21 – 9 – 18 – 5…12 – 5–4 – 1.»

Et soudain, je compris…, ou plutôt, je crus comprendre[6 - je crus comprendre – я подумал, что понял (crus – форма прошедшего времени (passé simple) глагола croire).]. Par la fenêtre il comptait les reflets intermittents d’un rayon de soleil qui se jouait sur la façade noircie de la vieille maison, à la hauteur du[7 - à la hauteur du – на высоте, на уровне] second étage.

«14 – 7…» me dit Lupin.

Le reflet disparut pendant quelques secondes, puis, coup sur coup[8 - coup sur coup – вспышка за вспышкой], à intervalles réguliers, frappa la façade, et disparut de nouveau.

Instinctivement, j’avais compté, et je dis à haute voix[9 - à haute voix – громко, громким голосом]:

«5…

– Vous avez saisi? Pas dommage[10 - Pas dommage – Наконец-то!], ricana Lupin. – À votre tour, maintenant, comptez…»

J’obéis, tellement ce diable d’homme[11 - ce diable d’homme – этот чертов человек] avait l’air de savoir[12 - avait l’air de savoir – знал (имел вид того, кто знает…)] où il voulait en venir. Le soleil continuait à danser en face de[13 - en face de – напротив] moi, avec une précision vraiment mathématique.

«Et après? me dit Lupin, à la suite d’un silence plus long[14 - à la suite d’un silence plus long – после продолжительной паузы]…

– Ma foi[15 - Ma foi – Право (же); Признаться; Честное слово], cela me semble terminé…»

Sans bouger de son divan, Lupin reprit:

«Ayez l’obligeance[16 - Ayez l’obligeance – Будьте любезны], mon cher, de remplacer chacun de ces chiffres par la lettre de l’alphabet qui lui correspond en comptant, n’est-ce pas, A comme 1, B comme 2, etc.»

Je notai les premières lettres: S-U-R-T-O-U-T…

«Un mot! m’écriai-je… Voici un mot qui se forme.

– Continuez donc, mon cher.»

Et je continuai.

«Ça y est? me dit Lupin, au bout d’un instant[17 - au bout d’un instant – через некоторое время].

– Ça y est!.. Par exemple, il y a des fautes d’orthographe.

– Ne vous occupez pas de cela, je vous prie…, lisez lentement.»

Alors je lus cette phrase inachevée:

«Surtout il faut fuire le danger, éviter les ataques, n’affronter les forces enemies qu’avec la plus grande prudance, et…»

Lupin fit quelques pas de droite et de gauche dans la pièce, puis alluma une cigarette, et me dit:

«Ayez l’obligeance d’appeler au téléphone le baron Repstein et de le prévenir que je serai chez lui à dix heures du soir[18 - je serai chez lui à dix heures du soir – я буду у него в десять часов вечера (serai – будущее время (future simple) глагола être)].

– Le baron Repstein? demandai-je, le mari de la fameuse baronne?

– Oui.

– C’est sérieux?

– Très sérieux.»

Absolument confondu, je décrochai l’appareil[19 - je décrochai l’appareil – я снял телефонную трубку]. Mais, à ce moment, Lupin m’arrêta d’un geste autoritaire et prononça:

«Non… C’est inutile de le prévenir… Il y a quelque chose de plus urgent…»

Rapidement, il empoigna sa canne et son chapeau.

«Partons. Si je ne me trompe pas, c’est une affaire qui demande une solution immédiate.»

Dans l’escalier, il passa son bras sous le mien et me dit:

«Je sais ce que tout le monde sait. Le baron Repstein, financier et sportsman, dont le cheval Etna a gagné cette année le Derby d’Epsom et le Grand-Prix de Longchamp, le baron Repstein a été la victime de sa femme, qui s’est enfuie voilà quinze jours[20 - …qui s’est enfuie voilà quinze jours – …которая сбежала две недели назад], emportant avec elle[21 - emportant avec elle – унеся с собой (emportant – форма причастия настоящего времени (participe présent) глагола emporter).] une somme de trois millions, volée à son mari[22 - une somme de trois millions, volée à son mari – сумму в размере трех миллионов, украденную у ее мужа (volée – форма причастия прошедшего времени (participe passé) глагола voler)], et toute une collection de diamants, de perles et de bijoux, que la princesse de Berny lui avait confiée[23 - que la princesse de Berny lui avait confiée – которые ей доверила княгиня де Берни (avait confiée – форма предпрошедшего времени (plus-que-parfait) глагола confier в значении предшествования)] et qu’elle devait acheter. Le baron Repstein offre une prime de cent mille francs à qui fera retrouver sa femme.

– Seulement, je ne vois pas, en vérité, le rapport qui existe entre cette histoire et la phrase énigmatique…»

Lupin ne daigna pas me répondre. Il descendit du trottoir et se mit à examiner[24 - se mit à examiner – он принялся изучать (se mettre à faire qch – приняться что-то делать, начать что-то делать)] un immeuble de construction déjà ancienne.

«D’après mes calculs, me dit-il, c’est d’ici que partaient les signaux, sans doute de cette fenêtre encore ouverte.»

Il se dirigea vers la concierge et lui demanda:

«Est-ce qu’un de vos locataires ne serait pas en relation avec le baron Repstein?

– Comment donc! Mais oui, s’écria la bonne femme, nous avons ce brave M. Lavernoux, qui est le secrétaire, l’intendant du baron. Il est bien malade, ce pauvre monsieur…

– Malade?

– Depuis quinze jours… depuis l’aventure de la baronne… Et son docteur défend qu’on entre dans sa chambre. Il m’a repris la clef.

– Qui?

– Le docteur. Un vieux à barbe grise et à lunettes, tout cassé[25 - tout cassé – сгорбленный]… Mais où allez-vous, monsieur?

– Je monte.»

L’un derrière l’autre[26 - l’un derrière l’autre – один за другим], ils montèrent les trois étages. Lupin ouvrit la porte. Nous entrâmes. Lupin poussa un cri[27 - poussa un cri – воскликнул]:

«Trop tard!»

Je vis un homme à moitié nu gisait sur le tapis[28 - Je vis un homme à moitié nu gisait sur le tapis – Я увидел полуголого человека, лежащего на ковре (gisait – форма прошедшего времени (imparfait) глагола gésir)].

«Il est mort, fit Lupin, après un examen rapide. – On l’aura saisi d’une main à la gorge, et de l’autre on l’aura piqué au cœur[29 - On l’aura saisi d’une main à la gorge, et de l’autre on l’aura piqué au cœur – Должно быть, одной рукой его схватили за горло, а другой укололи в сердце]. Je dis «piqué», car vraiment, la blessure est imperceptible.»

Soudain, comme la concierge se lamentait et appelait au secours, Lupin se jeta sur elle et la bouscula:

«Taisez-vous!..[30 - Taisez-vous!.. – Замолчите!..] Écoutez-moi et répondez. C’est d’une importance considérable.[31 - C’est d’une importance considérable – Это имеет огромное значение] M. Lavernoux avait un ami dans cette rue, n’est-ce pas? à droite et sur le même côté… un ami intime?[32 - un ami intime – близкий друг]

– Oui.

– Son nom?

– Monsieur Dulâtre.

– Son adresse?

– Au 92 de la rue.

– Un mot encore: ce vieux médecin, à barbe grise et à lunettes, dont vous m’avez parlé, venait depuis longtemps?

– Non. Je ne le connaissais pas. Il est venu le soir même où M. Lavernoux est tombé malade.»

Sans en dire davantage[33 - Sans en dire davantage – не говоря больше ни слова], Lupin m’entraîna de nouveau, redescendit et, une fois dans la rue, tourna sur la droite, ce qui nous fit passer devant[34 - passer devant – проходить мимо] mon appartement. Quatre numéros plus loin, il s’arrêtait en face du 92. Lupin s’informa si M. Dulâtre se trouvait chez lui.

«M. Dulâtre est parti, répondit le marchand… voilà peut-être une demi-heure… Il semblait très agité, et il a pris une automobile, ce qui n’est pas son habitude[35 - ce qui n’est pas son habitude – что не входит в его привычки]. Il a crié l’adresse assez fort! «À la Préfecture de Police»«

Lupin demanda encore si personne n’était venu après le départ de M. Dulâtre.

«Si, un vieux monsieur à barbe grise et à lunettes.

– Je vous remercie, monsieur,» dit Lupin.

Il se mit à marcher lentement, sans m’adresser la parole[36 - sans m’adresser la parole – не говоря мне ни слова]. Nous étions arrivés sur les boulevards. Lupin entra dans un cabinet de lecture[37 - un cabinet de lecture – читальный зал] et consulta très longuement les journaux de la dernière quinzaine[38 - les journaux de la dernière quinzaine – газеты за последние две недели].

La nuit était venue[39 - La nuit était venue – стемнело], nous dînâmes dans un petit restaurant et je remarquai que le visage de Lupin s’animait peu à peu. Quand nous partîmes, c’était vraiment le Lupin qui a résolu d’agir[40 - le Lupin qui a résolu d’agir – тот самый Люпен, который решил действовать (употребление определенного артикля «le» с именем собственным в значении «тот самый»)] et de gagner la bataille.

Le baron Repstein habitait dans un hôtel à trois étages.

«Halte![41 - Halte! – Стоп!] dit Lupin tout à coup. – Crebleu![42 - Crebleu! – Черт возьми!] le combat sera rude. Allez-vous coucher, mon bon ami. Demain, je vous raconterai mon expédition si elle ne me coûte pas la vie.»

Il déclama:

«Plantez un saule au cimetière,

J’aime son feuillage éploré…»[43 - «Plantez un saule au cimetière, // J’aime son feuillage éploré…» – «Посадите иву на кладбище, // Мне нравится ее заплаканная листва…» (Alfred Musset «Lucie»)]

Je m’éloignai aussitôt. Trois minutes plus tard Lupin sonnait à la porte de l’hôtel Repstein.

«M. le baron est-il chez lui?

– Oui, répondit le domestique.

– M. le baron connaît l’assassinat de son intendant Lavernoux?»

Une voix cria d’en haut[44 - Une voix cria d’en haut… – Сверху донесся голос…]:

«Faites monter, Antoine.»

Le domestique conduisit Lupin au premier étage. Là, le baron Repstein l’attendait.

C’était un homme très grand. Il portait des vêtements de coupe élégante[45 - Il portait des vêtements de coupe élégante – Он носил одежду элегантного покроя].

Il introduisit Lupin dans son cabinet de travail et demanda:

«Vous savez quelque chose?

– Oui, monsieur le baron.»

Lupin s’assit, et commença:

«– Eh bien, monsieur le baron. Tantôt, de sa chambre, Lavernoux, qui, depuis quinze jours, était tenu par son docteur en une sorte de réclusion[46 - était tenu par son docteur en une sorte de réclusion – которого держали в своего рода заключении], a télégraphié certaines révélations à l’aide de signaux, que j’ai notés en partie[47 - en partie – частично]. Lui-même a été surpris au milieu de cette communication[48 - Lui-même a été surpris au milieu de cette communication… – Он был застигнут врасплох посреди этого сообщения…] et assassiné.

– Mais par qui? par qui?

– Par son docteur?

– Le nom de ce docteur?

– Je l’ignore. Mais le résultat, monsieur le baron, c’est que votre hôtel est cerné. Douze agents se promènent sous vos fenêtres. Dès que le soleil sera levé, ils entreront au nom de la loi[49 - au nom de la loi – именем закона], et ils arrêteront le coupable.»

Le baron Repstein se leva:

«Allez jusqu’au bout[50 - Allez jusqu’au bout – Договаривайте], monsieur. Il m’est impossible d’attendre davantage.»

Lupin reprit d’une voix lente et qui hésitait:

«C’est que… voilà… l’explication devient difficile… Il s’agit aussi de votre femme, la baronne…

– Je ne comprends pas.

– Il faut pourtant que vous compreniez, Monsieur le baron… Eh bien, il y a une excellente raison pour qu’on ne l’ait pas revue après sa fuite.

– Laquelle?

– C’est que la baronne Repstein a été assassinée…

– Assassinée!.. la baronne!.. mais vous êtes fou![51 - mais vous êtes fou! – вы сошли с ума!]

– Assassinée, et ce soir-là, tout probablement.

– Et cet assassin?

– Celui-là même qui, depuis quinze jours, sachant que Lavernoux, par la situation qu’il occupait dans cet hôtel, a découvert la vérité, le tient enfermé; celui-là même qui, surprenant Lavernoux en train de communiquer avec un de ses amis, le supprime froidement d’un coup de stylet au cœur.

– Le docteur, alors? Mais qui est ce docteur? Et je le connais?

– Oui.

– Qui est-ce?

– Vous!

– Moi!..»

L’accusation était portée[52 - L’accusation était portée – Обвинение было предъявлено], précise, violente, implacable.

Il répéta:

«Vous êtes coupable, vous avez assassiné la baronne pour vous débarrasser d’elle et manger les millions[53 - manger les millions – тратить миллионы] avec une autre femme, – oh! alors, tout s’explique.»

Le baron ayant sorti de son bureau un revolver[54 - ayant sorti de son bureau un revolver – достав из своего письменного стола револьвер (ayant sorti – форма причастия прошедшего времени (participe passé composé) глагола sortir)] revint auprès de Lupin, mit l’arme dans sa poche, et dit très calmement:

«Vous excuserez, monsieur, cette petite précaution, que je suis obligé de prendre au cas, d’ailleurs invraisemblable, où vous seriez devenu fou.»

Il avait une voix émue, et ses yeux tristes semblaient mouillés de larmes[55 - ses yeux tristes semblaient mouillés de larmes – на глазах у него, казалось, выступили слезы].

Lupin frissonna. S’était-il trompé? Un détail attira son attention[56 - Un détail attira son attention – Одна деталь привлекла его внимание]: par l’échancrure du gilet, il aperçut la pointe de l’épingle[57 - il aperçut la pointe de l’épingle… – он заметил острый конец булавки…] fixée à la cravate du baron, et il constata ainsi la longueur insolite de cette épingle. De plus, la tige d’or en était triangulaire[58 - la tige d’or en était triangulaire – золотой стебелек был треугольной формы], et formait comme un menu poignard[59 - formait comme un menu poignard – представлял своего рода кинжал], très fin, très délicat, mais redoutable en des mains expertes.

«Vous êtes rudement fort, car il est évident que la baronne n’a fait qu’obéir à vos ordres[60 - la baronne n’a fait qu’obéir à vos ordres – баронесса только лишь подчинялась вашим приказам]. Et il est évident que la personne qui est sortie de votre hôtel avec un sac de voyage, n’était pas votre femme, mais une complice, votre amie, probablement. Que risque cette femme puisque c’est la baronne que l’on cherche?[61 - Que risque cette femme puisque c’est la baronne que l’on cherche? – Чем рискует эта женщина, если разыскивают не ее, а баронессу?] Et comment chercherait-on une autre femme que la baronne, puisque vous avez promis une prime de cent mille francs à qui retrouverait la baronne? Dieu! que c’est drôle!»

Le baron s’avança vers Lupin et lui dit:

«Qui êtes-vous?»

Lupin éclata de rire[62 - Lupin éclata de rire – Люпен рассмеялся]:

«Mettons que je sois l’envoyé du destin[63 - Mettons que je sois l’envoyé du destin… – Предположим, что я послан судьбой…], et que je surgisse de l’ombre pour vous perdre! Ou pour te sauver, baron. Écoute-moi. Ta fuite est prête. Cette nuit, bien déguisé, méconnaissable, toutes tes précautions prises, tu rejoignais ta maîtresse[64 - Cette nuit, bien déguisé, méconnaissable, toutes tes précautions prises, tu rejoignais ta maîtresse… – Этой ночью ты, тщательно переодетый, неузнаваемый, со всеми возможными предосторожностями, должен присоединиться к своей любовнице…], celle pour qui tu as tué: Nelly Darbel. Un seul obstacle, soudain, imprévu, la police, les douze agents que les révélations de Lavernoux ont postés sous tes fenêtres. Tu es fichu![65 - Tu es fichu! – Тебе конец!] Eh bien, je te sauve. Un coup de téléphone et, vers trois ou quatre heures du matin, vingt de mes amis suppriment l’obstacle. Comme condition, presque rien, une bêtise pour toi, le partage des millions et des bijoux. Ça colle?[66 - Ça colle? – Подходит?]«

Le baron chuchota:

«Je commence à comprendre, c’est du chantage…

– Chantage ou non, appelle ça comme tu veux, mon bonhomme.»

Un geste brusque. Le baron empoigna son revolver et tira deux fois. Lupin se jeta de côté[67 - Lupin se jeta de côté… – Люпен кинулся в сторону…] d’abord, puis s’abattit aux genoux du baron qu’il saisit par les jambes et fit basculer.

Tout à coup, Lupin sentit une douleur à la poitrine.

«Ah! canaille, – hurla-t-il. – C’est comme avec Lavernoux. L’épingle!..»

Il se raidit désespérément, maîtrisa le baron et l’étreignit à la gorge[68 - Il se raidit désespérément, maîtrisa le baron et l’étreignit à la gorge – Он отчаянно напрягся, скрутил барона и схватил его за глотку].

«Alors, soyez sage[69 - soyez sage – ведите себя хорошо]… Bien, une toute petite ficelle autour des poignets… Vous permettez? Et maintenant, petit frère, attention! Et mille excuses!..»

Et Lupin lui assena au creux de l’estomac[70 - au creux de l’estomac – под диафрагму] un coup de poing effroyable. Puis il se mit à fouiller les poches[71 - Puis il se mit à fouiller les poches… – Потом он принялся обшаривать карманы…] du baron, prit un trousseau de clefs et se dirigea vers le coffre-fort.

Mais à ce moment, il s’arrêta court; il entendait du bruit quelque part. Il écouta. Le bruit provenait d’en bas: les agents frappaient à la grande porte sans attendre le lever du jour.

«Crebleu! dit-il, – Voilà ces Messieurs maintenant… Voyons, voyons, Lupin, du sang-froid[72 - du sang-froid – сохраняй хладнокровие]! De quoi s’agit-il? D’ouvrir en vingt secondes un coffre dont tu ignores le secret. Combien qu’il y a de lettres dans le mot? Quatre?»

Il continuait à réfléchir tout en parlant et tout en écoutant les allées et venues de l’extérieur. Il ferma à double tour la porte de l’antichambre, puis il revint au coffre.

«Quatre chiffres… Quatre lettres… Quatre lettres… Qui diable pourrait me donner un petit coup de main…[73 - donner un petit coup de main… – помочь…] Qui? Mais Lavernoux, parbleu![74 - …parbleu! – …черт возьми!] Dieu! que je suis bête. Mais oui, mais oui, nous y sommes! Crénom![75 - Crénom! – Черт возьми!] Lupin, tu vas compter jusqu’à dix et comprimer les battements trop rapides de ton cœur. Sinon, c’est de la mauvaise ouvrage.»

Ayant compté jusqu’à dix, tout à fait calme, il s’agenouilla devant le coffre-fort. Après quelques tentatives la serrure fonctionna.

«À nous les millions, dit-il.»

Mais, d’un bond[76 - d’un bond – сразу, вдруг], il sauta en arrière. Dans le coffre-fort il vit un corps de femme à moitié vêtu.

«La baronne! bégaya-t-il, la baronne!.. Oh! le monstre!..»

Cependant, aux étages supérieurs, des cris répondaient à l’appel des agents. Il était temps de songer à la retraite.[77 - Il était temps de songer à la retraite – Настало время думать об отступлении]

Lupin passa dans la chambre voisine. Elle donnait sur un jardin. À la minute même où les agents étaient introduits, il enjambait le balcon et se laissait glisser le long d’une gouttière.

«Eh bien, qu’en dites-vous, du baron Repstein?» s’écria Lupin, après m’avoir raconté tous les détails de cette nuit tragique.

Je lui demandai:

«Mais… les millions? les bijoux de la princesse?

– Ils étaient dans le coffre. Je me rappelle très bien avoir aperçu le paquet.

– Alors?

– Ils y sont toujours.

– Pas possible…

– Ma foi, oui. Je pourrais vous dire que j’ai eu peur des agents, ou bien alléguer une délicatesse subite.[78 - Je pourrais vous dire que j’ai eu peur des agents, ou bien alléguer une délicatesse subite – Я мог бы сказать, что я испугался полиции, или сослаться на внезапную деликатность] La vérité est plus simple… et plus prosaïque… Ça sentait trop mauvais!.. Est-ce assez idiot? Tenez, voilà tout ce que j’ai rapporté de mon expédition, l’épingle de cravate…

– Encore une question, repris-je. Le mot du coffre-fort? Comment l’avez-vous deviné?

– Il était contenu dans les révélations télégraphiées par ce pauvre Lavernoux. Voyons, mon cher, les fautes d’ortographe… Serait-il admissible que le secrétaire, que l’intendant du baron, fît des fautes d’orthographe et qu’il écrivît fuire avec un e final, ataque avec un seul t, enemies avec un seul n et prudance avec un a? J’ai réuni les quatre lettres, et j’ai obtenu le mot ETNA, le nom du fameux cheval.

– Et voilà, m’écriai-je, c’est tout simple!

– Très simple. Et l’aventure prouve une fois de plus qu’il y a, dans la découverte des crimes, quelque chose de bien supérieur à l’examen des faits, à l’observation, déduction, c’est, je le répète, l’intuition… l’intuition et l’intelligence… Et Arsène Lupin, sans se vanter, ne manque ni de l’une ni de l’autre.»




L’anneau nuptial


Yvonne d’Origny embrassa son fils et lui recommanda d’être bien sage[79 - être bien sage – быть послушным].

«Tu sais que ta grand-mère d’Origny n’aime pas beaucoup les enfants. Pour une fois qu’elle te fait venir chez elle, il faut lui montrer que tu es un petit garçon raisonnable.»

Et s’adressant à la gouvernante:

«Surtout, fraulein, ramenez-le tout de suite après dîner… Monsieur est encore ici?

– Oui, Madame, Monsieur le comte est dans son cabinet de travail.»

Aussitôt seule, Yvonne d’Origny marcha vers la fenêtre afin d’apercevoir son fils dès qu’il serait dehors. Elle vit soudain un homme qui descendait d’une automobile et qui s’approchait de lui. Cet homme – elle reconnut Bernard, le domestique de confiance de son mari – cet homme saisit l’enfant par le bras, le fit monter dans l’automobile ainsi que la gouvernante, et donna l’ordre au chauffeur de s’éloigner.

Yvonne, bouleversée, courut jusqu’à la chambre, empoigna un vêtement se dirigea vers la porte.

La porte était fermée à clef, et il n’y avait point de clef sur la serrure. La porte de son boudoir était fermée également.

Tout de suite, l’image de son mari la heurta.[80 - Tout de suite, l’image de son mari la heurta – Тут же ей в голову пришел образ ее мужа]

«C’est lui!.. c’est lui!.. se dit-elle… il a pris l’enfant… Ah! c’est horrible!»

Elle frappa la porte. Un bruit de serrure… La porte s’ouvrit violemment. Le comte apparut au seuil du boudoir. Et l’expression de son visage était si terrible qu’Yvonne se mit à trembler.

Le comte se précipita et la saisit à la gorge.

«Tais-toi… disait-il d’une voix sourde»

Voyant qu’elle n’essayait pas de se défendre, il desserra son étreinte[81 - il desserra son étreinte – он ослабил хватку] et sortit de sa poche des bandes de toile toutes prêtes et de longueurs différentes. En quelques minutes la jeune femme eut les poignets liés, les bras attachés le long du corps, et fut étendue sur un divan.

Le comte alluma l’électricité et se dirigea vers un petit secrétaire où Yvonne avait l’habitude de ranger ses lettres. Ne parvenant pas à l’ouvrir, il le fractura à l’aide d’un crochet de fer, vida les tiroirs, et, de tous les papiers, fit un monceau qu’il emporta dans un carton.

Comme il s’en allait, il fut rejoint près de la porte par son domestique Bernard. Ils conversèrent tous deux à voix basse, mais Yvonne entendit ces mots que prononçait le domestique:

«J’ai reçu la réponse de l’ouvrier bijoutier. Il est à ma disposition.[82 - Il est à ma disposition – Он в моем распоряжении]«

Et le comte répliqua:

«La chose est remise à demain midi. Ma mère vient de me téléphoner qu’elle ne pouvait venir auparavant.»

Ensuite Yvonne perçut le cliquetis de la serrure. Elle comprenait peu à peu que son fils ne reviendrait pas, et qu’elle ne le reverrait jamais. Exaspérée par la douleur, de tous ses nerfs, de tous ses muscles, elle se raidit, en un effort brutal. Elle fut stupéfaite: sa main droite conservait une certaine liberté.

Comme la pendule frappait huit coups, la dernière entrave tomba. Elle était libre!

Elle ouvrit la fenêtre. Un agent de police se promenait sur le trottoir. Elle se pencha. Mais l’air vif de la nuit l’ayant frappée au visage, plus calme, elle songea au scandale, à l’enquête, aux interrogatoires, à son fils. Elle dit tout bas, à plusieurs reprises[83 - à plusieurs reprises – несколько раз]: «Au secours… au secours…». Puis, avec des gestes mécaniques, elle allongea le bras vers une petite bibliothèque suspendue au-dessus du secrétaire, saisit un livre et trouva entre les pages une carte de visite: Horace Velmont, et cette adresse écrite au crayon: Cercle de la rue Royale.

Et sa mémoire évoqua la phrase bizarre que cet homme lui avait dite quelques années auparavant:

«Si vous avez besoin de secours, n’hésitez pas, jetez à la poste cette carte que je mets dans ce livre et quelle que soit l’heure, quels que soient les obstacles, je viendrai.[84 - …et quelle que soit l’heure, quels que soient les obstacles, je viendrai – …и в любое время, через любые препятствия я приду]«

Yvonne prit une enveloppe, introduisit la carte de visite, inscrivit les deux lignes: Horace Velmont, Cercle de la rue Royale. Puis elle s’approcha de la fenêtre et lança l’enveloppe, la confiant au hasard.

Les douze coups de minuit… Puis la demie… Puis une heure… La clef venait de tourner dans la serrure. Du regard, Yvonne chercha une arme pour se défendre. Mais la porte fut poussée vivement, et, stupéfaite la jeune femme balbutia:

«Vous!.. vous!..»

Un homme s’avançait vers elle, et cet homme jeune, de taille mince, élégant, elle l’avait reconnu, c’était Horace Velmont.

«Est-ce possible! Est-ce possible que ce soit vous!..[85 - Est-ce possible que ce soit vous!.. – Возможно ли, чтобы это были вы!.. (soit – форма условного наклонения (subjonctif) глагола être)]«

Il parut très étonné.

«N’avais-je pas promis de me rendre à votre appel?

– Oui… mais…

– Eh bien, me voici,» dit-il en souriant.

Il examina les bandes de toile dont Yvonne avait réussi à se délivrer.

«J’ai vu également que le compte d’Origny vous avait emprisonnée… Il est sorti depuis dix minutes.

– Où est-il?

– Chez sa mère, la comtesse d’Origny.

– Comment le savez-vous?

– Oh! très simplement. Il a reçu un coup de téléphone pendant que, moi, j’en attendais le résultat au coin de cette rue et du boulevard.»

Il racontait cela le plus naturellement du monde, de même que l’on raconte, dans un salon, une petite anecdote insignifiante. Mais Yvonne demanda, reprise d’une inquiétude soudaine[86 - …reprise d’une inquiétude soudaine – …охваченная внезапной тревогой]:

«Alors, ce n’est pas vrai?… Sa mère n’est pas malade?… Partons… je ne veux pas qu’il me retrouve ici… je rejoins mon fils.

– Un instant…

– Un instant!.. Mais vous ne savez donc pas qu’on me l’enlève? qu’on lui fait du mal, peut-être?…»

Avec beaucoup de douceur, Velmont la contraignit à s’asseoir et prononça d’un ton grave:

«Écoutez-moi, madame, et ne perdons pas un temps dont chaque minute est précieuse. Il faut m’obéir aveuglément. De même que je suis venu à travers tous les obstacles, de même je vous sauverai, quelle que soit la situation.»

La tranquillité d’Horace Velmont, sa voix impérieuse aux intonations amicales, apaisaient peu à peu la jeune femme.

«Que dois-je faire? dit-elle.

– Me répondre, et très nettement. Nous avons vingt minutes. C’est assez. Ce n’est pas trop.

– Interrogez-moi.

– Croyez-vous que le comte ait eu des projets… criminels?

– Non.

– Il s’agit donc de votre fils?

– Oui.

– Il vous l’enlève, n’est-ce pas, parce qu’il veut divorcer et épouser une autre femme, une de vos anciennes amies[87 - …de vos anciennes amies – …из ваших бывших подруг (ancien меняет значение в зависимости от того, находится ли это слово перед или после существительного; после существительного ancien означает старый, старинный (une maison ancienne – старый дом), а перед существительным – бывший (une ancienne maison – бывший дом))], que vous avez chassée de votre maison?…

– Oui.

– Cette femme n’a pas d’argent. De son côté[88 - de son côté – в свою очередь], votre mari, qui s’est ruiné, n’a d’autres ressources que la pension qui lui est servie par sa mère, la comtesse d’Origny, et les revenus de la grosse fortune que votre fils a héritée de deux de vos oncles. Votre mari veut l’argent de votre fils, mais il ne peut rien contre vous ni contre lui. Alors, si un homme comme le comte, après tant d’hésitations et malgré tant d’impossibilités, se risque dans une aventure aussi incertaine, c’est qu’il a, ou qu’il croit avoir entre les mains[89 - il croit avoir entre les mains… – он верит, что у него в руках есть…], des armes.

– Quelles armes?

– Je l’ignore. Mais elles existent… Le comte n’a pas un ami plus intime… auquel il se confie?…

– Non.

– Personne n’est venu le voir hier?

– Personne.

– Il était seul quand il vous a liée et enfermée?

– À ce moment, oui.

– Mais après?

– Après, son domestique l’a rejoint près de la porte, et j’ai entendu qu’ils parlaient d’un ouvrier bijoutier…

– C’est tout?

– Et d’une chose qui aurait lieu le lendemain, c’est-à-dire aujourd’hui, à midi, parce que la comtesse d’Origny ne pouvait venir auparavant.»

Velmont réfléchit.

«– Où sont vos bijoux?

– Mon mari les a vendus.

– Il ne vous en reste pas un seul?

– Non, dit-elle en montrant ses mains, rien que cet anneau.

– Qui est votre anneau de mariage?

– Qui est… mon anneau…»

Elle s’arrêta. Velmont nota qu’elle rougissait, et il l’entendit balbutier:

«Serait-ce possible?… Mais non…»

À la fin[90 - à la fin – в конце концов], elle répondit, à voix basse:

«Ce n’est pas mon anneau de mariage. Un jour, il y a longtemps, je l’ai fait tomber de la cheminée de ma chambre, et, malgré toutes mes recherches, je n’ai pu le retrouver. Sans rien dire, j’en ai commandé un autre… que voici à ma main.

– Le véritable anneau portait la date de votre mariage?

– Oui… vingt-trois octobre.

– Et le second?

– Celui-ci ne porte aucune date.»

Il sentit en elle une légère hésitation.

«Je vous en supplie[91 - Je vous en supplie – Я вас умоляю], s’écria-t-il, ne me cachez rien…

– Je n’ai rien à cacher[92 - Je n’ai rien à cacher – Мне нечего скрывать], fit-elle en relevant la tête. Alors, je me suis souvenue… Avant mon mariage, un homme m’avait aimée. Il est mort maintenant. J’ai fait graver le nom de cet homme, et j’ai porté cet anneau comme on porte un talisman. Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre.[93 - Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre – Во мне не было любви, так как я была женой другого] Mais dans le secret de mon cœur, il y eut un souvenir, quelque chose de doux qui me protégeait…»

Velmont lui prit la main, et prononça, tout en examinant l’anneau d’or:

«L’énigme est là. Votre mari, je ne sais comment, connaît la substitution. À midi, sa mère viendra. Devant témoins, il vous obligera d’ôter votre bague, et de la sorte[94 - de la sorte – таким образом], il pourra obtenir le divorce, puisqu’il aura la preuve qu’il cherchait. Donnez-moi cette bague…»

Il s’interrompit brusquement. Tandis qu’il parlait, la main d’Yvonne s’était glacée dans la sienne, et, ayant levé les yeux, il vit que la jeune femme était pâle, affreusement pâle.

«Qu’y a-t-il?… Je vous en prie…»

«Il y a… il y a que je suis perdue!.. Il y a que je ne peux l’ôter, cet anneau! Il est devenu trop petit!.. Comprenez-vous?… Il fait partie de mon doigt[95 - Il fait partie de mon doigt – Оно (кольцо) стало частью моего пальца]… et je ne peux pas… je ne peux pas. Ah! Je me souviens, l’autre nuit… un cauchemar que j’ai eu… Il me semblait que quelqu’un entrait dans ma chambre et s’emparait de ma main. Et je ne pouvais pas me réveiller… C’était lui! c’était lui! Il m’avait endormie, j’en suis sûre… et il regardait la bague… Ah! je comprends tout… je suis perdue…»

Elle courut vers la porte… Il lui barra le passage:

«Vous ne partirez pas.

– Mon fils… Je veux le voir, le reprendre…

– Savez-vous seulement où il est?

– Je veux partir!

– Vous ne partirez pas!.. Ce serait de la folie.»

Il la saisit aux poignets et réussit à la ramener vers le divan, puis à l’étendre, et il reprit les bandes de toile et lui attacha les bras et les chevilles.

«Oui, disait-il, ce serait de la folie. Qui vous aurait délivrée? Vous enfuir, c’est accepter le divorce… Il faut rester ici.»

Elle sanglotait.

«J’ai peur… J’ai peur… Cet anneau me brûle… Emportez-le…

– Et si l’on ne le retrouve pas à votre doigt? Non, il faut affronter la lutte… Croyez en moi… je réponds de tout…»

Quand il se releva, elle était liée comme auparavant. Puis il murmura:

«Pensez à votre fils, et, quoi qu’il arrive, ne craignez rien… je veille sur vous.[96 - …je veille sur vous – …я присматриваю за вами]«

Et il partit.

À trois heures et demie, Yvonne aperçut son mari qui entrait rapidement, l’air furieux[97 - l’air furieux – с разъяренным видом]. Il courut vers elle, s’assura qu’elle était toujours attachée, et, s’emparant de sa main, examina la bague. Yvonne s’évanouit…

Elle ne sut pas au juste, en se réveillant, combien de temps elle avait dormi. Elle constata, au premier mouvement qu’elle fit, que les bandes étaient coupées. Elle tourna la tête et vit auprès d’elle son mari qui la regardait.

«Mon fils… mon fils… gémit-elle, je veux mon fils…»

Il répliqua:

«Notre fils est en lieu sûr. Et, pour l’instant, il ne s’agit pas de lui, mais de vous. Nous sommes l’un en face de l’autre sans doute pour la dernière fois, et l’explication que nous allons avoir est très grave. Je dois vous avertir qu’elle aura lieu devant ma mère. Vous n’y voyez pas d’inconvénient?[98 - Vous n’y voyez pas d’inconvénient? – Вы не возражаете?]«

Yvonne s’efforça de cacher son trouble et répondit:

«Aucun.

– Je puis l’appeler?

– Oui. Laissez-moi, en attendant. Je serai prête quand elle viendra.

– Ma mère est ici.

– Votre mère est ici? s’écria Yvonne, éperdue et se rappelant la promesse d’Horace Velmont.

– Vous ne désirez pas prendre quelque nourriture auparavant?

– Non… non…

– Je vais donc chercher ma mère.»

Il se dirigea vers la chambre d’Yvonne. Celle-ci jeta un coup d’œil sur la pendule. La pendule marquait dix heures trente-cinq!

Dix heures trente-cinq! Horace Velmont ne la sauverait pas, et personne au monde, et rien au monde ne la sauverait.

Le comte revint avec la comtesse d’Origny et la pria de s’asseoir. Elle ne salua même pas sa belle-fille.

«Je crois, dit-elle, qu’il est inutile de parler très longuement. En deux mots, mon fils prétend…

– Je ne prétends pas, ma mère, dit le comte, j’affirme. J’affirme sous serment[99 - sous serment – под присягой] que, il y a trois mois, durant les vacances, j’ai trouvé l’anneau de mariage que j’avais donné à ma femme. Cet anneau, le voici. La date du vingt-trois octobre est gravée à l’intérieur.

– Alors, dit la comtesse, l’anneau que votre femme porte…

– Cet anneau a été commandé par elle en échange du véritable[100 - en échange du véritable – вместо подлинного].»

Il se tourna vers sa femme.

«Voulez-vous, de votre plein gré[101 - de votre plein gré – по своей воле], me donner cet anneau?»

Elle articula:

«Vous savez bien, depuis la nuit où vous avez essayé de le prendre à mon insu[102 - à mon insu – без моего ведома], qu’il est impossible de l’ôter de mon doigt.

– En ce cas, puis-je donner l’ordre qu’un homme monte? Il a les instruments nécessaires.

– Oui,» dit-elle d’une voix faible comme un souffle.

Tout de suite, d’ailleurs, le comte rentrait, suivi de son domestique et d’un homme qui portait une trousse sous le bras.

Et le comte dit à cet homme:

«Vous savez de quoi il s’agit?

– Oui, fit l’ouvrier. Une bague qui est devenue trop petite et qu’il faut trancher… C’est facile…»

Yvonne observa la pendule. Il était onze heures moins dix. C’était fini. Horace Velmont n’avait pas pu la secourir. Et elle comprit que, pour retrouver son enfant, il lui faudrait agir par ses propres forces[103 - agir par ses propres forces – действовать самостоятельно]. Alors elle tendit sa main fragile et tremblante que l’ouvrier saisit, qu’il retourna, et appuya sur la table.

L’opération fut rapide. Le comte s’exclama, triomphant:

«Enfin nous allons savoir… la preuve est là! Et nous sommes tous témoins…»

Il agrippa l’anneau. Un cri de stupeur lui échappa. L’anneau portait la date de son mariage avec Yvonne: «Vingt-trois octobre».

Nous étions assis sur la terrasse de Monte-Carlo. Son histoire terminée, Lupin alluma une cigarette.

Je lui dis:

«Eh bien?

– Eh bien, quoi?

– Comment, quoi? mais la fin de l’aventure…

– La fin de l’aventure? Mais il n’y en a pas d’autre. La comtesse est sauvée. Voilà tout.

– Oui… oui… mais la façon dont la comtesse a été sauvée?»

Lupin éclata de rire. Il prit une pièce de cinq francs et referma la main sur elle.

«Qu’y a-t-il dans cette main?

– Une pièce de cinq francs.»

Il ouvrit la main. La pièce de cinq francs n’y était pas.

«Vous voyez comme c’est facile! Un ouvrier coupe une bague sur laquelle est gravé un nom, mais il en présente une autre sur laquelle est gravée la date du vingt-trois octobre. Bigre![104 - Bigre! – Черт возьми!] J’ai travaillé six mois avec Pickmann.

– L’ouvrier bijoutier?

– C’était Horace Velmont! C’était ce brave Lupin

– Parfait,» m’écriai-je.

Et j’ajoutai, un peu ironique à mon tour:

«Mais ne croyez-vous pas que vous-mêmes fûtes quelque peu dupé en l’occurrence[105 - en l’occurrence – в данном случае]?

– Ah! Et par qui?

– Par la comtesse.

– En quoi donc?

– Dame! ce nom inscrit comme un talisman… ce beau ténébreux qui l’aima et souffrit pour elle… Tout cela me paraît fort invraisemblable, et je me demande si vous n’êtes pas tombé au milieu d’un joli roman d’amour bien réel… et pas trop innocent.»

Lupin me regarda de travers[106 - Lupin me regarda de travers – Люпен посмотрел на меня недружелюбно].

«Non, dit-il.

– Comment le savez-vous?

– La bague est voici. Vous pouvez lire le nom qu’elle avait fait graver.»

Il me donna la bague. Je lus «Horace Velmont».

Il y eut entre Lupin et moi un instant de silence.

Je repris: «Pourquoi vous êtes-vous résolu à me raconter cette histoire?

– Pourquoi?»

Il me montra, d’un signe, une femme très belle encore qui passait devant nous, au bras d’un jeune homme.

Elle aperçut Lupin et le salua.

«C’est elle, fit-il, c’est elle avec son fils.

– Elle vous a donc reconnu?

– Elle me reconnaît toujours, quel que soit mon déguisement.

– Elle sait qui vous êtes?

– Oui.

– Et elle vous salue?» m’écriai-je.

Il m’empoigna le bras, et, violemment:

«Croyez-vous que je sois à ses yeux un cambrioleur, un escroc, un gredin?… Mais je serais le dernier des misérables, j’aurais tué, même, qu’elle me saluerait encore.

– Pourquoi? Parce qu’elle vous a aimé?

– Allons donc! ce serait une raison de plus, au contraire, pour qu’elle me méprisât.

– Alors?

– Je suis l’homme qui lui a rendu son fils!»




Le signe de l’ombre


«J’ai reçu votre télégramme, me dit. Et me voici. Qu’y a-t-il?»

«Qu’y a-t-il? répliquai-je, oh! pas grand-chose, une coïncidence assez bizarre.

– Et alors?

– Vous êtes bien pressé![107 - Vous êtes bien pressé! – Вы очень спешите!]

– Excessivement. Par conséquent[108 - par conséquent – поэтому], droit au but.

– Droit au but[109 - droit au but – прямо к делу], allons-y. Et commencez, je vous prie, par jeter un coup d’œil[110 - jeter un coup d’œil – взглянуть] sur ce petit tableau.

– Abominable, en effet, dit Lupin, au bout d’un instant[111 - au bout d’un instant – через мгновение], mais le sujet lui-même ne manque pas de saveur…

– C’est authentique, ajoutai-je. La toile, bonne ou mauvaise, n’a jamais été enlevée de son cadre Empire. D’ailleurs, la date est là… Tenez, dans le bas, à gauche, ces chiffres rouges, 15-4-2, qui signifient évidemment 15 avril 1802.

– En effet[112 - en effet – действительно]… en effet… Mais vous parliez d’une coïncidence, et, jusqu’ici, je ne vois pas…»

J’allai prendre dans un coin une longue-vue que je braquai vers la fenêtre ouverte d’une petite chambre située en face de mon appartement, de l’autre côté de la rue. Et je priai Lupin de regarder.

«Ah! dit Lupin tout à coup[113 - tout à coup – внезапно], le même tableau!

– Exactement le même! affirmai-je. Et la date… vous voyez la date en rouge? 15-4-2.

– Oui, je vois… Et qui demeure dans cette chambre?

– Une dame ou plutôt une ouvrière, puisqu’elle est obligée de travailler pour vivre… des travaux de couture qui la nourrissent à peine, elle et son enfant.

– Comment s’appelle-t-elle?



– Louise d’Ernemont…»

Il releva la tête et me demanda:

«L’histoire est intéressante… Pourquoi avez-vous attendu pour me la raconter?

– Parce que c’est aujourd’hui le 15 avril.

– Eh bien?

– Eh bien, depuis hier, je sais – un bavardage de concierge – que le 15 avril occupe une place importante dans la vie de Louise d’Ernemont. Le 15 avril, elle sort avec sa petite fille vers dix heures, et ne rentre qu’à la nuit tombante. Cela, depuis des années, et quel que soit le temps.[114 - Cela, depuis des années, et quel que soit le temps – Всё это на протяжении многих лет, какой бы ни была погода]

– Étrange… prononça Lupin d’une voix lente. Et l’on ne sait pas où elle va?

– On l’ignore.

– Vous êtes sûr de vos informations?

– Tout à fait sûr.[115 - tout à fait sûr – совершенно уверен] Et voici la preuve.»

Une porte s’était ouverte en face, et on vit une petite fille et une femme.

«Vous voyez, murmurai-je, elles vont sortir.»

De fait, après un moment, la mère prit l’enfant par la main, et elles quittèrent la chambre.

Lupin saisit son chapeau.

«Venez-vous?»

Je descendis avec Lupin.

En arrivant dans la rue, nous aperçûmes ma voisine qui entrait chez un boulanger. Elle acheta deux petits pains qu’elle plaça dans un panier que portait sa fille et qui semblait déjà contenir des provisions.

Louise d’Ernemont prit une des ruelles étroites et désertes. Il y avait d’abord à droite, une maison dont la façade donnait sur la rue Raynouard, puis un mur moisi. Vers le milieu, devant laquelle Louise d’Ernemont s’arrêta, et qu’elle ouvrit à l’aide d’une clef. La mère et la fille entrèrent.

«En tout cas[116 - en tout cas – в любом случае], me dit Lupin, elle n’a rien à cacher, car elle ne s’est pas retournée une seule fois…»

Il avait à peine achevé cette phrase qu’un bruit de pas retentit derrière nous. C’étaient deux vieux mendiants, un homme et une femme. Ils passèrent sans prêter attention à notre présence.[117 - Ils passèrent sans prêter attention à notre présence – Они прошли мимо, не обращая на нас внимания] L’homme sortit de sa besace une clef semblable à celle de ma voisine, et l’introduisit dans la serrure. La porte se referma sur eux.

Et tout de suite, au bout de la ruelle, un bruit d’automobile qui s’arrête… Lupin m’entraîna cinquante mètres plus bas. Et nous vîmes descendre, un petit chien sous le bras, une jeune femme très élégante, parée de bijoux, les yeux trop noirs, les lèvres trop rouges, et les cheveux trop blonds. Devant la porte, même manœuvre, même clef… La demoiselle au petit chien disparut.

«Ça commence à devenir amusant,» ricana Lupin.

Successivement débouchèrent deux dames âgées, maigres, qui se ressemblaient comme deux sœurs; puis un valet de chambre[118 - un valet de chambre – лакей]; puis un caporal d’infanterie; puis un gros monsieur vêtu d’une jaquette malpropre; puis une famille d’ouvriers. Et chacun des nouveaux venus arrivait avec un panier rempli de provisions.

«C’est un pique-nique,» m’écriai-je.

Nous cherchions vainement un stratagème pour entrer, quand, tout à coup, la petite porte se rouvrit et livra passage[119 - livra passage – пропустить, дать дорогу] à l’un des enfants de l’ouvrier.

Le gamin monta en courant jusqu’à la rue Raynouard. Quelques minutes après, il rapportait deux bouteilles d’eau. Lorsque l’enfant repoussa la porte, Lupin fit un bond[120 - Lupin fit un bond – Люпен совершил прыжок] et planta la pointe de son couteau dans la gâche de la serrure[121 - la gâche de la serrure – замочная скважина].

«Nous y sommes,» dit Lupin.

Il entra franchement. Je suivis son exemple et je pus constater que, à dix mètres en arrière du mur, un massif de lauriers élevait comme un rideau qui nous permettait d’avancer sans être vus.

Le spectacle qui s’offrit alors à mes yeux était si imprévu, que je ne pus retenir une exclamation, tandis que, de son côté, Lupin jurait entre ses dents:

«Crebleu! celle-là est drôle!»

Le même décor que sur le tableau! Le même décor!

Il était alors une heure et demie. Le mendiant sortit sa pipe, ainsi que le gros monsieur. Les hommes se mirent à fumer près de la rotonde, et les femmes les rejoignirent. D’ailleurs, tous ces gens avaient l’air de se connaître.

Ils se trouvaient assez loin de nous, de sorte que[122 - de sorte que – так что] nous n’entendions pas leurs paroles. Soudain il y eut une exclamation et, aussitôt, des cris de colère, et tous, hommes et femmes, ils s’élancèrent en désordre vers le puits.

Un des gamins de l’ouvrier en surgissait à ce moment, attaché par la ceinture au crochet de fer qui termine la corde, et les trois autres gamins le remontaient en tournant la manivelle.

Plus agile, le caporal se jeta sur lui, et, tout de suite, le valet de chambre et le gros monsieur l’agrippèrent, tandis que les mendiants et les sœurs maigres se battaient avec le ménage ouvrier.

En quelques secondes, il ne restait plus à l’enfant que sa chemise.

«Ils sont fous! murmurai-je.

– Mais non, mais non, dit Lupin.»

À la fin, Louise d’Ernemont qui, dès le début, s’était posée en conciliatrice, réussit à apaiser le tumulte. On s’assit de nouveau. Et du temps s’écoula. Chaque minute semblait les accabler d’une tristesse croissante.

«Vont-ils coucher là?» prononçai-je avec ennui.

Mais, vers cinq heures, le gros monsieur à l’eut un geste de désespoir, se leva et mit son chapeau.

«Allons-nous-en, dit Lupin.

– Vous croyez que la séance est finie?

– Oui.»

Nous partîmes sans encombre[123 - sans encombre – беспрепятственно]. Lupin tourna sur sa gauche et, me laissant dehors, entra dans la première maison. Après avoir conversé quelques instants avec le concierge, il me rejoignit et nous arrêtâmes une automobile.

«Rue de Turin, trente-quatre,» dit-il au chauffeur.

Nous arrivâmes à une étude de notaire[124 - une étude de notaire – нотариальная контора]. Lupin se présenta sous le nom du capitaine en retraite[125 - sous le nom du capitaine en retraite – капитаном в отставке] Janniot. Il cherchait une maison selon ses goûts, et on lui avait parlé d’un terrain près de la rue Raynouard.

«Mais ce terrain n’est pas à vendre! s’écria M. Valandier, le notaire.

– Ah! on m’avait dit.

– Nullement… nullement…»

Le notaire se leva et prit dans une armoire un objet qu’il nous montra. Je fus confondu. C’était le même tableau que j’avais acheté, le même tableau qui se trouvait chez Louise d’Ernemont.

«Il s’agit du terrain que représente cette toile, le clos d’Ernemont, comme on l’appelle?

– Précisément.

– Eh bien, reprit le notaire, ce clos faisait partie d’un grand jardin que possédait le fermier général d’Ernemont, exécuté sous la Terreur[126 - la Terreur – период Террора: время массовых казней во время Великой французской революции (с июня 1793 по 27 июля 1794)]. Tout ce qui pouvait être vendu, les héritiers le vendirent peu à peu. Mais ce dernier morceau est resté et restera dans l’indivision… à moins que…»

Le notaire se mit à rire.

«À moins que? interrogea Lupin.

– Oh! c’est toute une histoire assez curieuse.»

Et sans se faire prier, il commença.

«Dès le début de la Révolution, Louis-Agrippa d’Ernemont, sous prétexte de[127 - sous prétexte de – под предлогом] rejoindre sa femme qui vivait à Genève avec leur fille Pauline, ferma son hôtel et s’installa dans sa petite maison de Passy, où personne ne le connaissait, qu’une vieille servante dévouée. Mais on le trouva. Il eut arrêté. Son fils Charles aussi.

– Cela se passait?… demanda Lupin.

– Cela se passait le vingt-six germinal, an II, c’est-à-dire le…»

M. Valandier s’interrompit, les yeux tournés vers le calendrier qui pendait au mur, et il s’écria:

«Mais c’est justement aujourd’hui. Nous sommes le 15 avril, jour anniversaire de l’arrestation du fermier général.

– Coïncidence bizarre, dit Lupin. Et cette arrestation eut, sans doute[128 - sans doute – возможно, наверное], étant donné l’époque, des suites graves?

– Oh! fort graves, dit le notaire en riant. Trois mois après, au début de Thermidor, le fermier général montait sur l’échafaud. On oublia son fils Charles en prison, et leurs biens furent confisqués.

– Des biens immenses, n’est-ce pas? fit Lupin.

– Eh voilà! voilà précisément où les choses se compliquent. Ces biens qui, en effet, étaient immenses, demeurèrent introuvables.

– Il restait tout au moins, dit Lupin, la maison de Passy.

– La maison de Passy fut achetée à vil prix[129 - à vil prix – за бесценок] par le délégué même de la Commune qui avait arrêté d’Ernemont, le citoyen Broquet. Le citoyen Broquet s’y enferma, barricada les portes, et lorsque Charles d’Ernemont, enfin libéré, se présenta, il le reçut à coups de fusil[130 - il le reçut à coups de fusil – он встретил его оружейным выстрелом]. Le 12 février 1803, le citoyen Broquet vida les lieux[131 - vida les lieux – убрался с места], mais était fou!

– Bigre! murmura Lupin. Et que devint-il?

– Sa mère, et sa sœur Pauline étant mortes toutes deux, la vieille servante prit soin de lui[132 - la vieille servante prit soin de lui – старая служанка заботилась о нем]. Avant de mourir cette servante déclara que, au début de la Révolution, le fermier général avait transporté dans sa maison de Passy des sacs remplis d’or et d’argent, et que ces sacs avaient disparu quelques jours avant l’arrestation. Les trésors se trouvaient cachés dans le jardin. Comme preuve la servante montra trois tableaux, ou plutôt, car ils n’étaient pas encadrés, trois toiles que le fermier général avait peintes durant sa captivité et qu’il avait réussi à lui faire passer avec l’ordre de les remettre à sa femme, à son fils et à sa fille.

– Et ils y sont encore, ricana Lupin.

– Et ils y seront toujours, s’écria Me Valandier…

– Mais Charles?

– Charles vivait dans la retraite la plus absolue[133 - la retraite la plus absolue – в абсолютном уединении]. Il ne quittait pas sa chambre.

– Jamais?

– Une fois l’an, Charles d’Ernemont descendait, suivait exactement le chemin que son père avait suivi, traversait le jardin, et s’asseyait tantôt sur les marches de la rotonde, dont vous voyez ici le dessin, tantôt sur la margelle de ce puits. Ce jour-là, c’était le 15 avril, jour de l’anniversaire de l’arrestation.»

M. Valandier ne souriait plus.

Après un instant de réflexion, Lupin demanda:

«Et depuis la mort de Charles?

– Depuis cette époque, reprit le notaire avec une certaine solennité, depuis bientôt cent ans, les héritiers de Charles et de Pauline d’Ernemont continuent le pèlerinage le quinze avril. Ils attendent. Ils attendent le quinze avril, et lorsque le quinze avril est arrivé, ils attendent qu’un miracle se produise.»

Un nouveau silence, et Lupin reprit:

«Votre opinion, Maître Valandier?

– Mon opinion est qu’il n’y a rien.

– Cependant les tableaux?

– Oui, évidemment. Mais tout de même[134 - tout de même – тем не менее], est-ce une preuve suffisante?

– Vous avez parlé de trois tableaux? Et chacun d’eux portait la même date?

– Oui, inscrite par Charles d’Ernemont… La même date,

15-4-2, c’est-à-dire le 15 avril, an II, selon le calendrier révolutionnaire, puisque l’arrestation eut lieu en avril 1794.

– Ah! bien, parfait… dit Lupin… le chiffre 2 signifie…»

Il demeura pensif durant quelques instants et reprit:

«Encore une question, voulez-vous? Personne ne s’est jamais offert pour résoudre ce problème?»

Me Valendier leva les bras.

«Que dites-vous là s’écria-t-il. Toute personne étrangère qui voulait opérer des recherches devait, au préalable, déposer une certaine somme.

– Quelle somme?

– Cinq mille francs. En cas de réussite, le tiers des trésors revient à l’individu. En cas d’insuccès, le dépôt reste acquis aux héritiers. Comme ça, je suis tranquille.

– Voici les cinq mille francs.»

Le notaire sursauta.

«Hein! que dites-vous?



– Je dis, répéta Lupin en sortant cinq billets de sa poche, je dis que voici le dépôt de cinq mille francs.

– C’est sérieux? articula Me Valandier.

– Absolument sérieux.

– Pourtant je ne vous ai pas caché mon opinion. Toutes ces histoires invraisemblables ne reposent sur aucune preuve.

– Je ne suis pas de votre avis[135 - Je ne suis pas de votre avis – Я не согласен с вами], déclara Lupin.»

Le notaire le regarda comme on regarde un monsieur dont la raison n’est pas très saine.

«Si vous changez d’avis, ajouta-t-il, je vous prie de m’en avertir huit jours d’avance.»

On se quitta. Aussitôt dans la rue, je m’écriai:

«Vous savez donc quelque chose?

– Moi? répondit Lupin, rien du tout. Et c’est là, précisément, ce qui m’amuse.

– Mais il y a cent ans que l’on cherche!

– Il s’agit moins de chercher que de réfléchir. Or j’ai trois cent soixante-cinq jours pour réfléchir.»

Puis il y eut toute une période durant laquelle je n’eus pas l’occasion de le voir[136 - je n’eus pas l’occasion de le voir – у меня не было возможности видеть его].

De fait, le matin du 15 avril arriva, et j’avais fini de déjeuner que Lupin n’était pas encore là. À midi un quart, je m’en allai et me fis conduire à Passy.

Tout de suite, dans la ruelle, j’avisai les quatre gamins de l’ouvrier qui stationnaient devant la porte. Averti par eux, Me Valandier accourut à ma rencontre.

«Eh bien, le capitaine Janniot? s’écria-t-il.

– Il n’est pas ici?

– Non.»

Les groupes se pressaient autour du notaire.

«Ils espèrent, me dit Me Valandier, et c’est ma faute.»

Il m’interrogea, et je lui donnai, sur le capitaine, des indications quelque peu fantaisistes que les héritiers écoutaient en hochant la tête[137 - en hochant la tête – кивая головами].

Louise d’Ernemont murmura:

«Et s’il ne vient pas?

– Nous aurons toujours les cinq mille francs à nous partager,» dit le mendiant.

À une heure et demie, les deux sœurs maigres s’assirent, prises de défaillance. Puis le gros monsieur à la jaquette malpropre eut une révolte subite contre le notaire.

«Parfaitement, Maître Valandier, vous êtes responsable…»

Il me regarda d’un œil mauvais[138 - Il me regarda d’un œil mauvais – Он злобно посмотрел на меня].

Mais l’aîné des gamins surgit à la porte en criant:

«Voilà quelqu’un!.. Une motocyclette!..»

Le bruit d’un moteur grondait par-delà le mur[139 - par-delà le mur – за стеной].

«Mais ce n’est pas le capitaine Janniot, clama le notaire qui hésitait à le reconnaître.

– Si, affirma Lupin en nous tendant la main, c’est le capitaine Janniot, seulement j’ai fait couper ma moustache… Maître Valandier, voici le reçu que vous avez signé.»

Il saisit un des gamins par le bras et lui dit:

«Cours à la station de voitures et ramène une automobile jusqu’à la rue Raynouard.»

Il y eut des gestes de protestation. Le capitaine Janniot prononça:

«Vous m’excuserez. Le rapide de Marseille a déraillé entre Dijon et Laroche. Il y a une douzaine de morts, et des blessés que j’ai dû secourir. Alors, dans le fourgon des bagages, j’ai trouvé cette motocyclette…»

Il consulta sa montre.[140 - Il consulta sa montre – он посмотрел на часы]

«Eh! Eh! pas de temps à perdre.»

Je le regardais avec une curiosité ardente. Lentement le capitaine Janniot se dirigea vers la gauche et s’approcha du cadran solaire. Il demanda:

«Un couteau, s’il vous plaît?»

Deux heures sonnèrent quelque part.[141 - quelque part – где-то] À cet instant précis[142 - À cet instant précis – именно в этот момент], sur le cadran illuminé de soleil, l’ombre de la flèche se profilait suivant une cassure du marbre qui coupait le disque à peu près par le milieu[143 - à peu près par le milieu – где-то посередине].

Le capitaine saisit le couteau qu’on lui tendait. Il l’ouvrit et il commença à gratter le mélange de terre, de mousse et de lichen qui remplissait l’étroite cassure.

Tout de suite, à dix centimètres du bord, il s’arrêta, comme si son couteau eût rencontré un obstacle.

«Tenez, Maître Valandier, voici toujours quelque chose.»

C’était un diamant énorme.

Le capitaine se remit à la besogne. Presque aussitôt, nouvelle halte. Un second diamant apparut. Puis il en vint un troisième, et un quatrième. Le capitaine avait retiré dix-huit diamants de la même grosseur.

Le gros monsieur murmura:

«Crénom de crénom…»

Et le caporal gémit:

«Ah! mon capitaine… mon capitaine…»

Louise d’Ernemont pleurait.

Lorsque le calme fut rétabli[144 - Lorsque le calme fut rétabli… – Когда спокойствие было восстановлено…] et qu’on voulut remercier le capitaine Janniot, on s’aperçut qu’il était parti.

Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que l’occasion se présenta[145 - Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que l’occasion se présenta – Только несколько лет спустя представился случай], pour moi, d’interroger Lupin, au sujet de cette affaire. Il me répondit:

«L’affaire des dix-huit diamants? Ai-je eu même besoin de réfléchir? Dès le début, je fus frappé par ce fait que toute l’aventure était dominée par une question primordiale: la question de temps. Lorsqu’il avait encore sa raison, Charles d’Ernemont inscrivait une date sur les trois tableaux. Plus tard, dans les ténèbres où il se débattait[146 - dans les ténèbres où il se débattait – в потемках, в которых он заблудился], une petite lueur d’intelligence le conduisait chaque année au centre du vieux jardin, et la même lueur l’en éloignait chaque année, au même instant, c’est-à-dire à cinq heures vingt-sept minutes. Qu’est-ce qui réglait de la sorte le mécanisme déréglé de ce cerveau? Le cadran solaire était le symbole même[147 - le symbole même – самим символом] du temps. Et c’est pourquoi, tout de suite, je sus[148 - sus – узнал (форма passé simple глагола savoir)] où il fallait chercher.

– Mais l’heure de la recherche, comme l’avez-vous établie?

– Tout simplement d’après les tableaux[149 - d’après les tableaux – благодаря картинам]. Un homme vivant à cette époque, comme Charles d’Ernemont, eût inscrit[150 - eût inscrit – написал бы (eût inscrit – форма предпрошедшего времени сослагательного наклонения – plus-que-parfait du subjonctif)] 26 germinal an II, ou bien 15 avril 1794, mais non 15 avril an II. Je suis stupéfait que personne n’y ait songé.

– Le chiffre 2 signifiait donc deux heures?

– Évidemment. Et voici ce qui dut se passer[151 - Et voici ce qui dut se passer – Вот как, должно быть, было дело]. Le fermier, surpris par l’arrivée de la patrouille, il s’enfuit dans le jardin. Où cacher les diamants? Le hasard fit que ses yeux tombèrent sur[152 - ses yeux tombèrent sur… – его взгляд упал на…] le cadran. Il était deux heures. L’ombre de la flèche suivait alors la cassure du marbre. Il obéit à ce signe de l’ombre, enfonça dans la poussière les dix-huit diamants, et revint se livrer aux soldats.

– Soit[153 - soit – предположим], mais vous, du moment que vous aviez déchiffré l’énigme[154 - du moment que vous aviez déchiffré l’énigme – с того момента, как вы разгадали загадку], il vous était facile, depuis un an, de vous introduire dans l’enclos, et de dérober les diamants.

– Ces malheureux m’ont fait pitié[155 - Ces malheureux m’ont fait pitié – Эти несчастные внушили мне жалость].

– Bah! m’écriai-je, la bêtise n’est pas si grande. Six beaux diamants! Voilà un contrat que les héritiers d’Ernemont ont dû remplir avec joie.»

Lupin me regarda et, soudain, éclatant de rire:

«Vous ne savez donc pas? Ah! celle-là est bien bonne… La joie des héritiers d’Ernemont!.. Mais, mon cher ami, le lendemain, ce brave capitaine Janniot avait autant d’ennemis mortels! Le lendemain les deux sœurs maigres et le gros monsieur organisaient la résistance. Le contrat? Aucune valeur[156 - aucune valeur – никакой ценности], puisque, et c’était facile à le prouver, il n’y avait point de capitaine Janniot.

– Louise d’Ernemont, elle-même[157 - Louise d’Ernemont, elle-même – даже Луиза Эрмон]?…

– Non, Louise d’Ernemont protesta contre cette infamie. Mais que pouvait-elle?

– Et alors?

– Et alors, mon cher ami, pris au piège[158 - pris au piège – пойманный в ловушку], légalement impuissant, j’ai dû transiger et accepter pour ma part[159 - pour ma part – что до меня] un modeste diamant, le plus petit et le moins beau.»




Le piège infernal


Après la course Nicolas Dugrival porta vivement la main à la poche intérieure de son veston. Sa femme lui dit:

«Qu’est-ce que tu as?

– Je suis toujours inquiet… avec ton argent! j’ai peur d’un mauvais coup[160 - un mauvais coup – неприятность]





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notes


Примечания





1


un tas de potins – множество сплетен




2


le signe de l’ombre – знак тьмы




3


C’était l’époque où… – Это было время, когда…




4


…n’avait pourtant pas encore livré ses plus formidables batailles – еще, однако, не участвовал в своих самых великолепных сражениях (livrer (une) bataille – дать сражение)




5


Vous y êtes? – Вы готовы?




6


je crus comprendre – я подумал, что понял (crus – форма прошедшего времени (passé simple) глагола croire).




7


à la hauteur du – на высоте, на уровне




8


coup sur coup – вспышка за вспышкой




9


à haute voix – громко, громким голосом




10


Pas dommage – Наконец-то!




11


ce diable d’homme – этот чертов человек




12


avait l’air de savoir – знал (имел вид того, кто знает…)




13


en face de – напротив




14


à la suite d’un silence plus long – после продолжительной паузы




15


Ma foi – Право (же); Признаться; Честное слово




16


Ayez l’obligeance – Будьте любезны




17


au bout d’un instant – через некоторое время




18


je serai chez lui à dix heures du soir – я буду у него в десять часов вечера (serai – будущее время (future simple) глагола être)




19


je décrochai l’appareil – я снял телефонную трубку




20


…qui s’est enfuie voilà quinze jours – …которая сбежала две недели назад




21


emportant avec elle – унеся с собой (emportant – форма причастия настоящего времени (participe présent) глагола emporter).




22


une somme de trois millions, volée à son mari – сумму в размере трех миллионов, украденную у ее мужа (volée – форма причастия прошедшего времени (participe passé) глагола voler)




23


que la princesse de Berny lui avait confiée – которые ей доверила княгиня де Берни (avait confiée – форма предпрошедшего времени (plus-que-parfait) глагола confier в значении предшествования)




24


se mit à examiner – он принялся изучать (se mettre à faire qch – приняться что-то делать, начать что-то делать)




25


tout cassé – сгорбленный




26


l’un derrière l’autre – один за другим




27


poussa un cri – воскликнул




28


Je vis un homme à moitié nu gisait sur le tapis – Я увидел полуголого человека, лежащего на ковре (gisait – форма прошедшего времени (imparfait) глагола gésir)




29


On l’aura saisi d’une main à la gorge, et de l’autre on l’aura piqué au cœur – Должно быть, одной рукой его схватили за горло, а другой укололи в сердце




30


Taisez-vous!.. – Замолчите!..




31


C’est d’une importance considérable – Это имеет огромное значение




32


un ami intime – близкий друг




33


Sans en dire davantage – не говоря больше ни слова




34


passer devant – проходить мимо




35


ce qui n’est pas son habitude – что не входит в его привычки




36


sans m’adresser la parole – не говоря мне ни слова




37


un cabinet de lecture – читальный зал




38


les journaux de la dernière quinzaine – газеты за последние две недели




39


La nuit était venue – стемнело




40


le Lupin qui a résolu d’agir – тот самый Люпен, который решил действовать (употребление определенного артикля «le» с именем собственным в значении «тот самый»)




41


Halte! – Стоп!




42


Crebleu! – Черт возьми!




43


«Plantez un saule au cimetière, // J’aime son feuillage éploré…» – «Посадите иву на кладбище, // Мне нравится ее заплаканная листва…» (Alfred Musset «Lucie»)




44


Une voix cria d’en haut… – Сверху донесся голос…




45


Il portait des vêtements de coupe élégante – Он носил одежду элегантного покроя




46


était tenu par son docteur en une sorte de réclusion – которого держали в своего рода заключении




47


en partie – частично




48


Lui-même a été surpris au milieu de cette communication… – Он был застигнут врасплох посреди этого сообщения…




49


au nom de la loi – именем закона




50


Allez jusqu’au bout – Договаривайте




51


mais vous êtes fou! – вы сошли с ума!




52


L’accusation était portée – Обвинение было предъявлено




53


manger les millions – тратить миллионы




54


ayant sorti de son bureau un revolver – достав из своего письменного стола револьвер (ayant sorti – форма причастия прошедшего времени (participe passé composé) глагола sortir)




55


ses yeux tristes semblaient mouillés de larmes – на глазах у него, казалось, выступили слезы




56


Un détail attira son attention – Одна деталь привлекла его внимание




57


il aperçut la pointe de l’épingle… – он заметил острый конец булавки…




58


la tige d’or en était triangulaire – золотой стебелек был треугольной формы




59


formait comme un menu poignard – представлял своего рода кинжал




60


la baronne n’a fait qu’obéir à vos ordres – баронесса только лишь подчинялась вашим приказам




61


Que risque cette femme puisque c’est la baronne que l’on cherche? – Чем рискует эта женщина, если разыскивают не ее, а баронессу?




62


Lupin éclata de rire – Люпен рассмеялся




63


Mettons que je sois l’envoyé du destin… – Предположим, что я послан судьбой…




64


Cette nuit, bien déguisé, méconnaissable, toutes tes précautions prises, tu rejoignais ta maîtresse… – Этой ночью ты, тщательно переодетый, неузнаваемый, со всеми возможными предосторожностями, должен присоединиться к своей любовнице…




65


Tu es fichu! – Тебе конец!




66


Ça colle? – Подходит?




67


Lupin se jeta de côté… – Люпен кинулся в сторону…




68


Il se raidit désespérément, maîtrisa le baron et l’étreignit à la gorge – Он отчаянно напрягся, скрутил барона и схватил его за глотку




69


soyez sage – ведите себя хорошо




70


au creux de l’estomac – под диафрагму




71


Puis il se mit à fouiller les poches… – Потом он принялся обшаривать карманы…




72


du sang-froid – сохраняй хладнокровие




73


donner un petit coup de main… – помочь…




74


…parbleu! – …черт возьми!




75


Crénom! – Черт возьми!




76


d’un bond – сразу, вдруг




77


Il était temps de songer à la retraite – Настало время думать об отступлении




78


Je pourrais vous dire que j’ai eu peur des agents, ou bien alléguer une délicatesse subite – Я мог бы сказать, что я испугался полиции, или сослаться на внезапную деликатность




79


être bien sage – быть послушным




80


Tout de suite, l’image de son mari la heurta – Тут же ей в голову пришел образ ее мужа




81


il desserra son étreinte – он ослабил хватку




82


Il est à ma disposition – Он в моем распоряжении




83


à plusieurs reprises – несколько раз




84


…et quelle que soit l’heure, quels que soient les obstacles, je viendrai – …и в любое время, через любые препятствия я приду




85


Est-ce possible que ce soit vous!.. – Возможно ли, чтобы это были вы!.. (soit – форма условного наклонения (subjonctif) глагола être)




86


…reprise d’une inquiétude soudaine – …охваченная внезапной тревогой




87


…de vos anciennes amies – …из ваших бывших подруг (ancien меняет значение в зависимости от того, находится ли это слово перед или после существительного; после существительного ancien означает старый, старинный (une maison ancienne – старый дом), а перед существительным – бывший (une ancienne maison – бывший дом))




88


de son côté – в свою очередь




89


il croit avoir entre les mains… – он верит, что у него в руках есть…




90


à la fin – в конце концов




91


Je vous en supplie – Я вас умоляю




92


Je n’ai rien à cacher – Мне нечего скрывать




93


Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre – Во мне не было любви, так как я была женой другого




94


de la sorte – таким образом




95


Il fait partie de mon doigt – Оно (кольцо) стало частью моего пальца




96


…je veille sur vous – …я присматриваю за вами




97


l’air furieux – с разъяренным видом




98


Vous n’y voyez pas d’inconvénient? – Вы не возражаете?




99


sous serment – под присягой




100


en échange du véritable – вместо подлинного




101


de votre plein gré – по своей воле




102


à mon insu – без моего ведома




103


agir par ses propres forces – действовать самостоятельно




104


Bigre! – Черт возьми!




105


en l’occurrence – в данном случае




106


Lupin me regarda de travers – Люпен посмотрел на меня недружелюбно




107


Vous êtes bien pressé! – Вы очень спешите!




108


par conséquent – поэтому




109


droit au but – прямо к делу




110


jeter un coup d’œil – взглянуть




111


au bout d’un instant – через мгновение




112


en effet – действительно




113


tout à coup – внезапно




114


Cela, depuis des années, et quel que soit le temps – Всё это на протяжении многих лет, какой бы ни была погода




115


tout à fait sûr – совершенно уверен




116


en tout cas – в любом случае




117


Ils passèrent sans prêter attention à notre présence – Они прошли мимо, не обращая на нас внимания




118


un valet de chambre – лакей




119


livra passage – пропустить, дать дорогу




120


Lupin fit un bond – Люпен совершил прыжок




121


la gâche de la serrure – замочная скважина




122


de sorte que – так что




123


sans encombre – беспрепятственно




124


une étude de notaire – нотариальная контора




125


sous le nom du capitaine en retraite – капитаном в отставке




126


la Terreur – период Террора: время массовых казней во время Великой французской революции (с июня 1793 по 27 июля 1794)




127


sous prétexte de – под предлогом




128


sans doute – возможно, наверное




129


à vil prix – за бесценок




130


il le reçut à coups de fusil – он встретил его оружейным выстрелом




131


vida les lieux – убрался с места




132


la vieille servante prit soin de lui – старая служанка заботилась о нем




133


la retraite la plus absolue – в абсолютном уединении




134


tout de même – тем не менее




135


Je ne suis pas de votre avis – Я не согласен с вами




136


je n’eus pas l’occasion de le voir – у меня не было возможности видеть его




137


en hochant la tête – кивая головами




138


Il me regarda d’un œil mauvais – Он злобно посмотрел на меня




139


par-delà le mur – за стеной




140


Il consulta sa montre – он посмотрел на часы




141


quelque part – где-то




142


À cet instant précis – именно в этот момент




143


à peu près par le milieu – где-то посередине




144


Lorsque le calme fut rétabli… – Когда спокойствие было восстановлено…




145


Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que l’occasion se présenta – Только несколько лет спустя представился случай




146


dans les ténèbres où il se débattait – в потемках, в которых он заблудился




147


le symbole même – самим символом




148


sus – узнал (форма passé simple глагола savoir)




149


d’après les tableaux – благодаря картинам




150


eût inscrit – написал бы (eût inscrit – форма предпрошедшего времени сослагательного наклонения – plus-que-parfait du subjonctif)




151


Et voici ce qui dut se passer – Вот как, должно быть, было дело




152


ses yeux tombèrent sur… – его взгляд упал на…




153


soit – предположим




154


du moment que vous aviez déchiffré l’énigme – с того момента, как вы разгадали загадку




155


Ces malheureux m’ont fait pitié – Эти несчастные внушили мне жалость




156


aucune valeur – никакой ценности




157


Louise d’Ernemont, elle-même – даже Луиза Эрмон




158


pris au piège – пойманный в ловушку




159


pour ma part – что до меня




160


un mauvais coup – неприятность



Кто же этот загадочный Арсен Люпен? Он неуловимый грабитель и искусный мастер перевоплощений. Известно только, что герой обаятельный, элегантный, красивый и необычайно умный, в остальном его личность остается загадкой. Воровство – это его призвание и любимое развлечение. Кражи Арсена Люпена похожи на ловкие фокусы, веселые розыгрыши и искусные постановки пьес. Герой забавляется сценариями своих постановок и может вовлечь в них любого. Сам же всегда остается незамеченным. Прочитайте эти увлекательные истории на языке оригинала. Под силу ли вам раскрыть тайны Арсена Люпена?

Издание рекомендовано в качестве дополнительного пособия для изучающих французский язык (уровень от А2). Книга подойдет для начинающих, так как все сложные речевые обороты и выражения поясняются. После основного текста вы найдете упражнения на понимание прочитанного и развитие речевых навыков. В конце книги расположен словарь, составленный непосредственно к данным рассказам.

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