Книга - Si elle voyait

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Si elle voyait
Blake Pierce


Un mystère Kate Wise #2
Un chef-d’œuvre de thriller et de mystère. Blake Pierce est parvenu à créer des caractères avec un côté psychologique tellement bien décrit, que nous avons l’impression de pouvoir entrer dans leur esprit, suivre leurs peurs et nous réjouir de leurs succès. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie) SI ELLE VOYAIT (Un mystère Kate Wise) est le volume 2 d’une nouvelle série thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur à succès de Une fois partie (volume 1) (téléchargement gratuit), un bestseller nº1 ayant reçu plus de 1 000 critiques à cinq étoiles. Quand un couple est retrouvé assassiné et qu’il n’y a aucun suspect en vue, Kate Wise, 55 ans, ancien agent du FBI avec 30 ans de carrière derrière elle, reprend du service au sein du Bureau et est appelée à quitter la retraite et sa vie tranquille de banlieue pour apporter son aide à l’enquête. L’intelligence et le talent incomparable de Kate à entrer dans l’esprit des tueurs en série sont indispensables à l’enquête et le FBI a besoin d’elle pour élucider cette affaire déconcertante. Pourquoi deux couples ont-ils été assassinés de la même manière à 80 kilomètres de distance ? Qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir en commun ?Kate se rend compte qu’il est urgent de trouver rapidement une réponse à cette question car elle est certaine que l’assassin est sur le point de frapper à nouveau. Mais dans ce jeu mortel du chat et de la souris, il se pourrait que Kate, dans son effort de sonder le cheminement obscur et l’esprit tordu du tueur, arrive trop tard. Un thriller riche en action avec un suspense qui vous tiendra en haleine, SI ELLE VOYAIT est le volume 2 d’une fascinante nouvelle série qui vous fera tourner les pages jusqu’à des heures tardives de la nuit. Le volume 3 dans la série MYSTÈRE KATE WISE est déjà disponible en précommande.







si elle voyait



(un mystère kate wise—volume 2)



b l a k e p i e r c e


Blake Pierce



Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend treize volumes (pour l’instant). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant neuf volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la série mystère KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la série mystère MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; de la série mystère KATE WISE, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; de la série mystère suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; et de la série thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant trois volumes (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact.



Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright andreiuc88, utilisé sous licence de Shutterstock.com.


LIVRES PAR BLAKE PIERCE



SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2)

LA MAISON PARFAITE (Volume 3)



SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)



SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)



SÉRIE MAKING OF RILEY PAIGE

REGARDER (Volume 1)

ATTENDRE (Volume 2)

ATTIRER (Volume 3)



SÉRIE MYSTÈRE RILEY PAIGE

UNE FOIS PARTIE (Volume 1)

UNE FOIS PRISE (Volume 2)

UNE FOIS DÉSIRÉE (Volume 3)

UNE FOIS ATTIRÉE (Volume 4)

UNE FOIS TRAQUÉE (Volume 5)

UNE FOIS ÉPINGLÉE (Volume 6)

UNE FOIS DÉLAISSÉE (Volume 7)

UNE FOIS FROIDE (Volume 8)

UNE FOIS POURSUIVIE (Volume 9)

UNE FOIS PERDUE (Volume 10)

UNE FOIS ENTERRÉE (Volume 11)

UNE FOIS LIÉE (Volume 12)

UNE FOIS PIÉGÉE (Volume 13)

UNE FOIS ASSOUPIE (Volume 14)



SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)



SÉRIE MYSTÈRE AVERY BLACK

MOTIF POUR TUER (Volume 1)

MOTIF POUR S’ENFUIR (Volume 2)

MOTIF POUR SE CACHER (Volume 3)

MOTIF POUR CRAINDRE (Volume 4)

MOTIF POUR SAUVER (Volume 5)

MOTIF POUR REDOUTER (Volume 6)



SÉRIE MYSTÈRE KERI LOCKE

UNE EMPREINTE DE MORT (Volume 1)

UNE EMPREINTE DE MEURTRE (Volume 2)

UNE EMPREINTE DE VICE (Volume 3)

UNE EMPREINTE DE CRIME (Volume 4)

UNE EMPREINTE D’ESPOIR (Volume 5)


TABLE DES MATIÈRES



PROLOGUE (#uf3c9133b-c219-566f-9cdb-adda609c5bcc)

CHAPITRE UN (#uf42e0d6f-e16a-5c5c-bb61-ccd1ffdaa096)

CHAPITRE DEUX (#u1e303fcb-ec0e-58bf-badc-3f93bb264b28)

CHAPITRE TROIS (#u2c5e946d-18e8-57d5-a689-c4d54051ea55)

CHAPITRE QUATRE (#uaa2b735c-780b-56d5-a4bc-381cb2faa871)

CHAPITRE CINQ (#ud9dcc50e-ea8d-5577-b885-2f99d3ec3bbc)

CHAPITRE SIX (#u0c84da98-137e-5480-930d-baad0b7a8029)

CHAPITRE SEPT (#u2b776516-98af-5234-8c9a-ad665ef0583c)

CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo)

CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo)

CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo)

CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo)

CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo)

CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo)




PROLOGUE


En grandissant, Olivia n’avait jamais pensé qu’elle pourrait un jour être vraiment contente de rentrer chez elle. Comme la plupart des adolescents, elle avait passé ses années de lycée à attendre le moment où elle pourrait partir de la maison, aller à l’université et commencer sa propre vie. Elle avait suivi son plan, elle était partie de sa maison natale à Whip Springs, en Virginie, pour aller étudier à l’Université de Virginie. Après cet été qui s’annonçait regorgeant de perspectives d’emploi, elle débuterait sa dernière année d’études et la recherche d’un appartement. Olivia aimait vivre sur le campus, mais pour sa dernière année à l’université, elle trouvait qu’il était temps pour elle de vivre en ville.

Mais pour l’instant, elle allait passer un mois entier avec ses parents à Whip Springs. Elle savait que l’adolescente qu’elle avait été ne lui pardonnerait jamais pour le soulagement et l’élan d’amour qu’elle avait ressentis au moment où elle s’avança dans l’allée qui menait à la maison de ses parents. Ils vivaient sur une route secondaire de Whip Springs – une petite ville tranquille du centre de la Virginie où vivaient moins de cinq mille habitants et qui était entourée par des bois de tous les côtés, plus une étendue de forêt qui traversait la plus grande partie de la ville.

Il commençait à faire noir quand elle s’avança dans l’allée. Elle s’était attendue à ce que sa mère ait allumé la lampe sur le porche en prévision de son arrivée, mais il n’y avait aucune lumière qui éclairait la porte d’entrée. Sa mère savait qu’elle arrivait aujourd’hui. Elles en avaient parlé par téléphone il y a deux jours et Olivia lui avait même envoyé un message il y a trois heures pour lui dire qu’elle était en route.

C’est vrai que sa mère ne lui avait pas répondu, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Mais Olivia avait pensé qu’elle était probablement occupée à ranger sa chambre afin qu’elle soit présentable pour son arrivée et qu’elle avait tout simplement oublié de lui répondre.

Au moment où Olivia s’approcha de la maison, elle remarqua que non seulement la lumière du porche n’était pas allumée, mais que toutes les lampes de la maison semblaient également être éteintes. Mais pourtant, elle savait que ses parents étaient là. Leurs deux véhicules étaient garés dans l’allée, la voiture de sa mère garée juste derrière le pickup de son père, comme ils avaient toujours eu l’habitude de le faire.

S’ils m’ont organisé une fête surprise, je pense que je vais fondre en larmes, pensa Olivia en se garant à côté de la voiture de sa mère.

Elle ouvrit le coffre et en sortit ses bagages, juste deux valises mais dont l’une semblait peser une tonne. Elle les porta jusque sur le porche. Ça faisait presque un an qu’elle n’était plus rentrée chez ses parents et elle avait presque oublié combien cet endroit semblait isolé. Les voisins les plus proches était à moins de cinq cents mètres mais les arbres qui entouraient la propriété donnaient l’impression que la maison était complètement isolée… surtout comparé aux dortoirs bondés de l’université.

Quand elle arriva sur le porche avec ses valises, elle tendit le doigt vers la sonnette. C’est à ce moment-là qu’elle remarqua que la porte était légèrement entrouverte.

Tout d’un coup, le manque de lumière à l’intérieur de la maison avait un aspect sinistre – comme une sorte d’alarme. « Maman ? Papa ? » dit-elle à haute voix, tout en s’avançant lentement et en ouvrant la porte avec le pied.

Olivia vit le vestibule et le petit couloir qu’elle connaissait si bien. La maison était plongée dans l’obscurité mais au moment où elle y entra, en dépit de la peur qu’elle sentait croître en elle, elle se sentit tout de suite à l’aise. Quelque part dans la maison, elle entendit la télé – les dings et applaudissements familiers de La roue de la fortune, un incontournable chez ses parents, aussi loin qu’Olivia puisse s’en souvenir.

En arrivant au bout du couloir et en s’approchant du salon, elle vit la télé au-dessus de la cheminée, un très grand écran qui donnait l’impression que le présentateur était debout au milieu du salon.

« Salut, les gars, » dit Olivia, en regardant autour d’elle quand elle entra dans le salon plongé dans l’obscurité. « Merci beaucoup pour le coup de main. Laisser la porte entrouverte était un… »

C’était supposé être une blague mais au moment où les mots sortirent de sa bouche, ils n’avaient plus rien de marrants.

Sa mère était dans le divan. Elle aurait très bien pu être tout simplement endormie, si ce n’était la présence de tout ce sang sur sa poitrine et sur le divan. Il y en avait tellement que Olivia ne comprit pas tout de suite ce qu’elle voyait. Voir cette scène en entendant La roue de la fortune en fond sonore rendait la chose encore plus incompréhensible.

« Maman… »

Olivia eut l’impression que son cœur s’arrêtait. Elle s’éloigna lentement à reculons comme si elle commençait à comprendre ce qu’elle avait devant les yeux. Elle avait l’impression qu’une partie de son cerveau s’était détachée et flottait autour d’elle.

Un autre mot sortit de sa bouche au moment où elle s’éloignait lentement de sa mère – Papa.

C’est à ce moment-là qu’elle le vit. Il était là, sur le sol. Il était couché devant la table de salon et il y avait autant de sang sur lui que sur sa mère. Il gisait sur le ventre, immobile. Mais son corps donnait l’impression qu’il rampait légèrement, comme s’il avait essayé de s’enfuir. Olivia vit au moins six coups de couteau très visibles dans son dos.

Elle comprit tout d’un coup pourquoi sa mère n’avait pas répondu à son message. Sa mère était morte. Son père aussi.

Elle sentit un cri monter dans sa gorge et elle fit de son mieux pour se forcer à bouger. Elle savait que la personne qui avait fait ça pouvait très bien être encore dans la maison. En réalisant cela, elle se mit à hurler, à pleurer et à courir.

Olivia sortit précipitamment de la maison et elle courut – et courut encore – et elle ne s’arrêta que lorsqu’elle ne parvint plus à hurler.




CHAPITRE UN


C’était bizarre comme l’attitude de Kate Wise avait rapidement changé. Durant l’année qu’elle avait passé à la retraite, elle avait fait tout son possible pour éviter de se mettre au jardinage. Elle avait à tout prix évité cette occupation, mais aussi le tricot, les clubs de bridge – et même les clubs de lecture. Elle les voyait comme des activités cliché pour femmes retraitées.

Mais depuis qu’elle avait recommencé à travailler au FBI ces derniers mois, quelque chose avait changé en elle. Elle n’était pas aussi naïve que pour penser que ça l’avait transformée. Non, cela l’avait simplement revigorée. Elle avait de nouveau un but, une raison de se lever chaque matin.

C’était peut-être la raison pour laquelle cela lui semblait maintenant acceptable de faire du jardinage pendant son temps libre. Mais ce n’était pas aussi relaxant qu’elle l’avait pensé. En fait, ça la rendait même un peu nerveuse. Pourquoi dépenser autant de temps et d’énergie à planter quelque chose tout en espérant que la météo soit assez favorable pour que ça pousse ? Mais il y avait tout de même un peu de joie dans tout ça – planter quelque chose en terre et en voir les fruits au fil du temps.

Elle avait commencé par planter des fleurs – des marguerites et des bougainvilliers – avant de passer à un petit potager au fond de son jardin. C’était là qu’elle se trouvait actuellement, occupée à entourer de terre un plant de tomates. Elle se rendait bien compte que ce n’était qu’une fois devenue grand-mère qu’elle avait commencé à s’intéresser au jardinage.

Elle se demanda si ça avait quelque chose à voir avec l’évolution de son instinct maternel. À travers ses amis et certains ouvrages, elle avait appris qu’être grand-mère était très différent de ce qu’on pouvait ressentir dans le rôle de mère.

Sa fille, Mélissa, lui avait toujours assuré qu’elle avait été une bonne mère. C’était quelque chose que Kate avait besoin d’entendre de temps en temps, vu la manière dont elle avait passé sa carrière professionnelle. Il est vrai qu’elle avait bien trop longtemps fait passer son boulot avant sa famille et elle se considérait chanceuse que Mélissa ne lui en veuille pas pour ça – à part durant la période qui avait suivi le décès de son père.

Ah, le côté négatif de faire du jardinage, pensa Kate en se mettant debout et en frottant la terre de ses mains et de ses genoux. L’esprit a tendance à vagabonder. Et quand ça arrive, le passé refait surface, sans crier gare.

Elle quitta le potager et traversa le jardin de sa maison de Richmond, en Virginie, en direction du porche arrière. Elle enleva ses bottes tachées de terre à la porte d’entrée et elle déposa ses gants de jardinage à côté, afin d’éviter de ramener de la terre à l’intérieur. Elle avait passé les deux derniers jours à nettoyer la maison. Ce soir, elle gardait Michelle, sa petite-fille, et bien que Mélissa ne soit pas obsédée par la propreté, Kate avait envie que l’endroit soit impeccable. Ça faisait presque trente ans qu’elle n’avait plus gardé un bébé et elle ne voulait pas prendre de risques.

Elle regarda en direction de l’horloge et fronça les sourcils. Elle attendait de la visite dans un quart d’heure. C’était encore un autre aspect négatif du jardinage : le temps avait tendance à passer très vite, sans s’en rendre compte.

Elle alla se rafraîchir dans la salle de bains, puis alla préparer du café dans la cuisine. Le percolateur était à moitié passé quand la sonnette de la porte d’entrée retentit. Elle alla ouvrir la porte, contente comme toujours de voir les deux femmes qu’elle voyait au moins deux fois par semaine depuis un peu plus d’un an et demi.

Jane Patterson fut la première à entrer, en portant un plateau de pâtisseries. Il y avait des viennoiseries faites maison, qui avaient remporté le concours culinaire du coin à deux reprises. Clarissa James la suivait, avec un grand bol de salade de fruits dans les mains. Elles portaient toutes les deux de jolis vêtements, parfaits pour un brunch chez une amie ou un peu de shopping – ce qu’elles faisaient toutes les deux assez souvent.

« Tu as de nouveau fait du jardinage, hein ? » demanda Clarissa, en déposant sa salade de fruits sur l’îlot de la cuisine.

« Comment tu le sais ? » demanda Kate.

Clarissa montra du doigt la pointe des cheveux de Kate, juste en-dessous de ses épaules. Kate tendit la main et se rendit compte qu’elle y avait oublié un peu de terre. Clarissa et Jane eurent un petit rire, pendant que Jane enlevait le film plastique de ses viennoiseries.

« Riez autant que vous voulez, » dit Kate. « Mais vous ne rirez plus quand vous verrez ma récolte de tomates. »

C’était un vendredi matin et c’était une journée qui commençait bien. Les trois femmes prirent place sur des tabourets autour de l’îlot de cuisine de Kate, et commencèrent à prendre leur brunch avec du café. Et bien que la compagnie, la nourriture et le café soient excellents, il était tout de même difficile de ne pas remarquer l’absence de quelqu’un.

Debbie Meade ne faisait plus partie de leur groupe. Après que sa fille ait été assassinée, en faisant l’une des trois victimes d’un tueur que Kate avait fini par attraper, Debbie et son mari, Jim, avaient déménagé. Ils vivaient maintenant quelque part près de la mer, en Caroline du Nord. Debbie leur envoyait de temps en temps des photos de la mer, pour leur donner envie. Ils y vivaient maintenant depuis deux mois et ils avaient l’air d’être plutôt heureux – d’avoir pu laisser cette tragédie derrière eux.

La conversation fut essentiellement légère et agréable. Jane raconta comment son mari envisageait de prendre sa retraite l’année prochaine et qu’il planifiait déjà d’écrire un livre. Clarissa donna des nouvelles de ses enfants, qui avaient maintenant la vingtaine et qui venaient récemment de recevoir une promotion.

« En parlant d’enfants, » dit Clarissa, « comment va Melissa ? Ça lui plaît d’être maman ? »

« Oh oui, » dit Kate. « Elle est complètement folle de sa petite fille. Une petite fille que je vais garder ce soir, d’ailleurs. »

« Pour la première fois ? » demanda Jane.

« Oui. C’est la première fois que Mélissa et Terry sortent sans bébé. Ils ne rentreront pas de la nuit. »

« Ça y est ? Tu es en mode mamy ? » demanda Clarissa.

« Je ne sais pas, » dit Kate, en souriant. « J’imagine que j’en saurai plus ce soir. »

« Tu sais, » dit Jane, « tu pourrais faire comme moi, quand je faisais du babysitting adolescente. J’emmenais mon petit copain et dès que les enfants étaient au lit… »

« C’est un peu gênant, quand même, » dit Kate. ´

« Mais tu penses que ça plairait à Allen ? » demanda Clarissa.

« Je ne sais pas, » répondit Kate, en essayant d’imaginer Allen avec un bébé. Ils avaient commencé à sortir sérieusement ensemble après que Kate et son partenaire, DeMarco, aient arrêté le tueur en série qui sévissait ici à Richmond – celui qui avait assassiné la fille de Debbie Meade. Ils n’avaient jamais parlé de projets futurs, ni quoi que ce soit dans le genre. Ils n’avaient pas encore couché ensemble et ils étaient même rarement physiques l’un envers l’autre. Elle aimait les moments qu’elle passait avec lui, mais l’idée de l’inviter à prendre part à son rôle de grand-mère la mettait mal à l’aise.

« Ça va toujours bien entre vous deux ? » demanda Clarissa.

« Oui, je pense. Mais tout ce truc de sortir ensemble, ça me fait bizarre. Je suis trop vieille pour ce genre de choses, tu sais ? »

« C’est n’importe quoi, » dit Jane « Ne vous faites pas d’idées… j’adore mon mari, mes enfants et ma vie en général. Mais je donnerais n’importe quoi pour me retrouver à nouveau dans cette situation de sortir avec quelqu’un. Ça me manque. Rencontrer de nouvelles personnes, s’échanger un premier baiser… »

« Oui, c’est vrai, c’est effectivement assez agréable, » concéda Kate. « Mais Allen trouve aussi que ça fait bizarre. On passe de bons moments ensemble mais c’est… c’est un peu bizarre quand ça commence à devenir plus romantique. »

« Tout ça, c’est du blabla, » dit Clarissa. « Mais est-ce que tu le considères comme ton petit ami ? »

« On est vraiment obligé d’avoir cette conversation ? » demanda Kate, en sentant le rouge lui monter aux joues.

« Oui, » dit Clarissa. « En tant que vieilles femmes mariées, on a besoin de vivre tout ça indirectement à travers toi. »

« Et c’est aussi valable pour ton boulot, » dit Jane. « Comment ça se passe, d’ailleurs ? »

« Ça fait deux semaines qu’on ne m’a pas appelée, et le dernier coup de fil, c’était juste pour aider avec des recherches. Désolée, les filles… ce n’est pas aussi excitant que vous l’espériez. »

« Alors, tu es de nouveau en mode retraite ? » demanda Clarissa.

« En quelque sorte. C’est compliqué. »

Après ce commentaire, elles arrêtèrent de l’interroger et elles retournèrent à des sujets de conversation plus anodins – comme les nouveaux films qui allaient sortir au cinéma, le prochain festival de musique en ville, la construction de l’autoroute, etc. Mais l’esprit de Kate ne pouvait s’empêcher de repenser au boulot. C’était réconfortant de savoir que le FBI la considérait toujours comme une ressource mais elle avait espéré endosser un rôle beaucoup plus actif après avoir élucidé la dernière enquête. Mais pour l’instant, elle n’avait eu qu’une seule fois des nouvelles du directeur adjoint Duran et ça avait été pour avoir son opinion sur les performances de DeMarco.

Ça devait sûrement être bizarre pour ses amies qu’elle soit encore techniquement agent actif au FBI tout en jouant son nouveau rôle de mamy. Il faut dire que c’était aussi bizarre pour elle. Alors, si on ajoutait à ça sa relation avec Allen, elle pouvait facilement imaginer que sa vie devait sembler plutôt intéressante à leurs yeux.

Et franchement, elle se considérait privilégiée. Elle allait avoir cinquante-six ans à la fin du mois et elle savait que de nombreuses femmes de son âge rêveraient d’avoir sa vie. C’était quelque chose qu’elle se répétait à chaque fois qu’elle ressentait le besoin d’être plus active au travail. Et parfois, ça marchait.

Et aujourd’hui, c’était le cas, avec le fait qu’elle allait garder sa petite-fille pour la toute première fois de sa vie.



***



L’une des choses qu’elle trouvait difficile dans le fait de combiner son nouveau rôle de grand-mère avec son désir de se plonger à nouveau dans une enquête criminelle, c’était de penser comme une mammy. Cet après-midi-là, elle sortit de chez elle et se rendit dans l’une des petites boutiques du quartier de Carytown. Elle voulait offrir un cadeau à Michelle pour célébrer la première nuit passée chez sa grand-mère.

C’était difficile de mettre de côté son besoin de traquer des suspects pour se concentrer sur des peluches et des grenouillères. Mais au fur et à mesure qu’elle faisait les boutiques, elle commença à avoir de plus en plus facile. Elle se rendit compte que finalement, ça lui plaisait de faire du shopping pour sa petite-fille, bien qu’elle n’ait que deux mois et qu’elle se ficherait probablement du cadeau qu’elle recevrait. Elle eut du mal à se retenir et à ne pas acheter tout ce qu’elle voyait. Après tout, c’était un peu le rôle d’une grand-mère de gâter ses petits-enfants, non ?

Au moment où elle payait pour ses achats, elle reçut un message. Elle ne perdit pas une seconde pour le lire. Au cours des dernières semaines, à chaque fois qu’on l’appelait ou qu’on lui envoyait un message, elle avait l’espoir que ce soit Duran ou quelqu’un d’autre du FBI. Elle se réprimanda d’être déçue par le fait que ce soit Allen. Une fois qu’elle surmonta la déception de ne pas être appelée par le boulot, elle se rendit compte qu’elle était heureuse qu’il l’appelle – en fait, elle était toujours heureuse de lui parler.

« Allen, il faut que tu m’aides, » dit-elle en plaisantant, au moment où elle décrocha. « Je suis occupée à faire du shopping pour Michelle et j’ai envie d’acheter tout ce que je vois. C’est normal ? »

« Je ne sais pas, » dit Allen. « Aucun de mes fils n’est encore arrivé au stade de me faire grand-père. »

« Crois-moi, tu peux commencer à épargner. »

Allen se mit à rire, et c’était un bruit que Kate commençait à aimer de plus en plus. « Alors, ce soir, c’est le grand soir, c’est bien ça ? »

« Oui, c’est ça. Bien que j’aie déjà élevé un enfant et que je sache à quoi m’attendre, je suis terrifiée. »

« Ne t’inquiète pas, ça va aller. Et en parlant d’être terrifié… je sors boire un verre avec mes fils ce soir. Et je n’ai pas bu plus de deux verres dans une même soirée depuis au moins cinq ans. »

« Alors, bonne chance. »

« Je me demandais si on pouvait dîner ensemble demain soir. On se racontera comment on a survécu à cette soirée. »

« C’est une bonne idée. Tu veux venir chez moi vers dix-neuf heures ? »

« C’est parfait. Amuse-toi bien ce soir. Est-ce que Michelle fait déjà ses nuits ? »

« Je ne pense pas. »

« Alors, bonne chance, » dit Allen, avant de raccrocher.

Kate remit son téléphone en poche, en jonglant avec ses sacs. Elle ne put s’empêcher de sourire. Elle était là, debout au soleil dans son quartier préféré, après avoir fait du shopping pour sa petite-fille de deux mois qui allait dormir chez elle pour la première fois ce soir. Vu la manière dont sa journée se déroulait, est-ce qu’elle avait vraiment envie que le FBI l’appelle ?

Elle marchait en direction de chez elle – sa maison ne se trouvait qu’à trois pâtés de maison de l’endroit où elle avait répondu à l’appel d’Allen – quand elle vit une petite fille qui portait un t-shirt Mon petit poney. Elle marchait avec sa mère, qui la tenait par la main. Elles n’étaient qu’à quelques mètres d’elle et venaient dans sa direction. La petite fille devait avoir cinq ou six ans et ses cheveux étaient noués en queue de cheval, probablement faite par sa mère. Elle avait des yeux bleus et le nez légèrement pointu, comme un lutin. Kate sentit une pointe de tristesse lui transpercer le cœur.

Une image lui vint en tête, celle d’une petite fille qui ressemblait très fort à celle-là. Mais dans cette image-là, le visage de la petite fille était sale de crasse. Elle pleurait, avec les gyrophares des voitures de police qui tournoyaient derrière elle.

Elle voyait cette image de manière si nette que Kate s’arrêta un moment de marcher. Elle détourna les yeux de la petite fille pour éviter de la regarder d’un air bizarre. Elle se concentra sur l’image qu’elle avait en tête et fit de son mieux pour retrouver le souvenir qui y était associé. Ça lui revint peu à peu et les détails de l’affaire lui revinrent en mémoire, comme si elle lisait le rapport d’enquête.

Petite fille de cinq ans, retrouvée trois jours après sa disparition. Elle a été retrouvée enfermée dans une cabane de pêcheurs dans l’Arkansas, avec le corps sans vie de ses parents. Les parents étaient les cinquième et sixième victimes d’un tueur en série qui avait terrorisé l’Arkansas pendant quatre mois… un tueur que Kate avait fini par arrêter, mais qui avait tout de même fait un total de neuf victimes.

Kate était consciente qu’elle s’était soudain arrêtée en pleine rue. Elle était aussi immobile qu’une statue mais elle ne parvenait pas à bouger. Cette enquête l’avait obsédée pendant longtemps. Tellement d’impasses et de pistes qui ne menaient à rien. Elle avait eu l’impression de tourner en rond, incapable de retrouver le tueur qui continuait à empiler les cadavres. Dieu seul sait ce qu’il avait prévu de faire avec cette petite fille.

Mais tu l’as sauvée, se dit-elle. Tu as fini par la sauver.

Kate recommença lentement à marcher. Ce n’était pas la première fois qu’une image surgissait de son passé sans crier gare, la prenant par surprise. Elles lui venaient parfois de manière fortuite, bien que de nulle part. Mais il arrivait parfois qu’elles lui arrivent de manière violente et rapide, un peu comme un flashback post-traumatique.

L’image de cette petite fille de l’Arkansas était un peu entre les deux. Et Kate était contente que ce soit le cas. Elle avait failli arrêter son boulot d’agent en 2009 à la suite de cette enquête. Ça l’avait fortement ébranlée et elle avait dû demander un repos de deux semaines. Et soudain, durant une fraction de seconde, alors qu’elle rentrait chez elle avec des cadeaux pour sa petite-fille, elle avait été projetée dans le passé.

Presque dix années s’étaient écoulées depuis qu’elle avait libéré cette petite fille. Kate se demanda comment elle allait – si elle était parvenue à surmonter ce traumatisme.

« Madame ? »

Kate cligna des yeux, en sursautant au son de cette voix qu’elle ne connaissait pas. Un jeune adolescent se trouvait devant elle. Il avait l’air préoccupé, comme s’il n’était pas tout à fait sûr de savoir s’il ne ferait pas mieux de passer son chemin.

« Est-ce que ça va ? » demanda-t-il. « Vous avez l’air… je ne sais pas. Malade. Comme si vous alliez vous évanouir. »

« Non, » dit Kate, en secouant la tête. « Ça va, merci. »

L’adolescent hocha la tête et continua son chemin. Kate se remit à marcher, en ayant l’impression d’avoir été réveillée d’une blessure dans son passé qui ne s’était apparemment pas bien refermée. Alors qu’elle s’approchait de chez elle, elle se demanda combien de ces histoires passées pouvaient encore l’affecter.

Et si les fantômes de son passé allaient continuer à la hanter jusqu’à ce qu’elle devienne elle-même un fantôme à son tour.




CHAPITRE DEUX


Kate passa l’heure suivante à ranger la maison, bien qu’elle l’ait déjà fait avant de sortir faire du shopping. Elle se sentait bizarre d’être aussi anxieuse d’avoir Michelle chez elle. Melissa avait vécu dans cette maison quand elle était au lycée, alors quand elle venait lui rendre visite (pas assez souvent, selon Kate), Kate ne ressentait pas le besoin que l’endroit soit immaculé. Alors pourquoi était-elle aussi préoccupée pour un bébé de deux mois ?

Peut-être que c’est un de ces trucs bizarres de grand-mère, pensa-t-elle, tout en récurant l’évier du cabinet de toilette… une pièce que sa petite-fille ne verrait et n’utiliserait sûrement pas.

Au moment où elle rinçait l’évier, on sonna à la porte. Elle fut soudain submergée d’un bonheur auquel elle ne s’attendait pas. Elle ouvrit la porte avec un grand sourire. Melissa se trouvait de l’autre côté et tenait le siège bébé de Michelle en main. Michelle dormait à poings fermés, avec une épaisse couverture lui entourant les jambes.

« Salut, maman, » dit Mélissa, en entrant dans la maison. Elle regarda rapidement autour d’elle et leva les yeux au ciel. « Tu as passé combien de temps à nettoyer aujourd’hui ? »

« Je refuse de répondre à cette question, » dit Kate, en embrassant sa fille.

Mélissa posa doucement le siège bébé au sol et détacha lentement Michelle. Elle la prit dans ses bras et la tendit tendrement à Kate. Ça faisait presque une semaine que Kate n’avait pas rendu visite à Mélissa et à Terry, mais quand elle prit Michelle dans ses bras, elle eut l’impression que ça faisait bien plus longtemps.

« Qu’est-ce que vous avez prévu pour ce soir ? » demanda Kate.

« Pas grand-chose, en fait, » dit Mélissa. « Et c’est ça qu’il y a de bien. On va sortir dîner et boire un verre. Peut-être aller danser. On a aussi changé d’avis sur le fait qu’elle passe la nuit avec toi parce qu’on s’est rendu compte qu’on n’était pas encore prêt pour ça. Une bonne nuit de sommeil nous ferait le plus grand bien, mais je ne suis pas encore capable d’être séparée d’elle pendant aussi longtemps. »

« Oh, je comprends, » dit Kate. « Mais allez-y, sortez et amusez-vous. »

Mélissa posa le sac à langes qu’elle portait à l’épaule à côté du siège bébé. « Tout ce dont tu as besoin se trouve là-dedans. Elle aura sûrement encore faim dans une heure et elle aura du mal à s’endormir. Terry trouve que c’est mignon mais je trouve ça plutôt diabolique. Si elle a des gaz, il y a des gouttes dans la poche arrière et… »

« Lissa… ça va aller. Tu sais, je me suis déjà occupée d’un enfant. Et je ne m’en suis pas trop mal sortie. »

Mélissa sourit et surprit Kate en lui donnant un rapide bisou sur la joue. « Merci, maman. Je viendrai la chercher vers vingt-trois heures. Ce n’est pas trop tard ? »

« Non, c’est parfait. »

Mélissa jeta un dernier coup d’œil à son bébé et le cœur de Kate se gonfla de bonheur. Elle se rappelait être maman et ressentir la même chose – un amour qui lui aurait fait soulever des montagnes afin de s’assurer que ce petit être humain soit toujours en sécurité.

« S’il y a quoi que ce soit, n’hésite pas à m’appeler, » dit Mélissa, bien que ses yeux soient toujours posés sur Michelle.

« Je n’hésiterai pas. Et maintenant, vas-y. Amuse-toi. »

Mélissa finit par prendre congé et partir. Au moment où elle referma la porte, la petite Michelle se réveilla dans les bras de Kate. Elle sourit d’un air endormi à sa grand-mère et laissa échapper un léger bâillement.

« Alors qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Kate.

La question était dirigée à Michelle mais elle eut l’impression que c’était une question qu’elle se posait à elle-même à voix haute. Sa fille était adulte maintenant et elle avait un enfant. Et aujourd’hui, elle était là, à presque cinquante-six ans, avec son premier petit-enfant dans les bras. Alors… qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Elle repensa à son envie de retourner travailler et pour la première fois, cela lui sembla moins important.

Beaucoup moins important que cette petite fille qu’elle tenait dans ses bras.



***



À vingt heures ce soir-là, Kate se demandait si Mélissa et Terry n’étaient pas tout simplement parvenus à créer le bébé le plus sage de toute l’histoire. Michelle ne pleura pas une seule fois et elle ne fut à aucun moment difficile. Elle était tout simplement contente qu’on la tienne dans ses bras. Après deux heures dans les bras de Kate, Michelle finit par s’endormir. Kate la plaça doucement au milieu de son lit et resta un moment dans l’embrasure de la porte pour regarder sa petite-fille dormir.

Elle était là depuis un petit temps, quand elle entendit son téléphone vibrer sur la table de la cuisine derrière elle. Elle dut détourner les yeux de Michelle un instant mais elle parvint à son téléphone en une question de secondes. La simple vibration signifiait qu’il s’agissait d’un message, plutôt que d’un appel. Et elle ne fut pas du tout surprise de voir que c’était Mélissa.

Comment va-t-elle ? demanda Mélissa.

Incapable de résister, Kate sourit et répondit : Je ne lui ai laissé boire que trois bière. Elle est partie avec un type en moto il y a environ une heure. Je lui ai dit d’être rentrée pour vingt-trois heures.

Elle reçut rapidement une réponse : Oh, ce n’est pas marrant.

Les plaisanteries qu’elles s’échangeaient la rendaient aussi heureuse que le bébé endormi dans sa chambre à coucher. Après la mort de son père, Mélissa était devenue moins ouverte – surtout avec Kate. Elle blâmait le boulot de Kate pour la mort de son père et bien qu’elle ait fini par la suite par comprendre que ce n’était pas le cas, il y avait des moments où Kate avait l’impression que Mélissa lui en voulait toujours pour le temps qu’elle avait passé au FBI après sa mort. Mais bizarrement, Mélissa avait également montré de l’intérêt pour une carrière au FBI… malgré son attitude pas trop positive l’année dernière concernant le fait que sa mère interrompe sa retraite pour reprendre du service.

Toujours en souriant, Kate prit son téléphone dans la chambre à coucher et prit une rapide photo de Michelle. Elle l’envoya à Mélissa. Après y avoir réfléchi un instant, elle l’envoya également à Allen.

Elle eut envie qu’il soit là avec elle. Elle avait de plus en plus souvent ce sentiment ces derniers temps. Elle n’était pas aussi naïve pour penser qu’elle l’aimait, mais elle pourrait imaginer tomber amoureuse de lui si les choses continuaient comme ça. Il lui manquait quand il n’était pas là. Et quand il l’embrassait, elle avait l’impression d’avoir vingt ans de moins.

Elle se prit à sourire quand Allen répondit avec une photo. C’était un selfie de lui avec deux hommes plus jeunes qui lui ressemblaient énormément – sûrement ses fils.

Alors qu’elle regardait la photo, son téléphone se mit à sonner. Le nom qu’elle vit à l’écran la remplit de plaisir.

C’était le directeur adjoint Vince Duran. Son appel l’aurait de toute façon remplie d’enthousiasme mais le fait qu’il soit plus de vingt heures un vendredi soir déclencha des signaux d’alerte en elle – des signaux d’alerte qu’elle appréciait particulièrement.

Elle regarda la petite Michelle qui dormait et prit un moment avant de répondre. « Kate Wise, » dit-elle, en essayant d’adopter un ton neutre.

« Wise, c’est Duran. C’est un bon moment pour parler ? »

« Ce n’est pas le meilleur moment, mais ça va. » répondit-elle. « Est-ce que tout va bien ? »

« Ça dépend. Je vous appelle pour savoir si vous seriez intéressée de vous occuper d’une affaire. »

« Est-ce que c’est une de ces affaires classées dont on avait parlé ? »

« Non. Cette fois-ci… eh bien, ça ressemble beaucoup à une affaire que vous aviez réussi à élucider assez rapidement en 1996. À ce stade, on a quatre victimes à deux endroits différents à Whip Springs, en Virginie. Les meurtres semblent avoir été commis à deux jours d’intervalle. Pour l’instant, c’est la police d’état de Virginie qui s’en occupe mais je leur ai parlé. Et si vous voulez vous occuper de l’enquête, vous avez le feu vert. Mais il faudrait que vous y alliez tout de suite. »

« Je ne vais pas pouvoir y aller tout de suite, » dit-elle. « J’ai un engagement que je dois tenir. » En regardant Michelle, c’était facile à dire. Mais presque chaque muscle de son corps luttait contre son tout nouvel instinct de mamy.

« Je vais déjà vous faire part des détails de l’affaire. Les victimes sont des couples mariés, un dans la cinquantaine et l’autre dans la soixantaine. Les victimes les plus récentes sont celles de la cinquantaine. Leur fille a découvert leurs corps quand elle rentrée de l’université aujourd’hui. Les meurtres ont été commis à environ une cinquantaine de kilomètres l’un de l’autre, un à Whip Springs et l’autre en périphérie de Roanoke. »

« Des couples ? Un quelconque lien entre eux, à part le fait qu’ils soient mariés ? »

« On n’en a pas encore trouvé. Mais les quatre victimes ont été sévèrement charcutées. L’assassin utilise un couteau. Et il fait ça de manière lente et méthodique. Je pense que tout indique qu’il va y avoir un autre couple de victimes dans les deux prochains jours. »

« Oui, on dirait bien qu’on a affaire à un tueur en série, » dit Kate.

Elle repensa à cette affaire de 1996 que Duran avait mentionnée. Une femme à moitié folle et qui avait travaillé en tant que nounou avait ôté la vie de trois couples en seulement deux jours. Il s’était avéré qu’elle avait travaillé pour les trois couples sur une période de dix ans. Kate avait arrêté la femme alors qu’elle était en route pour assassiner un quatrième couple et, selon ses dires, mettre fin à ses propres jours.

Est-ce qu’elle allait vraiment refuser cette opportunité ? Après le flashback intense qu’elle avait eu aujourd’hui, est-ce qu’elle allait laisser passer cette occasion d’arrêter un assassin ?

« J’ai combien de temps pour vous donner une réponse ? » demanda-t-elle.

« Je vous laisse une heure. Pas plus. J’ai besoin que quelqu’un s’occupe de cette affaire tout de suite. Et j’ai pensé à vous et à DeMarco. Une heure, Wise… et plus tôt, c’est encore mieux. »

Avant qu’elle ne puisse répondre par un OK ou un merci, Duran raccrocha. Il était généralement chaleureux et amical, mais il pouvait aussi être très irritable s’il n’obtenait pas ce qu’il voulait.

Aussi silencieusement que possible, elle entra dans la chambre et s’assit sur le bord du lit. Elle regarda Michelle dormir et le mouvement de sa poitrine qui se soulevait lentement et méthodiquement sous l’effet de sa respiration. Elle se rappelait clairement quand Mélissa était aussi petite. Le temps était passé à une vitesse folle. Et c’était de là que venait son problème : elle avait l’impression d’avoir raté tellement de choses en tant que mère et épouse à cause de son boulot, mais elle avait néanmoins toujours ressenti ce sens du devoir. Surtout quand elle savait qu’elle pouvait être sur le terrain et faire sa part pour arrêter un assassin.

Quelle genre de personne cela ferait d’elle si elle refusait cette proposition et que Duran finissait par choisir un autre agent qui n’avait peut-être pas la même expérience qu’elle ?

Mais quel genre de grand-mère et de mère serait-elle si elle finissait par appeler Mélissa pour lui dire de rentrer plus tôt et de venir chercher sa fille parce que le FBI faisait de nouveau appel à elle ?

Kate regarda Michelle pendant quelques minutes et se coucha même à côté d’elle, en plaçant sa main sur sa poitrine de bébé pour sentir sa respiration. Et en voyant cette petite étincelle de vie, une vie qui ne savait encore rien des atrocités qui pouvaient exister dans ce monde, il lui fut beaucoup plus facile de prendre sa décision.

En fronçant les sourcils, Kate prit son téléphone et appela Mélissa.



***



Un jour, quand Mélissa avait seize ans, elle avait fait entrer un garçon en douce dans sa chambre tard le soir, quand Kate et Michael étaient déjà endormis. Kate avait été réveillée par un bruit (qu’elle avait compris plus tard être le genou de quelqu’un cognant sur le mur de la chambre de Mélissa) et elle était montée pour aller voir ce qui se passait. Quand elle avait ouvert la porte de la chambre de sa fille et qu’elle l’avait trouvée seins nus avec un garçon dans son lit, elle l’avait jeté en bas du lit et lui avait hurlé de sortir.

La colère qu’elle avait vue ce soir-là dans les yeux de Mélissa fut éclipsée par le regard que sa fille lui jeta au moment où elle attacha Michelle dans le siège bébé à 21h30 – environ une heure après que Duran l’eut appelée concernant l’affaire à Roanoke.

« C’est vraiment n’importe quoi, maman, » dit-elle.

« Lissa, je suis vraiment désolée. Mais qu’est-ce que j’étais supposée faire ? »

« Eh bien, d’après ce que j’ai compris, normalement, les gens restent à la retraite une fois qu’ils l’ont prise. Tu pourrais peut-être commencer par-là ! »

« Ce n’est pas aussi facile que ça, » dit Kate.

« Oh, je sais, maman, » dit Mélissa. « Ça n’a jamais été facile pour toi. »

« Ce n’est pas juste… »

« Et ne pense pas que je sois fâchée parce que tu as écourté la seule soirée un peu relax que je pouvais avoir. Ce n’est même pas pour ça. Je ne suis pas aussi égoïste. Contrairement à d’autres. Je suis fâchée parce que ton boulot – que tu es sensée avoir quitté depuis plus d’un an – continue à passer avant ta famille. Même après tout ce qui… même après papa… »

« Lissa, évitons de parler de ça. »

Mélissa prit le siège bébé avec une douceur surprenante, comparé à la dureté de son ton et la manière dont son corps était crispé.

« Je suis d’accord, » dit Mélissa. « N’en parlons pas. »

Et sur ces mots, elle sortit en claquant la porte derrière elle.

Kate tendit la main vers la poignée de la porte mais se ravisa. Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Continuer de se disputer sur le pas de la porte ? De plus, elle connaissait bien Mélissa. Dans quelques jours, elle se serait calmée et elle écouterait probablement ce que Kate avait à lui dire. Peut-être même qu’elle accepterait ses excuses.

Kate se sentit vraiment mal quand elle prit son téléphone pour appeler Duran. Il l’informa qu’il avait de toute façon compté sur sa présence sur l’affaire. Il avait déjà arrangé pour qu’un officier de la police d’état de Virginie les retrouve, elle et DeMarco, à 4h30 du matin à Whip Springs. Quant à DeMarco, elle avait quitté Washington une demi-heure plus tôt dans une voiture banalisée du FBI. Elle arriverait chez Kate vers minuit. Kate réalisa alors qu’elle aurait très bien pu garder Michelle jusqu’à l’heure prévue de vingt-trois heures et éviter la confrontation avec Mélissa. Mais ce n’était pas quelque chose à laquelle elle devait penser à cet instant présent.

La soudaineté des événements avait pris Kate légèrement au dépourvu. Bien que la dernière affaire sur laquelle elle avait travaillé était venu un peu de nulle part, il y avait tout de même eu une sorte de structure stable. Mais ça faisait longtemps qu’on ne lui avait plus assigné une affaire à une telle heure. C’était un peu terrifiant mais elle se sentait également excitée à l’idée – assez excitée pour oublier momentanément la colère que Mélissa ressentait à son égard.

Néanmoins, au moment de faire son sac en attendant que DeMarco arrive, une pensée continuait à l’obséder. Et c’est justement ça, là – ta capacité à ignorer tout ce qui t’entoure en raison de ton boulot – qui a généré autant de problèmes entre vous pour commencer.

Mais elle finit également par mettre facilement cette pensée de côté.




CHAPITRE TROIS


Une des nombreuses choses que Kate avait appris au sujet de DeMarco lors de leur dernière enquête ensemble, c’était qu’elle était ponctuelle. C’était une qualité dont elle se souvint au moment où elle entendit frapper à sa porte à minuit dix.

Je ne me rappelle pas à quand date la dernière fois où j’ai eu de la visite aussi tard, pensa-t-elle. À l’université, peut-être ?

Elle s’avança vers la porte d’entrée avec son sac à l’épaule. Mais quand elle ouvrit la porte, elle vit que DeMarco n’avait aucune intention de partir tout de suite sur la scène de crime.

« Au risque de paraître grossière, il faut vraiment que j’utilise vos toilettes, » dit DeMarco. « Avaler deux cocas pour rester éveillée pour conduire n’était pas une bonne idée. »

Kate sourit et laissa entrer DeMarco. Vu l’urgence et la rapidité que Duran avait instillés en elle au cours de leurs conversations téléphoniques, la brusquerie de DeMarco était le genre de situation un peu comique dont elle avait besoin. C’était également agréable de se rendre compte que, même après deux mois sans se voir, elles étaient toujours aussi à l’aise ensemble que lorsqu’elles avaient travaillé sur leur dernière enquête.

DeMarco sortit de la salle de bains quelques minutes plus tard, avec un sourire gêné aux lèvres.

« Bonjour quand même, » dit Kate. C’était peut-être à cause de la dose de caféine qu’elle avait avalé, mais DeMarco avait plutôt une bonne tête et l’heure tardive n’avait pas l’air de l’affecter.

DeMarco consulta sa montre et hocha la tête. « Oui, j’imagine que c’est déjà le matin. »

« À quelle heure est-ce qu’on t’a appelée ? » demanda Kate.

« Vers vingt heures ou vingt et une heures. Je serais venue plus tôt mais Duran voulait être sûr à cent pourcents que tu serais sur l’affaire. »

« Oui, désolée pour ça, » dit Kate. « Je gardais ma petite-fille pour la première fois. »

« Oh non. Wise… c’est trop nul. Je suis désolée que ça ait gâché ce moment. »

Kate haussa les épaules et balaya le commentaire d’un geste de la main. « Ça ira. Tu es prête à partir ? »

« Oui. J’ai répondu à quelques appels en venant ici, venant de nos gars à Washington. Il est prévu qu’on retrouve l’un des types de la police d’état de Virginie à quatre heures trente à la maison des Nash. »

« La maison des Nash ? » demanda Kate.

« Le dernier couple qui a été assassiné. »

Elles se dirigèrent vers la porte d’entrée. En sortant, Kate éteignit la lumière du salon et prit son sac. Elle était excitée par ce qui l’attendait mais elle avait également l’impression de quitter sa maison de manière un peu précipitée. Après tout, quelques heures plus tôt, sa petite-fille de deux mois était encore endormie sur son lit. Et maintenant, elle était sur le point de partir sur une scène de crime.

Elle vit la sedan banalisée standard du FBI garée devant chez elle, au bord du trottoir. Ça avait l’air surréaliste, mais également tentant.

« Tu veux conduire ? » demanda DeMarco.

« Bien sûr, » dit Kate, en se demandant si c’était une marque de respect ou si elle avait tout simplement besoin de se reposer de la conduite.

Kate s’assit derrière le volant pendant que DeMarco cherchait les renseignements pour se rendre sur le lieu du meurtre le plus récent. C’était dans la ville de Whip Springs, en Virginie, un petit trou paumé situé aux pieds des montagnes Blue Ridge, juste en dehors de Roanoke. Elles parlèrent un peu de leurs vies respectives – Kate expliquant à DeMarco ce que ça faisait d’être grand-mère, tandis que DeMarco restait surtout silencieuse, en mentionnant seulement qu’elle était passée par une autre rupture après que sa petite amie l’avait eu quittée. Kate fut surprise car elle ne s’était pas rendu compte que DeMarco était lesbienne. Elle se dit qu’elle devait vraiment passer un peu plus de temps à apprendre à connaître la femme qui était maintenant sa partenaire. La ponctualité, elle avait remarqué. Mais l’homosexualité, elle n’avait absolument pas capté. Quel genre de partenaire cela faisait d’elle ?

Alors qu’elles se rapprochaient de la scène de crime, DeMarco commença à lire les rapports sur l’affaire que Duran leur avait envoyés. En l’écoutant, Kate regardait si elle voyait le soleil percer à l’horizon mais elle ne vit rien.

« Deux couples âgés, » dit DeMarco. « Désolée… l’un avait presque la soixantaine… ne le prends pas mal. »

« Je ne le prends pas mal, » dit Kate, en se demandant si c’était une pointe d’humour.

« À première vue, ils n’ont apparemment rien en commun, à part l’endroit. La première scène était au cœur même de Roanoke et la plus récente était à seulement cinquante kilomètres de là, à Whip Springs. Il n’y a aucun signe qui semble indiquer que le mari ou la femme ait été la cible initiale. Chaque meurtre était assez sordide et un peu exagéré, comme si l’assassin prenait du plaisir. »

« Et cela peut indiquer qu’il s’agit d’une personne qui pourrait avoir la sensation que les victimes lui ont fait du tort d’une manière ou d’une autre, » dit Kate. « Ça, ou une soif de carnage et d’effusion de sang. »

« Les victimes les plus récentes, les Nash, étaient mariés depuis vingt-quatre ans. Ils ont deux enfants, dont l’un vit à San Diego et l’autre étudie à l’université de Virginie. C’est elle qui a découvert les corps quand elle rentrée hier. »

« Et l’autre couple ? » demanda Kate. « Ils ont des enfants ? »

« Apparemment, non. »

Kate réfléchit à tout ce qu’elle venait d’entendre et pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, elle se mit à penser à la petite fille qu’elle avait croisée aujourd’hui dans la rue. Ou plutôt, au flashback qu’elle avait eu en voyant cette petite fille.

Quand elles arrivèrent à la maison des Nash, un peu de lumière commençait enfin à pointer à l’horizon bien que le soleil ne soit pas encore levé. La lumière était diffuse à travers les arbres qui entouraient le jardin des Nash. Elles virent qu’une voiture était garée devant la maison. Un homme était debout, appuyé contre le capot, et fumait une cigarette en tenant une tasse de café.

« Vous êtes les agents Wise et DeMarco ? » demanda l’homme.

« Oui, c’est nous, » dit Kate, en faisant un pas en avant et en montrant son badge. « Qui êtes-vous ? »

« Palmetto, de la police d’état de Virginie. Police scientifique. On m’a appelé il y a quelques heures pour me prévenir que vous repreniez l’affaire. Je me suis dit que ce serait mieux que je sois là pour vous expliquer ce qu’on sait jusqu’à présent. Mais ce n’est pas grand-chose. »

Palmetto prit une dernière bouffée de sa cigarette avant de la jeter au sol et de l’écraser avec son pied. « Les corps ont déjà été retirés et on a trouvé très peu d’indices. Mais venez, entrez. C’est… révélateur. »

Palmetto parlait avec le ton sans émotions d’un homme qui fait ce genre de boulot depuis longtemps. Il les guida jusqu’à l’allée qui menait au porche des Nash. Quand il ouvrit la porte pour les laisser entrer, Kate sentit cette odeur si caractéristique. C’était l’odeur d’une scène de crime où beaucoup de sang avait été versé. Il y avait également quelque chose de chimique, pas seulement l’odeur cuivrée du sang, mais du mouvement récent de personnes avec des gants qui avaient inspecté les lieux.

Palmetto alluma toutes les lampes au fur et à mesure qu’ils s’avançaient dans la maison – à travers le vestibule, le long du couloir et dans le salon. Sous la lumière crue du plafond, Kate vit la première tache de sang sur le parquet. Puis une autre et encore une autre.

Palmetto les amena devant le divan et leur montra du doigt les taches de sang comme s’il parlait de la pluie et du beau temps.

« Les corps se trouvaient ici, un sur le divan et l’autre au sol. Apparemment, la mère a été tuée en premier, la gorge tranchée, bien qu’un autre coup de couteau semble avoir fini très près du cœur, mais asséné dans le dos. On pense qu’il y a eu une lutte avec le père. Il avait des bleus sur les avant-bras, un peu de sang lui sortait de la bouche et la table de salon était un peu de travers. »

« Est-ce qu’on sait combien de temps s’est passé entre les meurtres et le moment où la fille a découvert les corps ? » demanda Kate.

« Pas plus d’un jour, » répondit Palmetto. « Et probablement plutôt entre douze et seize heures. Je suis sûr que le médecin légiste pourra vous en dire un peu plus aujourd’hui. »

« Est-ce que vous avez trouvé quoi que ce soit d’intéressant ? » demanda DeMarco.

« Oui, c’est un élément de preuve… juste une seule. » Il mit la main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit un petit sachet. « J’ai gardé ça. J’ai reçu l’autorisation, alors ne vous tracassez pas. J’ai pensé que vous voudriez l’avoir pour la faire analyser. C’est le seul indice qu’on a trouvé, mais c’est plutôt troublant. »

Il donna le petit sachet en plastique à Kate. Elle le prit et regarda ce qu’il contenait. À première vue, c’était un simple morceau de tissu, de quinze centimètres sur huit. C’était un morceau de tissu épais, bleu, avec une texture duveteuse. Tout le côté droit était taché de sang.

« Où est-ce que ça a été retrouvé ? » demanda Kate.

« Fourré dans la bouche de la mère. Il était vraiment enfoncé loin, presque dans sa gorge. »

Kate le regarda à la lumière. « Vous savez de quoi ça vient ? » demanda-t-elle.

« Aucune idée. On dirait juste un bête morceau de tissu. »

Mais Kate n’en était pas aussi certaine. En fait, son intuition de mamy lui disait que ce n’était pas un simple morceau de tissu. Non… c’était doux, c’était bleu clair et assez duveteux.

Ça venait d’une couverture. Peut-être d’un doudou pour bébé.

« Vous avez d’autres indices ou éléments de preuves à nous donner ? » demanda DeMarco.

« Non, c’est tout ce que j’ai, » dit Palmetto, en se dirigeant vers la porte d’entrée. « Les filles, si vous avez besoin d’aide à partir de maintenant, n’hésitez pas à appeler la police d’état. »

Kate et DeMarco échangèrent un regard agacé quand il eut le dos tourné. Sans avoir besoin de se le dire, elles n’avaient pas du tout apprécié la manière dont il venait de leur parler.

« Eh bien, c’était bref, » dit DeMarco, au moment où Palmetto leur faisait un signe de la main depuis la porte d’entrée.

« Ce n’est pas plus mal, » dit Kate. « Comme ça, on pourra se faire notre propre opinion, sans être influencées par ce que d’autres ont trouvé. »

« Tu penses que la prochaine étape, ce serait de parler avec la fille ? »

« Probablement. Et puis, il faudra qu’on aille visiter la première scène de crime et voir si on peut y trouver quoi que ce soit. Peut-être qu’on aura la chance de trouver quelqu’un qui soit plus sociable que notre ami Palmetto. »

Elles ressortirent de la maison en fermant les lampes. Quand elles se retrouvèrent à l’extérieur, le soleil avait fini par percer et apparaître à l’horizon. Kate mit en poche le morceau de tissu qu’elle pensait être un bout de couverture pour enfant et elle ne put s’empêcher d’imaginer sa petite-fille dormir sous ce genre de doudou.

Et bien que le soleil soit maintenant levé, elle ne put s’empêcher de frissonner.




CHAPITRE QUATRE


Elles se contentèrent d’un petit déjeuner dans un fastfood à Roanoke. Et pendant qu’elles attendaient leur tour pour être servies, DeMarco passa quelques coups de fil pour organiser une rencontre avec Olivia Nash, la fille du couple le plus récemment assassiné. Elle était actuellement chez sa tante à Roanoke et selon les dires de sa tante, elle était complètement dévastée.

Après avoir obtenu l’adresse et l’approbation de la tante, elles prirent la route pour la rencontrer. Il était à peine sept heures du matin mais cette heure matinale n’était pas un souci car, selon la tante, Olivia avait refusé d’aller dormir depuis qu’elle avait découvert le corps de ses parents.

Quand Kate et DeMarco arrivèrent à la maison, la tante était assise sur le porche. Cami Nash se mit debout quand Kate sortit de voiture mais elle ne fit aucun mouvement pour venir à leur rencontre. Elle avait une tasse de café en main. En voyant l’air fatigué de son visage, Kate pensa que ce n’était probablement pas la première qu’elle prenait aujourd’hui.

« Cami Nash ? » demanda Kate.

« Oui, c’est moi, » dit-elle.

« Je voudrais avant toute chose vous exprimer mes plus profondes condoléances, » dit Kate. « Est-ce que vous étiez proche de votre frère ? »

« Assez proche, oui. Mais pour l’instant, je dois passer au-dessus. Je ne peux pas… être triste car Olivia a besoin de quelqu’un auprès d’elle. Ce n’est pas la même personne avec laquelle j’ai parlé au téléphone la semaine dernière. Quelque chose en elle s’est brisé. Je ne peux même pas imaginer… ce que ça doit faire de les trouver dans cet état et… »

Elle s’arrêta de parler et but rapidement une gorgée de son café pour éviter de se mettre à pleurer.

« Elle va pouvoir nous parler ? » demanda DeMarco.

« Peut-être juste pendant un moment. Je lui ai dit que vous alliez venir et elle a eu l’air de comprendre ce que je lui disais. C’est la raison pour laquelle je suis venue à votre rencontre avant d’entrer. Il faut que vous sachiez que c’est une jeune femme tout à fait normale et équilibrée. Mais dans l’état où elle se trouve maintenant, je ne voulais pas que vous pensiez qu’elle avait des problèmes psychiques ou quelque chose dans le genre. »

« Merci de nous avoir prévenues, » dit Kate. Elle avait déjà vu des personnes totalement dévastées dans le passé et ce n’était jamais agréable à voir. Elle ne put s’empêcher de se demander si DeMarco avait de l’expérience avec ce genre de situation.

Cami les guida jusque dans la maison. Un silence de plomb régnait à l’intérieur, le seul bruit venait de l’air conditionné. Kate remarqua que Cami marchait silencieusement, en faisant attention de ne pas faire trop de bruit. Kate fit de même, en se demandant si Cami espérait que le silence aiderait Olivia à finalement s’endormir ou si elle essayait tout simplement de ne pas effrayer sa nièce déjà si affectée par les événements récents.

Elles entrèrent dans le salon, où une jeune femme était à moitié affalée dans le divan. Son visage était rouge et ses yeux légèrement gonflés par les larmes. Elle avait l’air de ne pas avoir dormi depuis une semaine. Quand elle vit Kate et DeMarco entrer, elle se redressa légèrement.

« Bonjour, mademoiselle Nash, » dit Kate. « Nous vous remercions d’avoir accepté de nous rencontrer. Nous vous présentons toutes nos condoléances. »

« Appelez-moi Olivia, s’il vous plaît. » Sa voix était rauque et lasse – presque aussi épuisée que son regard.

« Nous ferons aussi vite que possible, » dit Kate. « D’après ce que nous savons, vous veniez de rentrer de l’université. Est-ce que vous savez si vos parents avaient prévu de voir qui que ce soit d’autre ce jour-là ? »

« Si c’était le cas, je n’étais pas au courant. »

« Excusez-moi de vous poser cette question, mais est-ce que vos parents avaient des problèmes de longue date avec qui que ce soit ? Des gens qu’ils auraient pu considérer comme des ennemis ? »

Olivia secoua la tête d’un air résolu. « Papa avait déjà été marié avant… avant qu’il ne rencontre maman. Mais même avec son ex-femme, il s’entendait bien. »

Olivia se mit à pleurer silencieusement. Une série de larmes coulèrent sur ses joues et elle ne prit pas la peine de les essuyer.

« Je voudrais vous montrer quelque chose, » dit Kate. « Je ne sais pas si ça a une quelconque signification pour vous. Mais si c’est le cas, cela pourrait vous émouvoir. Est-ce que vous voulez bien y jeter un coup d’œil et nous dire si ça vous dit quelque chose ? »

Olivia eut l’air inquiète, même un peu effrayée. Kate comprenait tout à fait ce qu’elle pouvait ressentir et elle eut presque envie de ne pas lui montrer le petit morceau de tissu que Palmetto leur avait donné – le tissu que Kate croyait venir d’une couverture ou d’un doudou. Un peu à contre-cœur, elle le sortit de sa poche.

Elle sut tout de suite que le tissu ne disait absolument rien à Olivia. Son visage prit immédiatement un air soulagé et elle fut surprise lorsqu’elle regarda le sachet en plastique et ce qu’il contenait.

Olivia secoua la tête, tout en continuant à regarder le sachet en plastique transparent. « Non. Ça ne me dit rien. Pourquoi ? »

« On ne peut pas révéler ce genre d’informations pour l’instant, » dit Kate. Pour dire vrai, il n’y avait rien d’illégal à le lui dire, en tant que famille proche… mais Kate ne voyait pas l’intérêt de traumatiser encore davantage Olivia Nash.

« Est-ce que vous avez une idée de qui aurait bien pu faire ça ? » demanda Olivia. Elle avait l’air complètement perdue, comme si elle ne savait plus où elle était… ou même qui elle était. Kate ne se rappelait pas quand datait la dernière fois où elle avait vu quelqu’un d’aussi détaché de tout ce qui l’entourait.

« Pas encore, » dit-elle. « Mais on vous tiendra informée. Et s’il vous plaît, » dit-elle, en regardant Olivia, puis Cami, « contactez-nous si vous vous souvenez de quoi que ce soit qui pourrait être utile. »

À ces mots, DeMarco sortit une carte de visite de la poche intérieure de sa veste et la tendit à Cami.

Peut-être que c’était dû à l’année qu’elle avait passée à la retraite ou au sentiment de culpabilité d’avoir dû abandonner son rôle de mamy hier soir, mais Kate se sentit vraiment mal quand elle quitta la pièce, en laissant Olivia Nash à sa profonde tristesse. Au moment où elle sortit avec DeMarco de la maison, elle entendit la jeune femme gémir de douleur.

Kate et DeMarco échangèrent un regard gêné, en se dirigeant vers leur voiture. À l’intérieur de sa poche, Kate sentit la présence du morceau de tissu qui eut soudain l’air beaucoup plus pesant.




CHAPITRE CINQ


Au moment où elles quittèrent la petite ville de Whip Springs en direction de Roanoke, DeMarco utilisa son iPad pour consulter les dossiers concernant les premiers meurtres. Les détails étaient très similaires à ceux des Nash ; un couple avait été assassiné chez eux de manière particulièrement sanglante. Les résultats préliminaires ne pointaient vers aucun suspect en particulier et il n’y avait aucun témoin.

« Est-ce qu’on a retrouvé quoi que ce soit dans bouche ou la gorge de l’une des deux victimes ? » demanda Kate.

DeMarco repassa les dossiers en revue et secoua la tête. « Pas d’après ce que je vois. Je pense que c’est peut-être un – attends, non, là, j’ai l’info. C’est dans le rapport du médecin légiste. Le tissu n’a été découvert qu’hier – un jour et demi après que les corps aient été retrouvés. Mais oui… le rapport dit qu’il y avait un petit morceau de tissu dans la gorge de la mère. »

« Est-ce qu’il y a une description ? »

« Non. Je vais appeler le médecin légiste pour voir s’il peut m’en envoyer une photo. »

DeMarco ne perdit pas une seconde et passa tout de suite le coup de fil. Pendant qu’elle était au téléphone, Kate essaya de penser à ce qui pourrait bien relier deux couples apparemment pris au hasard, sur base de ce qui avait été retrouvé dans la gorge des femmes. Bien que Kate n’ait pas encore vu le morceau de tissu découvert dans la gorge de la première victime, elle s’attendait à ce qu’il soit similaire à celui qui avait été retrouvé dans la gorge de madame Nash.

DeMarco raccrocha trois minutes plus tard. Quelques secondes après, elle reçut un message. Elle regarda l’écran de son téléphone et dit : « C’est le même genre de tissu. »

Elles roulaient maintenant dans la ville de Roanoke et en s’approchant d’un feu rouge, Kate regarda le téléphone que DeMarco lui tendait. Comme Kate s’y attendait, le tissu était duveteux et bleu – il ressemblait exactement à celui retrouvé dans la gorge de madame Nash.

« On a beaucoup d’éléments concernant les deux scènes de crime, non ? » demanda Kate.

« Oui, de fait, » dit-elle. « Sur base des rapports et dossiers de l’enquête que nous avons pour l’instant, il se pourrait qu’il nous manque quelques éléments, mais je pense qu’on a déjà pas mal d’infos sur lesquelles travailler. » Elle s’interrompit au moment où l’appli GPS de son iPad sonna. « Tourne à gauche au prochain feu rouge, » dit DeMarco. « La maison se trouve cinq cents mètres plus loin dans cette rue. »

Alors qu’elles s’approchaient de la première scène de crime, Kate réfléchit aux infos dont elles disposaient.

Deux couples mariés, assassinés de manière brutale. Un bout de tissu retrouvé dans la gorge des femmes…

Il y avait plusieurs pistes à explorer avec les indices dont elles disposaient. Mais avant que Kate ne puisse y réfléchir plus longtemps, DeMarco recommença à parler.

« C’est ici, » dit-elle, en montrant du doigt une petite maison en briques sur la droite.

Kate se gara le long du trottoir. La maison se trouvait dans une petite rue étroite, le genre de rue qui reliait deux routes principales. C’était une rue tranquille avec quelques autres petites maisons. La rue avait un côté ancien et historique avec ses trottoirs usés et fissurés et ses maisons dans un état similaire.

Sur la boîte aux lettres, elle put lire le nom LANGLEY, inscrit en lettres blanches délavées. Kate vit également un L décoratif en bois, pendu à la porte d’entrée. Il ressortait contre le ruban jaune vif qui pendait des balustrades du porche et qui délimitait la scène de crime.

Au moment où Kate et DeMarco se dirigeaient vers la porte d’entrée, DeMarco répéta les informations sur la famille Langley qu’elle avait lues dans les rapports.

« Scott et Bethany Langley – Scott avait cinquante-neuf ans et Bethany soixante et un. Scott a été retrouvé mort dans la cuisine et Bethany était dans la buanderie. Ils ont été retrouvés par un garçon de quinze ans qui prenait des cours privés de guitare avec Scott. Tout indique que cela ne faisait que quelques heures qu’ils avaient été assassinés quand leurs corps ont été découverts. »

Quand ils entrèrent dans la maison des Langley, Kate resta un moment immobile dans l’embrasure de la porte pour observer la disposition des lieux. C’était une petite maison mais bien entretenue. La porte d’entrée s’ouvrait sur un très petit vestibule qui donnait sur le salon. Un bar séparait la cuisine du salon. Un couloir s’ouvrait sur la droite, menant au reste de la maison.

D’après la disposition de la maison, Kate supposa que le mari avait probablement été assassiné en premier. Mais de la porte d’entrée, la vue était assez dégagée jusque dans la cuisine. Scott Langley devait probablement être assez occupé pour ne pas remarquer que quelqu’un était entré.

Peut-être que l’assassin est entré par un autre moyen, pensa Kate.

Elles entrèrent dans la cuisine, où des taches de sang étaient encore bien visibles sur le plancher stratifié. Une poêle et de l’huile d’olive se trouvaient à côté de la cuisinière.

Il était sur le point de cuisiner quelque chose, pensa Kate. Ils ont peut-être été assassinés vers l’heure du déjeuner.

DeMarco se dirigea vers le couloir et Kate la suivit. Il y avait une petite pièce immédiatement sur la gauche et par la porte, elle vit une buanderie assez encombrée. Ici, les taches de sang étaient bien pires. Il y avait des éclaboussures sur le lave-linge, le séchoir, les murs, le sol et sur une pile de vêtements propres soigneusement pliés posée sur un panier.

Vu que les corps avaient déjà été retirés, la maison des Langley leur apprendrait probablement peu de choses. Mais il y avait encore quelque chose que Kate voulait vérifier. Elle retourna dans le salon et regarda les photos accrochées aux murs et posées sur les armoires. Elle vit les Langley souriants et heureux. Sur une photo, elle vit également un couple plus âgé qui posait avec les Langley au bout d’un embarcadère sur une plage.

« Est-ce qu’on a plus d’informations sur la vie de famille des Langley ? » demanda Kate.

DeMarco, qui tenait toujours son iPad en main, fit défiler les informations dont elles disposaient et commença à lire. En l’écoutant, Kate se rendit compte que l’intuition qu’elle avait depuis quelques minutes pourrait bien se confirmer.

« Ils étaient mariés depuis vingt-cinq ans. Bethany Langley avait une sœur qui est morte dans un accident de voiture il y a douze ans et ils n’avaient plus aucune famille vivante. Le père de Scott Langley est mort récemment, il y a six mois, d’une forme agressive de cancer de la prostate. »

« Des enfants ? »

« Non. Pas d’enfants. » DeMarco fit une pause et eut l’air de comprendre où Kate voulait en venir. « Tu penses au bout de tissu, c’est ça ? Que ça ressemble à un bout de couverture pour enfants. »

« Oui, c’est à ça que je pensais. Mais si les Langley n’avaient pas d’enfants, je ne pense pas qu’on puisse trouver là une sorte de lien. »

« Je ne pense pas avoir jamais vu un quelconque lien manifeste dans aucune affaire, » dit DeMarco, avec un petit rire.

« C’est vrai, » dit Kate, mais elle avait l’impression qu’il devait y en avoir un ici. Même avec le fait que les victimes semblent n’avoir aucune connexion entre elles, il y avait certains éléments qu’elles avaient en commun.

Les deux couples étaient tous les deux dans la cinquantaine, début de la soixantaine. Ils étaient tous les deux mariés. La femme avait à chaque fois un bout de tissu, qui ressemblait à un morceau de couverture, enfoncé dans la gorge.

Alors oui… il y avait des similitudes mais qui ne menaient à aucun lien manifeste. Pas encore, en tout cas.

« Agent DeMarco, tu penses que tu pourrais passer un coup de fil pour qu’on nous prépare un petit espace de travail au commissariat local ? »

« C’est déjà fait, » dit-elle. « Je pense que Duran l’avait de toute façon organisé avant qu’on n’arrive. »

Il pense vraiment bien me connaître, pensa Kate, un peu agacée. Mais d’un autre côté, c’était vrai. Il la connaissait assez bien.

Kate regarda à nouveau autour d’elle, observant les photos et les taches de sang. Elle allait devoir creuser un peu plus sur chaque couple si elle voulait trouver quelque chose. Et elle allait avoir besoin des résultats d’analyse des morceaux de tissu. Vu les similitudes entre les deux scènes, elle se dit qu’avec un peu de recherche, elle pourrait y découvrir des liens ou des indices.

Elles retournèrent à la voiture et Kate se rappela à nouveau que cette journée avait commencé de manière très matinale. Quand elle vit qu’il était à peine dix heures du matin, elle se sentit revigorée. Elles avaient encore toute la journée devant elles. Et peut-être qu’avec un peu de chance, elles pourraient élucider cette affaire assez rapidement et rentrer à Richmond à la fin du weekend pour revoir Michelle – enfin, si Mélissa le lui permettait.

Tu vois, dit une petite voix en son for intérieur, au moment où elle s’asseyait derrière le volant. Même en plein milieu de meurtres sanglants, tu penses à ta petite-fille – à ta famille. Tu ne penses pas que ça en dit long à ton sujet ?

Elle supposa que oui. Mais alors qu’elle entamait le dernier quart de sa vie, il lui était toujours très difficile d’admettre qu’il y avait autre chose dans la vie que son boulot. Et c’était particulièrement difficile quand elle était sur la piste d’un tueur et qu’elle savait qu’il pouvait frapper à nouveau à tout moment.




CHAPITRE SIX


Une petite salle de conférence au fond du commissariat de Roanoke avait été aménagée pour Kate et DeMarco. Quand elles arrivèrent, la petite femme corpulente qui était assise à l’entrée les y conduisit à travers le bâtiment. Au moment où elles s’y installèrent et commencèrent à organiser un poste de travail improvisé, on frappa à la porte.

« Entrez, » dit Kate.

Quand la porte s’ouvrit, elles virent un visage familier – Palmetto de la police d’état de Virginie, l’homme un peu ronchon qui les avait attendues devant la maison des Nash ce matin.

« Je vous ai vues venir par ici, au moment où je signais mes rapports, » dit Palmetto. « Je suis sur le point de repartir pour Chesterfield. Je serai en route d’ici quelques heures. Je voulais juste savoir s’il y avait quoi que ce soit d’autre que je pouvais faire pour vous aider. »

« Rien de spécial en soi, » dit Kate. « Est-ce que vous saviez qu’un autre bout de tissu avait été retrouvé dans la gorge de Bethany Langley ? »

« Je l’ai appris il y a une demi-heure. Apparemment, l’une d’entre vous a appelé le labo pour avoir une photo. »

« Oui, » dit DeMarco. « Et on dirait que c’est le même type de tissu que celui que vous nous avez donné. »

À la mention du morceau de tissu, Kate posa sur la table le sachet en plastique que Palmetto lui avait donné. « Pour l’instant, c’est le seul lien concret entre les deux meurtres. »

« Et la police scientifique n’a rien trouvé sur celui-ci, » dit Palmetto. « À part l’ADN de madame Nash. »

« Le rapport d’analyse sur le tissu retrouvé chez les Langley ne donne aucune piste non plus, d’après ce que j’ai pu en lire, » dit DeMarco.

« Ça vaut quand même peut-être la peine d’aller jusqu’au labo, » dit Kate.

« Bonne chance avec ça, » dit Palmetto. « Quand j’ai parlé avec eux au sujet du tissu retrouvé chez les Nash, ils n’avaient aucune idée. »

« Est-ce que vous étiez déjà impliqué au moment de l’assassinat des Langley ? » demanda Kate.

« Non. On m’a mis sur l’affaire juste après que ce soit arrivé. J’ai vu les corps et j’ai inspecté les lieux, mais il n’y avait rien. Mais quand vous parlerez à la police scientifique, demandez-leur s’ils ont des informations sur le cheveu retrouvé sur la pile de vêtements propres. Il n’avait pas l’air d’appartenir à madame Langley et il devait être analysé. »

« Avant que vous ne partiez, » dit Kate, « est-ce que vous avez une quelconque hypothèse ? »

« Non, je n’en ai pas, » dit Palmetto, sur un ton sec. « D’après les informations que j’ai pu trouver, il ne semble y avoir aucun lien entre les Nash et les Langley. Mais le bout de tissu dans la gorge… quelque chose d’aussi personnel et explicite pour le tueur doit les relier entre eux d’une manière ou d’une autre, non ? »

« C’est aussi ce que je pense, » dit Kate.

Palmetto donna un léger coup à la porte, avant de se mettre à sourire pour la première fois. « Je suis sûr que vous trouverez. J’ai entendu parler de vous, vous savez ? Et je ne suis pas le seul, à la police d’état. »

« Je suis sûre, » dit-elle, avec un léger sourire.

« Que des bonnes choses. Puis, vous avez interrompu votre retraite pour arrêter un assassin il y a quelques mois, c’est bien ça ? »

« Quelque chose dans le genre. »

En voyant que Kate restait plutôt insensible à ses compliments, Palmetto haussa les épaules. « N’hésitez pas à appeler la police d’état si vous avez besoin de quoi que ce soit, agent Wise. »

« Je n’y manquerai pas, » dit Kate, au moment où Palmetto prit congé.

Quand Palmetto eut refermé la porte derrière lui, DeMarco secoua la tête d’un air amusé. « Tu n’es jamais fatiguée d’entendre autant de compliments ? »

« En fait, si, » dit Kate, sur un ton qui ne se voulait pas grossier. Bien que ce soit réconfortant qu’on lui rappelle tout ce qu’elle avait fait au cours de sa carrière, elle savait au fond d’elle qu’elle avait juste fait son boulot. Peut-être qu’elle l’avait fait avec un peu plus de passion que d’autres, mais ce n’était que ça – un boulot bien fait… un boulot qu’elle ne parvenait pas à laisser derrière elle.

Quelques minutes plus tard, et avec l’aide du personnel du commissariat, Kate et DeMarco avaient obtenu l’accès à la base de données de la police. Ensemble, elles firent des recherches sur le passé des Nash et des Langley. Aucune des familles n’avait un casier. En fait, plus elles obtenaient d’informations, plus il leur semblait difficile d’imaginer que quelqu’un aurait pu leur en vouloir pour quoi que ce soit. Les Langley avaient été famille d’accueil pendant quelques années et leurs antécédents avaient été vérifiés de manière rigoureuse à plusieurs reprises au cours de leurs vies. Les Nash étaient très impliqués dans la vie de leur église et ils avaient participé à plusieurs missions humanitaires au cours des vingt dernières années, principalement au Népal et au Honduras.

Après un instant, Kate abandonna et se mit debout. Elle utilisa le tableau de la salle de conférence pour y prendre des notes, en espérant qu’en visualisant ce qu’elles savaient pour l’instant, cela l’aiderait à se concentrer. Mais il n’y avait rien. Aucun lien, aucun indice, aucune piste à approfondir.

« Toi aussi, hein ? » dit DeMarco. « Rien ? »

« Pas pour l’instant. Je pense qu’il vaudrait mieux qu’on s’arrête sur ce qu’on sait déjà, plutôt qu’essayer de trouver quelque chose de neuf. Il faut qu’on s’intéresse aux tissus. Bien que les analyses n’aient rien trouvé, peut-être que le tissu en lui-même peut nous apprendre quelque chose. »

« Je ne suis pas sûre de te suivre, » dit DeMarco.

« Ce n’est pas grave, » dit Kate. « Moi-même, je ne suis pas sûre non plus. Mais je pense qu’on saura quand on le verra. »



***



Kate ressentit les premiers signes de fatigue au moment où elles sortirent du commissariat de police pour se rendre au laboratoire. C’était une manière brutale de se rappeler qu’elle n’avait pas dormi au cours des vingt-sept dernières heures et que sa journée de travail avait commencé à une heure très matinale. Vingt ans plus tôt, ça ne l’aurait pas dérangée. Mais maintenant qu’elle allait avoir cinquante-six ans, les choses étaient différentes.

Le laboratoire ne se trouvait qu’à cinq minutes de route. Il était situé à proximité du quartier formé par le commissariat, le palais de justice et la prison. Après avoir montré leurs badges, elles furent escortées jusqu’à la zone centrale du laboratoire. On leur demanda d’attendre dans un petit hall, le temps qu’on appelle le technicien qui était responsable de l’analyse des tissus.

« Est-ce que tu penses qu’il est possible que le tissu soit une sorte de carte de visite pour le tueur ? » demanda DeMarco.

« Ça se pourrait. Peut-être que ça n’a rien à voir avec les raisons de tuer. Peut-être que ça signifie tout simplement quelque chose pour le tueur. Dans tous les cas, pour l’instant, ces bouts de tissu – qui viennent probablement d’une couverture – sont notre seul lien avec lui. »

Kate se rappela une affaire plutôt horrible sur laquelle elle avait travaillé au début des années quatre-vingt-dix. Un homme avait tué cinq femmes – toutes des anciennes petites amies. Avant de les étrangler, il les avait forcées à avaler un préservatif. Pour finir, il n’y avait aucune véritable raison de les forcer à faire ça, à part son aversion pour les préservatifs durant l’acte sexuel. Kate ne put s’empêcher de se demander si ces morceaux de tissu finiraient par être tout aussi insignifiants dans le cas de l’affaire qui les occupait.

L’attente ne fut pas trop longue ; un homme âgé et de grande taille passa par la porte qui se trouvait juste en face d’elles. « Vous êtes du FBI ? » demanda-t-il.

« Oui, » dit Kate, en montrant son badge. DeMarco fit de même et l’homme les regarda attentivement.

« Enchanté de vous rencontrer, agents, » dit-il. « Je suis Will Reed et c’est moi qui ai fait les analyses sur les bouts de tissu. J’imagine que c’est la raison de votre visite ? Agent DeMarco, je pense que c’est à vous que j’ai envoyé une photo tout à l’heure, non ? »

« Oui, c’est ça, » dit DeMarco. « On espérait que vous pourriez peut-être nous donner plus d’informations concernant ces bouts de tissu. »

« Eh bien, je serai plus qu’enchanté de vous aider, mais concernant ces deux bouts de tissu, j’ai bien peur de ne pas avoir grand-chose à vous dire. L’assassin s’est non seulement donné beaucoup de mal pour enfoncer le tissu dans la gorge de ses victimes, mais il a également fait très attention de n’y laisser aucune trace de lui. »

« Oui, c’est ce qu’on nous a dit, » dit Kate. « Mais en l’absence de traces physiques du tueur, je me demandais s’il y avait quoi que ce soit que vous pourriez nous dire concernant le tissu en lui-même ? »

« Oh, » dit Reed. « Là-dessus, je peux vous aider. »

« Je pense que les deux bouts de tissu viennent d’un même objet, » dit Kate. « Probablement d’une couverture. »

« Je pense que c’est tout à fait possible, » dit Reed. « Je n’en étais pas trop sûr jusqu’à ce que je voie le deuxième morceau. Mais ils sont assez identiques – couleur, texture, etc. »

« Est-ce qu’il y a un moyen de savoir s’il s’agit d’une vieille couverture ? » demanda Kate.

« J’ai bien peur que non. Mais en revanche, ce que je peux vous dire, c’est en quelle matière elle a été fabriquée. Et ça m’a marqué car, à ma connaissance, c’est une combinaison inhabituelle de tissus pour une couverture traditionnelle au sens propre du terme. La matière la plus importante du bout de tissu est de la laine, ce qui est bien sûr tout à fait courant. Mais la deuxième matière est du coton de bambou. »

« Est-ce que c’est vraiment si différent que ça du coton normal ? » demanda Kate.

« Je ne sais pas, » dit-il. « Mais on reçoit beaucoup de tissus et de vêtements à analyser ici. Et je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où j’ai été confronté à du coton de bambou. Ce n’est pas une matière très rare mais c’est juste que ce n’est pas aussi courant que le coton normal. »

« En d’autres mots, » dit DeMarco, « ça ne devrait pas être trop difficile d’identifier les entreprises qui utilisent ce type de matière ? »

« Ça, je n’en sais rien, » dit Reed. « Mais ça vous intéressera peut-être de savoir que le coton de bambou est présent dans la majorité des couvertures les plus duveteuses. C’est une matière assez respirante. Vous devriez probablement chercher du côté de couvertures d’un certain prix. Il y a d’ailleurs un entrepôt en bordure de ville qui fabrique des trucs dans le genre. Des couvertures, des draps, ce genre de choses. »

« Vous en connaissez le nom ? » demanda DeMarco.

« Biltmore Threads. C’est une petite entreprise qui a failli faire faillite quand tout le monde a commencé à acheter en ligne. »

« Est-ce qu’il y a quoi que ce soit d’autre que vous aimeriez nous dire ? » demanda Kate.

« Oui, mais c’est un peu macabre. Dans le cas de la femme Nash, le tissu a été enfoncé tellement loin dans sa gorge qu’elle a failli vomir, alors qu’elle était sur le point de mourir. J’ai retrouvé de l’acide gastrique sur le tissu. »

Kate pensa à la force et aux efforts qu’il fallait déployer pour faire une telle chose… comment le tueur avait dû enfoncer sa propre main dans la bouche de la victime.

« Merci pour le temps que vous nous avez consacré, monsieur Reed. » dit Kate.

« Avec plaisir. J’espère juste ne pas revoir de sitôt un troisième morceau de cette même couverture. »




CHAPITRE SEPT


Bizarrement, le trajet pour se rendre à l’entrepôt de Biltmore Threads les mena sur la même route qu’elles avaient prise pour entrer dans Whip Springs à quatre heures ce matin. L’usine et l’entrepôt étaient situés sur une route secondaire à deux bandes qui menait à la route principale. Les bâtiments se trouvaient à une certaine distance et étaient entourés d’un gazon séché, dans les mêmes bois où se trouvait la maison des Nash.

À en juger par son parking, Biltmore Threads n’avait pas l’air d’aller aussi mal que Will Reed avait semblé le suggérer. L’endroit devait employer environ une cinquantaine de personnes à cette heure-ci de la journée. Avec une telle usine, Kate supposa que le travail devait être organisé par roulements et qu’il y avait probablement cinquante autres personnes qui viendraient plus tard pour l’horaire de nuit.

Elles entrèrent dans le bâtiment et se retrouvèrent dans un hall d’entrée un peu minable. La femme assise derrière le guichet leva les yeux vers elles avec un air surpris. Manifestement, ils ne recevaient pas souvent de la visite.

« Est-ce que je peux vous aider ? » demanda-t-elle.

DeMarco fit les présentations et après qu’elles eurent montré leur badge, la femme les pria d’entrer par la porte qui se trouvait à l’autre bout du hall d’entrée. Elle les retrouva de l’autre côté et les guida le long d’un petit couloir. Au bout du couloir, elle ouvrit une double porte qui menait à la zone de production de Biltmore Threads. Plusieurs machines à tisser et d’autres équipements que Kate n’avait jamais vus, vrombissaient. De l’autre côté du vaste lieu de travail, un chariot élévateur compact emportait une palette de tissus ailleurs dans l’entrepôt.

La femme les guida sur le côté de la zone de production, avant de s’arrêter devant une autre porte par laquelle elle les fit entrer. De l’autre côté, il y avait un étroit couloir menant à cinq pièces. La femme s’arrêta devant la première porte et frappa.

« Oui ? » dit la voix d’un homme, depuis l’intérieur de la pièce.

« Nous avons de la visite, » dit la femme, avant d’ouvrir la porte. « Deux agents du FBI. »

Il y eut un instant de pause, avant que la porte ne s’ouvre. Un homme aux cheveux foncés et portant d’épaisses lunettes, apparut. Il les regarda de haut en bas, sans montrer aucune nervosité mais plutôt par curiosité.

« Le FBI ? » demanda-t-il. « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Est-ce que vous auriez une minute à nous consacrer ? » demanda Kate.

« Bien sûr, » dit-il, en faisant un pas de côté pour les laisser entrer dans son bureau.

Il n’y avait qu’un seul siège dans la pièce, en-dehors de celui qui se trouvait derrière son bureau. Ni Kate, ni DeMarco ne s’y assirent. L’homme aux cheveux sombres ne s’assit pas non plus, choisissant plutôt de rester debout avec elles.

« J’imagine que vous êtes le responsable ? » demanda Kate.

« Je suis directeur régional et responsable du travail de jour, oui, » dit-il. Il tendit rapidement la main, comme s’il était gêné de ne pas l’avoir fait plus tôt. « Ray Garraty. »

Kate lui serra la main, avant de lui montrer son badge. Puis elle sortit de sa poche le morceau de tissu retrouvé dans la bouche de madame Nash.

« C’est un morceau de tissu qui a été retrouvé sur une scène de crime récente, » dit-elle. « Et nous pensons que ça pourrait être un élément clé pour retrouver l’assassin. Les analyses ont montré qu’il contenait du coton de bambou et j’ai cru comprendre que Biltmore Threads utilisait cette matière de manière assez régulière. »

« Oui, en effet, » dit Garraty. Il tendit la main vers le sachet, avant de demander en hésitant : « Est-ce que je peux le voir de plus près ? »

Kate acquiesça d’un hochement de tête et le lui tendit. Garraty l’examina attentivement avant de hocher la tête. « Je ne peux pas vous l’assurer à cent pourcents, mais oui, on dirait bien qu’il contient du coton de bambou. Est-ce que vous savez d’où provient le morceau de tissu ? »

« Je pensais à une couverture, » dit Kate.

« On dirait bien, » dit Garraty. « Bien que je n’en sois pas totalement sûr, il est possible que ce soit un tissu qui ait été conçu et fabriqué ici. »

« Ici, à Biltmore Threads ? » demanda Kate.

« Peut-être bien. »

Garraty rendit le sachet en plastique à Kate, puis se dirigea vers une vieille armoire de classement qui se trouvait dans un coin au fond de son bureau. Il ouvrit le tiroir du bas et chercha pendant un moment avant d’en sortir deux registres. Ils étaient tous les deux de grande taille et quand il se mit à en tourner les pages, Kate vit qu’il s’agissait de catalogues d’inventaire.

« La couleur et le design me semblent familier, » dit Garraty, en continuant à tourner les pages. « Si ce tissu a été fabriqué ici, il doit se trouver dans un de ces catalogues. »

C’était une pensée plutôt encourageante, mais Kate n’était pas certaine de savoir ce que ça signifierait pour elles. Si la couverture en question avait été fabriquée à Biltmore Threads, est-ce que ça leur ouvrirait vraiment de nouvelles pistes ? Il y avait de nombreuses autres questions auxquelles trouver une réponse avant d’en arriver à une telle conclusion.

« Là, » dit Garraty. Il tourna le catalogue vers elles et montra du doigt l’une des nombreuses couvertures répertoriées sur une page aux trois-quarts du registre. « Est-ce que vous ne trouvez pas que ça y ressemble ? »

Kate et DeMarco examinèrent la page en question. Les yeux de Kate passaient de l’image au bout de tissu, afin de s’assurer que ce ne soit pas son imagination qui y voie une quelconque similitude. Mais après quelques secondes, ce fut DeMarco qui répondit.

« Le tissu dont on dispose est un peu défraîchi mais c’est le même. Même ce petit motif quadrillé blanc un peu délavé. »

« Eh bien, c’est vrai qu’il est défraîchi mais c’est parce que c’est un article qui date, » dit Garraty. Il montra du doigt une phrase dans la description. « Ici, il est dit qu’on a commencé à produire cet article en 1991 et qu’il a été éliminé de la production en 2004. »





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Un chef-d’œuvre de thriller et de mystère. Blake Pierce est parvenu à créer des caractères avec un côté psychologique tellement bien décrit, que nous avons l’impression de pouvoir entrer dans leur esprit, suivre leurs peurs et nous réjouir de leurs succès. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie) SI ELLE VOYAIT (Un mystère Kate Wise) est le volume 2 d’une nouvelle série thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur à succès de Une fois partie (volume 1) (téléchargement gratuit), un bestseller nº1 ayant reçu plus de 1 000 critiques à cinq étoiles. Quand un couple est retrouvé assassiné et qu’il n’y a aucun suspect en vue, Kate Wise, 55 ans, ancien agent du FBI avec 30 ans de carrière derrière elle, reprend du service au sein du Bureau et est appelée à quitter la retraite et sa vie tranquille de banlieue pour apporter son aide à l’enquête. L’intelligence et le talent incomparable de Kate à entrer dans l’esprit des tueurs en série sont indispensables à l’enquête et le FBI a besoin d’elle pour élucider cette affaire déconcertante. Pourquoi deux couples ont-ils été assassinés de la même manière à 80 kilomètres de distance ? Qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir en commun ?Kate se rend compte qu’il est urgent de trouver rapidement une réponse à cette question car elle est certaine que l’assassin est sur le point de frapper à nouveau. Mais dans ce jeu mortel du chat et de la souris, il se pourrait que Kate, dans son effort de sonder le cheminement obscur et l’esprit tordu du tueur, arrive trop tard. Un thriller riche en action avec un suspense qui vous tiendra en haleine, SI ELLE VOYAIT est le volume 2 d’une fascinante nouvelle série qui vous fera tourner les pages jusqu’à des heures tardives de la nuit. Le volume 3 dans la série MYSTÈRE KATE WISE est déjà disponible en précommande.

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