Книга - Le mensonge d’un voisin

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Le mensonge d’un voisin
Blake Pierce


Un mystère suspense psychologique Chloé Fine #2
Un chef-d’œuvre de thriller et de mystère. Blake Pierce est parvenu à créer des caractères avec un côté psychologique tellement bien décrit, que nous avons l’impression de pouvoir pénétrer dans leur esprit, suivre le cheminement de leurs pensées et nous réjouir de leurs réussites. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Un mystère Chloé Fine) est le volume 2 d’une nouvelle série suspense psychologique par Blake Pierce, l’auteur à succès de Une fois partie (volume 1) (téléchargement gratuit), un bestseller nº1 ayant reçu plus de 1 000 critiques à cinq étoiles. L’agent de l’équipe scientifique du FBI, Chloé Fine, 27 ans, encore sous le choc des secrets issus de son passé, se retrouve plongée au cœur de sa première enquête : le meurtre d’une nounou dans une ville de banlieue aux allures parfaites. Plongée dans un monde de secrets, de couples infidèles, d’apparences et d’artifices, Chloé réalise très vite que tout le monde pourrait être coupable. Mais en même temps, avec son propre père toujours incarcéré, elle doit se battre contre ses propres démons et découvrir les secrets de son propre passé, au risque de finir démoralisée avant même que sa propre carrière n’ait eu le temps de démarrer. Un suspense psychologique émotionnel avec des personnages complexes, une atmosphère de petite ville et un suspense qui vous tiendra en haleine, LE MENSONGE D’UN VOISIN est le volume 2 d’une fascinante nouvelle série qui vous fera tourner les pages jusqu’à des heures tardives de la nuit. Le volume 3 dans la série CHLOÉ FINE sera bientôt disponible.







le mensonge d’un voisin



(un suspense psychologique Chloé Fine – volume 2)



b l a k e p i e r c e


Blake Pierce



Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend treize volumes (pour l’instant). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant neuf volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la série mystère KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la série mystère MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; de la série mystère KATE WISE, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; de la série mystère suspense psychologique CHLOÉ FINE, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; et de la série thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant trois volumes (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact.



Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright emin kuliyev, utilisé sous licence de Shutterstock.com.


LIVRES PAR BLAKE PIERCE



SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2)

LA MAISON PARFAITE (Volume 3)



SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)



SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)



SÉRIE MAKING OF RILEY PAIGE

REGARDER (Volume 1)

ATTENDRE (Volume 2)

ATTIRER (Volume 3)



SÉRIE MYSTÈRE RILEY PAIGE

UNE FOIS PARTIE (Volume 1)

UNE FOIS PRISE (Volume 2)

UNE FOIS DÉSIRÉE (Volume 3)

UNE FOIS ATTIRÉE (Volume 4)

UNE FOIS TRAQUÉE (Volume 5)

UNE FOIS ÉPINGLÉE (Volume 6)

UNE FOIS DÉLAISSÉE (Volume 7)

UNE FOIS FROIDE (Volume 8)

UNE FOIS POURSUIVIE (Volume 9)

UNE FOIS PERDUE (Volume 10)

UNE FOIS ENTERRÉE (Volume 11)

UNE FOIS LIÉE (Volume 12)

UNE FOIS PIÉGÉE (Volume 13)

UNE FOIS ASSOUPIE (Volume 14)



SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL N’EXPIRE (Volume 11)



SÉRIE MYSTÈRE AVERY BLACK

MOTIF POUR TUER (Volume 1)

MOTIF POUR S’ENFUIR (Volume 2)

MOTIF POUR SE CACHER (Volume 3)

MOTIF POUR CRAINDRE (Volume 4)

MOTIF POUR SAUVER (Volume 5)

MOTIF POUR REDOUTER (Volume 6)



SÉRIE MYSTÈRE KERI LOCKE

UNE EMPREINTE DE MORT (Volume 1)

UNE EMPREINTE DE MEURTRE (Volume 2)

UNE EMPREINTE DE VICE (Volume 3)

UNE EMPREINTE DE CRIME (Volume 4)

UNE EMPREINTE D’ESPOIR (Volume 5)


TABLE DES MATIÈRES



PROLOGUE (#ud24e5c0b-f42b-5152-8c6d-4379a17aa5e1)

CHAPITRE UN (#u2b446c9b-60a7-5393-92c4-867d5fadb669)

CHAPITRE DEUX (#ue941ffcd-499c-5fa5-847f-e3b0bc2846b5)

CHAPITRE TROIS (#u59fb339f-4692-5f1f-a7bb-2bf0a9cab3fe)

CHAPITRE QUATRE (#ub6f53463-42b7-5f9a-a79b-d96cd9f9486a)

CHAPITRE CINQ (#uaf419351-28be-5f44-845d-1503558390d9)

CHAPITRE SIX (#u638ff245-91a4-5a26-9b63-f027c78bbbb8)

CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo)

CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo)

CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo)




PROLOGUE


Travailler en tant que nounou n’était pas la vie que Kim Wielding avait envisagée, mais c’était finalement assez agréable. Ce qui était un peu surprenant, vu que lorsqu’elle avait vingt ans, elle avait voulu faire carrière à Washington, travailler sur des campagnes électorales et écrire le discours de politiciens de second plan. Et elle avait presque réussi.

Presque.

Parfois la vie réservait des surprises.

À présent âgée de trente-six ans, ses rêves de travailler à Washington s’étaient évaporés depuis longtemps. Elle les avait remplacés par un autre rêve : celui d’écrire le grand roman américain durant son temps libre en tant que nounou. Elle avait atterri dans ce travail après qu’un candidat prometteur pour lequel elle avait travaillé ait été piteusement battu. C’était tout ce qu’il avait fallu pour qu’elle se retrouve temporairement mise à l’écart. Et ce fut durant cette période d’éloignement qu’un moyen de subsistance très facile lui était tombé dessus. Elle n’avait jamais envisagé de garder des enfants, mais cela avait tout de suite fonctionné.

Kim repensait à son premier boulot en tant que nounou, assise dans la cuisine de Bill et de Sandra Carver. C’était difficile de croire que cela faisait un peu plus de dix ans. Cette période avait d’une certaine manière effacé les souvenirs de son travail à Washington et son souhait de faire carrière dans le monde politique.

Son ordinateur portable était posé devant elle. Elle avait atteint les quarante-mille mots pour son livre. Elle pensait en être environ à la moitié. Peut-être qu’il lui faudrait encore six mois pour le terminer. Tout dépendait de la direction que prendrait la vie des trois enfants Carter. L’aîné, Zack, était rentré au lycée cette année et envisageait sérieusement de se mettre au football américain. Le cadet, Declan, jouait au football. Et si la benjamine, Madeline, continuait la gymnastique, Kim allait devoir courir dans tous les sens durant les prochains mois.

Elle referma son ordinateur et regarda autour d’elle. Elle faisait dégeler un poulet pour le dîner. Le plan de travail était nettoyé, la vaisselle était faite, et la quatrième lessive était en train de tourner dans la machine à laver. Jusqu’à ce que les enfants rentrent à la maison, sa journée était finie. C’est comme ça qu’elle avait pu travailler sur son livre pendant les quarante-cinq dernières minutes.

Elle jeta un coup d’œil à l’horloge et réalisa que la journée lui avait filé entre les doigts— quelque chose qui, elle s’en rendait compte à présent, arrivait fréquemment aux nounous. Elle allait devoir partir chercher les enfants à l’école dans quinze minutes…et ce n’était pas rien, puisque les enfants Carver, du fait de leur différence d’âge, étaient tous dans des écoles différentes. La plus jeune était en primaire, le cadet au collège, et l’aîné au lycée. Au total, cela lui prenait un peu plus d’une heure de trajet dans les embouteillages pour tous les récupérer et les ramener à la maison. Mais ce n’était pas non plus aussi désagréable que ça, puisque Kim avait récemment découvert à quel point les livres audio étaient de merveilleux alliés pour tuer le temps en voiture.

Elle se leva et vérifia le poulet, qui était presque décongelé dans l’évier. Elle mit ensuite la lessive dans le sèche-linge et prépara toutes les épices dont elle aurait besoin pour préparer le repas. Au moment où elle posa le paprika sur le plan de travail, quelqu’un frappa à la porte.

C’était plutôt fréquent chez les Carver. Sandra Carver était accroc à Amazon et Bill Carver recevait tout le temps des schémas et des plans par FedEx à la maison. Kim prit son sac à main, en prévoyant de partir directement pour l’école après avoir rentré les paquets à l’intérieur.

Elle ouvrit la porte, en cherchant immédiatement des yeux une caisse Amazon sur le sol du porche. C’est pourquoi elle ne vit pas tout de suite qu’une personne se tenait devant elle. Quand elle leva les yeux pour voir son visage, sa vision fut bloquée par—quelque chose.

Quoi que ce fut, cela lui percuta la tête et l’atteignit juste entre les deux yeux, au sommet de l’arête du nez. Le craquement à l’intérieur de son crâne fut assourdissant mais elle eut à peine le temps de le remarquer avant que la sensation de chute ne l’emporte sur tout le reste.

L’arrière de son crâne heurta violemment le plancher en bois de la maison des Carver. Elle sentit le sang jaillir de son nez au moment où elle essaya de reculer.

La personne qui se trouvait sur le porche entra à l’intérieur. Elle referma calmement la porte derrière elle. Kim essaya de crier mais il y avait trop de sang qui lui coulait dans la gorge et la bouche. Elle toussa, en s’étranglant presque, et vit la personne faire un grand pas en avant.

Elle leva à nouveau l’objet contondant—un tuyau, pensa vaguement Kim, alors que la douleur l’envahissait—et ce fut la dernière chose qu’elle vît.

Avant le coup de grâce, son esprit s’égara de manière étrange. Kim Wielding mourut en se demandant ce qui arriverait à ce poulet, qui décongelait encore dans l’évier des Carver.




CHAPITRE UN


Vu la manière dont sa vie avait commencé—une mère morte, un père en prison, et des grands-parents qui la couvaient continuellement—Chloé Fine préférait souvent faire les choses par elle-même. Les gens pensaient souvent d’elle qu’elle était une grande introvertie, et en ce qui la concernait, cela lui allait parfaitement bien. C’était cette personnalité qui l’avait poussée à obtenir des résultats exceptionnels à l’école et qui l’avait aidée à réussir brillamment ses études et son entraînement à l’académie du FBI.

Mais c’était également à cause de ce caractère qu’elle avait fini par déménager dans son nouvel appartement sans qu’une seule personne ne vienne l’aider. Évidemment, elle aurait pu engager une société de déménagement, mais ses grands-parents lui avaient enseigné la valeur de chaque dollar. Et puisqu’elle était musclée, qu’elle avait un dos résistant et qu’elle était une véritable tête de mule, elle avait décidé de déménager par elle-même. Après tout, elle n’avait que deux meubles vraiment lourds. Pour le reste, ça devrait être du gâteau.

Elle réalisa que ce n’était finalement pas tout à fait le cas, quand elle eut fini de traîner sa commode jusqu’en haut des escaliers du premier étage—avec l’aide d’un diable, de plusieurs sangles à cliquets, et d’une cage d’escalier qui était heureusement assez large. Oui, elle avait réussi, mais elle était presque sûre de s’être froissé un ou deux muscles du dos au passage.

Elle avait gardé la commode pour la fin, en sachant que cela serait la partie la plus difficile du déménagement. Elle avait intentionnellement peu chargé ses caisses en sachant qu’elle aurait à les porter toute seule. Elle aurait pu appeler Danielle, qui l’aurait probablement aidée, mais Chloé n’avait jamais été du genre à demander des faveurs à la famille.

Chloé contourna quelques cartons remplis de livres et de cahiers et s’effondra dans le fauteuil qu’elle avait toujours conservé depuis sa deuxième année d’université. L’idée que Danielle pourrait être ici avec elle, à l’aider à trier toutes ses affaires et à s’installer, était assez tentante. Les choses n’étaient plus aussi tendues entre elles depuis que Chloé avait découvert la vérité sur ce qui s’était réellement passé entre leurs parents quand elles étaient petites, mais quelque chose avait changé. Elles étaient toutes les deux conscientes du poids que leur père faisait peser sur leurs épaules—ce qu’il avait fait et les secrets qu’il avait gardés. Chloé savait qu’elles affrontaient ces secrets à leur propre manière et que leurs opinions différaient.

Mais ce qu’elle n’avait jamais osé dire à Danielle, c’était à quel point leur père lui manquait. Danielle lui en avait toujours plus ou moins voulu après qu’il ait été mis en prison. Mais pour Chloé, cette figure paternelle était quelque chose qui lui avait manqué dans la vie. Elle avait toujours osé espérer que peut-être la police s’était trompée—qu’il était impossible que leur père ait tué leur mère.

Et c’était cet espoir qui les avait amenées à vivre une aventure qui avait culminé avec l’arrestation de Ruthanne Carwile et un point de vue complètement nouveau sur l’affaire Aiden Fine. Mais le problème, c’était qu’en découvrant les secrets de son père, il avait commencé à lui manquer encore plus. Et elle savait que Danielle trouverait ça horrible, peut-être même un peu masochiste.

Malgré cela, elle voulait quand même demander à Danielle de venir célébrer l’emménagement dans son nouvel appartement. C’était un petit deux pièces dans le quartier Mount Pleasant de Washington —petit, tout juste dans ses moyens, mais exactement ce dont elle avait besoin. Elles ne s’étaient plus vues depuis environ deux mois —ce qui semblait étrange, étant donné tout ce qu’elles avaient vécu ensemble. Elles avaient parlé au téléphone quelques fois et bien que les conversations aient été plaisantes, elles étaient restées très superficielles. Et Chloé n’était pas du genre à faire dans le superficiel.

Tant pis, pensa-t-elle, en tendant la main vers son téléphone. Quel mal cela peut faire ?

En cherchant le numéro de Danielle, elle réfléchit encore à la situation. Cela ne faisait que deux mois que cette histoire était arrivée, et elles étaient à présent des personnes différentes. Danielle avait commencé à recoller les morceaux de sa vie. Elle avait un travail qui pouvait potentiellement bien payer—serveuse et assistante du manager dans un bar branché à Reston, en Virginie. Et quant à Chloé, elle se demandait encore comment passer du statut de récemment fiancée à celui de célibataire apparemment incapable de décrocher un rencard.

Tu ne peux pas forcer les choses, pensa-t-elle. Surtout pas avec Danielle.

Chloé décida néanmoins de passer l’appel. Elle s’attendait à tomber sur le répondeur. Quand Danielle répondit à la deuxième sonnerie sur un ton enjoué, il fallut un moment à Chloé pour parler.

« Salut, Danielle. »

« Chloé, comment vas-tu ? » demanda-t-elle. C’était tellement étrange d’entendre Danielle parler avec une telle gaieté dans la voix.

« Plutôt bien. J’ai emménagé dans mon nouvel appartement aujourd’hui. Je me disais que ce serait vraiment sympa de célébrer ça en t’invitant à boire une bouteille de vin et manger des crasses. Puis je me suis souvenue de ton nouveau boulot. »

« Ouais, je bosse dur, » dit Danielle en riant.

« Ça te plaît, comme boulot ? »

« Chloé, j’adore ça. Évidemment, cela ne fait que trois semaines mais c’est comme si j’étais née pour ce boulot. Je sais que c’est seulement servir au bar, mais… »

« Mais tu es aussi assistante du manager, non ? »

« Ouais. Un titre qui m’effraie toujours. »

« Je suis contente que ça te plaise. »

« Et toi, quoi de neuf ? Comment est l’appartement ? Comment s’est passé le déménagement ? »

Elle ne voulait pas que Danielle sache qu’elle avait déménagé toute seule, alors elle répondit de manière évasive—une chose qu’elle détestait faire. « Pas trop mal. Je dois encore déballer des caisses, mais je suis contente d’être là. »

« Je te promets de venir bientôt pour cette bouteille de vin. Et sinon, comment ça se passe pour le reste ? »

« Honnêtement ? »

Danielle resta silencieuse pendant un instant avant de répondre par un « Oh-Oh. »

« Je pense beaucoup à papa. J’ai pensé à aller le voir. »

« Et pourquoi tu ferais ça ? »

« J’aimerais avoir une bonne réponse à te donner, » répondit Chloé. « Mais après tout ce qui s’est passé, je sens que j’en ai besoin. J’ai besoin de trouver un sens à tout ça. »

« Mon dieu, Chloé, laisse tomber. Avec ton nouveau boulot, tu n’es pas censée résoudre d’autres crimes ? Et moi qui pensais être celle qui passait son temps à vivre dans le passé. »

« Pourquoi est-ce que ça te contrarie autant ? » demanda Chloé. « Que j’aille le voir… »

« Parce que je pense que nous lui avons toutes les deux donné assez de nos vies. Et je sais que si tu vas le voir, mon nom va être mentionné, et j’aimerais autant que ça n’arrive pas. J’en ai fini avec lui, Chloé. J’aimerais que tu puisses en faire autant. »

Oui, j’aimerais aussi, pensa Chloé, mais elle garda ce commentaire pour elle-même.

« Chloé, je t’aime, mais si le reste de la conversation doit tourner autour de lui, je vais te dire aurevoir dès maintenant. »

« Quand est-ce que tu travailles ? » demanda Chloé.

« Tous les soirs de la semaine, sauf samedi. »

« Je viendrai peut-être vendredi après-midi pour te voir. Et je veux que tu me serves ta spécialité, quel que soit le cocktail. »

« Il vaudrait mieux que tu ne prévoies pas de conduire pour rentrer chez toi, alors, » répondit Danielle.

« C’est noté. »

« Et toi ? Quand est-ce que tu commences ton nouveau travail ? »

« Demain matin, en fait. »

« En plein milieu de la semaine ? » demanda Danielle.

« C’est une espèce de journée d’orientation, avec surtout des réunions et une séance d’information. »

« Je suis ravie pour toi, » reprit Danielle. « Je sais à quel point cela te tenait à cœur. »

C’était agréable d’entendre Danielle parler en positif de son travail. Non seulement cela, mais elle avait vraiment l’air en plus de s’y intéresser.

Un silence pesant s’installa entre elles. Il fut heureusement rompu par Danielle qui dit quelque chose qui ne lui ressemblait pas vraiment. « Sois prudente, Chloé. Avec ton travail…avec papa…avec tout ça. »

« Je le serai, » lui répondit Chloé, prise par surprise par ce commentaire.

Danielle raccrocha, et Chloé se mit à contempler son appartement. Il lui était difficile de bien le voir à cause de tout son fatras, mais elle se sentait déjà chez elle.

Rien de tel qu’une discussion inconfortable avec Danielle pour se sentir chez soi dans un nouvel appartement, pensa-t-elle de manière désinvolte.

Elle prit son temps pour s’étirer, elle s’extirpa du fauteuil et s’approcha du carton qui se trouvait le plus près d’elle. Elle commença à le déballer, en se disant qu’il faudrait vraiment qu’elle parvienne à trouver un moyen d’avoir des relations harmonieuses. Que ce soit avec sa sœur, son père ou son ex-fiancé, elle n’était pas la plus douée pour garder les gens à ses côtés.

Alors qu’elle pensait à son ex-fiancé, elle tomba sur plusieurs photos encadrées au fond du premier carton. Il y avait trois photos en tout, des clichés de Steven et d’elle ; deux dataient du début de leur relation, quand les choses n’étaient pas encore trop sérieuses entre eux. Mais la troisième était une photo prise après qu’il eut fait sa demande…après qu’elle ait répondu oui et qu’elle se soit presque mise à pleurer.

Elle sortit les photos du carton et les posa sur le plan de travail de la cuisine. Elle fouilla un peu autour d’elle et trouva une poubelle de l’autre côté de la pièce, près de son matelas. Elle prit les photos et les y jeta. Le bruit du verre se brisant au fond de la poubelle lui parut des plus agréables.

Plutôt facile, songea-t-elle. J’ai hâte de laisser tout ça derrière moi. Mais pourquoi je ne peux pas tourner la page aussi facilement avec papa ?

Elle ne savait pas comment répondre à ça. Et ce qui l’effrayait le plus, c’était qu’elle ne puisse trouver la réponse qu’en allant parler avec lui.

Tout d’un coup, l’appartement lui sembla plus vide qu’avant, et Chloé se sentit vraiment seule. Elle décida d’entamer le pack de bières qu’elle avait acheté plus tôt dans la journée et qui se trouvait au réfrigérateur. Elle ouvrit une bouteille, un peu surprise de constater à quel point cette première gorgée lui paraissait bonne.

Elle fit de son mieux pour rester occupée tout le reste de l’après-midi et jusque tard dans la soirée, en passant méthodiquement en revue les cartons un par un, pour décider des objets qu’elle allait garder. Le trophée qu’elle avait gagné avec l’équipe de débat au lycée prit le chemin de la poubelle. Quant au CD de Fiona Apple sur lequel elle avait perdu sa virginité pendant sa deuxième année de lycée, elle le garda.

Toutes les photos de son père finirent à la poubelle. Ça lui fit du mal au début, mais une fois arrivée à la quatrième bière, ce fut tout de suite plus facile.

Elle vida deux cartons…et elle en aurait probablement encore vidé un si, en allant au réfrigérateur, elle ne s’était pas rendu compte qu’elle avait bu le pack de bières au complet. Elle jeta un coup d’œil à l’horloge au-dessus de la cuisinière et laissa échapper un petit cri de surprise.

Il était une heure moins le quart. Autant oublier la bonne nuit de sommeil avant mon premier jour, pensa-t-elle.

Mais ce qui était plus inquiétant, c’était qu’elle était plus contrariée par le fait que le pack de bières soit vide que par la perspective d’un matin vaseux pour son premier jour au FBI. Elle s’affala sur son lit après s’être brossé les dents. Elle avait la tête qui tournait. Finalement, elle avait surtout cherché ce soir à éliminer le plus possible son père de sa vie.




CHAPITRE DEUX


Chloé ne savait pas trop à quoi s'attendre quand elle entra au QG du FBI le lendemain matin. Mais ce à quoi elle ne s'attendait absolument pas du tout, c'était d'être accueillie par un agent plus âgé dans le hall d’entrée. Elle remarqua qu’il l’avait aperçue et elle se demanda comment réagir quand elle le vit marcher droit sur elle. Pendant un instant, elle pensa qu'il s'agissait de l'agent Greene, l'homme qui lui avait fait office d'instructeur et de partenaire dans l'affaire qui lui avait permis de découvrir la vérité à propos de son père.

Mais après l’avoir mieux regardé, elle se rendit compte que cet agent était une toute autre personne. Il paraissait taillé dans la roche, sa bouche dessinant une ligne étroite à travers sa mâchoire.

« Chloé Fine ? » demanda l'agent.

« Oui ? »

« Le directeur Johnson aimerait vous parler avant la séance d'orientation. »

Elle se sentit à la fois excitée et terrorisée. Le directeur Johnson avait fait une exception avec elle quand elle avait fait équipe avec Greene. Avait-il changé d'avis ? Ses actions dans cette dernière affaire lui avaient-elles porté préjudice ? Était-elle arrivée aussi loin pour voir, dès le premier jour, ses rêves s'écrouler ?

« Pour quelle raison ? »

L'agent haussa les épaules, comme s'il s'en moquait royalement. « Par ici, s'il vous plaît, » dit-il.

Il l'accompagna jusqu’aux ascenseurs et, pendant un moment, Chloé eut l’impression de faire un retour dans le passé. Elle se revit marchant vers ces mêmes ascenseurs, un peu plus de deux mois auparavant, avec cette même boule d'inquiétude au ventre, en sachant qu'elle allait rencontrer le directeur Johnson. Et tout comme la dernière fois, cette boule d'inquiétude commença à envahir tout son corps au moment où l’ascenseur se mit à monter.

L'agent au visage impassible l’accompagna en dehors de l'ascenseur quand celui-ci s'arrêta au deuxième étage. Ils traversèrent plusieurs salles et bureaux avant que l'agent ne s'arrête devant le bureau de Johnson. La secrétaire hocha poliment la tête pour les saluer, avant de dire : « Vous pouvez entrer. Il vous attend. »

L'agent au visage impassible lui fit également un léger hochement de tête - mais pas de manière aussi polie - et il fit un signe vers la porte du bureau. Il était clair qu'il n'allait pas entrer.

S'efforçant de rester calme et détendue, Chloé se dirigea vers la porte du bureau du directeur Johnson. Qu'est-ce qui me rend aussi nerveuse ? se demanda-t-elle. La dernière fois qu’il m’a convoquée dans son bureau, il m’a assigné des responsabilités et des tâches que beaucoup de nouveaux agents n’ont pas la chance d’avoir. C'était vrai, mais cela ne l'aidait en rien à se calmer.

Quand elle entra, le directeur Johnson était assis à son bureau, occupé à lire quelque chose sur son laptop. Quand il leva la tête, il fixa toute son attention sur elle ; il referma même son ordinateur.

« Agent Fine, » dit-il. « Merci d’être venue. Cela ne prendra qu'une seconde. Je ne veux pas que vous ratiez une partie de la séance d'orientation – qui, je vous le dirai franchement – est assez rapide. »

Être appelée Agent Fine la combla de joie, mais elle essaya qu'il n'en paraisse rien. Elle prit une chaise en face de son bureau et lui adressa un sourire aussi détaché que possible. « Aucun problème, » lui dit-elle. « Suis-je... enfin, il y a quelque chose qui ne va pas ? »

« Non, non, pas du tout, » dit-il. « Je voulais juste vous parler d’une autre option en ce qui concerne votre affectation. J’ai cru comprendre que vous dirigiez votre carrière vers l’équipe scientifique. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez toujours voulu faire ? »

« Oui, monsieur. J'ai toujours eu un bon œil pour les détails. »

« Oui, c'est ce que j'ai entendu dire. L'agent Greene a parlé de vous en termes élogieux. Et mis à part quelques contretemps dans les événements d'il y a deux mois, je dois l'admettre – j'étais moi-même très impressionné. Vous vous comportez avec une confiance en vous inébranlable, ce qui est rare chez les nouveaux agents. Et c'est pour cette raison, et au vu des éloges que j'ai reçus de l'Agent Greene et de certains de vos instructeurs à l'académie, que je voudrais vous demander de reconsidérer le choix de votre département. »

« Est-ce que vous pensez à un département en particulier ? » demanda Chloé.

« Avez-vous déjà entendu parler du programme ViCAP ? »

« Le Programme de Détention de Criminels Violents ? Oui, j'en ai entendu parler. »

« Le nom s'explique de lui-même, mais je pense que c'est compatible avec vos capacités d’attention aux détails. De plus, pour être tout à fait sincère avec vous, l'Équipe Scientifique se compose déjà d’un groupe plutôt conséquent d'agents de première année. Plutôt que de venir simplement grossir les rangs, je vous verrais plus au sein du ViCAP. Est-ce que c’est quelque chose qui pourrait vous intéresser ? »

« Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas. Je n'y ai jamais pensé. »

Johnson acquiesça mais Chloé était presque sûre qu'intérieurement, il avait déjà pris sa décision. « Si cela vous tente, j'aimerais que vous fassiez un essai. Si dans quelques jours, vous trouvez que cela ne vous convient pas, je m'engage personnellement à ce que vous retrouviez votre place actuelle avec l'Équipe Scientifique. »

Franchement, elle ne savait pas quoi répondre. Mais en revanche, ce qu'elle savait avec certitude, c'était que le fait que son directeur pense à elle pour un poste en particulier, uniquement sur base de ses capacités et du feedback positif de ses pairs, la remplissait de fierté.

« Oui, je veux bien essayer, » répondit-elle finalement.

« Fantastique. J'ai déjà pensé à vous mettre sur une affaire. Vous commenceriez demain matin. C’était la police du Maryland qui s’en occupait, mais nous avons reçu ce matin-même un appel nous demandant de les aider. Je vous l'assigne, et vous serez accompagnée d'une autre agent qui se retrouve aujourd’hui sans partenaire. Celui que nous lui avions attribué s'est effondré sous la pression et nous a appelés hier pour donner sa démission. »

« Puis-je en demander la raison ? »

« Avec le Programme de Détention de Criminels Violents, les crimes ont tendance à être plutôt abjects. C’est quelque chose qui arrive parfois avec les nouvelles recrues... Ils finissent la formation, en analysant des cas concrets, et même des enquêtes réelles. Mais pour finir, quand ils se rendent compte qu'ils vont vivre ces affaires de près... Certains craquent. »

Chloé resta silencieuse. Elle devait prendre une décision importante et ça la dépassait un peu. Elle avait toujours voulu un poste tel que celui-là, d'aussi loin qu’elle s’en rappelle – depuis le moment même où elle avait compris la différence entre le bien et le mal.

« Vais-je avoir besoin d'une formation supplémentaire ? »

« Je vous conseillerais des entraînements supplémentaires au stand de tir, » répondit Johnson. « Je m'assurerai que tout soit arrangé pour vous. Lorsque vous avez été recrutée par l'Équipe Scientifique, vos résultats en maniement d’armes à feu étaient plutôt bons. Il vous sera néanmoins utile de développer des aptitudes supplémentaires dans ce domaine, une fois que vous aurez intégré le ViCAP – si vous décidez d’y rester. »

« Je comprends. »

« Alors, à moins que vous n'ayez d’autres questions, je pense que vous pouvez aller assister à la séance d'orientation à l'étage d’en bas. Il vous reste trois minutes avant que ça ne commence. »

« Plus de questions pour l’instant. Et merci pour l’opportunité offerte. Et pour votre confiance en moi. »

« Je vous en prie. Je vais m'occuper de la paperasse et quelqu'un vous appellera pour votre affectation avant la fin de la journée. Et agent Fine... Ça va bien se passer. Je pense que vous serez un atout remarquable pour le ViCAP. »

C'est à ce moment-là, quand elle se leva pour quitter le bureau, qu'elle se rendit compte qu’elle n’avait jamais été très douée pour accepter les compliments. Peut-être parce qu'elle n'en avait pas reçu beaucoup dans son enfance. Elle lui adressa simplement un sourire gêné et sortit du bureau. La boule de nervosité qui avait grossi dans son ventre avait maintenant disparu, remplacée par une sensation de légèreté et l’impression de flotter littéralement dans les airs.



***



La séance d'orientation était telle qu'elle se l'était imaginé. Elle consistait en une liste de choses à faire et à ne pas faire, énumérée par toute une panoplie d'agents expérimentés. Il y avait des exemples d'affaires qui avaient mal tourné, à un tel point que plusieurs agents avaient démissionné après coup, ou en étaient même arrivés au suicide. Les instructeurs racontèrent des histoires tristes d'enfants assassinés et de violeurs en série qui, à ce jour, n'avaient toujours pas été élucidées.

Alors qu'elle écoutait ces histoires, Chloé entendit tout bas les bribes d'une conversation dans l'assistance. À deux sièges à sa gauche, elle entendit une femme murmurer quelque chose à un homme assis à côté d’elle.

« Apparemment, mon partenaire a entendu ce genre d’histoires avant nous. C'est peut-être pour ça qu'il a démissionné. » dit-elle d'un ton malveillant qui dérangea tout de suite Chloé.

Avec ma chance, c'est elle la nouvelle partenaire dont Johnson m’a parlé, pensa Chloé.

La séance d’orientation se termina finalement pour le déjeuner. Mais avant ça, les instructeurs regroupèrent les assistants en fonction de leurs différentes affectations. Lorsque Chloé entendit appeler l’équipe scientifique, elle ressentit une pointe d'amertume. Elle regarda la vingtaine de recrues descendre vers l’estrade et se rassembler sur la droite. Le fait qu’elle pensait encore il y a moins de trois heures qu’elle allait faire partie de ce groupe la fit se sentir un peu seule, plus encore lorsqu'elle remarqua que certains agents de l’équipe s’étaient déjà liés d’amitié.

Lorsqu'ils appelèrent les agents pour le Programme de Détention des Criminels Violents, elle se leva et se dirigea à son tour vers l’estrade. Le nombre d'agents était inférieur à celui de l'équipe scientifique. Avec elle compris, elle compta neuf personnes. Et l'une d'entre elles était cette femme qui avait fait ce commentaire désobligeant à propos de son partenaire qui avait démissionné.

Elle était tellement obnubilée par cette femme qu'elle ne prêta pas attention à l'homme qui se trouvait derrière elle.

« Je ne sais pas toi, » commença-t-il, « mais moi, je me sens un peu intimidé. Faire partie d'un programme dont le nom contient le mot violent... me donne l'impression d'être jugé par les gens. »

« Je ne l’avais jamais envisagé sous cet angle, » répondit Chloé.

« Est-ce que tu as une tendance à la violence ? »

Il posa la question avec un petit sourire en coin et Chloé remarqua qu’il était extrêmement séduisant.

« Pas que je sache, » répondit-elle d’un air gêné, alors qu'ils atteignaient l'endroit où était réuni leur groupe.

« OK, » commença l'instructeur, un homme d'un certain âge vêtu d'un jean et d'un t-shirt noir. « Nous allons d’abord aller manger, puis nous nous réunirons dans la salle de conférence numéro trois pour continuer la séance d’information et de questions/réponses. Mais d’abord... » Il s'interrompit et regarda une feuille de papier, en cherchant quelque chose du doigt. « Y-a-t-il parmi vous une Chloé Fine ? »

« C'est moi, » dit Chloé, en transpirant de nervosité à l'idée d'être appelée individuellement devant un groupe qu'elle ne connaissait pas.

« J’aimerais vous parler un moment, s'il vous plaît. »

Chloé se dirigea vers l'instructeur, en voyant qu’il faisait signe à un autre agent.

« Agent Fine, je vois ici que vous allez intégrer le ViCAP, directement recommandée par le directeur Johnson. »

« En effet. »

« Content de vous compter parmi nous. À présent, laissez-moi vous présenter votre partenaire, l’agent Nikki Rhodes. »

Il fit un signe de la tête à l'autre agent qu'il avait invité à les rejoindre. Évidemment, c'était la garce de tout à l'heure. Nikki Rhodes sourit à Chloé d'une manière qui indiquait clairement qu'elle avait bien conscience de sa beauté. Même Chloé devait l'admettre. Elle était grande, bronzée, avec des yeux bleus pétillants et de magnifiques cheveux blonds.

« Enchantée, » dit Rhodes.

« De même, » répondit Chloé

« Vous pouvez aller manger maintenant, » dit l'instructeur. « D'après les informations qu’on m’a données, vous commencerez dès demain à travailler sur une affaire. Vous étiez les meilleures dans vos classes respectives, donc j'attends de grandes choses de vous. »

Rhodes lui adressa un sourire qui avait l’air forcé. Chloé détestait avoir des préjugés sur les gens, mais son instinct ne l'avait jamais trompée. L'instructeur avait tourné les talons pour rejoindre le reste du groupe, en laissant les deux femmes seules. Une fois que le regard d'un supérieur n'était plus posé sur elle, Rhodes tourna également les talons sans rien ajouter de plus.

Chloé se tint à l'écart du groupe pendant un moment, en essayant de garder la tête froide. Elle s'était réveillée ce matin, excitée à l'idée de commencer sa carrière en tant que membre de l'équipe scientifique. Son avenir était tout tracé. Et la voilà maintenant, replacée dans un département qu’elle ne connaissait pas, et associée à une équipière détestable.

« Elle n'a pas l'air très sociable, on dirait, » lâcha quelqu'un derrière elle.

Elle se retourna et vit l'homme qui était descendu avec elle vers l’estrade – l’homme séduisant qui lui avait demandé si elle avait une tendance à la violence.

« Non, en effet. »

« Imagine-toi l'avoir dans la plupart de tes cours à l'académie, » dit-il. « C'était horrible. Ce qui me fait penser à... Je ne me rappelle pas t'avoir vue dans aucun de mes cours ou modules. »

« Oui... Je suis nouvelle, en quelque sorte. J'ai été placée dans ce département ce matin. »

Il eut une expression un peu surprise. « Ah, OK. Eh bien, bienvenue au ViCAP. Mon nom est Kyle Moulton et si ta partenaire ne souhaite pas déjeuner en ta compagnie, je prendrai volontiers sa place. »

« Comme tu veux, » dit Chloé, en se rapprochant du reste du groupe. « Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est la suite logique de ma journée. »

« Comment ça ? »

« Parce que rien ne s'est passé comme prévu. »

Moulton se contenta de hocher la tête alors qu'ils sortaient de la salle où avait eu lieu la séance d’orientation. Malgré le fait que Moulton soit un inconnu (un bel inconnu, il est vrai), elle était contente qu'il l'accompagne jusqu'au déjeuner, qui les attendait quelque part dans le bâtiment. Elle était anxieuse qu'en avançant seule vers cet avenir incertain, elle finisse par changer d'avis.

« Planifier, c'est surfait de toute façon, » dit Moulton.

« Pas pour moi. Planifier signifie structurer. Planifier signifie prévoir. »

« Je ne crois pas que prévoir fait partie du descriptif de nos postes, » dit Moulton, en plaisantant.

Chloé sourit en hochant la tête, mais elle ne voyait pas ça de la même manière. À vrai dire, elle était un peu inquiète. Ce qui n'avait pas de sens. Sa vie avait toujours ressemblé à une suite d’imprévus, alors pourquoi sa carrière serait-elle différente ?

Heureusement, elle avait appris à encaisser les coups. Et si une garce prétentieuse comme Nikki Rhodes venait à se mettre en travers de son chemin, le problème serait vite réglé.




CHAPITRE TROIS


Le lendemain matin, Chloé eut un réveil difficile, qui lui donnait déjà une idée de ce à quoi ressemblerait le reste de sa carrière. Son téléphone sonna à 5h45, l'appel provenait d'un directeur adjoint au directeur Johnson. Elle eut à peine le temps de formuler un « Allô ? » enroué, avant que la personne à l'autre bout du fil ne commence à parler.

« Je suis le directeur adjoint Garcia. Pourrais-je parler à l'agent Chloé Fine ? »

« C'est moi. » Elle s'assit sur son lit, le cœur battant la chamade pendant qu'une montée d'adrénaline s'emparait d'elle et finit par complètement la réveiller.

« Vous devez rejoindre l'agent Rhodes à Bethesda à 7h00. Vous travaillerez ensemble sur ce que nous pensons être une affaire de violence de gangs, le MS-13 étant certainement impliqué. Je serai votre personne de contact si vous avez des questions. Vous pouvez m’appeler à ce même numéro. Nous fournirons les mêmes informations à l'agent Rhodes. Après avoir raccroché, vous recevrez l'adresse par message. Avez-vous des questions, agent Fine ? »

Chloé était sûre d’en avoir, mais elle ne put en formuler aucune, à la pensée qu'on venait de lui assigner sa première vraie enquête.

« Non, monsieur. »

« Bien. Soyez prudente, agent Fine. »

Et ce fut tout. On venait de lui assigner sa première affaire. Elle savait qu’à l'avenir, cela se passerait différemment ; ils en avaient assez parlé la veille, au cours de la séance d'orientation. C’était néanmoins une entrée en matière assez directe pour son premier jour de travail.

Elle s'était douchée et avait déjà préparé ses habits la veille, afin de ne pas arriver en retard à sa première assignation. Elle s'habilla, s'empara d'un bagel au fromage, et remplit un thermos de café qu'elle avait mis couler pour 5h00 du matin la nuit précédente. Pendant ce temps-là, elle reçut le message du directeur adjoint Garcia, lui donnant l'adresse à Bethesda où elle devait se rendre. Quand Chloé entra dans sa voiture, pas plus de quinze minutes s'étaient écoulées depuis l'appel de Garcia.

Elle était déjà allée plusieurs fois à Bethesda, dans le Maryland, donc elle savait que le trajet serait rapide – un peu moins d'une demi-heure, surtout à cette heure matinale, compte tenu du peu de trafic. Après avoir laissé l'enchevêtrement des rues de Washington derrière elle, elle rejoignit de plus grandes avenues, introduisit l'adresse dans son GPS et vit qu'elle n'était qu'à vingt-deux minutes de route.

Elle se surprit à penser à appeler Danielle. Elle se dirigeait vers l'un des moments les plus importants de sa vie et elle voulait le partager avec quelqu'un. Mais elle savait que Danielle dormirait encore et qu'elle ne comprendrait certainement pas son excitation. Elles avaient des passions et des centres d’intérêt différents, et aucune des deux n'était particulièrement bonne pour simuler l'enthousiasme.

Elle arriva à destination deux minutes avant l'heure marquée par le GPS. Il s'agissait d'un immeuble à un étage en mauvais état, le genre de bâtiment qui devait souvent recevoir la visite de la police pour violences, drogues, agressions sexuelles, ou toute autre raison.

Elle s'attendait à arriver avant Rhodes mais fut déçue de constater que, non seulement l'autre agent était déjà là, mais qu'elle était déjà occupée à monter les marches menant au porche de la scène de crime.

Contrariée, elle se gara le long du trottoir, et se dépêcha de la rejoindre. Elle arriva sur le porche au moment où Rhodes ouvrait la porte pour jeter un coup d'œil (https://es.bab.la/diccionario/frances-espanol/oeil#translationsdetails1) à l’intérieur.

« Bonjour, » dit Rhodes, d’un air totalement absent.

« Bonjour. Comment as-tu fait... T'es venue en volant ? »

Rhodes haussa les épaules. « Je ne suis pas longue à me préparer le matin. C'est bon, agent Fine. Ce n'est pas une course, non plus. »

Au moment de passer la porte, elles virent qu'un homme se tenait au milieu du salon qui était sens dessus dessous. Il se retourna et son regard sembla s'attarder un moment sur l'agent Rhodes. Elle portait un simple pantalon noir et un t-shirt blanc. Elle s'était lissé les cheveux, et bien qu'elle dise ne pas prendre beaucoup de temps à se préparer le matin, il était clair qu'elle s'était maquillée.

« Vous êtes du FBI ? » demanda l'homme.

« Oui, » répondit Chloé, comme pour lui indiquer qu’elles étaient toutes les deux des agents, et pas seulement la jolie grande blonde.

« Agent Rhodes et agent Fine, » précisa Rhodes. « Et vous êtes ? »

« Inspecteur Ralph Palace, du département des homicides du Maryland. Je prends juste quelques dernières notes vu que c'est maintenant votre enquête, si j’ai bien compris. »

« Que pouvez-vous nous dire, pour commencer ? » demanda Chloé.

« Pas grand-chose. Un meurtre lié aux gangs. Le MS-13 est un gang important dans ce quartier, donc nous avons plutôt l'habitude. Les corps d'un homme, sa femme, et leur fils de treize ans ont été retirés hier après-midi, environ sept heures après avoir reçu un appel pour nous signaler des coups de feu. Ce qui explique pourquoi cet endroit ressemble à ça. » Il désigna l'ensemble de la pièce et le désordre qui régnait dans l'appartement. « Une enquête de police superficielle a révélé que le père avait déjà eu affaire à un gang rival, les Binzos. »

« Si le MS-13 est impliqué, pourquoi ne pas faire appel aux services d’immigration ? » demanda Chloé.

« Parce que ça n'a pas encore été prouvé, » répondit Palace. « S’il s’agit d’un crime de gangs liés à l'immigration, nous devons d’abord en avoir la certitude. Sinon, nous pouvons être poursuivis et jugés pour discrimination de groupe ethnique. » Il fit un mouvement de tête, et soupira. « Donc, si vous, vous êtes en mesure de le prouver d'une façon ou d'une autre, ce serait vraiment l’idéal. »

Il sortit une carte de visite de son portefeuille, tout en se dirigeant vers la porte d'entrée. Cela ne surprit pas Chloé de voir qu’il la donna directement à Rhodes. « Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit. »

Rhodes ne prit pas la peine de répondre et mit la carte en poche. Chloé se dit que c'était sûrement le genre de fille qui, au lycée et à l'université, devait avoir l'habitude d'être tout le temps reluquée par les garçons. Sans aucun doute, cette rencontre avec l'inspecteur Palace n'était qu'un de ces moments dont elle n’avait que trop l’habitude.

Chloé regarda autour d’elle. La table basse devant le canapé était retournée. Quelque chose – à priori du soda – avait été renversé dans la mêlée. Le liquide sombre s'était mélangé à ce qui ressemblait beaucoup à du sang séché, sur la moquette pâle qui recouvrait le sol du salon jusqu'à la cuisine voisine. Il y avait également des taches de sang sur les murs et sur le linoleum de la cuisine.

« Comment est-ce que tu veux procéder ? » demanda Rhodes.

« Je ne sais pas. Si des coups de feu ont été tirés, il est possible qu'une balle ait fini par se loger dans un mur ou sur le sol. Et d'après le désordre ambiant, il ne s'agit pas que d'une simple fusillade. Une bagarre a éclaté. Ce qui m'amène à penser qu'il doit y avoir aussi des empreintes. »

Rhodes acquiesça. « Nous devons également savoir comment le tueur est entré. T'as regardé la porte d'entrée ? Pas de signe d'effraction. Ce qui signifie qu'un membre de la famille lui aura probablement ouvert la porte – peut-être que c’était quelqu'un qu'ils connaissaient bien et en qui ils avaient confiance. »

Chloé était d'accord et elle fut impressionnée par Rhodes et la manière dont elle avait déjà examiné la porte avant même d’entrer.

« Est-ce que tu peux aller vérifier dehors s’il y a des signes d’effraction ? » suggéra Rhodes. « De mon côté, je vais voir si je peux trouver des indices sur le type d'arme utilisée... s’il y a des fragments de balles ou n'importe quoi qui y ressemble. »

Chloé acquiesça mais elle sentit que Rhodes se comportait déjà comme si c’était elle qui dirigeait l'enquête. Mais Chloé s'exécuta sans broncher. En se basant sur ce que Palace leur avait dit – et sur le fait qu'ils avaient assigné l'affaire à deux nouveaux agents sous la tutelle d'un directeur adjoint – elle se dit qu'il s'agissait d'une enquête plutôt simple en comparaison d’autres affaires qu’elle pourrait être amenée à traiter. Donc si Rhodes se prenait déjà au jeu du pouvoir, elle n'allait pas se prendre la tête. Du moins, pas encore.

Chloé sortit, en essayant d’imaginer la scène. Si le tueur était un ami de la famille, pourquoi y avait-il des signes de lutte ? Il a utilisé une arme à feu et il a tiré trois balles les unes après les autres, ce qui ne laissait pas assez de temps pour une bagarre. Mais la porte ne montrait aucun signe d'effraction. Pourtant, il était plus probable que le tueur soit entré sans y être invité. Mais si ce n'était pas par la porte d'entrée, alors par où ?

Elle fit tranquillement le tour de l'immeuble, en réalisant qu'appeler ça un immeuble était un peu exagéré. Elle le voyait plus comme une espèce de logement urbain, le genre d’habitation concédée par l'état. Il se trouvait à la périphérie d'un ensemble de quatre immeubles identiques, séparés par une bande de gazon sec.

Sur la gauche, il n'y avait rien, à l'exception d'une petite citerne à gaz et un vieux robinet auquel était connecté un tuyau d'arrosage. Mais quand elle fit le tour, elle vit plusieurs entrées possibles. Tout d'abord, elle vit trois fenêtres, une donnant sur la cuisine et les deux autres sur les chambres. Elle vit également un petit escalier menant à une porte arrière. Elle essaya de l’ouvrir et elle n'était pas fermée à clé. Elle donnait sur une pièce minuscule, qui servait, semble-t-il, de vestiaire pour le jardinage. Quelques paires de chaussures sales étaient éparpillées au sol et un manteau en lambeaux pendait à un crochet au mur. Elle examina la porte et l'encadrement et les trouva en parfait état. De son point de vue, ils ne présentaient aucun signe récent d'effraction.

Elle s’approcha de chaque fenêtre, à la recherche d’indices, et elle ne fut pas déçue. Au cadre de la troisième fenêtre, qui donnait sur la chambre principale, il manquait deux petits morceaux de bois. Ils avaient été enlevés grossièrement, comme arrachés. Elle en trouva un sur le rebord, à l’endroit où la vitre touchait l'encadrement. L'autre se trouvait sur le bas du châssis. La vitre était également ébréchée, mais pas assez pour se briser.

Elle fit attention à ne rien toucher, de peur d'effacer des empreintes, mais en se mettant sur la pointe des pieds, elle remarqua que, sans ces petit morceaux de bois, il était très facile de forcer le loquet de la fenêtre depuis l'extérieur.

Elle retourna à l'intérieur par la porte arrière et alla dans la chambre principale. Rien ne semblait indiquer que quelqu'un s'était introduit par la fenêtre. Mais elle savait également qu’un relevé d’empreintes pourrait prouver le contraire.

« Qu'est-ce-que tu fais ? »

Elle se retourna. Rhodes se tenait dans l'encadrement de la porte de la chambre et regardait Chloé d’un air sceptique.

« Quelqu’un a essayé de forcer cette fenêtre depuis l'extérieur, » rétorqua Chloé. « Il faudrait faire un relevé d’empreintes. »

« Tu as des gants ? » demanda Rhodes.

« Non, » répondit Chloé, en constatant l'ironie de la situation. Si elle avait rejoint l'équipe scientifique comme prévu, elle en aurait sur elle. Mais comme Johnson l'avait changée de département la veille, elle n'avait pas pensé à prendre son matériel de relevés d’empreintes.

« J'en ai dans la voiture, » lui dit-t-elle. Elle lança ses clés à Chloé d'un air contrarié. « Dans la boîte à gants. Et referme bien la portière en sortant. »

Chloé bafouilla un timide « merci » en passant à côté de Rhodes et en se dirigeant vers la porte d’entrée. Elle se demanda pourquoi Rhodes gardait des gants dans sa voiture. D’après ce que Chloé avait compris, le FBI fournissait à chaque agent l'équipement et le matériel nécessaires selon l'affaire qui lui était assignée. Rhodes avait-elle reçu le matériel nécessaire ? Est-ce que son arrivée tardive au programme ViCAP jouait déjà en sa défaveur ?

Elle sortit et trouva des gants en latex dans la voiture de Rhodes. Elle trouva également une trousse médico-légale, qu'elle emporta également. C'était une petite trousse de secours, mais c'était mieux que rien. Cela prouvait que Rhodes était bien préparée, mais qu'elle ne ferait également aucun effort pour aider Chloé. Quel était le but de lui cacher qu'elle avait des gants et une trousse médico-légale dans sa voiture, si ce n'est pour se les garder pour elle-même ?

Décidée à ne pas se laisser abattre par des détails, Chloé enfila les gants tout en revenant vers la maison. En repassant à côté de Rhodes, Chloé lui tendit la trousse médico-légale. « J'ai pensé que ça pourrait nous être utile. »

Rhodes lui jeta un regard désagréable pendant que Chloé se dirigeait vers la fenêtre. Elle inspecta la zone où les bouts de bois avaient été arrachés, ce qui confirma ce qu’elle pensait. En y mettant la force nécessaire, cela aurait permis à quelqu’un d'ouvrir le loquet depuis l'extérieur.

« Agent Fine ? » dit Rhodes

« Oui ? »

« Je sais que nous ne nous connaissons pas, donc j'essaierai de rester polie. Est-ce que tu pourrais faire gaffe à ce que tu fais ? »

Chloé se retourna vers Rhodes et lui lança un regard défiant. « Excuse-moi ? »

« Fais attention au tapis sous tes pieds, pour l'amour de dieu ! »

Chloé baissa les yeux et son cœur s'arrêta de battre. Il y avait une empreinte de pas, partielle mais clairement visible, un mélange de poussière et de boue.

Et elle avait marché dessus.

Merde...

Elle recula rapidement. Rhodes prit sa place à côté de la fenêtre, en s'agenouillant pour mieux voir l'empreinte. « J'espère que tu ne l'as pas rendue inutilisable » lui dit Rhodes, sur un ton déplaisant.

Chloé ravala les mots qu’elle avait sur le bout de la langue. Après tout, Rhodes avait raison. Elle était parvenue à ne pas voir une chose aussi évidente qu'une empreinte de pas. C'est parce que je suis chamboulée, pensa-t-elle. Peut-être que le fait que Johnson me change de département, m'affecte plus que ce que je ne pensais.

Mais elle savait que ce n’était pas une bonne excuse. Après tout, jusqu'à présent, cette scène de crime s’était résumée à une collecte d'indices – ce qu'elle avait toujours rêvé de faire.

Gênée, Chloé sortit de la chambre pour reprendre son calme et ses esprits.

« Mon dieu, » jura Rhodes, en observant l'empreinte. « Fine... Pourquoi tu n'irais pas voir là-bas si tu peux trouver quelque chose qui pourrait nous aider ? Il y a des impacts de balles dans le mur de la cuisine que je n'ai pas eu le temps d'inspecter pendant que tu étais dehors. Moi je m'occupe de l’empreinte... Si c'est encore possible. »

À nouveau, Chloé dut se mordre la langue pour éviter de lui répondre de manière désobligeante. Elle avait fait une erreur et elle n’avait plus qu’à accepter que Rhodes se comporte comme une garce. C'est pourquoi elle préféra rester silencieuse et retourner dans le salon, en espérant trouver une façon de se racheter.

Elle alla dans la cuisine et vit les impacts de balles que Rhodes avait mentionnés. Elle vit les douilles dans chaque orifice, profondément enfoncées dans le plâtre. Elle savait que cela suffirait pour identifier le type d'arme qui avait été utilisée. Ces impacts de balles étaient un véritable cadeau du ciel – une preuve tangible qui leur donnerait assez d'informations pour poursuivre l'enquête.

Mais il y a peut-être d’autres indices, pensa-t-elle.

Elle retourna dans le couloir et s'arrêta à l'endroit qui débouchait dans le salon. Si le tueur était entré par la chambre à coucher principale, cela serait sûrement l'endroit d'où il avait commencé à tirer. L'absence de sang dans la chambre à coucher indiquait qu'aucune violence n'y avait eu lieu.

Elle regarda le divan et la traînée de sang au sol. Probablement le premier coup de feu, pensa-t-elle. Elle observa la disposition de la pièce et se fit une image mentale assez précise de ce qui s'était passé. Le premier tir avait tué une personne qui était assise sur le canapé, provoquant la réaction de l’autre personne qui se trouvait également sur le divan. Il s'était probablement précipité pour s’enfuir, en renversant peut-être au passage la table basse. Peut-être qu’il avait trébuché sur elle ou avait tenté de sauter au-dessus. Peu importe, le sang et la tache de soda sous la table basse indiquaient qu'il n'y était pas parvenu.

Mais elle continua à s’interroger. Elle s’avança lentement dans le salon, en suivant la trajectoire que les balles devaient avoir prise. La quantité de sang séché sur le dossier du divan lui prouvait que la personne qui était assise là, était morte sur le coup. Elle ne vit aucun impact de balle, ce qui signifiait que la balle s'était probablement logée dans la tête de la victime.

Les deux impacts de balle dans le mur de la cuisine étaient bien visibles, à environ sept centimètres de distance l'un de l'autre. Elle pouvait les voir depuis le divan. Si deux balles s'étaient perdues là-bas, il pouvait y en avoir également ailleurs et cela pourrait lui donner une idée plus précise du déroulement des événements.

Elle alla vers la table basse et se baissa. Si quelqu'un avait trébuché ici avant d'être abattu, le tireur avait dû viser vers le bas. Elle regarda partout à la recherche d'une autre balle perdue mais n'en trouva aucune. Apparemment, le tireur avait touché sa cible.

En revanche, elle remarqua quelque chose qu’elle n’avait pas encore vu. À sa droite, il y avait un petit bureau appuyé contre le mur. Dessus, étaient posés un bol et une photo encadrée. Un panier en osier défraichi contenant du vieux courrier et des livres était coincé entre les pattes du bureau. Entres les pattes arrière et le panier, elle vit un téléphone portable.

Elle le ramassa et vit que c'était un iPhone. Elle appuya sur le bouton marche/arrêt et l'écran s'alluma. L'écran d'accueil affichait une photo de Black Panther. Elle pressa sur le bouton Accueil, en s'attendant à voir apparaître une fenêtre demandant un code PIN. Mais elle fut surprise de constater qu’il s'alluma sans problème.

C'était sûrement le téléphone du fils, pensa-t-elle. Et peut-être que ses parents l'avaient configuré sans code PIN de manière à y avoir tout le temps accès.

Il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'elle voyait. Elle vit le visage d'un garçon avec des traits de zombie gribouillés par-dessus. Elle regarda les contours de l'écran et aperçut l'icône de Snapchat. Elle était tombée sur une vidéo (ou un snap) qui n'avait pas encore été envoyé.

« Mon dieu, » murmura-t-elle.

Elle réalisa soudain que le téléphone était brûlant. Elle regarda l'indicateur de batterie et constata qu'il était dans le rouge.

Elle se précipita dans le couloir, le téléphone en main. « Rhodes, est-ce que tu as vu un chargeur de téléphone par ici ? » cria-t-elle.

Il y eut un silence avant que Rhodes ne réponde. « Oui. Sur la table de chevet. »

Rhodes n'eut pas le temps de finir sa phrase que, déjà, Chloé entrait en trombe dans la chambre. Elle vit le chargeur et se précipita pour l’attraper.

« Qu'est-ce qu’il se passe ? » demanda Rhodes.

Chloé eut envie de lui répondre : T'aimerais bien savoir, hein sale garce ? Mais elle se retint et connecta le chargeur au téléphone.

« Je crois que le fils était sur Snapchat quand le tueur est arrivé. Et je pense qu'il était sur le point d'envoyer un snap à un ami. Il n'a malheureusement pas eu le temps. »

Elle lança la vidéo qui se trouvait à l'écran au moment où elle avait trouvé le téléphone. C’était la vidéo d’un jeune garçon, de douze ou treize ans, qui tirait la langue, le visage mis en relief par une animation de zombie. Deux secondes plus tard, le premier coup de feu retentit. L'image bougea un instant et elles entendirent le second coup de feu. Le garçon tomba au sol, l'image bougea à nouveau et l'écran devint noir, le téléphone ayant probablement terminé sa course en-dessous du bureau où Chloé l’avait retrouvé.

C'était là que le snap s'arrêtait. La vidéo durait environ cinq secondes.

« Remets-le, » dit Rhodes.

Chloé lança à nouveau la vidéo, en faisant plus attention aux moments où l’image bougeait. Pendant un quart de seconde, elle vit une silhouette se tenant dans l'entrée et s’avançant dans le salon. C'était bref, mais on la voyait clairement. Chloé ne put distinguer le visage mais elle savait que le FBI n'aurait aucun problème à effectuer une analyse image par image, en optimisant la séquence.

« On l'a, notre tueur, » dit Rhodes. « Où as-tu trouvé le téléphone ? »

« Sous le bureau dans le salon. »

Chloé vit que Rhodes était enthousiasmée par cette découverte, mais qu’elle ne voulait pas lui en accorder trop le mérite. Elle se contenta de hocher la tête en signe d'approbation et retourna vers la fenêtre pour terminer son travail de relevé d'empreinte.

Elles savaient toutes les deux qu'avec cette vidéo de Snapchat, leur travail ici était presque terminé. Elles avaient une pièce à conviction parfaite et tout ce qu’elle pouvait faire à partir de maintenant ne serait que du travail de routine.

Chloé se dit qu’elle ferait mieux de jouer le jeu et ne pas créer davantage de tensions entre elles. Elle prit le téléphone et retourna dans le salon. Elle traversa la cuisine et se mit à extraire les douilles du plâtre du mur. Mais elle savait que la pièce la plus importante du puzzle se trouvait dans ce téléphone, qui permettrait probablement de découvrir qui était l’assassin de cette famille. Elle ne pouvait néanmoins s’empêcher d’avoir l’impression que c’était trop facile. Elle était sûre que Rhodes pensait probablement la même chose – et à un moyen de retourner ça contre Chloé.




CHAPITRE QUATRE


Elles rentrèrent au siège du FBI deux heures plus tard avec ce qui, selon Chloé, constituait une preuve plus que suffisante pour qu'un suspect soit placé en détention avant la fin de la journée. La vidéo de Snapchat était la piste la plus solide qu'elles aient découverte, mais elles avaient également retrouvé deux empreintes, l'empreinte sur le tapis de la chambre à coucher et deux cheveux accrochés au bas de la fenêtre de la chambre.

Elles présentèrent leurs conclusions au directeur adjoint Garcia autour d'une petite table de conférence à l'arrière de son bureau. Quand Chloé lui montra ce qu'elle avait trouvé sur le téléphone, elle vit un air de satisfaction se dessiner sur son visage. Il semblait également ravi par la manière très professionnelle avec laquelle Rhodes avait catalogué toutes les preuves retrouvées.

Peut-être qu’elle devrait changer de département, pensa Chloé, sur un ton hargneux.

« Vous avez fait du très bon boulot, » dit Garcia, en se levant et en les regardant d’un air fier. « Vous avez travaillé rapidement, rigoureusement, et je suis sûr que votre travail mènera rapidement à une arrestation. »

Les deux agents le remercièrent et Chloé se sentit un peu mieux en constatant que Rhodes était tout aussi mal à l'aise qu'elle pour accepter les compliments.

« Maintenant, agent Fine, j'ai reçu un appel du directeur Johnson juste avant votre arrivée. Il veut vous voir dans une quinzaine de minutes. Agent Rhodes, pourquoi vous n’iriez pas au labo pour voir ce qu'il advient de toutes les preuves que vous avez présentées ? »

Rhodes hocha la tête, en continuant à jouer le rôle du bon élève. Quant à Chloé, elle se sentit à nouveau envahie de panique. Hier, quand Johnson l’avait convoquée à son bureau, il l'avait vraiment prise au dépourvu. Qu’est-ce qu’il avait maintenant de prévu pour elle ?

Elle préféra ne pas poser de questions et elle traversa le couloir en direction de son bureau. Quand elle entra à la réception, elle vit que sa porte était fermée. Sa secrétaire était au téléphone mais elle lui fit signe de s’asseoir sur l'une des chaises le long du mur. Chloé s'assit et prit enfin un moment pour réfléchir à ce que cette journée avait signifié pour elle et pour sa carrière.

D'un côté, elle avait découvert un élément important de preuve qui mènerait probablement à l'arrestation d'un membre d'un gang qui avait tué toute une famille. Mais en même temps, elle avait commis une erreur de novice en endommageant potentiellement une empreinte. Elle se dit que finalement, l’empreinte n’aurait probablement pas tant d’importance que ça, par rapport à la vidéo de Snapchat. Malgré tout, elle était gênée d’avoir été remise à se place de cette manière par Rhodes. Elle espérait juste que la découverte du Snapchat compenserait la boulette qu'elle avait faite.

Mais elle cessa d'y réfléchir quand la porte du bureau de Johnson s'ouvrit. Elle vit le directeur passer la tête. Quand il la vit, il resta silencieux et se contenta de lui faire un signe de la main pour l’inviter à entrer. Il était impossible de savoir si ce geste était lié à la hâte ou au mécontentement.

Elle entra dans son bureau et quand il referma la porte derrière elle, il lui montra la chaise qui se trouvait en face de lui et que Chloé commençait à bien connaître. Quand il s'assit derrière son bureau, Chloé put enfin lire l’expression de son visage. Elle était à peu près sûre qu’il était mécontent pour quelque chose.

« Il faut que vous sachiez, » dit-il, « que j'étais au téléphone avec l'agent Rhodes. Elle m'a raconté comment vous avez littéralement piétiné une empreinte de pas sur les lieux du crime. »

« C'est exact. »

Il hocha la tête, d’un air déçu. « J’ai un dilemme, car d’un côté, elle est tout aussi nouvelle que vous. Et son appel pour moucharder à votre sujet ne me plaît pas du tout. Mais en même temps, je suis content de le savoir. Parce que même si c’est votre première journée, il est important que je sois informé de ce genre de choses. Vous comprendrez, bien sûr, que je ne convoque pas tous les agents qui commettent une erreur dans mon bureau pour leur poser des questions à ce sujet. Mais avec vous, j'ai pensé qu’il valait mieux qu’on en parle puisque je vous ai en quelque sorte prise au dépourvu à la dernière minute. Est-ce que vous pensez que ça vous a déstabilisée ? »

« Non. J'ai simplement été négligente. J'étais hyper concentrée sur la fenêtre et je n'ai même pas vu l'empreinte. »

« C’est compréhensible, mais aussi un peu maladroit. Néanmoins, le directeur adjoint Garcia m’a informé que vous aviez trouvé des preuves qui pourraient mener directement à une arrestation : un téléphone portable avec une fenêtre Snapchat ouverte. Est-ce correct ? »

« Oui, monsieur. » Et pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas vraiment, elle eut envie d'ajouter : Mais n'importe qui aurait pu le trouver, vraiment. C'était un coup de bol.

« Je me considère comme un homme plutôt indulgent », ajouta-t-il. « Mais sachez que si vous commettez d'autres erreurs comme celle que vous avez commise avec l'empreinte, cela pourrait avoir des conséquences assez graves. Pour l’instant, je voudrais que vous continuiez à travailler avec Rhodes, mais sur une autre affaire. Est-ce que ça vous pose un problème de travailler avec elle ? »

Elle faillit lui dire que oui, mais elle ne voulait pas paraître mesquine. « Non, je pense que je peux gérer. »

« J'ai jeté un coup d'œil à son dossier. Ses instructeurs disent qu’elle est incroyablement clairvoyante mais qu’elle a tendance à vouloir faire les choses toute seule. Donc mon conseil, ce serait de ne pas la laisser prendre le contrôle de l’enquête. »

Oui, j’avais remarqué, pensa Chloé.

« Et pour être franc, je lui ai également lancé un avertissement, » continua-t-il. « Je lui ai dit que je n’appréciais pas beaucoup quand de nouveaux agents essayaient de se tirer dans les pattes. Je pense qu’elle va s’en souvenir pour la prochaine enquête. Le directeur adjoint Garcia et moi-même, nous vous superviserons à partir de maintenant, juste pour nous assurer que tout est fait selon les règles. »

« J'apprécie beaucoup le geste. Merci. »

« Malgré le fait que vous avez potentiellement détruit une preuve, je pense que vous avez fait un excellent travail aujourd'hui. J'aimerais que vous finissiez la journée en rédigeant un rapport sur la scène de crime et vos interactions avec l'agent Rhodes. »

« Oui, monsieur. Autre chose ? »

« C'est tout pour l’instant. Juste… comme je vous l'ai dit… si vous commencez à avoir l’impression que ma demande de dernière minute de changer vos projets, affecte votre travail, faites-le-moi savoir. »

Elle acquiesça et se leva de sa chaise. En sortant du bureau, elle eut l’impression qu’elle venait d’éviter de se prendre une balle - comme un enfant qui aurait été convoqué dans le bureau du directeur et qui s’en était sorti avec une simple réprimande. Le fait que Johnson la félicite pour ce qu’elle avait accompli aujourd’hui l’avait également rassurée.

Elle retourna vers son bureau - un simple box, pour dire vrai - enthousiaste par ce qu'elle venait d'entendre. Elle se demanda si c'était déjà arrivé qu'un nouvel agent soit convoqué à deux reprises dans le bureau du directeur en moins de quarante-huit heures. Elle se sentit euphorique, mais également observée de près.

Alors qu'elle attendait l'ascenseur, elle vit un autre agent s’approcher. Chloé reconnut vaguement son visage. Il faisait partie du petit groupe d'agents qui avaient incorporé le ViCAP la veille.

« Vous êtes l’agent Fine, n’est-ce pas ? » dit-il avec un sourire.

« Oui, c'est moi, » répondit-elle, d’un air surpris.

« Je suis Michael Riggins. Je viens d’entendre parler de l’affaire qu'on vous a assignée, à vous et à Rhodes. Crime familial lié à un gang. Selon la rumeur, il y a déjà une arrestation en cours. On dirait que vous battez tous les records. »

« Ça, je ne sais pas, » dit-elle, même si elle avait l’impression que tout était allé très vite.

« Vous savez, tous les agents débutants ne sont pas allés sur le terrain aujourd’hui, » dit Riggins. « Certains sont restés enlisés dans des tâches fastidieuses et de la paperasserie. Il paraît que certains vont aller prendre un verre après le travail aujourd’hui. Tu devrais venir. C’est à deux pas d'ici, le Reed’s Bar. Tu pourrais nous remonter le moral en nous racontant ce que vous avez fait aujourd’hui. Mais il vaut mieux que tu n’en parles pas à Rhodes. Personne... eh bien, personne n’a l’air de beaucoup l’apprécier. »

Chloé savait que c’était un peu méchant, mais elle ne put s’empêcher de sourire à ce commentaire. « Je viendrai peut-être, » dit-elle. C’était la meilleure réponse qu’elle pouvait donner… bien mieux que d’expliquer qu’elle était plutôt introvertie et qu’elle n’était pas du genre à passer du temps dans un bar avec des personnes qu’elle ne connaissait pas.

L'ascenseur arriva et les portes s’ouvrirent. Chloé y entra et Riggins lui fit au revoir d’un geste de la main. C’était bizarre de savoir qu'il y avait une personne envieuse de sa situation, surtout après la conversation qu’elle venait juste d’avoir avec Johnson. C'était un sentiment qui lui donnait presque envie d’aller à ce bar, même si ce n'était que pour une demi-heure, le temps de boire un verre. L'autre possibilité, c’était de rentrer chez elle et de continuer à déballer ses caisses. Et ce n’était pas vraiment quelque chose qui allait lui remonter le moral.

L'ascenseur l'emmena au troisième étage, où se trouvait son espace de travail, à côté d’autres box similaires où étaient assis d’autres agents. En traversant le couloir, elle croisa Rhodes. Elle envisagea de la saluer ou de la remercier d’un air sarcastique pour sa réunion non programmée avec Johnson. Mais finalement, elle décida de l'ignorer. Le mieux qu’elle avait à faire, c’était de ne pas entrer dans son jeu.

Mais la manière désagréable dont Rhodes la regarda quand elle la croisa dans le couloir finit par convaincre Chloé : oui, elle irait dans ce bar. Et à moins que sa journée ne change radicalement, elle y boirait probablement bien plus qu’un verre.

On dirait que ça arrive de plus en plus souvent ces derniers temps, se dit-elle.

C'était une pensée qui la hanta jusqu’à la fin de la journée mais, tout comme les pensées récurrentes qu’elle avait au sujet de son père, elle parvint à la repousser au fin fond de son esprit.




CHAPITRE CINQ


Quand elle arriva au bar à 18h45, le panorama était exactement ce à quoi elle s’attendait. Elle vit plusieurs visages qui lui étaient familiers, mais personne qu’elle connaissait vraiment. Et c’était parce qu’au fond, elle ne connaissait aucun d’entre eux. Un autre côté négatif de son changement d’affectation par Johnson à la dernière minute, c’était qu’il y avait très peu de personnes au sein du ViCAP qui avaient suivi les mêmes cours et la même formation qu’elle.

Les deux visages qu’elle reconnut étaient des hommes. Il y avait d’abord Riggins. Il était assis avec un autre agent et était en pleine conversation. Et puis, il y avait Kyle Moulton, le séduisant agent qui avait déjeuné avec elle au cours de la séance d’orientation – l’homme qui lui avait demandé si elle avait déjà eu une tendance à la violence. Elle fut un peu dépitée de voir qu’il parlait avec deux autres femmes. Mais ce n’était pas non plus surprenant. Moulton était vraiment très beau. Il ressemblait un peu à Brad Pitt jeune.

Elle choisit de ne pas l’interrompre et de s’asseoir près de Riggins. Bien que cela puisse paraître prétentieux, elle aimait l’idée de parler avec quelqu’un émerveillé par ce qu’elle avait fait ce matin.

« Ce tabouret est libre ? » demanda-t-elle, en s’asseyant sur le siège à côté de lui.

« Oui, » dit Riggins. Il avait l’air très content de la voir et un large sourire se dessina sur ses lèvres. « Je suis content que tu aies décidé de venir. Je peux t’offrir à boire ? »

« Bien sûr, juste une bière. Pour l’instant. »

Riggins fit signe au serveur et ajouta la bière de Chloé à son addition. Il buvait un rhum coca et il en commanda un deuxième en même temps que la bière pour Chloé.

« Comment s’est passée ta première journée ? » demanda Chloé.

« Ça a été. J’ai passé la majorité de la journée à faire des recherches pour une affaire de trafic de drogues. Ça a l’air très ennuyant mais en fait, ça m’a beaucoup plu. Comment s’est passée la journée avec Rhodes comme partenaire ? » demanda Riggins. « J’imagine que boucler cette affaire devait être génial, mais elle a la réputation de ne pas être facile à gérer. »

« C’était assez tendu. C’est un bon agent, mais… »

« Vas-y, lâche-toi, » dit Riggins. « Je ne peux pas ouvertement dire que c’est une garce parce que je n’aime pas utiliser ce genre de vocabulaire en présence d’une femme, mais… »

« Ce n’est pas une garce, » dit Chloé. « Elle est juste vraiment directe et autoritaire. »

Ils continuèrent à discuter de diverses choses pendant tout un temps. Chloé ne put s’empêcher de jeter quelques coups d’œil en direction de l’agent Moulton. L’une des femmes était partie et il était resté seul avec l’autre. Il était penché vers elle et il souriait. Chloé avait tendance à être un peu naïve en ce qui concernait les relations, mais elle avait l’impression que cette femme lui plaisait.

Elle se sentit vraiment dépitée et elle ne s’y attendait pas. Ça ne faisait que deux mois qu’elle et Steven étaient séparés. Peut-être qu’elle n’était intéressée par Moulton que parce qu’il avait été le premier visage souriant qui lui ait parlé après que Johnson lui ait coupé l’herbe sous le pied. Ça, et l’idée pas du tout attrayante de devoir rentrer toute seule dans son nouvel appartement. Mais bien sûr, le fait qu’il soit vraiment très beau y était également pour quelque chose.

Finalement, ce n’était pas une bonne idée de venir boire un verre. Je peux boire pour beaucoup moins cher chez moi.

« Ça va ? » demanda Riggins.

« Oui, je pense. C’était une longue journée. Et demain s’annonce un peu pareil. »

« Tu rentres en voiture ou en marchant ? »

« En voiture. »

« Alors il vaut mieux que je ne t’offre pas un autre verre, hein ? »

Chloé sourit malgré elle. « Ce serait très raisonnable de ta part. »

Elle regarda à nouveau en direction de Moulton et de la femme avec laquelle il parlait. Ils étaient maintenant debout. En se dirigeant vers la porte, Moulton posa délicatement sa main dans le bas du dos de la femme.

« Est-ce que je peux te demander pourquoi tu as choisi de faire ce genre de boulot ? » demanda Riggins.

Elle sourit nerveusement et finit sa bière. « Pour des raisons familiales, » répondit-elle. « Merci de m’avoir invitée, Riggins. Mais il faut que je rentre. »

Il hocha la tête comme s’il comprenait. Il regarda autour de lui et vit qu’il était le dernier au bar. Elle se demanda si Riggins n’avait pas aussi ses propres démons à combattre.

« Fais attention à toi, agent Fine. Et passe une bonne journée demain. »

Elle sortit du bar et réfléchit à ce qu’elle allait faire le reste de la soirée. Elle avait encore des caisses à déballer, un cadre de lit à assembler et des affaires de cuisine à ranger.

Pas vraiment la vie exaltante que j’espérais, pensa-t-elle, avec une pointe de sarcasme.

Alors qu’elle se dirigeait vers sa voiture, qui était toujours garée sur le parking du FBI, son téléphone se mit à sonner. Quand elle vit le nom qui apparaissait à l’écran, une vague de colère l’envahit et elle faillit ne pas répondre.

Steven. Elle ne savait vraiment pas pourquoi il appelait. Et c’est pour ça qu’elle finit pas décrocher. Elle savait que si elle ne le faisait pas, elle continuerait à se poser la question toute la soirée.

Elle décrocha et elle se sentit instantanément nerveuse, ce qui ne lui plaisait pas du tout. « Allô, Steven. »

« Salut, Chloé. »

Elle attendait qu’il lui dise la raison de son appel. Mais Steven n’avait jamais été du genre à aller droit au but.

« Tout va bien ? » demanda-t-elle.

« Oui, tout va bien. Désolé… Je n’ai pas réfléchi que t’appeler pourrait peut-être t’affecter… »

Il s’interrompit sur ces mots. Chloé se rappela que c’était l’un de ses nombreux traits de caractère qui avaient tendance à l’agacer.

« Qu’est-ce que tu veux, Steven ? »

« J’aimerais qu’on se voie pour parler, » dit-il. « Pour reprendre contact et savoir comment tu vas. »

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »

« C’est sans arrière-pensées, » dit-il. « Je te le promets. C’est juste… que j’ai besoin de te présenter mes excuses pour certaines choses que j’ai faites. Et j’ai besoin… eh bien, je pense qu’il faut qu’on tourne tous les deux la page, tu vois ? »

« Parle pour toi. J’ai tourné la page. Pas besoin de se voir pour ça. »

« OK. Alors considère ça comme une faveur. Je veux juste te voir une demi-heure. Il y a certaines choses que j’ai besoin de te dire. Et pour être tout à fait honnête… j’ai vraiment envie de te revoir. »

« Steven… je suis très occupée. J’ai un rythme de fou pour l’instant, et… »

Elle s’interrompit, en ne sachant pas quoi dire d’autre. Ce n’était pas non plus comme si elle avait une vie sociale super développée qui l’empêcherait de trouver un moment pour le voir. Elle savait que ça avait dû être difficile pour Steven de passer cet appel. Il avait dû se rabaisser et ce n’était pas quelque chose qu’il faisait facilement.

« Chloé… »

« OK. Une demi-heure. Mais je ne vais pas jusque chez toi. Si tu veux me voir, il faudra que tu viennes à Washington. Je suis très occupée pour l’instant et je ne peux pas… »

« Pas de problème. Quand est-ce que ça t’arrange ? »

« Samedi, pour le déjeuner. Je t’enverrai un message pour te dire où. »

« Parfait. Merci, Chloé. »

« De rien. » Elle avait l’impression qu’elle devrait ajouter quelque chose pour détendre l’atmosphère. Mais elle finit seulement par dire : « Au revoir, Steven. »

Elle raccrocha et mit son téléphone en poche. Elle ne put s’empêcher de se demander si la seule raison pour laquelle elle avait accepté, c’était uniquement parce qu’elle se sentait un peu seule. Elle repensa à l’agent Moulton et elle se demanda où il avait emmené cette femme. Mais elle se demanda également pourquoi ça la dérangeait autant.

Elle arriva à sa voiture et rentra chez elle à travers les rues de Washington envahies par l’obscurité de la nuit. C’était une très belle ville, malgré le trafic et ce mélange bizarre de culture et de commerce. Elle se sentit un peu mélancolique en roulant en direction de son appartement – un appartement vide situé à un endroit qu’elle avait choisi, mais qui lui donnait aujourd’hui l’impression d’être une véritable île déserte.



***



Quand son téléphone sonna le lendemain matin, elle se réveilla en plein milieu d’un rêve. Elle essaya de s’en rappeler avant qu’il ne lui échappe mais elle finit par se dire que ça n’en valait probablement pas la peine. Les seuls rêves qu’elle avait faits récemment avaient toujours impliqué son père, seul et abandonné dans une prison.

Elle eut même l’impression d’entendre sa voix fredonner une vieille chanson de Johnny Cash qu’il avait l’habitude de chanter quand elle était petite. « A Boy Named Sue, » pensa-t-elle. Ou peut-être pas. Tous ces airs commençaient à se ressembler.

Mais c’était cette chanson qu’elle avait en tête quand elle tendit la main vers la table de nuit pour attraper son téléphone. Elle le débrancha du chargeur et vit qu’il était 6h05 – vingt-cinq minutes avant l’heure à laquelle elle avait mis sonner son alarme.

« Agent Fine, » répondit-elle.

« Agent Fine, c’est le directeur adjoint Garcia. Je veux que vous veniez tout de suite à mon bureau. Dans l’heure qui vient. J’ai une affaire sur laquelle je voudrais que vous travailliez avec l’agent Rhodes ce matin même. »

« Oui, monsieur, » dit-elle, en s’asseyant sur le lit. « J’arrive tout de suite. »

À cet instant même, ça ne la dérangeait pas que cela signifie une autre journée avec Rhodes. Tout ce qui l’importait, c’était que pour l’instant, elle était à un score de 1-0 en ce qui concernait les enquêtes et elle était impatiente d’améliorer ce score.




CHAPITRE SIX


Chloé arriva dans le bureau du directeur adjoint Garcia trois minutes plus tard. Il était assis à la petite table de conférence au fond de son bureau et il était occupé à regarder des papiers. Il avait déjà préparé deux tasses de café pour elles, de chaque côté de la table.

« Bonjour, agent Fine, » dit-il au moment où elle entra. « Avez-vous vu ou parlé avec l'agent Rhodes ? »

« Elle arrivait au moment où je suis entrée dans l'ascenseur. »

Garcia eut l’air pensif, en se demandant peut-être pourquoi elle n’avait pas attendu Rhodes à l'ascenseur si elle l'avait vu arriver. Elle se demanda ce que Johnson lui avait dit à propos leur petite lutte de pouvoir.

Comme elle avait terminé son café en venant ici, Chloé s'assit devant l’une des tasses et en but une gorgée. Elle l'aurait préféré avec un soupçon de crème et du sucre mais elle ne voulait pas paraître exigeante. C’est à ce moment-là que Rhodes entra dans la pièce. La première chose qu'elle fit fut de lancer un regard agacé à Chloé. Elle prit ensuite place sur la chaise devant l'autre tasse de café.

Garcia les regarda, en remarquant visiblement la tension qu’il y avait entre elles, puis haussa les épaules. « Nous avons un meurtre à Landover dans le Maryland. C'est une affaire qui semblait assez banale au premier abord. La police du Maryland s'en occupe pour le moment, mais ils ont demandé notre aide. Il faut également que je vous dise que Jacob Ketterman des Affaires Publiques de la Maison Blanche connaissait la victime. Il a travaillé avec elle dans le passé. Il nous a également demandé de nous pencher sur cette affaire, en tant que faveur personnelle. Et quand ça vient de la Maison Blanche, nous essayons de rester discrets. Ce qui ne devrait pas être compliqué, avec cette affaire. À première vue, c'est un homicide assez banal. C'est une des raisons pour lesquelles nous l'assignons à de nouveaux agents. Ce sera un bon test pour vous et ce n'est pas non plus très urgent, même si nous aimerions bien sûr que cela soit résolu le plus tôt possible. »

Il leur fit ensuite glisser deux copies du rapport. La description était brève et allait à l’essentiel. Pendant que Chloé le survolait des yeux, Garcia leur récita ce qu’il en savait.

« La victime s’appelle Kim Wielding, elle avait trente-six ans. Elle travaillait en tant que nounou pour la famille Carver quand elle a été assassinée. D’après ce que nous savons, quelqu'un est entré dans la maison et l'a tuée. Elle a été frappée à deux reprises à la tête avec quelque chose de très dur, puis étranglée. Elle avait deux méchantes blessures à la tête. Il reste encore à déterminer laquelle a causé sa mort. Nous avons besoin que vous trouviez qui a fait ça. »

« Est-ce que le meurtre était la seule motivation de l’assassin ? » demanda Chloé.

« On dirait bien. Rien n'a été volé. La maison était exactement dans l'état que l'avaient laissée les Carver... À l'exception de leur nounou morte. L'adresse est là, dans les notes, » continua Garcia. « Je viens de raccrocher avec le shérif de Landover. Le couple Carver et leurs trois enfants sont à l'hôtel depuis le drame, il y a deux jours. Mais ils vous retrouveront chez eux ce matin pour répondre à vos questions. Et c'est tout ce qu'on sait pour l’instant. Allez-y et faites-en sorte de boucler cette affaire. Allez aux RH et demandez une voiture. Vous êtes familières avec la procédure ? »

Chloé ne l'était pas, mais elle acquiesça tout de même. Elle prit pour acquis que Rhodes devait probablement connaître la procédure. Compte tenu de la manière dont le jour précédent s'était déroulé, Chloé supposa que Rhodes connaissait la moindre information concernant le fonctionnement du FBI.

Rhodes et Chloé prirent congé. Chloé but une dernière gorgée de son café avant de sortir du bureau de Garcia. Elles suivirent le couloir jusqu'à l'ascenseur, sans échanger le moindre mot.

La journée va être longue, si on n’arrive pas à passer outre cette stupide rivalité, pensa Chloé.

Au moment où Chloé appuya sur le bouton de l’ascenseur, elle se tourna vers Rhodes et fit de son mieux pour non seulement briser la glace - mais pour vraiment essayer de l’éliminer.

« Agent Rhodes, parlons ouvertement. Est-ce que vous avez un problème avec moi ? »

Rhodes eut un petit sourire et prit un moment pour réfléchir à sa réponse. « Non, » dit-elle finalement. « Je n'ai pas de problème avec vous, agent Fine. Mais je suis un peu hésitante quant à travailler avec quelqu'un qui a été intégrée au ViCAP à la toute dernière minute. Je me demande si quelqu'un ne vous fait pas des faveurs – et ce serait injuste par rapport à d'autres agents qui ont vraiment dû s’efforcer pour faire partie de ce programme. »

« Non pas que cela vous regarde vraiment, mais on m'a demandé d'intégrer ce programme. J'étais parfaitement heureuse de poursuivre ma carrière à l'équipe scientifique. »

Rhodes haussa les épaules au moment où les portes de l’ascenseur s’ouvraient. « Je ne suis pas sûre que l'équipe scientifique aurait été enthousiaste, vu la manière dont vous avez brouillé cette empreinte de pas hier. »

À cela, Chloé ne répondit rien. Elle aurait pu continuer à argumenter avec Rhodes, mais cela n'aurait rien arrangé et n’aurait fait qu’empirer encore plus leur relation professionnelle. Pour vraiment y mettre fin, il fallait tout simplement qu’elle démontre à Rhodes ce qu'elle valait vraiment.

En plus, elle avait vraiment bien merdé hier. Et la seule façon d'y remédier, c’était de faire ses preuves dans cette nouvelle enquête.



***



Quand Rhodes décida de conduire sans même le lui demander, Chloé ne broncha pas. Ça ne valait pas la peine de s'énerver pour ça. Sur la route de Landover, Chloé se demanda ce qui avait bien pu se passer dans la vie de Rhodes pour en arriver là – ce qui l’avait poussée à être aussi autoritaire et à vouloir tout contrôler. Elle eut beaucoup de temps pour y penser pendant la demi-heure jusqu'à Landover vu que Rhodes ne faisait toujours aucun effort pour lui parler.

Elles arrivèrent à la résidence des Carver à 8h05. C'était une maison magnifique dans un quartier aisé, le genre de quartier où toutes les pelouses étaient parfaitement tondues en suivant la ligne parfaite des trottoirs. Un minivan neuf était garé devant le garage. Rhodes se gara derrière et arrêta le moteur. Elle regarda alors Chloé et demanda : « C’est bon ? C’est réglé entre nous ? »

« Je ne crois pas, mais ce n'est pas grave. Concentrons-nous sur l'affaire. »

« C'est ce que je voulais dire, » lui répondit Rhodes, en ouvrant sa portière pour sortir de voiture.

Chloé la rejoignit et elles virent un homme et une femme sortir du minivan – les Carver, supposa Chloé. Ils se présentèrent et il s’agissait en effet des Carver, Bill et Sandra. Bill était le genre de personne qui ne devait pas beaucoup dormir, mais qui y trouvait satisfaction. Sandra était plutôt jolie, le genre de femme qui ne devait probablement pas faire beaucoup d'efforts pour l’être. Mais elle avait l'air lasse, surtout au moment où elle regarda en direction de la maison.

« On nous a dit que vous dormiez à l'hôtel ? » demanda Chloé.

« Oui, » répondit Sandra. « Quand c'est arrivé, Bill était absent pour son travail. La police n’arrêtait pas d’entrer et de sortir de la maison et il y avait... Eh bien, il y avait tellement de sang. Donc je suis allée chercher les enfants à l'école, je les ai emmenés dîner et dormir dans un hôtel. Je leur ai dit ce qui s'était passé et ça nous a semblé totalement déplacé de revenir chez nous. »

« Je suis rentré hier matin, » dit Bill. « Aux environs de midi, la police nous a autorisés à rentrer à la maison. Mais les enfants et Sandra étaient trop effrayés pour y rentrer. »

« C’est certainement pour le mieux, » dit Rhodes. « Nous aimerions jeter un coup d'œil à la scène, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. »

« Oui, le shérif nous a prévenus de votre visite, » dit Sandra. « Il nous a demandés de vous dire qu'il y avait un dossier avec toutes les informations sur le comptoir de cuisine. »

« Avant que nous allions à l'intérieur, » dit Chloé, « je me demandais si vous pourriez nous parler un peu de Kim ? »

« Elle avait tellement bon cœur, » répondit Sandra.

« Et elle était géniale avec les enfants, » continua Bill. En prononçant ces mots, sa voix se mit à trembler. C’était comme s’il commençait seulement à comprendre l’ampleur de ce qui venait de se passer.

« Savez-vous si elle était en mauvais termes avec quelqu'un ? » demanda Chloé.

« Pas que nous sachions, » répondit Sandra. « Nous nous sommes posés la même question pendant ces deux derniers jours. C'est juste... Ça n'a absolument aucun sens. »

« Peut-être une relation sentimentale qui se soit mal terminée ? » demanda Rhodes. « Un ex petit ami ou quelque chose dans le genre ? »

« Elle avait un ex, » répondit Bill. « Mais elle n’en parlait pas souvent. »

« Mais elle l'a mentionné ? » demanda Chloé.

Sandra parut soudain se souvenir de quelque chose. « En fait, elle nous disait plutôt que c'était quelque chose auquel elle voulait échapper. Et je ne pense pas qu'elle le disait sans le penser. Ce que je veux dire... C'est qu'elle ne parlait jamais vraiment de lui. »

« Connaissez-vous son nom ? » demanda Rhodes.

« Non, » répondit Sandra. Elle regarda Bill mais il se contenta de secouer la tête.

« Est-ce que Kim dormait parfois chez vous ? » demanda Rhodes.

« Oui. Si Bill et moi, nous partions en weekend, elle restait chez nous. Nous avons une chambre d'amis que nous considérions un peu comme la chambre de Kim. Elle restait parfois aussi dormir, les jours où les enfants avaient du mal avec leurs devoirs ou s’ils avaient eu un problème à l'école. »

« C'est quelle chambre ? » demanda Rhodes.

« À l'étage, la première sur la gauche, » répondit Bill.

« Est-ce que ça vous dérangerait de rester dans le coin, au cas où nous aurions des questions après avoir fait un tour à l'intérieur ? » demanda Chloé.

« Mais nous ne devrons pas entrer, n'est-ce pas ? » voulut savoir Sandra.

« Non, » répondit Rhodes. « Vous pouvez rester dehors. »

Sandra eut l’air soulagée à cette réponse. Mais elle regardait toujours la maison comme si elle s'attendait à voir à tout moment un meurtrier sortir avec une hache par la porte d'entrée.

Les Carver restèrent dans l'allée pendant que Chloé et Rhodes se dirigeaient vers le porche. C'était un grand porche, avec une balançoire et deux fauteuils à bascule. Chloé ouvrit la porte et elles entrèrent.

La police locale et la police d'état avaient fait le ménage, d'après les rapports de Garcia. Et d'après ce que Chloé pouvait en voir, ils avaient fait du bon boulot. Bien sûr, ça aurait été beaucoup plus facile de se faire une idée de la scène si les preuves avaient toujours été là – y compris les éclaboussures de sang. Ceux qui avaient contacté le FBI pour reprendre l'affaire n'avaient apparemment aucune idée de la manière dont fonctionnait la police scientifique.

Chloé vit un dossier sur le comptoir de la cuisine – le rapport et les fichiers du shérif, supposa-t-elle. Elle traversa le vestibule et le salon pour aller le prendre. Elle l'ouvrit, passa les pages du rapport préliminaire pour aller directement aux photos de la scène de crime. Elle retourna à la porte d'entrée pour les montrer à Rhodes, et elles examinèrent ensemble les cinq photos, en les comparant à la scène immaculée qu'elles avaient devant les yeux.

Sur les photos, il y avait du sang sur le sol du vestibule, juste devant la porte. Le corps de Kim Wielding gisait étendu par terre, son pied gauche à moins de quinze centimètres de la porte d'entrée. Sur la deuxième photo, il était manifeste qu'elle avait été frappée au visage avec un objet contondant. Elle avait le nez écrasé et la partie inférieure de son visage n'était qu’une bouillie de sang.

« Je pense qu’on peut assumer qu'elle répondait à la porte, » dit Rhodes.

« Ce qui signifie qu'elle connaissait la personne, » ajouta Chloé. « Ou qu'elle attendait quelqu'un. »





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Un chef-d’œuvre de thriller et de mystère. Blake Pierce est parvenu à créer des caractères avec un côté psychologique tellement bien décrit, que nous avons l’impression de pouvoir pénétrer dans leur esprit, suivre le cheminement de leurs pensées et nous réjouir de leurs réussites. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Un mystère Chloé Fine) est le volume 2 d’une nouvelle série suspense psychologique par Blake Pierce, l’auteur à succès de Une fois partie (volume 1) (téléchargement gratuit), un bestseller nº1 ayant reçu plus de 1 000 critiques à cinq étoiles. L’agent de l’équipe scientifique du FBI, Chloé Fine, 27 ans, encore sous le choc des secrets issus de son passé, se retrouve plongée au cœur de sa première enquête : le meurtre d’une nounou dans une ville de banlieue aux allures parfaites. Plongée dans un monde de secrets, de couples infidèles, d’apparences et d’artifices, Chloé réalise très vite que tout le monde pourrait être coupable. Mais en même temps, avec son propre père toujours incarcéré, elle doit se battre contre ses propres démons et découvrir les secrets de son propre passé, au risque de finir démoralisée avant même que sa propre carrière n’ait eu le temps de démarrer. Un suspense psychologique émotionnel avec des personnages complexes, une atmosphère de petite ville et un suspense qui vous tiendra en haleine, LE MENSONGE D’UN VOISIN est le volume 2 d’une fascinante nouvelle série qui vous fera tourner les pages jusqu’à des heures tardives de la nuit. Le volume 3 dans la série CHLOÉ FINE sera bientôt disponible.

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