Книга - Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres

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Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres
Amy Blankenship


Aux yeux de Kyoko, les créatues mythiques sont de ces choses qu'on loue et qu'on regarde un samedi soir avec ses amis. Lorsqu'un individu mystérieux qui la suit partout transformera les ombres autour d'elle en coins sombres aux arêtes acérées, sera-t'elle en mesure de se câcher du passé ? L'obscurité s'est abattue sur le monde une fois de plus et les gardiens ont attendu la résurrection.

Bien qu'ils soient considérés comme des créatures de mythe, dans cette realité-ci ils sont bien plus réels que les gens ne le croient.  C'est uniquement lorsque la lune est haut dans le ciel que ces créatures, ces gardiens, bataillent contre le mal qui cherche à submerger le monde et la fille qui détient le pouvoir ultime... La lumière au coeur de l'obscurité.



Translator: Bella Nazaire







Une Lueur au Cœur des Ténèbres

Série Le Cristal du Cœur du Gardien Livre 4



Amy Blankenship, RK Melton


Copyright © 2009 Amy Blankenship

Édition Anglaise Publiée par Amy Blankenship

Deuxième Édition Publiée par Tek Time

Édition Française Publiée par Tek Time

Traduction Française par Bella Nazaire

Tous droits réservés.




La légende du Cœur du Temps


Les mondes peuvent bien changer... Mais les véritables légendes ne s'effacent jamais. L'obscurité et la lumière ont été constamment opposées depuis la nuit des temps. Des mondes sont formés puis écrasés du talon de leurs créateurs, pourtant le besoin persistant du bien et du mal n'a jamais été remis en question. Cependant, parfois un nouvel élément est jeté dans le plat... La seule chose que veulent les deux parties mais qu'une seule peut avoir.

Paradoxe par nature, le Cristal du Cœur du Gardien est la seule constante que les deux camps, dans la lutte, ont toujours cherché à atteindre.

La pierre cristalline a le pouvoir de créer autant que de détruire l'univers tel que nous le connaissons, pourtant elle peut mettre fin à toutes les souffrances et les luttes en un seul souffle.

En un sens le Cristal possède son propre esprit... D'autres disent que ce sont les dieux qui sont derrière tout ça.

Chaque fois que le Cristal était apparu, ses gardiens s'étaient toujours tenus prêts à le défendre contre tous ceux qui voudraient l'utiliser dans un but égoïste. L'identité de ces gardiens demeure inchangée et leur amour conserve sa férocité peu importe le monde ou la dimension considérée.

Une fille se dresse au milieu de ces anciens gardiens en tant qu'objet de leurs affections. Elle porte en elle le pouvoir du Cristal lui-même. Elle est porteuse du Cristal et source de son pouvoir. Il est souvent malaisé de distinguer la protection du Cristal et la protection de la prêtresse contre les autres gardiens.

C'est de ce vin que s'enivre le cœur de l'obscurité. C'est en cela que réside l'opportunité d'affaiblir les gardiens du Cristal et de les rendre vulnérables aux attaques. L'obscurité désire le pouvoir du Cristal ainsi que la fille comme un homme désirerait une femme.

Dans les limites de chacune de ces dimensions et réalités, vous trouverez un jardin secret connu sous le nom de Cœur du Temps. Dans ce jardin, la statue d'une jeune prêtresse humaine agenouillée. Elle est entourée de magie aussi vieille que le temps qui dissimule et protège son trésor secret. Les mains de la jeune-fille sont tendues comme dans l'attente qu'un objet précieux y soit placé.

La légende prétend qu'elle attend le retour d'une puissante pierre que l'on nomme le Cristal du Cœur du Gardien.

Seuls les gardiens connaissent les véritables secrets cachés de cette statue et l'histoire de son apparition dans le monde. Avant que les cinq frères ne paraissent à la vie, leurs ancêtres, Tadamichi et son frère jumeau Hyakuhei protégeaient le Cœur du Temps pendant sa période la plus sombre. Pendant des siècles, les jumeaux ont protégé le sceau qui empêche le monde humain de se superposer au royaume démoniaque. Cette tâche était sacrée et les vies des hommes de même que celles des démons devaient être protégées en restant un secret les unes pour les autres.

De manière inattendue, pendant leur règne, un petit groupe d'humains traversa accidentellement la frontière et se retrouva dans le monde des démons à cause du Cristal sacré. Pendant une période de troubles, ses pouvoirs avaient causé une déchirure dans le sceau qui avait jusque là séparé les dimensions. Le dirigeant du groupe d'hommes s'était rapidement allié à Tadamichi, faisant un pacte afin de sceller la déchirure et de garder les deux mondes séparés pour toujours.

Mais à cette époque, Hyakuhei et Tadamichi s'étaient tous deux épris de la fille du dirigeant humain. En dépit des vœux d'Hyakuhei, la déchirure avait été réparée par Tadamichi et le père de la fille. La force du sceau avait été multipliée par dix, séparant le dangereux triangle amoureux pour toujours. Le cœur d'Hyakuhei fut fracassé... Même son propre frère de sang, Tadamichi, l'avait trahi en s'assurant que sa prêtresse et lui soient séparés pour l'éternité.

L'amour peut se révéler la plus mauvaise des choses lorsqu'il est perdu. Le cœur brisé d'Hyakuhei se transforma en colère malveillante et en jalousie, causant une bataille entre les frères jumeaux. Cela mit fin à la vie de Tadamichi et l'éclatement de leurs âmes immortelles. De ces fragments d'immortalité, cinq nouveaux gardiens furent crées afin de prendre en charge la protection du sceau et de le défendre contre Hyakuhei qui avait rejoint les démons au sein du royaume du mal.

Comme il était désormais prisonnier des ténèbres, Hyakuhei rejeta toute pensée de protection du Cœur du Temps... à la place, il concentra son énergie sur la destruction totale du sceau. Ses longues mèches couleur de nuit dépassant ses genoux et un visage comme on en voit seulement chez les plus grands séducteurs dissimulent la véritable nature maléfique cachée sous son apparence angélique.

Alors la guerre commence entre les forces de la lumière et de l'ombre, une lumière bleutée aveuglante rayonna de la statue sanctifiée, indiquant la renaissance de la jeune prêtresse et que le Cristal avait refait surface de l'autre côté de la frontière.

Alors que les gardiens sont attirés vers elle et deviennent ses protecteurs, la bataille du bien contre le mal commence réellement. Ce qui explique l'entrée dans une nouvelle ère ou l'obscurité est dominante dans un monde de lumière.

Voici une de leurs nombreuses aventures épiques...




Chapitre 1


Pendant des siècles, la lune rouge avait toujours été signe du porteur de mort. Ceux qui voyaient ce signe de mauvais augure se terraient de peur de perdre la vie emportés par la puissante mélopée du sommeil sans fin qu'il promettait.

Dans la distance, un cri à vous glacer le sang pouvait être entendu des milles à la ronde alors que trônait haut dans le ciel de minuit ce funeste symbole.



Dans la clairière, deux silhouettes solitaires se dressaient, l'une blessée, respirant avec difficulté, des dagues jumelles serrées au creux de la main ; l'autre telle une ombre dominante et menaçante au dessus d'elle, un sourire mauvais illuminant son visage à la beauté venue d'ailleurs. Un regard de prédateur couleur rubis scintillait à la pleine lune en attendant de voir ce que sa proie ferait ensuite. La peau à la pâleur surnaturelle de Hyakuhei semblait briller dans la nuit, lui donnant l'apparence d'une faucheuse angélique.



— Tu nous as tué sans mort ! aboya Toya, laissant apparaître ses longues canines.



Ses yeux couleur de poussière d'or brûlaient de haine pour l'homme se tenant devant lui. Jadis son ami... Le propre frère de son père... À présent son ennemi mortel.



— Espèce de salopard !



— Tu dis cela maintenant avec tant de conviction mais je t'ai donné la vie éternelle, je t'ai formé et je me suis occupé de toi. Je vous ai aimé ton frère et toi comme si vous étiez miens.



— Pour toi nous transformer en monstres... C'est de l'amour ? Tu nous as confisqué nos vies ! Tu m'as manipulé afin que j'essaie de forcer mon frère à te rejoindre ! Tu nous as menti, en disant que tu pourrais annuler le sort si seulement nous voulions bien nous joindre à toi.



Il perdit le souffle devenu sifflement de colère alors qu'il continuait.



— Sans ta fascination perverse pour mon frère, nous serions des hommes normaux, vivant des vies normales comme une vraie famille, et non les créatures nocturnes sanguinaires que tu as fait de nous !



Des larmes amères de colère face à la trahison s'écoulèrent des yeux de Toya... leur donnant une étrange nuance argentée.



— Tu es un sot si tu as un jour cru que vous ayez jamais été normaux !



Hyakuhei avait une trace malveillante d'amertume dans la voix.



— Ton frère et toi avez eu le tort de pleurer une chose qui n'a jamais été votre pour commencer.



Sa voix s'adoucit l'espace d'un instant alors qu'il ravalait les souvenirs de son frère jumeau... leur père.

Peu importe.

Ses yeux brûlaient lorsqu'il concentra à nouveau son attention sur Toya.

— Tu es exactement comme ton père... Égoïste.



— La mort de ton père t'as placé sous ma responsabilité ! Ton frère et toi êtes miens et j'ai toujours pris ce qui était à moi. J'aurais votre obéissance lorsque j'en aurais terminé avec vous.



Hyakuhei desserra le poing par anticipation, pressé qu'il était de sentir le sang de l'homme plus jeune dégouliner de ses doigts meurtriers.



— C'est toi qui a trahis ta chair et ton sang !



Toya pivota sur lui-même en écoutant la voix tant détestée comme Hyakuhei scintillait et disparaissait juste le temps de réapparaître du côté opposé. Il savait que le vampire meurtrier s'amusait seulement avec lui mais Toya ne le craignait plus. Cette peur était morte avec elle.



— Pourquoi la tuer ? demanda Toya d'une voix douce dont le sifflement était empreint de colère et de désespoir.



— Pensais-tu qu'en la tuant tu obtiendrais le Cristal ? Jamais ! Elle a refusé de te donner ce pouvoir et tu ne l'as pas supporté. N'est-ce pas, Hyakuhei ?



Il hurla et pivota en essayant de suivre son ennemi car Hyakuhei le contournait dans un but meurtrier.



— Ce n'était pas un secret que tu la voulais pour toi seul.



La main de Toya se resserra sur la dague, de fureur alors qu'il se remémorait l'aspect hanté... La filature... La vue de son corps sans vie.



— N'importe qui avec les yeux en face des trous pouvait voir de quelle manière tu la regardait quand tu pensais que ni moi ni Kotaro ne faisions attention.



Son souffle s'éteignit dans un sanglot alors qu'il se balançait quelques instants, sachant que Kotaro et lui l'avaient tous deux aimé... Ils avaient combattu Hyakuhei puis s'étaient affronté pour elle. Nul n'avait gagné.



— Nous t'avons vu.



— Kyoko était mienne et sera toujours mienne ! hurla Toya de colère face à la perte de celle qu'il avait aimée plus que l'air...



Elle n'était plus là. Elle avait été la lueur au cœur des ténèbres qui constituaient désormais son monde. Elle était la raison pour laquelle il avait défié Hyakuhei. À présent cette raison n'était plus et Toya senti le feu de son âme monter à une température mortelle. Il l'avait trouvée étendue sans vie avec un petit poignard planté dans le cœur. Tout au fond de lui il savait... Kotaro et lui savaient tous les deux... Hyakuhei était parvenu d'une façon ou d'une autre à lui ôter la vie.



Le regard d'Hyakuhei devint un ton plus sombre alors qu'il contemplait avec dédain le benjamin de son frère.



— Ah oui, l'introuvable Cristal du Cœur du Gardien... Un tel pouvoir n'a rien à faire entre les mains d'un fol enfant tel que toi. Les êtres les plus puissants ont cherché le Cristal du Cœur du Gardien... T'imaginais-tu être le seul cher petit ? Les vampires mais également les immortels, les sorciers et même les loups-garous partagent ce désir de réunir un tel pouvoir. Comprends-tu ce qui ce serait produit si le Lycan avait été le premier à prendre possession d'elle ?



Les yeux d'Hyakuhei laissèrent s'écouler des larmes écarlates à la pensée d'un tel pouvoir se retrouvant entre les mains de Kotaro, maître des tribus Lycan.

Sa fureur ne fit qu'un bond alors que lui revenait le souvenir du parfum du Lycan sur sa chair cette même nuit-là. Il n’avait pas rester là et permettre à des choses aussi dangereuses de se produire.



— Non, petit inconscient... Je me suis déjà occupé de la prêtresse qui portait en elle le cristal.



Le regard d’Hyakuhei se durcit alors qu’il songeait à ce petit mensonge.

En vérité, il n’avait pas assassiné la fille. Elle s’était suicidée, pensant ainsi l’empêcher d’obtenir le cristal. Il l’avait tenue entre ses mains, il avait été prêt à s’approprier le pouvoir qui reposait en elle. Le pouvoir dont parlait la légende, si l’on pouvait s’y fier... aurait donné la capacité à son obscurité d’arpenter la lumière et de s’en nourrir.



Il sentait encore le fourmillement dans ses doigts d'avoir brièvement effleuré sa peau. Il s'était tenu derrière elle... Percevant la chaleur de son corps de sa main glacée. Ses yeux émeraude s'étaient tournés vers lui et l'avaient défié pendant à peine une seconde. Il avait seulement voulu goûter. Trop tard, il avait vu la dague dans sa main alors qu'elle disparaissait prestement dans sa poitrine. Il aurait pu la transformer et tout partager avec elle mais... Elle avait refusé son offre généreuse. La brave femme pourtant sotte avait cru qu'en se tuant elle le tiendrai isolé du pouvoir du cristal pour toujours. Toujours, ça faisait long comme durée pendant laquelle il faudrait tenter d'échapper à sa détection.



— Elle renaîtra ! hurla Toya avec angoisse, conscient d'avoir échoué à la protéger de la colère d'Hyakuhei.



Il était rongé par le remord de n'avoir pas été là pour la sauver. Elle avait su qu'il était vampire... Une créature de la nuit... Pourtant, elle ne lui avait pas tourné le dos. Au lieu de cela, elle était devenue son amie. Kyoko lui avait fait confiance, même pour sa vie. L'esprit de Toya le renvoya à ce moment où il l'avait connue... Son corps s’affaissant, agenouillé alors qu'il s'accrochait au sol en regardant couler ses propres larmes.



Cela n'avait pas fait assez longtemps ! hurla-t-il mentalement, comme un refus de la réalité.



Il ne l'avait connue que durant une si courte période ; six cycles lunaires. Lorsqu'il l'avait rencontrée pour la première fois... Tout ce qu'il voulait c'était le cristal... Le cristal qu'elle ignorait porter en elle dans un premier temps. Mais il pouvait le voir briller en elle, qui l’appelait. Puis quelque chose avait changé. Toya s’était retrouvé malgré lui à essayer de la protéger au lieu de tenter de lui enlever le cristal.



Depuis qu’elle était entrée en collision avec son monde obscur, Toya avait découvert la vérité derrière la légende du Cœur du Cristal du Gardien, des choses dont Hyakuhei lui-même n’avait aucune idée. Il avait partager ces secrets avec son frère mais Hyakuhei l’avait empêché de trouver Kyou à temps... Désormais, il était trop tard.



— Tu ne pourras jamais avoir sa lumière dans tes ténèbres... Je retrouverais Kyoko et garderais le cristal hors de ta portée !



Dans la voix de Toya, résonnaient les durs accents de la soif de vengeance.



— Elle revivra, et je serais là en train de l’attendre.



Une larme d'argent solitaire glissa le long de sa joue, inaperçue alors qu'il criait :



— Ensemble ! Elle et moi trouverons un autre moyen de libérer Kyou de toi !

Hyakuhei se rapprocha de Toya, un gloussement sinistre s'élevant du plus profond de son torse.



— Mais oui, mon cher Toya, elle revivra. Le cristal reviendra en ce monde et je serais celui qui saura s'approprier son pouvoir, mais également la fille. Et pour ce qui sera de mon précieux Kyou... Je suis certain de pouvoir trouver quelque chose pour occuper le temps libre de ton frère jusqu'à ce que ce jour arrive.



Toya émit un sourd grondement de gorge, conscient d'avoir là une épée à double tranchant.



— Garde donc tes idées de malade pour toi. Je trouverais le moyen de nous ramener à la normale. Et toi... Je t'amènerais à la mort !



Il termina dans un cri alors que le vent commençait à se lever, hurlant férocement à travers la clairière. La dague dans sa main fusa dans un éclair de lumière argentée, effleurant à peine la tunique noire qui habillait gracieusement le corps d’Hyakuhei. Toya avait du mal à croire à quel point son adversaire était rapide mais l’expression de détermination se lisait sur le haut de son visage. Une seconde lui apparut dans l’autre main et il la balança vers sa cible, faisant de même avec la première immédiatement après.



Hyakuhei esquiva les lames mortelles grâce aux siècles d'entraînement qu'il avait subi. Les humains étaient si faciles à vaincre comme créatures et Toya, bien que changé, était encore très humain dans sa manière de penser... Il était encore tel un enfant aux yeux du vampire. Il lui fallait bien admettre, malgré tout, qu'étrange ment, d'avoir protégé la prêtresse avait fait mûrir son pouvoir au point de le rendre presque égal à celui d'un ancien. Lui enlever la prêtresse avait servi à deux choses. Sans sa raison de lutter, le pouvoir de Toya avait grandement faibli. D'un mouvement violent de la main gauche, Hyakuhei s'arrangea pour emprisonner les deux poignets de Toya en une étreinte écrasante. Total n'avait aucun moyen de défense au moment où les griffes droites du vampire tailladèrent cruellement sa joue. Il y eût une confrontation entre yeux d'argent et yeux écarlates l'espace d'un instant suspendu dans le temps alors qu'Hyakuhei rétractait ses griffes. Ses lèvres esquissèrent un sourire pervers alors qu'il tendait la main pour caresser doucement la blessure qu'il venait juste d'infliger si méchamment.



— Quel tristesse, gâcher une telle perfection... Tu es si semblable à ton frère.



Il se lécha …



Sentant ses poignets en train d'être relâchés, Toya fit un pas en arrière et tenta de parer l'attaque suivante visant son torse. Il poussa un grognement de douleur lorsque le sang gicla des trous laissés sur sa poitrine. Pressant un bras contre les blessures, il tituba à reculons, ses yeux dorés écarquillés et cette fois, Hyakuhei le laissa faire. Toya pu sentir les os brisés de ses poignets se frotter les uns contre les autres et il lui fallut se concentrer pour empêcher seulement ses dagues de tomber au sol. Relevant les yeux vers l'homme qu'il détestait plus que la mort, Toya tenta de faire abstraction de la douleur conscient du fait qu'il ne s'agissait pas d'un jeu... Même les non-morts pouvaient périr.



— Petit sot, tu pensais pouvoir sauver ton frère en me tuant ? Tu parviens à peine à tenir tes lames à présent, alors m'ôter la vie... railla Hyakuhei puis son visage devint placide,, sa colère subitement envolée.



La brise nocturne releva les pointes de sa longue chevelure d'ébène lui donnant l'apparence d'être vivante.



— Tu n'avais pas la moindre chance dès le départ, petit. Je vais t'aider à trouver le repos afin que tu ne souffres plus, murmura Hyakuhei, posant un regard qui était en train de se radoucir sur le blessé tel celui d'un père qui gronde son enfant indiscipliné.



Un éclair rougeoyant de colère passa dans le regard argent à ces mots.



— Tu n'auras jamais mon frère, espèce de fils de pute ! Aussi longtemps qu'il lui restera un souffle de vie, Kyou ne te laissera pas gagner, et moi non plus ! hurla Toya en fonçant vers la silhouette vêtue de noir dans une dernière tentative de sauvetage de son âme immortelle.



Hyakuhei disparut en un clin d'œil avant que la dague de Toya ne puisse pénétrer le cœur froid caché profondément dans son corps sans âge. Les globes rouges brillèrent, assoiffés du sang du jeune homme qui pensait le défier. Sa forme sombre en lévitation en haute altitude marqua une pause pendant quelques instants avant de redescendre pour attaquer sa proie.

Les sens de Toya criaient au danger alors qu'il percevait la menace envers son existence mais il n'était pas encore assez chevronné pour localiser exactement l'origine de l'attaquant. Il chercha autour de lui frénétiquement mais à présent, avec des sens émoussés par la perte de sang due à ses plaies... En plus de la blessure cachée à l'intérieur de son cœur, Toya sentit sa peur décupler. Son cœur était blessé par les paroles jetées à la figure par son soit-disant «père».



— Je ne saurais te laisser gagner, monstre. La vie de mon frère en dépend. murmura Toya dans un souffle laborieux, provoquant un écho tonitruant dans ses propres oreilles.



Un éclat de peur fulgurant traversa sa colonne vertébrale alors que son regard était levé vers le ciel nocturne. Ses yeux s'agrandirent de terreur à la vue de ce qu'il ne connaissait que pour l'avoir donné... Jamais pour l'avoir reçu.

Alors... C'est cela que ça fait.



Les pensées s'égrenaient dans son esprit tourmenté.

Il tenta de bouger mais fut maintenu immobile par une force inconnue. Leurs regards étaient verrouillés dans une intensité meurtrière. Les yeux rouges perçaient le cœur de son âme et Toya su que la mort arrivait.



Le cri logé dans sa gorge fut remplacé par un gargouillement. La lueur argentée de son regard pâlit pour laisser place à l'or d'origine de ses yeux qui rencontrèrent ceux de son assassin, alors que le temps sembla s’arrêter. Il commença à sentir son corps s'engourdir en regardant lentement le sol entre leurs deux corps.

Des larmes tombèrent des yeux de Toya alors que la couleur vive dorée commençait à pâlir.



J'ai failli, pardonnez-moi je vous en prie... Kyoko... Kyou. furent ses dernières pensées alors qu'il expirait.



Il pouvait sentir les battement de son cœur s'éloigner de plus en plus alors que la douleur disparaissait. Des mystères se révélèrent à ses derniers battements de cœur alors qu'il murmura avec un émerveillement tourmenté,



— Kyoko... Depuis combien de temps es-tu là ?



Regardant avec un plaisir tordu, la silhouette vêtue de noir avec ses yeux rouges étincelants sourit de satisfaction. Lentement il les fit tous deux redescendre au sol dur et compacte. Sa main griffue incrustée profondément dans la poitrine du jeune homme au yeux comme le soleil. Hyakuhei arracha sauvagement le cœur qui avait cessé de battre.



En regardant les yeux sans vie de Toya, il murmura :



— Je me suis toujours demandé de quoi auraient l'air les yeux de Kyou quand il pleurerait... Je parierai qu'ils seront beaux.



Il se pencha et déposa un baiser sur le front de Toya avant de se relever et de se tourner pour faire face à l'homme qui venait de se poser à une courte distance derrière lui.

Un sourire sadique embellit ses lèvres alors qu'il tendit le cœur sanglant et attendit que Kyou réduise la distance qui les séparait.



— Pour toi mon trésor, à présent plus rien ne pourra se mettre entre nous.



Sa voix était portée par la brise du soir.



Les yeux de Kyou rétrécirent de dégoût lorsqu'il regarda le cœur fraîchement arraché qui lui était tendu. Serait-ce qu’Hyakuhei avait été un mort-vivant si longtemps que pour lui la mort était un cadeau ?

Dégoûté, Kyou se détourna de cette vision perturbante. Il avait senti l'angoisse de son frère et était venu en chercher la cause. A la place il avait trouvé son soit-disant "père" et il ne pouvait plus percevoir l'aura de son frère.

Quelque chose de terriblement mauvais s'était produit et Kyou pouvait sentir les nerfs de tout son corps picoter sa peau comme un avertissement.

Il ne pouvait voir le propriétaire du cœur dont la vie dégoulinait encore de la main du vieux vampire puisque Hyakuhei obstruait sa vue. Cela l'ennuyait d’être retardé et empêché de chercher son jeune frère. Il n'avait pas vu son frère depuis plus d'un an mais cette nuit... Il savait que Toya avait eu besoin de lui. Cela avait dé être important pour que Kyou ressente son appel aussi intensément.

Sentant l'impatience de l'homme face à lui, le regard doré de Kyou se fixa sur celui d'Hyakuhei.

— De qui as-tu volé l’âme cette fois ? demanda-t'il avec mépris.

— Pourquoi ne viens-tu pas voir par toi même, mon trésor ? Je suis certain que tu seras réellement étonné. C'est mon présent pour toi.

Alors qu'Hyakuhei faisait un pas de côté, révélant clairement la scène au milieu de laquelle gisait sa victime, un sourire fourbe illumina ses traits dans l'ombre. Tendant la main négligemment vers Toya, il se tourna pour regarder le cadavre sur le sol.



Le regard de Kyou suivit celui d'Hyakuhei alors qu'il faisait quelques pas de plus pour se rapprocher, ne saisissant pas bien l'importance de l'identité de cette victime. Ses yeux dorés s'élargirent de stupeur devant la forme ratatinée étendue dans la poussière alors qu'un mauvais pressentiment fit tressaillir d'alarme toute sa colonne vertébrale. Les battements de son cœur s’accélérèrent lorsqu'il vit les familières mèches argentées brillantes parsemant la chevelure couleur nuit profonde, à présent mêlée de sang et de poussière, à travers le visage de l'homme comme pour dissimuler sa véritable identité.

Il sentit dans son être tout entier un cri de rage et de déni devant l'évidence du spectacle offert à lui de la silhouette de son frère qu'il cherchait, assassiné.



— Non !



Kyou envoya sa tête en arrière et rugit. Des larmes envahirent ses yeux comme il se retournait pour faire face au responsable.



— Qu'as-tu fais ? dit-il dans un grondement menaçant en fusant en direction du meurtrier de son frère, s’arrêtant net à quelques millimètres de lui.



De ses yeux or comme le soleil, s'échappaient des larmes de sang... Les canines allongées étaient à nu comme celles d'un chien enragé. Il contracta sa main griffue avec une rage à peine contenue, dans l'attente d'une confession.



— Rien de plus que ce que j'aurai du faire dés le début... me débarrasser de celui qui ne t'appréciait pas comme je le fais.



L'expression d'Hyakuhei s'adoucit pendant un bref instant alors qu'il regardait son enfant favori. Il avait dispensé à Kyou toute son attention et son affection depuis qu'il lui avait fait le don de l'obscure immortalité... Mais en dépit de cela Kyou n'avait jamais été heureux. C'était cette mélancolie dans le regard d'or de Kyou qui l'avait tant attiré... La solitude en lui était belle et était la parfaite copie de la propre mélancolie d'Hyakuhei. Il avait ensuite transformé le frère de Kyou, Toya, dans l'espoir que cela lui vaudrait le dévouement de son précieux fils. Mais... Cela n'avait servit qu'à rendre Kyou plus malheureux.



Hyakuhei observait les larmes douces amères se former dans les yeux de Kyou et su qu'il ne s'était pas trompé... Kyou était des plus divins quand il pleurait.



À cet instant, quelque chose au plus profond de Kyou se brisa alors qu'un cri de désolation à fendre les montagnes explosa en quittant son corps. Dans une rage aveugle, il attaqua l'assassin de son frère, canines en avant et griffes déchaînées.



— Je vais t'arracher le cœur et laisser ton cadavre en pâture aux créatures de la nuit pour ce que tu as fait !



Avec agilité, l'homme diabolique esquiva l'attaque et dans un nuage flou de noir vint visser Kyou au sol. Avec un calme qui ne se reflétait pas dans les profondeurs de son regard rubis, Hyakuhei se rapprocha en se penchant, son regard fixé sur le visage qui le hantait tant... Celui de son propre frère.



— J'ai fait ce qui était nécessaire pour nous.Toya ne voulait pas que tu possèdes mon don et essayait de te le retirer. Tu comprendras avec le temps, murmura-t-il en effleurant une seconde de ses lèvres douces les lèvres grondantes qui lui faisaient face comme il disait ces mots.



Avec une force qu'il ne savait pas qu'il avait, Kyou rejeta par la force l'homme à environs 6 mètres de son corps tremblant. Il essuya sa bouche de son avant-bras, submergé par le dégoût alors qu'il grondait dangereusement.



— Maintenant, petit, calme-toi, roucoula l'homme en se levant et en s'époussetant.



Ses yeux brillaient de promesse alors que son corps scintillait légèrement, puis s'estompa en arrière dans la nuit.



— Je vais regarder… t’attendre… mon petit chat.



Le monde de Kyou vola en éclats autour de lui alors qu'il baissait les yeux sur le corps sans vie de son frère.



Je vengerai la mort de mon frère et passerai l'éternité à te pourchasser si je le dois. Quand je te trouverai, tu paieras pour ça… Hyakuhei ...



Il se mit à genoux en tremblant et souleva doucement le corps de Toya contre sa poitrine… berçant doucement sa tête. Les cheveux de son petit frère étaient tombés de son visage, rendant la vision de Kyou floue alors qu'il tentait de retenir le flot de larmes sans succès. Il semblait que Toya était simplement endormi… paisible pour la première fois depuis bien trop longtemps.

Il regarda ses larmes couler sur la joue de Toya et Kyou sentit son cœur se briser. Serrant fermement son frère bien-aimé contre lui, Kyou chuchota d'une voix instable :



— Toya, s'il te plait, pardonne-moi… de ne pas être arrivé à temps.



Son souffle frissonna de lui alors qu'il fermait les yeux de douleur.



— Je savais que tu avais besoin de moi… J'aurais dû te sauver.



L'esprit de Kyou revint au jour où Hyakuhei l'avait transformé en ce qu'il était maintenant… le lendemain de la mort de son père. Kyou savait que Hyakuhei ne voulait que de lui… et Toya n'était qu'un petit enfant. Donc pour protéger Toya… Kyou était parti avec son oncle alors même que son petit frère avait pleuré pour qu'il ne parte pas.



Il se souvenait encore de la méfiance qui brillait dans les grands yeux dorés de Toya alors qu'il regardait Hyakuhei pour avoir osé éloigner son grand frère de lui. C'était le souvenir de ce regard hanté qui avait aidé Kyou à rester loin de son frère pendant plusieurs années… pour le protéger.



Pendant que Toya grandissait, Kyou avait eu envie de le voir… lui rendre visite secrètement et l'observer de loin… regarder son frère vivre la vie qu'il ne pouvait pas. Regarder Toya dans l'ombre avait été le seul bonheur de Kyou pendant ces jours sombres. Il s'était souvent glissé dans la chambre de Toya… pour le regarder dormir.

S'il avait su que Hyakuhei le suivait et le regardait regarder Toya… il n'aurait jamais mis Toya en danger comme ça. Son oncle avait transformé Toya parce qu'il avait pensé que c'était ce que Kyou voulait. C'était sa faute si Toya était mort la première fois.



Toya avait combattu leur oncle, pendant le processus de transformation et après. Alors que leurs disputes devenaient plus violentes, Kyou avait essayé de garder l'attention de Hyakuhei loin de son frère. Ensuite, Toya avait commencé à parler d'un remède contre les vampires… le cristal du cœur du gardien. Il avait juré de le trouver et de les guérir tous les deux. Toya avait trouvé son remède… dans la mort.



Faisant de son mieux pour éviter de regarder la cavité désormais vide où le cœur de son frère avait autrefois résidé, Kyou se leva et transporta le corps de Toya loin de la scène pour lui donner un enterrement approprié.



Il ne pouvait plus sentir la présence de Hyakuhei mais savait qu'il était proche, le regardant d'une manière ou d'une autre… le regardant toujours. Kyou comprenait maintenant qu'il devrait partir, se cacher jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour vaincre le mal qui avait volé la seule chose qui lui était chère… son petit frère. Il passa devant l'obscurité, quittant la clairière dans un silence total.



Kamui poussa un léger soupir de soulagement quand les frères furent partis et abaissa sa barrière d'invisibilité qui entourait la forme battue de Kotaro. Baissant les yeux vers le Lycan, Kamui savait que cela prendrait un certain temps aux blessures de Kotaro pour guérir… non seulement les blessures de son corps, mais aussi les blessures qui étaient profondément ancrées dans son cœur.



— Allez, murmura Kamui en tirant l'un des bras de Kotaro sur ses épaules et en l'aidant à se lever.



— Hyakuhei n'est pas allé loin et je dois vous faire sortir de cet espace découvert.



Ses yeux miroitèrent de la couleur de la poussière arc-en-ciel alors qu'il tentait de retenir ses propres larmes. C'était en vain car il pouvait les sentir glisser le long de ses joues dans des sentiers chauds. Tant de choses avaient été perdues en seulement quelques heures mortelles… il savait maintenant ce qui était vraiment plus sombre que sombre. Il ne perdrait pas Kotaro également.



— Je ne le détestais pas tant que ça, murmura Kotaro, regardant d'un air découragé l'endroit où le corps de Toya était étendu quelques instants auparavant.



Ils avaient tous les deux aimé Kyoko et elle avait à son tour eu de l'affection pour eux deux… ne choisissant jamais l'un plutôt que l'autre quand ils se battaient… jusqu'à ce soir. Les Parques ne lui avaient donné que quelques heures… au moins Toya ne savait pas.

Sa main se serra en un poing et se resserra un peu plus fort Toya aurait été fou… mais il aurait été vivant.



— J'aurai préféré affronter sa colère… mais pas ça… pas ça. Sa voix vacilla.



Ils avaient tous les deux essayé de la protéger mais maintenant Toya… Les yeux bleu glacier de Kotaro étaient embués de larmes non versées,



— Je ne l'ai jamais détesté.



— Il sait bien que non, déclara Kamui en conduisant Kotaro en direction du seul endroit sûr qu'il connaissait ... la maison de Shinbe, le sorcier.



Il lui fallait faire connaître à leur ami le sort de Toya… et celui de Kyoko. Shinbe saurait en quelque sorte quoi faire, il savait toujours.



— Je vais tuer ce bâtard Hyakuhei, gronda Kotaro en luttant contre Kamui qui le retenait, sa nature Lycan remontant à la surface.



— Il l'a tuée, il a tué Toya à cause d'elle. Quand je le retrouverai, il va regretter de ne pas être né humain.



Comme s'il avait eu le souffle coupé, le corps de Kotaro frissonna. Il savait que Toya était beaucoup plus fort qu'il ne l'avait jamais reconnu, mais sans Kyoko à protéger… Toya avait perdu sa volonté de se battre. Hyakuhei l'avait su avant même que le combat ne commence. Le chagrin de Toya l'avait rendu impétueux… impatient.



— Si seulement il avait attendu… encore quelques instants. Kyou aurait pu le sauver.



La tristesse planait sur chaque syllabe alors que Kotaro essuyait avec colère les larmes qui laissaient silencieusement des traces sur ses joues.



— Je voulais les sauver tous les deux ...



— Kyoko, la douleur de son corps affaibli était trop forte alors qu'il fermait ses yeux bleu glacial brillant et cédait au néant qui apaiserait la douleur pendant un court moment.



Kamui acquiesça en soulevant le corps mou de Kotaro et le porta.



— Tu en as assez fait. Repose-toi pour le moment. murmura-t-il.



— C'est à mon tour d'être le sauveur.




Chapitre 2


Au cours de la dernière heure précédant l'aube, Kamui demeura en suspend au dessus de la tombe anonyme. Les deux hommes dont il était flanqué étaient tout ce qu'il lui restait. Il avait regardé Shinbe utiliser ses pouvoirs de télékinésie pour déplacer la terre de la tombe de Toya afin de l'agrandir suffisamment pour y placer deux corps.



Shinbe et Kotaro avaient à présent tous deux la même expression... Celle d'une tristesse mêlée de force entêtée. Kamui savait qu'ils essayaient de rester forts pour lui mais il pouvait voir au delà de la mélancolie qu'ils dissimulaient tous deux. Ils baissèrent tous les yeux vers la tombe... la douloureuse réalité de tout ça s'imposant à eux. Les choses n'étant pas supposées finir de la sorte... Les gentils n'étaient pas censés perdre... ou mourir. Shinbe les avait aidé à prendre une décision concernant la marche à suivre. Récupérant le cadavre de Kyoko, ils l'avaient amenée vers la tombe où Kyou avait déposé son frère et ils les enterrèrent ensemble. Toya l'aurait voulu ainsi... C'était la seule chose qui paraissait juste.

Kamui avait semblé incapable de porter le corps de Kyoko jusqu'à la sépulture une fois qu'ils l'avaient retrouvée. Ce n'était pas le sang autour d'elle qui l'avait perturbé. C'était juste à vous fendre le cœur de voir quelqu'un de si bon et pur, en possession d'une telle luminescence qu'on en attrapait mal aux yeux à la regarder... Étendue là dans l'obscurité, les yeux grands ouverts, éteints.

Ressentant le choc de Kamui et voyant ses mains tremblantes, Kotaro était intervenu et l'avait soulevée avec amour dans ses bras, en tentant de toutes ses forces d'ignorer la rigidité de ses membres alors qu'il la portait. Il ne pouvait s'autoriser à ressentir autre chose que de la colère et de la tristesse à cet instant. s'il avait laissé le reste se manifester... combien il l'avait aimée, ses genoux auraient lâché sous son poids... le chagrin étant un fardeau bien trop lourd pour lui.

Voir l'expression sur le visage de Kamui était suffisant pour l'aider à contrôler ses propres émotions... Cela faisait également une différence concernant cet engourdissement qui s'était installé. Kamui n'était pas humain mais n'était pas non plus une créature... Quelque soit sa nature, son cœur était en train de se briser.

Kotaro décida de prendre la responsabilité de veiller sur lui à partir de cet instant, même si le garçon n'en avait probablement pas besoin.

Kamui essuya les traces de larmes de ses yeux, une tentative de se montrer fort comme Kotaro et Shinbe. Sa chevelure violette rebelle s’ébouriffait au gré du vent alors qu'il baissait les yeux vers la terre fraîchement retournée. Il avait retiré sa propre tunique et les en avait doucement enveloppés afin d'augmenter la puissance du sort qu'il s'apprêtait à jeter.

Fermant ses yeux scintillants, il garda les doigts entrelacés alors que des ailes illuminées émergeaient de son dos dans une pluie de plumes.

Elles émettaient des reflets intenses de couleurs inconnues de l’œil humain.

Shinbe et Kotaro, surpris, firent tout deux un pas en arrière, comprenant soudain ce qu'était véritablement Kamui. Le mot ange était sur le bout de leurs langues mais il semblait si triste. Tel un ange au cœur brisé... Un ange déchu.

D'un doigté doux, Kamui retira une plume de son aile droite et étendit la main , paume retournée vers le ciel.

L’expression triste et sereine de son visage demeura immuable. Ses yeux brillaient d’une lueur d’espoir alors qu’il glissait rapidement la plume désormais acérée sur la paume de sa main, provoquant une coupure peu profonde.

Le liquide cramoisi forma une flaque dans sa paume et Kamui referma lentement le poing sur elle avant de tendre la main au-dessus de la tombe non marquée. Les gouttes sacrées du sang de sa vie sont tombées sur la terre faisant briller le sol d’une puissance bleue électrique surnaturelle.

Shinbe et Kotaro ne pouvaient faire qu'une chose : se tenir dressés là, en état de choc, à le regarder faire. Ils n’osaient bouger de peur de perturber Kamui dans l'accomplissement de son rite. Tous deux comprirent qu’ils étaient en train d'assister à quelque chose d’incroyable et que, sans doute, ils ne reverraient jamais.



L’air même, autour de Kamui, tourbillonnait ; formant un vortex qui l’entourait d’une lumière bleue fluorescente. Sa voix résonnante quitta ses lèvres, leu semblant plus ancienne et plus sage qu’elle ne l'avait jamais été, de mémoire. Elle ricocha à travers le ciel, un son effrayant qui porta à des kilomètres provoquant l'immobilisation respectueuse de tout ce qui pouvait l’entendre par sa seule puissance.



Un millier d'années il faudra...

Nous plions par amour cette fois...

Quand d'un gardien coule le sang...

De la prophétie sonne le temps...

Alors seulement, deux âmes seront ranimées.

Par le sang, à la lumière retrouvée...

Destinées à affronter la sombre magie de la nuit...

Par ce serment, nous, immortels prendrons les armes...

Protégeant ceux qui renaissent contre d'autres larmes...

Entre les mains de roc et de marbre, délivrant de nôtre ennemi...

L'unique désir qu'il chérit... au cœur de la lumière, de vivre.



Alors que le vortex tournait autour de Kamui, une plume rougeoyante de chaque aile illuminée s’était détachée et avait jailli en avant dans le cyclone… tournant comme deux petites dagues pour foncer vers le sol, atterrissant sur la tombe. Les plumes scintillantes demeurèrent coincées dans la terre molle pendant quelques brefs instants avant de s'enfoncer dedans pour fusionner avec l'âme de ses amis.



Les genoux de Kamui touchaient le sol alors que le sort se dispersait, propageant une onde de choc dans toutes les directions.



— Jusqu'à ce que nous nous revoyions, Kyoko ... Toya, chuchota Kamui en sentant la solitude se refermer sur lui.



— Peut-être que la prochaine vie sera dans un temps meilleur et beaucoup plus lumineux.



Shinbe demeura silencieux à côté de lui, ne voulant rien de plus que de pleurer lui-même ... mais il ne pouvait pas se permettre ce luxe. Hyakuhei était toujours là-bas et il savait que le vampire au cœur noir finirait par venir le chercher. L'ennemi saurait ce qu'ils avaient fait. Il effacerait toutes les traces qu'il pouvait pour l'instant.

Enfonçant la main dans sa poche, Shinbe sortit une petite bouteille d'améthyste remplie de poudre magique sans âge. En répandant un peu de poudre sur le sol, il fit le tour de la tombe pour la protéger de tous regards indiscrets. Le sol devint instantanément solide pour cacher l'emplacement de la nouvelle tombe.

Les yeux de Shinbe s'illuminèrent de la même couleur améthyste lorsqu'il murmura des paroles que lui seul pouvait comprendre.



Il percevait un lien séculaire de fraternité, celui partagé par ceux qui avaient livré une bataille éternelle contre les ténèbres, traverser son âme pour devenir un symbole de protection sur la tombe. Au-dessus du lieu de repos de ses amis jaillissaient des fleurs sans qu'aucune graine ne fut plantée. Cinq couleurs de fleurs apparurent sur des vignes épineuses… argent… or… bleu glacier… améthyste… et une scintillante couleur de poussière d'arc-en-ciel.



— Je prends congé, déclara Shinbe après un long silence.



Il ne voulait pas que sa présence trahisse l'emplacement des autres et savait qu'il était temps de passer à autre chose. Son regard revint vers vers le buisson de fleurs étrangement colorées. Toya et Kyoko étaient maintenant protégés contre Hyakuhei et le sort ne serait pas perturbé. Pour l'instant… c'était tout ce qu'il pouvait leur offrir en plus du chagrin.



Kamui leva les yeux vers le sorcier, choqué par ce nouveau développement.



— Pardon ? Mais pourquoi ?



Ses yeux s'écarquillèrent dans un moment de panique… Est-ce que tout le monde allait le quitter maintenant ? La perte de Toya et Kyoko n'était-elle pas assez grave ?

Sentant croître la peur de Kamui, Shinbe plaça une main ferme sur l'épaule de son ami et tenta d'expliquer :



— Tu sais aussi bien que moi que Hyakuhei finira par apprendre ce que nous avons fait ici.



Il regarda Kotaro par-dessus l'épaule de Kamui sachant que le Lycan comprendrait son abandon.



— Tu pourras échapper à ses yeux toujours vigilants… mais je n'ai pas ce genre de pouvoir. Je pourrai cependant me cacher, mais je ne sais pas combien de temps.



Shinbe lâcha un long soupir et leva les yeux vers la lune suspendue bas dans le ciel.



— Mes jours sont désormais comptés ... un doux sourire déforma le coin de ses lèvres comme s'il connaissait un secret.



— Ainsi soit-il .



— Je monterai à bord du prochain vaisseau en direction de l’ouest, de l'autre côté de l'océan. Là, j'aurai une meilleure chance de garder mon identité à l'abri d'Hyakuhei et peut-être même trouver un moyen pour ma propre âme de se réincarner en même temps que nos chers amis.



Il espérait que ce qu'il disait était la vérité. Ils auraient besoin de lui le moment venu.



Kamui baissa les yeux vers la tombe en dessous de lui puis remonta vers son ami avec plus de calme qu'il ne l'avait ressenti depuis le début de cette soirée cauchemardesque. Il ne voulait pas que Shinbe soit la prochaine victime alors, oui, il comprenait. Il arracha doucement une plume arc-en-ciel de son aile droite et la pressa contre le cou de Shinbe.



Shinbe haleta quand elle commença à briller de mille feux avant d'être absorbée par sa peau. Il baissa les yeux et vit le contour le plus bref de la plume juste en dessous du col de sa tunique.



— Cela vous aidera le moment venu, avait déclaré Kamui avec un sourire et il serra très fort Shinbe dans ses bras en signe de compréhension. Il ne perdrait pas Shinbe pour longtemps… quoi qu'il arrive.



— Nous nous reverrons mon ami, chuchota Shinbe avant de se défaire de l'étreinte de Kamui.



Il hocha la tête vers Kotaro sachant que le Lycan s'occuperait de Kamui pour chacun d'eux. Shinbe regarda la tombe, puis détourna les yeux, laissant sa frange tomber pour cacher la tristesse.



— Qu'il en soit ainsi, murmura-t-il à nouveau en disparaissant dans l'obscurité environnante.



— Tu es prêt, petit ? demanda Kotaro doucement alors qu'il gardait le dos à la tombe.



Il savait qu'il ne pouvait pas rester. Shinbe avait raison… plus ils étaient loin, mieux le sort serait protégé.



Kamui voulait froncer les sourcils au surnom que Kotaro venait de lui donner mais n'avait pas le cœur. Son cœur était enfoui dans la poussière à ses pieds et, même si cela devait prendre jusqu'à la fin des temps, il verrait Hyakuhei payer pour ses crimes.



— Ouais, dit Kamui, en passant un bras sur ses yeux.



— Je suis prêt.



Kotaro passa un bras autour de ses épaules et l'emmena. Le Lycan découvrit qu'il ne pouvait plus verser de larmes pour la femme qu'il avait aimée de tout son être. Son âme avait l'impression que quelqu'un l'avait arraché à son corps, l'avait déchiré en lambeaux et n'en avait rendu que la moitié.



Si le sort que Kamui et Shinbe avaient trouvé fonctionnait, il reverrait sa bien-aimée Kyoko. Il ne pouvait s'empêcher de sourire à toutes les bouffonneries que lui et la réincarnation de Toya allaient forcément trouver pour gagner ses affections. Il se ferait un plaisir de se la disputer à nouveau si seulement Toya revenait. Après tout… il les aimait tous les deux.

Il résista à l'envie de regarder en arrière vers la tombe.



— Mille ans, c'est long à attendre mais je serai là pour toi ... Kyoko.



*****



Plus de mille ans dans le futur… Aujourd'hui.



Une silhouette solitaire se tenait sur le toit du plus haut bâtiment, surplombant la ville bondée en contrebas. Ses traits ne trahissaient jamais la mémoire déchirante du corps de son frère unique gisant seul et sans vie sur le sol froid et dur, il y a des siècles. Son cœur autrefois chaud et battant serrait dans les griffes du monstre sadique qui les avait créés tous les deux.



Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour se séparer du mal qui l'entourait silencieusement. Tout comme les humains de ce monde, il ne se nourrissait que des animaux que la nature fournissait. Même si l'obscurité était tout ce qui lui était permis, tout comme la malédiction d'un vampire, il ne deviendrait jamais le démon que son oncle avait voulu.



Au cours des dernières années, quelque chose en lui remua… un désir qu'il ne pouvait pas comprendre et qu'il n'avait pas ressenti depuis plus de mille ans.

Des souvenirs jamais oubliés rejoués dans l'esprit de Kyou d'un jeune homme autrefois innocent qui avait rempli sa vie de bonheur, même dans un monde d'obscurité. Toya… Il avait été si plein de vie… avec des yeux d'or rieurs et l'ignorance d'un enfant. Une fois de plus, cela lui a fait ressentir de la culpabilité de ne pas pouvoir protéger son jeune frère.



Des yeux dorés qui avaient durci après des centaines d'années de solitude, saignèrent de rouge au souvenir d'une promesse qu'il n'avait pas encore tenue. Chaque décennie qui s'était écoulée, Kyou était devenue beaucoup plus fort. Plusieurs fois, il s'était approché, mais l'objet de sa haine et de sa colère lui échappait à chaque instant.

Il ne se reposait que lorsque la vile créature qu'il cherchait se tordait d'agonie à ses pieds et que son âme était jetée en enfer où elle appartenait. Le regard de Kyou était attiré par le seul endroit serein de toute la ville… le parc calme du centre.



— De tels endroits ne devraient pas être si proches de tant de mal, murmura-t-il dans la nuit.



Sautant du bâtiment, Kyou poursuivit ses recherches comme il l'avait fait pendant tant de siècles. Hyakuhei paierait de sa vie même pour avoir pris le seul qui lui importait ou le ferait. Son frère était à jamais perdu et ne reviendrait jamais.



—Toya ... chuchota Kyou alors qu'il disparaissait dans la nuit, laissant derrière lui l'image d'un ange vengeur ...



*****



Le parc était toujours paisible à cette heure de la journée. C'était encore l'après-midi et le soleil était haut dans le ciel. Kotaro se promenait paresseusement à travers les arbres près du centre où était assis un énorme bloc de marbre. Il n'avait aucune idée d'où cela venait… il était là depuis aussi longtemps qu'il se souvienne, c'était encore plus ancien que la ville elle-même. Tout ce qu'il savait avec certitude, c'était qu'il ressentait un sentiment écrasant de paix chaque fois qu'il était près d'elle.



— Qui aurait cru qu'un simple rocher carré provoquerait des pensées tranquilles? marmonna Kotaro.



Prenant un autre chemin entre les arbres, il se dirigea vers la pierre pour pouvoir la regarder. Même s'il avait été complètement heureux ce jour-là… le simple fait de s'assurer qu'il était toujours là le faisait se sentir mieux.



Kotaro s'arrêta sur ses traces quand il entra dans le centre où il se trouvait et fronça les sourcils en regardant l'individu assis en tailleur sur le dessus avec les coudes sur les genoux et le menton en coupe dans ses mains. De courts cheveux violets se balançaient dans la douce brise donnant au jeune homme un air très enfantin.



— Qu'est-ce que tu fous ici ?! demanda Kotaro.



Kamui grimaça sans le regarder. Au lieu de cela, il inclina la tête dans la direction de l'université au loin dans la distance.



— J'attends que les cours commencent.



Kotaro secoua la tête et se déplaça dessus avant de s'arrêter encore et tourbillonner autour au visage Kamui.



— De quoi parles-tu ? Tu n’es même pas inscrit ici.



Kamui fit un clin d'œil avant de disparaître lentement de son existence dans une rafale de poussière arc-en-ciel scintillante.



— Je sais.



Kotaro regarda fixement la poussière tourbillonner avant de disparaître complètement.



— Parfois, ce garçon est une telle énigme, lança-t-il à l'espace désormais vide, puis ses yeux glissèrent plus bas comme s'ils caressaient la pierre.



Il entendit le bruit des pieds qui couraient frapper le trottoir mais n'y prêta pas vraiment attention jusqu'à ce que quelqu'un lui tape sur l'épaule. Il sursauta littéralement et se retourna pour voir Hoto et Toki penchés, les mains posées sur les genoux en train d'essayer de reprendre leur souffle.



— Qu'est-ce qui vous a essoufflé de la sorte ? demanda Kotaro avec un sourire narquois alors qu'il retrouvait son calme.



Hoto agita un morceau de papier devant lui.



— Pour vous... de la part de la police ... important.

Kotaro prit le papier :



— De la part de la police, hein ? Ça doit être vraiment important pour vous faire courir le marathon tous les deux.



Toki hocha la tête avant de tomber sur le côté pour se reposer. Hoto tomba simplement à genoux et posa la tête sur l'herbe.



— Vous deux, vous êtes les plus grosses mauviettes que j'ai jamais vues, râla Kotaro avec bonhomie.



— Ça fait mal aux côtes, gémit Toki.



— Il faut que je rentre ... dans ... un bureau climatisé.



Kotaro soupira de résignation et les laissa cuire sous le chaud soleil avant d'ouvrir le billet. Sa main se ferma, froissant le papier qu'il venait de recevoir du poste de police non loin du campus. Une autre fille avait disparu sans laisser de trace. Il avait passé beaucoup de temps à enquêter sur les disparitions de nombreuses jeunes filles, ce qui l'avait finalement conduit à l'université où il était désormais chef de la sécurité.



Ses pensées se tournèrent instantanément vers sa bien-aimée Kyoko. Il l'avait retrouvée et comme il l'avait prévu… Toya n'était pas loin. Une chose qui l'avait surpris était le fait que Toya soit né de nouveau normal… humain, du moins c'est ce qu'il semblait. Parfois, il pouvait sentir le vrai Toya gisant juste sous la surface… inconscient de sa propre existence, mais jusqu'à présent cette partie de lui était restée endormie.



— Dieu merci pour les petites faveurs. Kotaro passa une main agitée dans ses cheveux au vent.



Cela lui convenait bien qu'aucun d'eux ne se souvienne du passé… c'était un souvenir qu'il valait mieux oublier. Il souhaitait avoir le même privilège d'oublier… mais pour lui, le souvenir restait… le réveillant souvent la nuit dans une sueur froide.

En quittant le parc, il se retrouva debout sur la promenade en pierre devant le campus. Kotaro leva ses yeux bleu glacial dans la direction où Kyoko vivait. Il fronça les sourcils tandis que l'inquiétude se gravait dans ses traits et il avait soudain l'envie de vérifier comment allait « sa femme ».



La partie longue de sa chevelure noire aux mèches effilées était tirée en arrière par un élastique placé bas. Le reste de ses cheveux, de la frange à la couronne, avait constamment l'air d'avoir été naturellement balayés par le vent; lui donnant l'apparence d'un mauvais garçon punk mais cela lui convenait très bien. Cette apparence lui avait servi plus d'une fois ces dernières années.



Son corps était grand avec des muscles minces… mais les regards pouvaient être trompeurs. Il n'avait pas une once de graisse à perdre et était plus fort que cinquante humains mâles réunis. Les seules personnes qui connaissaient sa force inhumaine étaient celles qui choisissaient de lui donner du fil à retordre ou osaient se mettre sur son chemin. Et ces quelques-uns avaient trop peur de dire un mot. Personne sur le campus ne connaissait le côté secret de Kotaro et il voulait qu'il en soit ainsi.



Kotaro était responsable de la sécurité de chaque personne qui marchait sur le campus, que ce soit un visiteur, un étudiant ou un membre du corps professoral. Les jeunes femmes avaient commencé à disparaître de cette zone il y avait environ un mois à un rythme alarmant et principalement à partir de la grille entourant les terrains de l'université.

Un grognement sourd se forma profondément dans sa poitrine alors qu'il inhalait les parfums autour de lui. L'air était soudain teinté d'une odeur ancienne… diabolique. Il se rapprochait de celui qui était responsable de bien plus que les filles disparues… il le sentait. Repoussant ces pensées pour l'instant, il commença à marcher rapidement vers les appartements environnants qui abritaient de nombreux étudiants innocents.

Il irait voir Kyoko et si elle le permettait... Ses yeux s'assombrirent de manière séduisante… il ne la quitterait pas pour le reste de la journée… ou de la nuit. Il espérait seulement que Toya ne traînerait plus avec elle aujourd'hui. Il la voulait pour lui tout seul. Après tout, elle était vraiment sa femme et il faudrait que ce «garçon» s'occupe d'avoir sa propre vie.



Ses pas ralentirent un moment alors que l'ironie de la situation le frappait … il était heureux que Toya ait au moins maintenant une vie. Un sourire presque amusé apparut alors qu'il menaçait mentalement cette vie s'il n'arrêtait pas de harceler Kyoko tout le temps.



La simple pensée d'elle assise à côté de lui sur son canapé confortable, mangeant du pop-corn et regardant un film ringard ressemblait à la soirée parfaite. Ils partageaient ce type d'instants au moins une fois par semaine et pour lui… c'était sa partie préférée de la semaine. Il avait ses moments ininterrompus avec la beauté aux cheveux auburn. Peu importait qu'ils soient en train de regarder un film ou qu'ils soient simplement assis sur son canapé à parler… il adorait juste la sensation d'elle blottie à côté de lui.

Kotaro eut un sourire narquois satisfait en se demandant ce que ce serait de toujours être à ses côtés… jour et nuit.



Son sourire s'évanouit avec sa prochaine pensée… Kyoko ne l'avait pas encore choisi plutôt que Toya. Du moins, pas dans cette vie. Certaines choses ne changent jamais. Il leva les yeux vers le ciel comme pour envoyer un sarcastique et silencieux

merci pour toute l'aide dans ce domaine. à celui qui écoutait. Quelque chose lui disait que les dieux devaient avoir le plus dérangeant des sens de l'humour.



*****



Les examens étaient enfin terminés et Kyoko avait chanté ces mots tout l'après-midi. Elle avait été bonne fille et avait étudié jusqu'à ce n'en plus pouvoir, mais tout avait payé. Elle savait juste qu'elle avait réussi ces tests diaboliques. Cette seule pensée lui avait donné envie de faire la danse de la victoire jusqu'à son appartement aujourd'hui.



En fait, la première chose qu'elle avait faite dès qu'elle avait franchi la porte était de jeter ses livres à travers le salon comme s'ils étaient vecteurs de maladies et avait finalement succombé à l'envie ... d'effectuer une «danse de la victoire» impromptue juste dans l'embrasure de la porte, apparemment, elle avait encore un peu de geek en elle après tout. Cela avait été immédiatement suivi par sa propre interprétation d'une danse de buteur qu'elle avait vu Toya faire une fois, en secouant les fesses tout le long du couloir jusqu'à sa salle de bain afin de se faire couler un bain moussant chaud. Kyoko décida alors que pour faire cela, il fallait le faire bien et alla allumer sa chaîne stéréo et attraper quelques bougies.



Elle faisait encore de mignons gloussements de joie au moment où la baignoire achevait de se remplir et elle ne perdit pas de temps avec ses vêtements en les enlevant et en les jetant où bon lui semblait.



Je trouverai très probablement mes sous-vêtements suspendus au ventilateur de plafond quand j'aurai fini. pensa-t-elle, puis, haussant les épaules, elle entra dans l'eau.



Elle se glissa plus loin dans le bain pour laisser les bulles flottant à la surface caresser son cou et ses épaules. Ses yeux vert émeraude, qui étaient parfois connus pour devenir orageux à tout moment, brillaient de contentement.



Ses vagues de cheveux auburn étaient empilées au hasard sur le dessus de sa tête et sa peau douce et soyeuse était maintenant cachée sous les bulles. C'était une fille heureuse… et tout ce qu'elle voulait vraiment, c'était se détendre pour le reste de la journée. Un peu de musique douce en fond sonore, des bougies délicatement parfumées allumées dans toute la salle de bain et c'était le cadre parfait.Elle ferma les yeux sachant que son image allait bientôt devenir nette… comme si elle l'attendait. C'était son secret.



Des yeux bleu glacial la regardaient de l'intérieur de son esprit. Elle avait rêvé de lui tellement de fois pendant les nuits qu'elle pouvait maintenant les invoquer même pendant ses heures d'éveil. Plus elle s'enfonçait profondément dans le rêve, plus il devenait réel jusqu'à ce qu'il semble qu'il était vraiment là… agenouillé près de la baignoire.



Ses lèvres s'inclinèrent dans un sourire sensuel alors qu'il tendait la main et lui prit le gant de toilette ... ses yeux devenant aussi brillants qu'une flamme bleue.



— Les rêves sont agréables, murmura-t-elle en roulant la tête sur le côté, le laissant faire ce qu'il voulait.



Dring dring....



L'un des sons les plus agaçants du monde résonna dans tout l'appartement. Kyoko eut un mouvement précipité vers l'avant, dans la baignoire, faisant déborder l'eau par dessus le rebord et sur le carrelage. Portant la main à sa joue, elle pouvait sentir la chaleur et se mit à rougir juste au moment où le téléphone sonnait de nouveau.



— Mince !



Elle se leva rapidement sachant que le téléphone était jusque dans le salon. Sortant de l'eau, elle attrapa le peignoir en soie sur le comptoir et et s'enveloppa avec alors qu'elle courait pour répondre. Se rendant compte qu'elle laissait une traînée d'eau, elle prit note mentalement de se souvenir de prendre le téléphone sans fil avec elle la prochaine fois dans la salle de bain.



À l'autre bout du fil, Suki tapota de ses ongles le comptoir de la cuisine en espérant que Kyoko se dépêche de décrocher le téléphone. Elle avait ce sentiment tenace que Shinbe serait là d'une minute à l'autre, et elle ne voulait pas qu'il sache quoi que ce soit sur ce qu'elle prévoyait. Elle entendit le déclic à l'autre bout.



— Enfin !



Kyoko éloigna le téléphone de son oreille pour le regarder d'un oeil mauvais puis le remit contre sa joue.



— Suki, j'étais dans le bain !



Kyoko gémit presque en regardant avec envie vers la porte de la salle de bain où elle savait que l'eau était encore chaude et parfumée au jasmin. Elle lui faisait signe de revenir et de profiter… tout comme le rêve. Elle se mordit la lèvre inférieure en éloignant ses yeux de ce qu'elle voulait.



— Tu es vraiment debout là, toute nue ?



Suki ricana en sachant que Kyoko rougissait facilement.



— Suki ! s'écria Kyoko dans le combiné.



Son amie avait simplement un sens de l'humour tordu, qui provenait probablement du fait qu'elle passait trop de temps avec Shinbe. Elle sourit malicieusement en répliquant :



— Il te fallait quelque chose ? J'ai un bain chaud et plein de vapeur qui m'appelle et tu interromps mon petit rendez-vous.



— Rendez-vous ? Suki regarda le téléphone et roula des yeux.



— Tu as vraiment besoin d'aide Kyoko. Depuis quand tu la joues romantique dans l'eau du bain sans être accompagnée ? Aies au moins une étincelle d'imagination et pense à un homme sexy pour te laver le dos pendant que tu y es.



Elle soupira d'un ton exaspéré, ignorant qu'elle venait de choquer Kyoko profondément en évoquant une image mentale si proche de sa réalité.



— Quoi qu'il en soit, toi et moi avons une soirée entre filles pour célébrer la fin des examens, gazouilla Suki.



Elle n'allait pas laisser Kyoko dire non.



— Il n'est pas question que tu dises non, alors commence à te préparer. Et porte cette tenue que nous avons achetée le week-end dernier. Je ferai de même.



Suki inspira profondément et recommença rapidement avant que Kyoko ne puisse placer un mot.



— Sois prête pour 7h30. J't'adore. Byeeee !



Kyoko cligna des yeux lorsque le déclic lui indiqua que l'appel avait pris fin. Ses lèvres étaient toujours entrouvertes parce qu'elle s'était tenue prête à dire «non» à sa première occasion. En silence, elle lança un regard au mur au fond du salon qui séparait les appartements des deux filles en se demandant si Suki avait appelé de là ou de son téléphone portable, quelque part ailleurs. En regardant l'identifiant de l'appelant, elle soupira.



—Téléphone mobile, pas étonnant.



Pas besoin d'aller taper sur le mur alors. Mais l'image de ses mains autour du cou de Suki la fit sourire.



— Je peux bien faire semblant cependant.



Remettant le téléphone sans fil sur le comptoir, Kyoko baissa les yeux vers le peignoir de soie accroché à son corps humide et gémit. L'eau chaude encore sur sa peau était maintenant devenue froide et piquante, faisant apparaître la chair de poule. Rapidement, elle fit demi-tour pour retourner à son bain.



Dring dring....



Kyoko tressaillit. Elle fit volte-face, le sourcil gauche relevé en signe de frustration.



—J'espère que c'est Suki pour que je puisse lui donner ma façon de penser concernant ses méthodes d'intimidation !



Saisissant brusquement le téléphone, elle dit un peu plus fort que d'ordinaire :



— Allô ?



Toya eut un sourire narquois en entendant l'accueil fait par Kyoko.



— Et bien, ta maman ne t'a-t-elle jamais appris à être polie en répondant au téléphone ?



Kyoko avait envie de marcher calmement jusqu'à la fenêtre, de l'ouvrir et de laisser le téléphone lui glisser des mains vers l'inconnu.



— Pourquoi est-ce que personne ne veut me laisser finir de prendre mon bain ? gémit-elle, tapant du pied seulement pour sentir l'air conditionné se frayer un chemin sous son peignoir.



Le sourire de Toya s'évanouit alors que son imagination s'emballait et des visions explicites commencèrent à danser dans son esprit.



— Es-tu n…



Il s'arrêta soudainement la langue comme liée avant de lui avoir demandé si elle se tenait là, toute nue. Secouant la tête comme pour en chasser cette pensée , Toya prit une profonde inspiration pour se calmer et, il l'espérait, contrôler ses hormones qui faisaient maintenant rage.



Punaise, quelle belle image...



Kyoko fronça les sourcils en se demandant si Tous était juste à côté de Suki à l'instant même.

Toya tenta de nouveau de parler.



— Hé, peu importe. Écoute, je viens te chercher pour t'emmener au cinéma ce soir, alors habilles-toi.



Kyoko cligna des yeux en se demandant qui avait décidé qu'aujourd'hui était «la fête du harcèlement».



— Euh, j'ai des projets pour ce soir.



Bien sûr, son projet était de se transformer en pruneau dans son bain avant de se pelotonner sur le canapé et de regarder un film. Peut-être même s'endormir pendant le film, et non d' avoir le monde entier faisant pression pour la pousser à «sortir».



— Pardon ? Annule, car tu viens avec moi ! fit Toya d'un ton de commandement, s'énervant qu'elle ne fasse pas faire ce qu'il voulait qu'elle fasse… comme si elle avait jamais fait autrement.



Kyoko ferma les yeux et éloigna le téléphone de son oreille en scandant



— Je ne le jetterai pas par la fenêtre, je ne le jetterai pas par la fenêtre,



Toc, Toc



Kyoko se retourna pour faire face à la porte en pensant.



Mais je le jetterai à quiconque se trouve derrière cette foutue porte!



Elle put entendre le rire dément provenant de quelque part out au fond d'elle, où résidait sa jumelle maléfique. Elle marcha calmement jusqu'à la porte, la déverrouilla, puis passa la tête par l’entrebâillement pour voir de qui il s'agissait.



— Kotaro, murmura-t-elle un peu à bout de souffle, puis ferma la bouche d'un air coupable, espérant qu'il ne l'avait pas remarqué.



Les yeux de Kotaro s'illuminèrent et s'assombrirent en même temps que la porte s'ouvrit. Il était content de voir Kyoko en sécurité… et visiblement pas entièrement habillée. Il haussa un sourcil à la façon dont elle avait dit son nom. Pressant sa main contre la porte au-dessus de sa tête, il l'ouvrit un plus avec son sourire assuré habituel alors qu'il passait devant elle… la frôlant presque.



— Comment va ma femme aujourd'hui ?



Kotaro la dépassa et entra dans l'appartement comme si c'était chez lui.



Je ne commettrai pas de meurtre, je ne jetterai pas le téléphone, je ne le ferai pas…



Kyoko continuait mentalement de scander ces paroles tandis que Kotaro lui faisait face avec son sourire habituel à couper le souffle. Elle eut soudain l'impression que la climatisation avait cessé de fonctionner.



Comment était-il possible que cet homme, qui ne pouvait être décrit que comme un aimant sexuel ambulant, l'affecte à ce point ? Elle avait toujours l'impression d'être en train de s'empêcher de le jeter au sol. Secouant la tête, elle baissa les yeux et poussa un petit cri quand elle vit que son peignoir était partiellement ouvert. Ce n'était pas suffisant pour montrer quoi que ce soit mais assez de peau était visible pour la faire rougir.



Toya se tendit, entendant le coup frappé à la porte en fond sonore à travers le téléphone puis la voix de Kotaro. Il cria dans le téléphone pour attirer son attention.



— Bon sang, Kyoko ! Pourquoi diable Kotaro est-il chez toi ? grogna-t-il, en colère que l"agent de sécurité se soit présenté à nouveau dans l'appartement de «sa» Kyoko.



Kyoko grinça des dents quand le cri du téléphone se fit entendre haut et fort dans le salon. Regardant l'horloge murale par-dessus l'épaule de Kotaro, elle comprit qu'elle devait commencer à se préparer ou Suki serait la prochaine à frapper à la porte. C'en était vraiment trop. Elle se tourna et se dirigea vers le comptoir avec l'intention de raccrocher le téléphone. L'élevant au niveau de son oreille, elle cria :



— Je te verrai plus tard !



«Clic»



… un de moins… au suivant.



Kotaro eut un sourire narquois sachant que c'était après Toya qu'elle avait crié. Ses yeux parcoururent la soie qui s'accrochait à un corps joliment façonné comme une seconde peau et il n'aurait pas pu s'arrêter s'il avait essayé d'avancer… plus près d'elle. Il ferma lentement les yeux seulement une seconde alors qu'il inspirait profondément, son corps entier maintenant à moins d'un centimètre du sien. La pensée de la toucher sans contact le fit courber mentalement son corps autour du sien en se resserrant.

Il se pencha en avant, rapprochant ses lèvres du creux de son oreille avant de chuchoter son nom. Ses lèvres s'adoucirent, tout comme ses yeux bleu glacier. Il se retrouvait sur le point de souhaiter qu'elle se souvienne du passé… et à quel point ils étaient autrefois proches. Que ferait-elle si elle se souvenait qu'ils avaient vécu ensemble ? Elle, Toya et lui… afin qu'ils puissent la protéger.



Kyoko s'essouffla alors que l'air se précipitait hors d'elle et elle sentit la peau le long de son cou et de ses joues la picoter. C'était déjà assez difficile de garder ses pensées claires avec lui si près mais en ce moment elle pouvait le sentir la toucher même s'il ne la touchait pas. Se rappeler de ce qu'elle faisait avant que le téléphone ne l'interrompe fit monter instantanément de la chaleur à son visage.



Ne voulant pas qu'il remarque sa culpabilité, elle lui tourna le dos et s'efforça de supprimer le souvenir du bain. Fermant les yeux, elle combattit l'envie de s'appuyer contre lui et dut saisir la table pour se stabiliser.



Kotaro voulait mettre ses mains sur la table de chaque côté de son corps… la piégeant dans ses bras mais s'arrêta soudain. Il pouvait sentir les savons qu'elle avait utilisés dans le bain mais une saveur lui parvint et son expression devint curieuse… de l'excitation ? Il recula loin d'elle, se sentant se durcir.



Passant la main dans ses cheveux indomptés, il se retira à une distance plus sûre essayant sincèrement d'ignorer la secousse dans le creux de son estomac… pourquoi était-il revenu ici ?… C'était important.

Il sentit son instinct protecteur se réveiller, il se rappela des alertes récentes qu'il avait reçues.



— Vas-tu passer la soirée avec moi ?



La question à consonance innocente cachait un double sens, car il prenait le goût du désir.



Kyoko ralentit à nouveau sa respiration, prête à combattre ses sentiments. Elle fronça les sourcils sachant que ce serait trop dangereux d'être seule avec lui. Soudain, elle aurait voulu remercier Suki de l'avoir menée à la baguette.



La voyant froncer les sourcils, Kotaro ajouta rapidement :



— On pourra faire tout ce que tu veux. Louer un film et rester ici… ou sortir.



— Louer un film et rester à la maison ... répéta Kyoko en pensant que c'était exactement ce qu'elle voulait faire.



Puis, remarquant que les yeux de Kotaro s'éclairent, elle rectifia rapidement :



— C'est du moins ce que je voulais faire et si je n'avais pas été entraînée dans les projets de quelqu'un d'autre. J'aurais adoré rester à regarder des films avec toi. Mais je suis désolée Kotaro. Je ne peux pas.



Elle lui lança un sourire d'excuse en tapant mentalement du pied à l'idée de rater une soirée très chaleureuse avec le bel agent de sécurité.



Les épaules de Kotaro s'abaissèrent d'un centimètre mais il sourit quand même sachant qu'elle n'essayait pas de le blesser. Il voyait même qu'elle voulait qu'il reste et il se demanda à quel point elle le désirait… était-ce la même chose que ses désirs à lui ? Pour lui, Kyoko était le joyau le plus précieux sur terre et il ferait tout ce qu'il pouvait pour la faire sourire et la garder en sécurité en même temps.

Après tout, il avait attendu plus de mille ans juste pour la revoir. Ayant besoin de s'assurer qu'elle était protégée et hors de danger, il lui demanda :



— Alors, quels sont tes projets, je peux peut-être participer aux réjouissances ?



Il lui fit son sourire le plus espiègle en espérant que ça marcherait. Sinon, il pourrait recourir à la traque… les coins de ses lèvres parfaites se penchaient en un sourire secret.



Kyoko savait que Suki n'accepterai jamais ça. La soirée entre filles signifiait une soirée entre filles. Elle savait aussi que si Kotaro découvrait qu'elle n'était qu'avec Suki… il la suivrait, débarquant près d'elles comme par accident. Elle l'avait vu le faire plusieurs fois.

Là où Toya était insistant, Kotaro avait toujours essayé d'être subtil, même si lorsque les deux étaient dans la même pièce, ils semblaient se comporter de manière très similaire et s'ennuyaient constamment l'un l'autre. Les deux gars avaient un cœur d’or et elle le savait. D’une certaine manière, elle les aimait tous les deux... tellement que c’en était douloureux, c’est pourquoi elle avait choisit de ne pas choisir et juste rester célibataire pour l’instant. Honnêtement, elle ne voulait blesser ni l’un ni l’autre.



Une chose dont Kyoko était certaine c'était que Kotaro ne se donnerait pas la peine de la suivre s'il pensait qu'elle devait sortir avec Toya ce soir. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.



— Je suis désolée, Kotaro, j'ai déjà prévu de sortir avec Toya mais on pourra louer des films ou faire autre chose une autre fois, promis !



Kyoko baissa les yeux car elle n'aimait pas lui mentir mais c'était le seul moyen de lui faire lâcher prise.



Les yeux au sol, elle remarqua qu'il avait avancé d'un pas et immédiatement elle fit un pas en arrière en se mordant la lèvre inférieure lorsqu'elle sentit la table derrière elle.

Kotaro sentit vibrer en lui la jalousie mais il en gardait le contrôle. Son unique réconfort était que la savoir avec Toya cette nuit garantissait qu'elle ne viendrait pas grossir le rang des filles portées disparues.De plus, il savait que Kyoko et Toya étaient tous deux en secret sous la surveillance de Kamui.Il devait s'avouer mentalement que Toya avait tendance à la surprotéger et saurait la garder en sécurité. Il voulait être celui qui passerait la nuit avec Kyoko, celui qui la protégerait.Même si ça ne lui plaisait pas, Toya ne laisserait rien lui arriver.



Il la regarda lentement relever les yeux vers les siens et il put voir l'inquiétude dans son regard, la crainte qu'il ne tente de l'arrêter... Il aurait voulu la retenir mais il n'en ferai rien. Le moment venu, elle ferait son propre choix.

Hochant la tête en signe d'acceptation avec réticence, Kotaro tendit la main vers la sienne qu'il garda pendant un moment, le regard bleu glacier verrouillé sur un regard orageux vert émeraude. Il pouvait voir dans ses yeux qu'elle avait eu une rude journée. Il arrivait toujours à savoir ce qu'elle ressentait rien qu'à la couleur de ses yeux... Il avait appris à faire ça il y avait plus de cent ans. Il aurait seulement voulu qu'elle s'en souvienne.



— Ça marche, Kyoko. Je viendrai prendre de tes nouvelles demain. Prend garde à toi, ma belle.



Se penchant vers elle, il effleura son front d'un baiser puis lâcha sa main, se détournant, prêt à partir. Kyoko sourit.



— Merci, Kotaro.



Elle ressentait encore un picotement sur son front, à l'endroit que ses lèvres chaudes avaient touché. Elle était heureuse qu'il soit plus facile à gérer que ne l'était Toya. Il l'embrassait souvent sur la joue, sur le front ou sur la main, laissant à cet endroit une zone chaude pleine de fourmillements.

Elle se demanda ce qu'il penserait s'il savait qu'elle n'avait jamais été embrassée sur les lèvres. Nul ne voudrait jamais croire qu'à dix-huit ans, elle soit aussi pure qu'elle l'était... Enfin, physiquement pure. Elle rougit de nouveau, consciente du fait que ses pensées n’étaient pas réellement sans tâche.

Elle voulait en tenir pour responsable le traître qui vivait dans sa poitrine et qui allait plus vite chaque fois qu'elle avait une pensée pour lui.

Kotaro ouvrit la porte pour se glisser à l'extérieur, non sans lui avoir jeté un sourire par dessus l'épaule en ajoutant :



— Rappelle toi juste une chose, tu es encore ma femme.



Il partit rapidement, refermant la porte derrière lui, un sourire carnassier sur les lèvres à cause de son dernier commentaire.

Il savait qu'elle ne franchirait pas les limites avec Toya et il n'était pas inquiet. Même par le passé, alors que Toya et lui s'affrontaient, elle se rangeait toujours de son côté et non du côté de Toya. Elle avait toujours aimé Toya mais Kotaro savait que c'était de lui qu'elle était réellement éprise.



La vitesse à laquelle son cœur battait en sa présence avait toujours trahit la réalité de ses sentiments... Dans cette vie comme par le passé. Il ne lui restait plus qu'à attendre qu'elle en prenne de nouveau conscience. Kotaro inhala doucement son parfum, le savourant. Même à cet instant, il pouvait sentir sa pureté et il savait qu'elle n'était pas de celles qui prennent ce genre de choses à la légère. Elle était si innocente des manières de ce monde. Cette pensée fit s'évanouir le sourire de Kotaro.

Il n'était pas si sûr de vouloir qu'elle apprenne jamais l'existence du côté obscur de ce monde... Il ne voulait pas risquer de détruire son bonheur. Lui-même n'était pas ce qu'elle croyait. Il savait qu'elle l'accepterai quoi qu'il en soit mais le souvenir de l'avoir enterrée lui fit garder le silence sur le passé.



Il y avait des choses dont il valait mieux ne pas se rappeler. Alors que Kotaro sortait du bâtiment et se retrouvait sur le trottoir, il leva les yeux vers sa fenêtre depuis la cour, en bas, en se demandant ce qu'elle ferait lorsqu'elle apprendrait pour lui.

Et oui, il allait lui dire la vérité... Mais pas maintenant. Comment expliquer qu'on est plus âgé que n'importe quel homme normal et qu'on possède des pouvoirs tels qu'elle n'en a vu qu'au cinéma ?

Kotaro secoua la tête alors qu'il reprenait le chemin de la fac en évaluant la prochaine action à mener en corrélation avec les filles portées disparues.

Il savait ce qui était en train de leur arriver et qu'elles étaient plus que probablement déjà mortes ou du moins en état de suspension de mort. Des éclairs de colère fusèrent dans ses yeux l'espace d'un instant, révélant la nature plus sombre de son âme de Lycan. Il avait besoin de repérer l'odeur de ses enfoirés de buveurs de sang et celle de celui qui les commandait avant qu'ils ne retrouvent Kyoko.




Chapitre 3


Kyoko farfouilla dans le placard à la recherche de ce que Suki l'avait poussée à acheter le weekend dernier. Elle gloussa en repensant au fait que Shinbe les avais suivies pendant toute leur virée shopping, prêt à les laisser essayer tout ce sur quoi elles auraient pu avoir besoin d'un avis.



Le comble avait été quand il s’était glissé dans la cabine d'essayage des filles pour parler à Suki en restant derrière le rideau. Shinbe avait pris une voix si haut perchée, avec l'intention de faire croire à Suki qu'il était la vendeuse en charge du salon d'essayage et il avait offert de remonter sa fermeture éclair.

Suki avait accepté l'offre et avait tourné le dos vers le rideau. Kyoko avait manqué de tomber à la renverse lorsque Shinbe fit un vol plané à travers le salon d'essayage pour aller se planter dans le mur de l'autre côté.

Elle avait demandé à Suki comment elle avait fait pour deviner que c’était Shinbe et la réponse de Suki avait été :



— Je ne crois pas qu'on aurait engagé une lesbienne pour gérer les cabines d'essayage alors quand il a posé la main à l’intérieur de la robe au lieu de la mettre sur la fermeture à glissière, c'était grillé !



— Pauvre Shinbe, soupira Kyoko en prenant un haut court blanc à volants, dont les manches de soie fluide étaient évasées et bouffantes du coude jusqu'au poignet.



En vérité, elle le trouvait très joli. Cela lui rappelait un peu une tunique d'ange mais en version sexy. c’était suffisamment court pour dévoiler son nombril avec la mini jupe serrée noire qu'elle avait achetée.



Après avoir enfilé les vêtements et après avoir trouvé des chaussures qu'elle voulait, elle attrapa les cheveux qui lui pendaient près des oreilles et les releva à l'aide d'un chouchou, laissant pendre le reste d'une façon séduisante. Appliquant une légère quantité de maquillage et mettant un collier dont le pendentif était en forme de larme, elle se considère prête à affronter ce dans quoi Suki avait l'intention de l’entraîner.

Elle aurait secrètement voulu pouvoir dire à Kotaro où elles se rendait mais elle même n'avait pas la réponse à cette question. Elle mâchouilla sa lèvre inférieure en prenant conscience du fait qu'il lui manquait déjà puis elle s’efforça de mettre ce sentiment mélancolique de côté, sachant que Suki le détecterait à coup sûr.

La dernière chose dont elle avait besoin ce soir était que sa meilleure amie la bombarde d'un million de questions auxquelles elle n'avait nulle envie de répondre.



***



Shinbe passa les doigts dans les mèches bleutées qui brillaient dans sa chevelure sombre alors qu'il prenait appui sur le chambranle de la porte en souriant.

Il s’était rué chez Suki aussitôt qu'il avait reçu son appel l'informant qu'elle serait absente toute la soirée et lui demandant de ne pas se déplacer.



— Elle se fourre le doigt dans l’œil si elle pense pouvoir se débarrasser de moi aussi facilement.



Shinbe leva un sourcil alors qu'il attendait.

Lorsqu'elle ouvrit la porte, la chevelure encore enveloppée dans une serviette, les premières paroles de Shinbe furent



— Wow, est-ce que je viens de rater ton bain, Suki ?



Il lui adressa un sourire coquin alors que ses sourcils tressautaient.

Dès qu'il avait rencontré Suki et Kyoko, il avait ressentit le besoin d’être auprès d'elles à toute heure. Il était souvent en tandem avec Toya et les filles.

Suki savait que Toya se considérait comme son petit ami car il était le seul avec qui elle sortait mais elle n'avait jamais été d'accord pour être enchaînée à lui.

Elle tenta de masquer l'embarras qui menaçait de faire rougir son visage tout entier alors qu'elle répliquait :



— Il faudrait au moins une masse de démolition et de l'eau de javel pour t'enlever tes pensées les plus sales.

Il se pencha plus près d'elle, faisant disparaître tout le reste alors que ses yeux améthyste s'assombrissaient sensuellement.

— Si tu me laissais... entrer... Je crois que nous pourrions trouver un bonne raison de prendre un nouveau bain.

Suki sentit les battements de son cœur accélérer au son de sa voix rauque et recula de plusieurs pas tandis que lui, avançait vers elle avant de refermer la porte derrière lui. Décidée à ne pas le laisser prendre le dessus, elle lui lança le plus crédible de ses regards menaçants et fut récompensée lorsqu'il cessa de la poursuivre. Si jamais il découvrait combien il avait d'emprise sur elle... Ce serait la fin.



— Hey ! Écoute, Shinbe, je dois vraiment finir de me préparer parce que j'ai prévu de sortir ce soir avec une amie. Je t'en avais déjà parlé au téléphone, tu t'en souviens ?



Elle s’était bien douté qu'il allait venir quand même... Ne serait-ce que pour tenter de savoir où elle comptait se rendre. Retirant la serviette de sa tète, la chevelure encore humide, Suki se dirigea vers la salle de bain tout en continuant à parler d'une voix suffisamment forte afin qu'il puisse l'entendre.



— Nous pourrons faire quelque chose ensemble demain soir, ça te va ?



Shinbe s'appuya contre le bar séparant sa cuisine du salon. Il était sur le point de commencer à se plaindre lorsqu'il remarqua un flyer posé sur le comptoir. S'en saisissant, il parcouru rapidement la page. Il leva les sourcils car il venait de comprendre.

Le club le plus grand et le plus beau de la ville

CLUB MINUIT

Soirée exceptionnelle du Vendredi

Ladies Night



Ladies Night avait été entouré. Shinbe fronça un sourcil en redéposant le papier sur le bar et se dirigea vers la salle de bain.

Il dissimula un sourire alors qu'il pénétrait sans frapper dans la salle de bain avant de se glisser derrière Suki qui, le bras levé, s’apprêtait à brosser sa chevelure.



— Demain, alors murmura Shinbe d'une voix séductrice au creux de son oreille avant de poser un baiser sur son épaule.



Il se détourna pour partir, dissimulant son sourire éclairé.

Suki demeura figée, fixant le miroir des yeux, l'impression qu'elle venait juste d'avoir ne lui disait rien qui vaille. Cela ne ressemblait pas à Shinbe de ne pas la supplier ou de ne pas insister. Ne voulant pas chercher la petite bête alors qu'il ne semblait y avoir aucun problème, elle se dépêcha de finir de se préparer. Craignant désormais que Shinbe ne soit en train de mijoter quelque chose, Suki décida d'aller à la rencontre de Kyoko un peu plus tôt que prévu.



*****



À plusieurs kilomètres de là, deux yeux rouges perçants regardaient par la fenêtre d'une suite penthouse surplombant la ville. Une longue chevelure noire soyeuse tombait en cascade sur la peau pèle comme la lune d'un dos nu dans un contraste saisissant. La beauté du visage angélique était frappante, des traits anguleux très marqués et le corps était fin et dur tel celui de la mythique divinité Adonis.

Son corps dénudé brillait à la lueur de la lune et les muscles semblaient danser à chacun de ses mouvements. Quiconque posait les yeux sur lui le trouvait beau mais son âme sombre n'était que malice et mort. Un sourire embellissait ses lèvres parfaites alors que ses pensées se concentraient sur les évènements de la nuit précédente.



Se détournant de la fenêtre, il commença à se préparer pour la soirée. Son regard passa distraitement sur le fauteuil bergère de style anglais près du feu dans lequel était assise une jeune étudiante sans vie.

Hyakuhei sourit en repensant au dîner de sang frais qu'il avait fait la veille au soir.



— Dommage, c'était une si jolie fille.



Il se lécha les lèvres en se rappelant le plaisir qu'il avait ressentit lorsqu'il s'était emparé de la fille et qu'il s'en était nourrit. Il ne pourrait jamais se lasser des jeunes femmes qu'ils attirait et enlevait pour sa propre satisfaction.

Ce soir, il se rendrait dans une boite de nuit à la mode afin de chasser sa proie et il avait besoin de s'assurer que ses "enfants" étaient bien. La "ladies night" était toujours une bonne occasion et un buffet de chair à volonté pour les promeneurs de la nuit.

Il était un seigneur vampire puissant et nul n'aurait osé le contrarier ni remettre en question sa force.



Pendant plus d'un millénaire, son unique désir avait le plaisir. Désormais il voulait plus. Il voulait ce qui lui revenait de droit. Son beau visage fut déformé par un froncement de sourcils alors qu'il repensait à sa quête, à l'objet qui était devenu son obsession alors qu'il attendait qu'il renaisse au monde. Le légendaire cristal du cœur du gardien.



Le cristal Sacré était un joyau qu'on disait capable de donner à un vampire la force de marcher au delà de la nuit jusque dans la lumière du jour.

Dans la légende, il était dit qu'une fille au sang non souillé et au cœur d'enfant serait porteuse en son corps du joyau.

Elle serait une prêtresse du plus haut rang et d'une grande puissance, la protectrice et porteuse du cristal du cœur du gardien.

Son regard sombre se porta à nouveau sur le ciel nocturne dans lequel une lune rouge sang était haut perchée.



— Je t'ai perdue une fois, chère prêtresse, mais ne t'y trompe pas, je te retrouverais.



Son regard se durcit alors qu'il faisait sa promesse à la nuit.



— Cette fois, je prendrais possession à la fois du cristal et de toi...



***



C'était exactement pour cette raison que Suki avait emmenée Kyoko faire du shopping le weekend précédent, seulement, elle n'avait pas dévoilé à son ami ses raisons. Suki s'était également acheté une tenue. La retirant de son placard, elle se glissa dedans en se tortillant d'excitation. C'était une robe noire très moulante. Cela avait été le coup de foudre dès qu'elle avait posé les yeux dessus.



C'est une bonne chose que Shinbe ne soit pas dans les parages, se dit Suki avec un sourire mystérieux en regardant la robe dans le miroir.

Elle était très courte mais n'en dévoilait pas trop... Juste assez pour titiller l'intérêt et faire travailler l'imagination. Tirant sa chevelure sombre en arrière à l'aide d'un chouchou noir, Suki appliqua un peu de maquillage et attrapa ses clès, se dirigeant vers l'appartement d'à côté, celui de Kyoko.



Kyoko sortit de la chambre en espérant qu'elle aurait le temps de grignoter quelque chose avant de sortir mais avant même qu'elle n'ait pu atteindre la cuisine, quelqu'un tambourinait à la porte.



— Mon Dieu, j'espère que ce n'est pas Toya, murmura-t-elle de façon inaudible et elle se demanda même si c'était une bonne idée d'aller ouvrir.



Il lui restait encore environs 20 minutes avant qu'il ne soit l'heure de son rendez-vous avec Suki alors Kyoko se décida à ignorer les coups frappés à la porte pour le moment, craignant d'avoir à affronter quiconque se trouvait de l'autre côté.

C'est étonnant comme la peur a le pouvoir de vous faire vous sentir comme un enfant de cinq ans. Les sourcils de Kyoko tressaillirent alors qu'elle retenait son souffle.

Les coups à la porte se faisaient un peu plus sonores mais cette fois ils furent suivis de paroles.



— Allez, Kyoko, je sais que tu es là. Ne m'oblige pas à enfoncer cette porte !



Ce fut dit dans un ricanement.



Kyoko leva les yeux au ciel en pensant que Suki parlait comme un flic. Elle ouvrit la porte à sa souriante meilleure amie qui immédiatement l'attrapa par le bras et la tira hors de l'appartement.



— Viens, allons-y. J'ai un mauvais pressentiment qui me dit que si nous ne partons pas maintenant , Shinbe va se montrer ou quelque chose du genre.



Kyoko eut à peine le temps de verrouiller la porte avant que Suki ne la traîne dehors.



*****



Kyou tira les lourds rideaux noirs afin de révéler la fenêtre, à présent que le crépuscule était là. Sa longue crinière blanche argentée se déploya autour de lui lorsqu'il ouvrit la fenêtre, laissant entrer le vent nocturne qui vint caresser son visage d'ange. Vêtu de noir, il avait l'air d'un ange déchu.



L'argent lui avait apporté la liberté de décider de ses propres horaires et le pouvoir de s'assurer qu'il ne serait pas dérangé. Avoir acheté entièrement le dernier étage de l'hôtel le plus cher de la ville lui donnait accès à toute la solitude dont il avait besoin et à la vue qu'il voulait. Regardant de l'autre côté de la rue, il pouvait voir que la queue avait déjà commencé à se former devant le Club Minuit, la boîte de nuit la plus à la mode de la ville. C'était une cantine parfaite pour les créatures de la nuit.

La longue queue était composée d'un grand nombre de jeunes étudiantes vicieuses et de jeunes cons qui les suivaient. Le regard torturé de Kyou fut traversé d'une lueur de mépris alors qu'il commença à parcourir la file d'attente des yeux en se demandant lequel d'entre eux attirerait l'attention de celui qu'il traquait. Qui serait la prochaine victime d'Hyakuhei ?

Kyou pouvait ressentir la présence d'Hyakuhei dans la ville et se demanda si Hyakuhei pouvait sentir que la mort était à ses trousses. Cette fois les choses seraient différentes. Kyou l'avait retrouvé trop facilement, comme si Hyakuhei avait laissé une piste exprès afin qu'il la suive. Les morts et disparitions d’étudiants du coin était comme une évidente carte de visite en ce qui concernait Kyou, qui ne pouvait provenir que d'une personne. Il n'aimait pas penser qu'Hyakuhei soit en train de le mener jusqu'ici.



— Je ne suis plus sous ton contrôle. gronda Kyou alors que le sang s'écoulait entre ses doigts refermés, les yeux teintés de rose.



— Tu n'as plus aucun pouvoir sur moi... plus maintenant !



Calmant sa rage croissante, Kyou remit le masque sans émotion sur son visage, masquant son aura. Il était temps pour le prédateur de devenir la proie.

S'il pouvait ressentir la force vitale d'Hyakuhei, Kyou aurait besoin de faire très attention afin d'empêcher son créateur de sentir également sa présence.



*****



Kyoko était surprise de la taille réelle de la boîte de nuit. Ses lèvres s'entrouvrirent quand Suki entra dans l'immense parking. Suki avait voulu arriver un peu tôt pour éviter la file mais d'après ce que Kyoko pouvait dire, une file avait déjà commencé alors ils se dépêchaient de sortir de la voiture. Kyoko pouvait voir des visages familiers de l'université qu'ils fréquentaient et sourit en remarquant que son amie de longue date Tasuki était l'un d'eux.

Tasuki aperçu Kyoko et Suki depuis l'endroit ou il se trouvait dans la foule. Il avait laissé ses amis le convaincre de venir et comme il n'avait rien de mieux à faire à présent que les examens de fin d'année étaient terminés, il avait accepté gracieusement.

Il était beau et bien bâtit, avec des cheveux bruns lui arrivant aux épaules et des yeux couleur chocolat qui faisaient fondre le Cœur des filles.

Il était également un des gars les plus populaires de la fac mais Tasuki était surtout connu pour les excellents résultats qu'il obtenait dans toutes les matières et il était plus gentil que la plupart de ses camarades.

Bien sûr, le fait qu'il soit l'une des personnes les plus riches de l'école, même si rien dans son comportement ne l'indiquait, boostait également sa réputation.

Se faufilant à travers la horde de gens, Tasuki approcha Kyoko avec un sourire authentique. Il la connaissait depuis le collège et il avait toujours eut, en secret, le béguin pour elle. Ils étaient sortis ensemble de façon discontinue mais cela n'avait rien été de sérieux... un peu plus comme des meilleurs amis en vérité, et cela faisait un moment qu'ils n'avaient pas fait ça.



Il lui aurait demandé de sortir avec lui plus souvent mais ce mec, Toya, ou le chef de la sécurité étaient toujours à proximité ces derniers temps. Il aurait pu jurer qu'il avait entendu un grondement la dernière fois qu'il l'avait approchée alors qu'elle était avec l'un d'eux.

Avec cela en tête, il parcouru la zone des yeux en espérant la trouver seule. Non pas qu'il ait peur d'eux... non... Jamais...

Suki pouvait voir la nervosité de Tasuki et rigola bien fort.



— C'est bon, Tasuki.



— Nous sommes venues ici par nous-même.



Elle sourit devant l'expression de confusion de Kyoko puis attrapa Tasuki par le coude, le faisant entrer dans la file d'attente avec elles. Comme chaque personne qui connaissait Tasuki, elle savait qu'il avait un faible pour Kyoko... enfin, tout le monde sauf Kyoko, à vrai dire.

Kyoko rougit lorsque Tasuki se retourna pour lui faire face. Elle n'avait pas réalisé à quel point il était devenu grand.



— Salut, Tasuki, cela fait un bail. J'ai entendu dire que tu t'en sors très bien encore cette année.



Son visage s'illumina de joie car il s'était passé bien trop de temps depuis la dernière fois qu'elle et lui avait passé du temps ensemble. Elle avait toujours eu ce sentiment de sécurité à ses côtés... comme avec un meilleur ami. Il lui avait manqué.

Un doux sourire vint embellir les lèvres de Tasuki, cela lui faisait plaisir qu'elle ai continué à se préoccuper de lui, même à distance. Peut-être avait-il encore une chance avec elle ? Il souhaitait réellement avoir une chance de lui prouver à quel point elle comptait encore pour lui et combien il voulait être avec elle, qu'il n'était pas trop bien pour elle comme elle avait toujours eu l'air de le croire.

Pour une raison inexplicable, elle semblait penser qu'il s'efforçait de faire tout ce qui était possible pour la voir uniquement en raison de leur amitié née en fin de collège. Il avait l'intention de rectifier cette idée fausse.



— Ouais, Kyoko, si jamais tu a besoin d'aide, ce sera avec plaisir que je viendrais t'aider avec tes leçons, peut importe le moment.



Il avait la secrète envie de se cogner la tête contre le mur de briques car une fois de plus, il avait parlé comme un meilleur ami au lieu de s'exprimer comme un petit-ami potentiel.

Suki secoua la tête en détectant le regard torturé de Tasuki alors qu'il souriait à Kyoko.

Pauvre gars pensa-t-elle en se mettant à sourire malicieusement. Il avait seulement besoin d'un petit coup de pouce dans la bonne direction.



*****



Le regard de Kyou se concentra sur la foule d'enfants naifs qui grossissait. Un si grand choix pour Hyakuhei. songea-t-il. C'était toujours la même chose. Ôter la vie et s'en tirer... exactement comme le monstre s'en était tiré par le passé. Ses doigts griffus s'accrochèrent au rebord de la fenêtre, il se demandait, frustré, s'il pouvait arrêter le massacre.



Il lui faudrait se rapprocher et se mêler à la foule. Souriant à l'idée que sa chevelure argentée et ses yeux dorés puisse avoir une chance de passer inaperçu dans la foule, Kyou concentra à nouveau son attention sur la foule compacte.

Balayant le parking du regard une fois de plus, il s'arrêta en sursaut sur un groupe de trois se trouvant dans la première partie de la queue. L'aura qui enveloppait le trio était remarquablement différente de celle des autres humains. Une douce nuance de pure lumière blanche qui enveloppait le groupe éblouit l’œil intérieur vampirique de Kyou.

Regardant avec moins d'intensité, Kyou secoua la tête et regarda à nouveau le groupe.

Même avec ses sens émoussés volontairement, il pouvait détecter une faible lueur tourbillonnante autour de ces trois silhouettes. Un pâle arc-en-ciel de poussière pailletée flottait directement au dessus d'eux, obscurcissant la lumière comme pour les masquer à son regard.

Kyou explora du regard le ciel au dessus d'eux pour ne trouver que la nuit. Il ferma à demi les yeux avant de les poser à nouveau sur le groupe car il était en train de comprendre bien plus que ce qu'il était supposé savoir.

Il n'avait jamais rien vu de tel de toute sa vie sans fin. Un vague souvenir attira son attention, le faisant écarquiller les yeux toujours posés sur le groupe. Il était en train de se rappeler les paroles de son jeune frère avant qu'Hyakuhei ne l'assassine sans pitié.

— ... Si seulement nous pouvions trouver le Cristal du Cœur du Gardien... alors peut-être que nous serions délivrés de l'obscurité, mon frère...



Kyou avait ri avec insolence, répondant à Toya que le joyau n'était qu'un mythe et qu'il était impossible à trouver, même dans les légendes. Toya avait ignoré sa réponse :



— L'aura de celle qui protège le joyau brillera d'une lumière sacrée. Ne veux tu pas être libre ?



Un sentiment de mélancolie s'installa en Kyou avec le souvenir de cette question de son frère. Il aurait donné n'importe quoi pour libérer son frère de cette vie dans laquelle Hyakuhei l'avait entraîné. La courant d'air passa par la fenêtre, écartant sa longue chevelure de son visage, comme pour lui dire de s'en aller, comme si Toya lui même lui disait de partit.



Ramenant l'obscurité environnante à son corps meurtrier, Kyou émergea sans se faire remarquer au milieu de la foule de jeunes qui ne se doutaient de rien, son intense regard ne quittant jamais le point d'où scintillait la plus pure des douces lumières.



*****



Kyoko gloussa lorsqu'elle vit Suki tortiller ses sourcils dans le dos de Tasuki. Suki avait vraisemblablement passé trop de temps en compagne de Shinbe récemment. Elle loucha et tira la langue faisant presque plier de rire Suki, puis elle changea brusquement d'expression lorsque Tasuki se retourna pour comprendre la raison de l'hilarité de Suki. À cause de cela, Suki fut obligée de s'accrocher au mur pour empêcher ses jambes de se dérober sous elle alors que Kyoko se contentait de hausser les épaules à l'intention de Tasuki en disant :



— Qui sait ce qui peut bien lui passer par la tête... Elle n’a jamais été normale.



Elle leva un sourcil en ajoutant :



— Au moins une fois par semaine, je suis obligée de la faire échapper de l'asile autrement son état empire et elle essaie de ronger les arbres devant le dortoir.



Tasuki sourit en se penchant vers l'oreille de Kyoko comme pour lui murmurer quelque chose puis dit à voix suffisamment haute pour que Suki puisse entendre :



— Peut-être que tu devrais l'y ramener en rentrant chez toi ce soir.



Kyoko hocha la tête joyeusement puis elle sentit le duvet sur sa nuque se dresser comme si quelqu'un était en train de la surveiller. espérant que ce ne soit pas Toya en train de les suivre en secret, elle tenta de l'ignorer en gardant son attention sur Suki et Tasuki.

Suki reprit finalement son souffle suffisamment pour rappeler à Kyoko qu'elles avaient une soirée pyjama de prévue plus tard, dans la cellule capitonnée puis elle demanda à Tasuki s'il aurait aimé se joindre à elles.



— Nous avons même une camisole de force pour l'occasion.



Elle leur tira la langue à tous les deux.



— Rentre ça avant de blesser quelqu'un, répliqua Kyoko et sa prompte récompense fut une Suki qui resta bouche bée.



Alors que la file commençait à se mouvoir, Kyoko regarda par dessus son épaule en se demandant qui était en train de la surveiller. Elle ne vit que les lumières du parking et une horde de gens en train d'attendre pour entrer puis elle se renfrogna devant son évidente paranoïa. La sensation désagréable qu'une personne était en train de la surveiller refusait de disparaître et cela l’inquiétait. Elle se souvint de l'avertissement de Kotaro à propos d'un harceleur sur le campus et se mit soudain à regretter de ne pas lui avoir donné d'infos sur le lieu où elles allaient.

Suki l'attrapa par la main et la traîna derrière elle puisqu'elle bloquait la file. Kyoko ignora la sensation d'étrangeté alors qu'elles pénétraient dans le bâtiment et que son attention était attirée par l'intérieur de l'immense boîte de nuit.



Kyou l'avait vu se retourner comme si elle pouvait le percevoir et en fut étonné. Ses yeux s'étaient attardé à l'endroit même ou il se tenait mais il savait qu'elle ne pouvait pas le voir dans l'ombre. Sous couvert de l'obscurité il l'avait gardée à l’œil alors qu'il pénétrait dans l'établissement. Son regard doré se déplaçait dans la pièce car il n'y avait pas que des humains dans les coins sombres mais ils n'étaient qu'un danger de seconde catégorie et ne méritaient pas son attention.



Suki les mena dans une zone proche du bar afin qu'ils n'aient pas à aller trop loin pour chercher des boissons et qu'ils puissent avoir quand même une bonne vue sur la piste de danse. La musique battait déjà son plein mais pas au point qu'on soit obligé de hurler pour se faire entendre.



Kyoko était ébahie de voir à quel point l'endroit était joli à l'intérieur. Elle commençait à être vraiment contente d'avoir laissé Suki la persécuter jusqu'à ce qu'elle accepte de venir. Après tout, il n'y avait pas que les études, dans la vie, à ce qu'il semblait et pendant plus d'une semaine, tout ce qu'elle avait fait c'était étudier. Toute l'énergie du lieu était addictive et elle sourit, excitée.C'était un des rares moments ou elle avait l'impression que n'importe quoi pouvait arriver.

Au lieu de tables et de chaises, l'établissement avait opté pour des canapés trop rembourrés ici et là avec de petites tables de verre pour poser les boissons. Violet, bleu, noir étaient les principales couleurs de la boîte, lui donnant un air de mystère et de magie avec toutes les lumières changeant constamment en créant une atmosphère de chaos sensuel. C'était presque enivrant.



Des zone profondément sombres prêtaient de l'intimité à ceux qui en voulaient et Kyoko rougit en pensant à toutes les choses qui se produisaient parfois dans l'ombre... des choses qu'il lui restait encore à découvrir. Elle se remit à se demander ce que Kotaro était en train de faire avant de s'arracher à ces pensées pour se concentrer à nouveau sur ses amis, en se sentant coupable.



Kyou pris un siège dans un des coins les plus sombres proche de l'aura intensément pure. En observant le groupe, il pu constater que la lumière provenait uniquement d'un seul individu. Son regard s'adoucit pour la première fois depuis un nombre incalculable d'années, uniquement pour un instant alors qu'il la regardait sourire pendant qu'elle jaugeait la grandeur du club. C'était comme regarder le soleil se lever et c'était quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps.

Elle était belle, avec une longue chevelure auburn qui ondulait et se détachait du haut de soie blanche qu'elle portait.



Il détailla du regard son corps parfait, prenant note de la chair exposée au niveau de la taille et de la petite jupe mini dont émergeaient deux longues jambes musclées avant de remonter vers son cou... qui était également exposé. Il suivait la courbe qui allait jusqu'à son visage avec un grondement désapprobateur. Elle lui offrait un angle de vue qui lui empêchait de voir ses yeux... les yeux étaient le miroir de l'âme et il lui fallait les voir. Son instinct le poussait à réagir d'une façon qui lui était inconnue. Ce sentiment qu'il ne savait décrire l'agitait et lui rappelait, d'une façon, son frère. Il n'aimait pas l'inconnu. Il obscurcit les ombres autour de lui alors qu'elle se retournait, le balayant du regard, mais il les avait vus. Cela lui avait presque coupé le souffle. Elle avait des yeux d'émeraude respirant l'innocence... mais il pouvait également voir la puissance et la turbulence dissimulées là.



Kyou serra le poing si fort qu'il sentit des gouttes de sang en train de perler là où ses ongles acérés avait crevé la chair. Pourquoi une telle innocence ici, dans un tel lieu ? Ca devrait être interdit. Il sentit naître un grondement provenant du plus profond de lui et tenta de le faire taire.

Si son pressentiment se révélait juste et qu'Hyakuhei faisait une apparition, alors la situation pouvait devenir très périlleuse, très rapidement. Était-elle celle qui détenait le Cristal du Cœur du Gardien en elle ? Les paroles de son frère revinrent le hanter une seconde fois.



— ... Mon frère, si nous le trouvons alors nous pourrons être délivrés de lui...



Faisant abstraction des autres sons dans la boîte de nuit, Kyou concentra tous ses sens sur elle afin de pouvoir en apprendre plus et de se préparer. Son regard doré torturé luisait presque alors qu'il s'enfonçait dans les pensées du groupe attablé avec elle. Écouter les pensées des mortels était une méthode qu'il n'avait pas employée depuis longtemps.



Tasuki proposa de payer la première tournée puisque le barman était son cousin. Il n'allait pas laisser se perdre sa chance d'impressionner Kyoko. Il savait qu'elle le considérait comme un ami mais il voulait être tellement plus, si seulement elle pouvait ouvrir les yeux et voir le dévouement qu'il lui offrait. Il n'y aurait jamais d'homme qui l'aimerait plus que lui. C'était tout simplement impossible.



Suki sourit en entendant dire qu'il connaissait le barman et demanda à Tasuki de leur ramener à tous un Long Island ice tea. Tasuki fit un clin d’œil à Kyoko en rougissant, hochant la tête et leur disant qu'il reviendrait de suite.

Il partit chercher les boissons des filles aussi vite que cela lui fut possible.

Kyoko se mit à faire les yeux ronds en regardant Suki.



— Des Long Island ice tea ? Mais nous sommes...



Suki agita la main d'un geste péremptoire pour la faire taire.



— Allez, Kyoko. Faut vivre un peu ! Les exams sont finis et de plus... nous en avons déjà bu,



Suki tenta d'égayer l'humeur de Kyoko en faisant la grimace et en roulant des yeux. espérant changer de sujet, elle ajouta :



— Je dois l'avouer, Kyoko, dans cette tenue et avec tes courbes... tu n'as pas l'air d'une mineure.



Elle rigola très fort en voyant l'expression choquée de Kyoko.

Kyoko lança à Suki un regard sceptique.



— Deux fois, Suki ! J'en ai bu deux fois, et je me rappelle à peine de chaque occasion... et je n'ai pas besoin de m'habiller ainsi pour prouver que j'ai l'âge de boire.



Kyoko rougit en visualisant ce dont elle pouvait encore se rappeler de son dernier anniversaire. À cause de Suki, elle n'avait pas beaucoup de souvenirs de sa propre fête d'anniversaire.

Elle se rappelait une coupe de fruits géante que Suki lui avait tendue avec un sourire innocent. Elle savait le faible que Kyoko avait pour les fruits et elle s'en était servie. Kyoko avait ù

Elle avait avalé presque tout le contenu de la coupe avant de se rendre compte que les fruits avaient été imbibés d'alcool.

Elle va encore m'attirer des ennuis... j'en suis sûre ! gémit Kyoko intérieurement.




Chapitre 4


Alors que le trio pénétrait sur la piste bondée, Suki et Kyoko commencèrent immédiatement à bouger en rythme avec la musique, laissant Tasuki en train de les regarder, fasciné. Les corps échauffés autours d'elles provoquaient l'échauffement de leurs peaux avec l'alcool qui coulait dans leurs veines.

Suki rapprocha son corps de celui de Kyoko lorsqu'elles s'attrapèrent par le cou et commencèrent à se frotter l'une contre l'autre. Riant des bêtises l'une de l'autre, elles dansaient comme des amantes se laissant aller au tempo de la musique. Elles s'étaient mutuellement enseigner à danser ainsi à l'école primaire, il y avait bien longtemps.

Immergées dans l'instant d'amusement pur et simple, les filles avaient momentanément oublié leur compagnon.



Tasuki regarda les deux amies danser passionnément ensemble et sentit une chaleur envahir ses joues.



Wow !



Son corps réagissait à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il avait la sensation d'avoir le souffle coupé. Regarder le corps de Kyoko se frotter contre celui de Suki alors que leurs mains respectives se promenaient sur leurs corps était presque trop pour lui.

Décidant qu'il voulait sa part d'amusement, Tasuki força ses pieds à se mouvoir avant de perdre son courage.

S'arrêtant juste devant Kyoko, il vit qu'elle avait les yeux fermés alors qu'elle bougeait tout contre Suki. Son regard se fixa sur celui de Suki alors qu'il sourit en venant se glisser derrière Kyoko qui était lentement en train de se relever en caressant les cuisses de son amie. Elle espérait que Tasuki trouverait suffisamment de cran pour danser ainsi avec Kyoko.



— Pourquoi ne te joins-tu pas à nous ? C'est vraiment trop amusant !



Elle rit et attrapa Tasuki par la boucle de sa ceinture, l'attirant droit contre Kyoko.

Kyoko choquée, écarquilla les yeux lorsqu'elle sentit un corps dur, inmanquablement mâle se plaquer contre elle d'une façon très intime. Elle sentit brûler ses joues lorsqu'elle compris que Tasuki était en train de la tenir serrée.



— Hey, sourit-elle timidement, elle aimait la sensation de son corps contre le sien.



Elle savait qu'elle pouvait compter sur lui pour ne pas dépasser les limites. Il se comportait toujours en gentleman.

Se sentant d'humeur à oser, Kyoko continua de danser avec Suki qui bougeait derrière elle alors qu'elle posait une main sur l'épaule de Tasuki... comme un encouragement silencieux.



Il n'en fallait pas plus à Tasuki pour attraper les hanches de Kyoko et commencer à suivre le mouvement de son corps. Il eut la sensation d'être au Paradis en dansant avec la fille de ses rêves collée séduisamment contre lui. Percevoir le mouvement de chacune de ses courbes en train de se frotter contre lui était la torture le plus douce qu'il ait jamais subit.

Son regard brun s'adoucit alors qu'il avait la sensation d'être en feu et il voulait la sentir autant qu'il le pouvait. Se pressant un peu plus contre Kyoko, il commença à se frotter contre elle, bougeant son corps en chaleur avec le sien comme un amant après une longue absence.



Kyoko leva les yeux vers ceux de Tasuki et remarqua pour la première fois qu'ils contenaient de jolis flocons d'améthyste dans ses globes de chocolat. Magnifique... fut le seul mot qui lui vint à l'esprit.

Plus elle regardait au fond de ses yeux... plus il lui faisait penser à Shinbe.



*****



L'humeur de Toya ne s'était pas améliorée depuis qu'il était allé au dojo de la fac en espérant y passer ses nerfs. Il avait décidé qu'il était mieux pour lui de partir rapidement lorsqu'il avait fait éclater un sac de frappe à cinq cent dollars. Ce n'était pas sa faute s'il avait visualisé le visage de Kotaro au moment où il l'avait frappé.



— Crétine ! grommela-t-il.



Pourquoi fallait-il toujours qu'elle soit si difficile à gérer ?

Il lança un regard mauvais sans avoir de cible spécifique alors que ses pensées le ramenaient à l'agaçant agent de sécurité avec lequel Kyoko était sortie.

Il était encore livide d'avoir entendu la voix de Kotaro dans l'appartement de Kyoko un peu plus tôt. Il n'aurait rien aimé de mieux que d'arracher à l'homme sa tête avant de la lui enfoncer là où elle ne verrait jamais le soleil. Toya avait toujours eut un sixième sens pour ces choses, et ses sens lui disaient que Kotaro n'était pas ce qu'il paraissait être.

Un loup déguisé en agneau, c'est plus que vraisemblable.



Il sourit, puis se sentit instantanément un peu coupable car lui aussi cachait des choses à Kyoko. Des choses qu'il ne pouvait même pas comprendre lui même.

Il avait appris, tout petit, à cacher ses capacités particulières aux autres, des capacités telles que sa force surhumaine et sa vitesse, ainsi que ses sens exacerbés de l'odorat et de la vue. Le seul ennui était qu'elles se manifestaient et disparaissaient lorsqu'elles le voulaient. Il ne pouvait y faire appel à n'importe quel moment et c'était peut-être une bonne chose.



Perdu dans ses pensées, Toya sentit un picotement sur sa peau lorsqu'il remarqua l'agent appuyé contre la porte de l'immeuble de l'équipe de sécurité.

On parle du diable et on voit le bout de sa queue.

Toya fusilla Kotaro du regard, marchant comme s'il allait le dépasser puis se ravisant, il s'arrêta net.



— Tu fous quoi ici ? gronda-t-il.



Kotaro pris tout son temps pour se redresser de toute sa hauteur et pour marcher jusqu’à l'endroit où se tenait le rencart supposé de Kyoko en train de lui montrer les dents. Regardant autour de lui mais ne la voyant nulle part, son attitude décontractée disparut pour devenir tendue et Kotaro transperça Toya d'un regard furieux.



— Où se trouve Kyoko ? Je pensais qu'elle était avec toi ce soir.



S'il y avait bien une chose que Toya détestait, c'était être dans la confusion et là tout de suite, il n'était pas d'humeur.



— Espèce de connard... Je pensais qu'elle avait rencart avec toi, dit-il sèchement sans réfléchir.



Les nerfs de Kotaro étaient sérieusement secoués, là. Kyoko lui avait dit qu'elle sortait avec Toya et elle avait menti.



— Putain !



Sans accorder à Toya un regard de plus, il s'élança en direction de l'appartement de Kyoko, luttant pour ne pas faire usage de sa vitesse surnaturelle. Pourquoi lui avait-elle menti ? S'il avait su qu'elle ne serait pas avec cette tête de con, il l'aurait suivie.

Toya ressenti un moment de panique lorsqu'il vit l’inquiétude gagner le regard de son rival et la façon dont il était partit à toute vitesse ne lui disait rien qui vaille. Une part de lui savait qu'il pouvait avoir une totale confiance en Kotaro mais il n'irait jamais le lui dire.



Sans même réfléchir à ce qu'il faisait, il s'élança à la suite de Kotaro pour voir où il allait. N'ayant aucun mal à ne pas le perdre de vue, il remarqua cependant la vitesse à laquelle il se déplaçaient tous deux et certains de ses soupçons furent confirmés. Kotaro était bien plus que ce qu'il paraissait être... avaient-ils le même ADN ou quelque chose du genre ? Il grinça les dents car cette idée lui déplaisait.

En moins d'une minute, Kotaro était à l'appartement de Kyoko en train de frapper à la porte, espérant contre toute logique qu'elle y soit. Frappant l'innocente porte de ses deux paumes, il hurla :



— Putain de merde, Kyoko ! T'es où ?



La terreur et l’inquiétude imprégnaient chaque cellule de son être.



— C'est pas bon, gronda-t-il.



— Qu'est-ce qui n'est pas bon ? demanda Toya apparaissant derrière Kotaro.



Les vibrations émanant de Kotaro provoquaient une douleur abdominale chez Toya, tant elles étaient intenses. S'il avait su que Kyoko ne serait pas en compagnie de Kotaro, il serait venu juste pour être avec elle. Il aurait dû suivre son instinct et venir quand même. Tôt ou tard, il lui faudrait mettre une putain de laisse à cette fille.

Kotaro fit volte-face, ayant complètement oublié Toya dans sa hâte de rejoindre Kyoko. Ayant désormais une cible toute trouvée pour sa colère, il la laissa éclater.



— Je croyais qu'elle était avec toi !



Kotaro serra le poing et retint sa rage avant que les choses ne puissent aller trop loin.



— Et comment diable as-tu fais pour me suivre ? Peu importe, j'ai pas besoin de savoir.



Toya le dévisagea, surpris que l'agent de sécurité ait seulement remarqué mais il n'y prêta pas attention.



— Je suis juste aussi rapide que ça, connard.



Calmant la moitié qui le dominait, Kotaro ouvrit grand ses yeux perçants couleur bleu glacier, les fixant sur la personne qui allait l'aider à retrouver «sa Kyoko». C'était déjà dur de savoir que Toya n'était pas revenu sur terre en tant que vampire afin qu'ils puissent régler ça par les poings, mais à présent Toya était en train de recouvrer ses anciennes capacités sans savoir pourquoi. Pour couronner le tout, le meilleur ami de Toya était Shinbe et Shinbe lui-même ignorait également tout de son propre passé.

Kotaro fit claquer la paume de sa main contre sa tempe en se demandant pourquoi diable il était censé se fier à Toya pour prendre soin d'elle... une seconde fois, alors qu'il avait échoué la première fois. Le fait que Toya ne se rappelle rien empêchait Kotaro de se plaindre à voix haute. Il pris une profonde inspiration en absorbant la réalité... ils lui avaient tous deux fait défaut. Il se pinça la lèvre en le dévisageant en silence.



Toya fit un sourire à demi forcé.



— Comme ça, elle t'a menti et jeté en disant qu'elle devait sortir avec MOI. Ah !



Même s'il savait qu'en vérité elle lui avait fait le même coup, il n'allait pas laisser Kotaro le savoir.



Kotaro pris une autre profonde inspiration en tentant de contrôler son mauvais caractère. C'était comme s'adresser à un putain de môme.



— C'est pas un putain de jeu, merdeux. Des filles ont commencé à disparaître à tour de bras sur le campus et dans la ville depuis un peu plus d'un mois. à présent, aucun d'entre nous ne sait où se trouve Kyoko.



Kotaro pouvait entendre la panique dans sa propre voix mais il fit mine de l'ignorer.



— As-tu la moindre idée de l'endroit où elle aurait pu s'éclipser ?

Toya sentait sa cage thoracique craquer sous le poids de inquiétude en imaginant Kyoko en danger.



— Putain de merde !



Il se tourna vers la porte de Suki et commença à tambouriner dessus jusqu'à ce qu'il entende la porte émettre un léger craquement, ce qui l'incita à frapper moins fort. Pas de réponse.



— Fais chier !



Se trouvant proche de la panique, Toya tritura son portable dans l'espoir que Shinbe saurait où se trouvaient les filles.



— Décroche, connard libidineux ! hurla-t-il dans le téléphone qui sonnait encore.



Après la quatrième sonnerie, Shinbe finit par décrocher.



— Shinbe ! Saurais-tu où se trouvent Suki et Kyoko ?



Il lança un regard à Kotaro lorsque ce dernier se rapprocha comme pour attendre d'entendre la réponse. À l'autre bout du fil, Shinbe eut un sourire révélateur,



— Peut-être...



*****



Kyou demeura caché dans l'ombre à regarder la fille avec ses amis. Il avait appris que son nom était Kyoko en écoutant leurs conversations. Jusque là, le garçon dénommé Tasuki avait gardé ses mains pour lui, ce qui était une bonne chose, si on considère que Kyou avait décidé de le laisser vivre aussi longtemps qu'il ne se rapprocherait pas trop d'elle. Il semblait assez inoffensif... si ce n'était qu'il était un peu trop épris d'elle.

Ils s'étaient frayé un passage jusqu'à la piste et la fille avait commencé à danser avec sa copine. La façon dont elles dansaient était indécente. Ça devait être l'alcool qu'elle a consommé si rapidement, il avait du mal à croire qu'il put en être autrement.



Un grondement sourd vibra dans son torse lorsque son champ de vision fut obstrué par un groupe de crétins humains. En l'entendant et en voyant le regard doré glacial les foudroyer en guise d'avertissement, ils se retirèrent promptement à l'autre bout du club. Les lèvres de Kyou formèrent un sourire amusé lorsqu'il vit de quelle manière ils s'étaient instantanément dispersés.



Il retourna son attention vers la piste de danse en se concentrant sur la jeune fille qui le laissait perplexe. Ce qu'il vit fit bouillir son sang de rage. Un grondement mauvais se fit entendre d'un endroit indéterminé alors que son regard d'or colère était traversé d'éclairs de sang.



L'inoffensif garçon Tasuki était en train de danser avec Kyoko comme s'il était en train de la séduire.



*****



Kyoko était étourdie par les sensations provoquées par les mains de Tasuki sur ses hanches, en train de caresser la peau nue de sa taille alors qu'il prenait le contrôle de la danse. Il avait réellement l'air sexy avec sa chevelure ébouriffée alors qu'il dansait de façon provocante avec elle. Un gloussement lui échappa au détour d'une pensée.

Alors qu'elle le sentait en train de caresser la peau exposée au bas de son dos, elle remarqua que son regard était à présent d'une couleur approchant l'améthyste pure.

Suki, décidant qu'elle aurait bien besoin de quelque chose de frais et d'humide, frappa Kyoko sur les fesses.



— Allez, vous deux ! J'ai besoin de carburant !



Elle rigola de sa propre tournure de phrase en entraînant le couple à nouveau vers la table qu'ils avaient occupée un peu plus tôt en espérant un autre verre.



*****



Kyou resta debout en train de tenter désespérément de calmer la rage dans ses veines. Sa coutumière attitude calme et ses nerfs d'ordinaire en acier trempé avaient complètement disparu lorsqu'il avait vu danser le garçon Tasuki avec Kyoko comme si elle était sa maîtresse.



Dans les recoins de son esprit, il sut qu'il lui fallait rapidement se calmer, sans quoi Hyakuhei sentirait sa présence si ce n'était déjà le cas. Prenant une profonde inspiration pour se fortifier, il se blâma mentalement pour sa stupidité.

Pendant des siècles il était demeuré un démon de la nuit, froid et sans émotions. Sa détermination était comme celle de la montagne qu'on ne pouvait ni déplacer ni soumettre par la force. Ses émotions étaient bien gardées par cet extérieur froid, impénétrable pour une raison... afin qu'il puisse dissimuler son aura à son véritable ennemi.

En une nuit, la présence de la jeune fille plus qu'innocente et pure, l'avait fait faillir pour la première fois de son existence sans vie.



Inconscient de la présence du vampire enragé à la chevelure d'argent, le trio retrouva le chemin des sièges occupés précédemment. Le rire innocent de Kyoko flotta jusqu'à lui, calmant à peine sa rage. La tension s'apaisa quelque peu et il se demanda pour quelle raison il avait réagit de façon si possessive face à la jeune fille.

Son regard meurtrier se figea, fixé sur le garçon avec elle, comme la promesse d'une lente et douloureuse mort s'il osait seulement l'effleurer de façon inappropriée une fois de plus. Elle avait besoin d'un gardien.



Kyou ne pouvait comprendre l'immense influence qu'elle possédait sur lui mais la regarder était devenu comme une addiction. Sa beauté et son innocence l'envoûtaient et il commença à se demander si sa peau était aussi douce qu'elle le paraissait. Le fait de voir un autre verre de liquide impur glisser au devant d'elle le mit en colère.

à chaque gorgée qu'elle prenait, l'incandescence de lumière pure qui l'entourait semblait se déformer et faiblir. Elle était déjà plus difficile à percevoir. Si elle continuait à boire l'eau du diable qui était placée devant elle, bientôt elle tomberait du côté obscur. Comme si elle était en train de le défier, il regarda la fille enlever la paille de sa coupe avant de la porter à ses lèvres, absorbant les dernières gouttes du liquide pollué.



Kyou fit une chose qu'il n'avait pas fait depuis des siècles... il sourit, certain à présent que son secret demeurerait imperceptible aux yeux de la force maléfique qui venait de pénétrer dans la boîte de nuit. Peut-être qu'après tout, la dissimulation de l'aura pure d'une belle fille si innocente que c'en était inimaginable n'était pas une mauvaise chose.

Kyou se retira dans l'obscurité dont son ennemi émergeait tout juste.



*****



Hyakuhei passa la porte sans prêter la moindre attention à ses laquais qui suivaient dans l'ombre. Ils pouvaient se charger de leurs propres divertissement pour la soirée. Ils ne feraient que perturber ses plans s'il leur permettait de se joindre à lui ce soir. Son regard écarlate balaya l'étalage de chairs échauffées avec intérêt.

Il avait perçu la vie ici, dissimulée quelque part parmi les humains. Elle l'avait appelé comme une maîtresse en manque de ses caresses, mais pour l'instant cette douce sensation s'était presque évanouie, comme une bougie soufflée trop tôt.

Il s'était bien nourrit la nuit précédente et il ne ressentait pas le besoin de se nourrir à nouveau aussitôt après. Non... ce soir il avait autre chose à l'esprit.



Cette ville détenait le pouvoir du légendaire Cristal du Cœur du Gardien, il en était sûr. Toutes les routes qu'il avait empruntées, à la recherche de la lumière cachée, l'avaient mené ici. Et même là, il pouvait percevoir l'élusive lumière cachée sous un manteau d'obscurité alors qu'il s'appuyait contre le mur, en regardant les humains.

Plusieurs mortels qui ne se doutaient de rien l'avaient déjà remarqué et il savait qu'ils viendraient à lui, offrant leurs âmes par erreur.

Être grand, sombre et beau était la simple combinaison attirante qui lui avait facilité la capture de ses proies. Sa longue chevelure sombre ondulait autour de lui par vagues comme un écrin de sa beauté inégalée. Il pouvait percevoir le désir des humains mais ce soir il n'y prêta aucune attention.



Ce soir, il irait à la recherche de celui ou celle qu'il pourrait contrôler. Parfois, il prenait la peine de transformer une âme confiante seulement pour lui ôter la vie la nuit suivante. Il n'offrait la vie éternelle que lorsque cela lui convenait et cela arrivait moins d'une fois par siècle. Mais cette nuit, il allait chercher cette personne qui allait lui porter assistance dans sa quête afin de déterminer qui était détenteur du Cristal du Cœur du Gardien.



Le regard d'Hyakuhei s'assombrit avec ces pensées. La dernière fois il avait été si proche du mystérieux cristal de légende, la fille transportant le puissant cristal avait démasqué ses intentions. Avant qu'il ne puisse l'arrêter, elle avait mis fin à ses jours... emportant le cristal avec elle hors de sa portée une fois de plus.

Son esprit s'égara dans le regret. Cela avait été une si grande perte... car la jeune fille avait été incomparable en beauté et en pureté sans tâches. Son corps gracile ne fit aucun mouvement alors qu'il cherchait nonchalamment dans la foule avec son regard couleur de nuit noire.



Le cristal ne refaisait surface qu'une fois tous les mille ans si l'on devait en croire les rouleaux anciens qu'il avait pris au mage Shinbe avant de lui prendre la vie. Un cruel sourire effleura ses lèvres au souvenir de ce meurtre en particulier... délicieux en effet.

s'il comptait les années depuis cet évènement, la vierge élue qui détenait à présent le cristal près de son Cœur devrait avoir vingt et un ans, peut-être moins. Hyakuhei l'avait perçue dans les parages de l'université et à présent, ici, parmi la foule d'étudiants présents dans le club.



Le fait que cette ville ait été construite sur le même sol où le cristal avait disparu ne faisait que confirmer qu'il se trouverait au même endroit pour sa renaissance.

s'il ne pouvait pas trouver celle qui détenait le Cristal du Cœur du Gardien, alors il lui faudrait recruter celui qui était accepté parmi eux et qui pourrait l'aider dans sa recherche. Un non-humain, une créature de la nuit, plus que toute autre, pouvait détecter le pouvoir qu'il recherchait et voulait acquérir.



Un sourire plein de malice apparut sur ses lèvres parfaites en anticipation de la fièvre de la chasse. Ayant appelé ses enfants favoris à le joindre, cette fois il obtiendrait ce qu'il désirait. Il était demeuré dans l'obscurité pendant bien trop longtemps et même la plus plaisante des choses avait commencé à l'ennuyer.



Hyakuhei voulait quelque chose de neuf et un défi était exactement ce qu'il fallait pour le sortir du sommeil de toute une vie. Il pouvait vaguement percevoir une perturbation dans l'air et eut un sourire informé. Il n'y avait pas d'urgence... car le temps ne comptait pas... pour un vampire.



*****



Tasuki regarda avec étonnement Kyoko descendre ce qu'il restait de son Long Island ice tea. Son regard désormais d'un brun medium se posa sur son propre verre qui était encore plein, il avait l'air inquiet.



— Ah, Kyoko, si tu as soif je pourrait aller te chercher du vrai thé au bar, ça te dit ?



Il fit un grand sourire en la regardant rougir lorsqu'elle prit conscience de ce qu'elle avait fait.



Suki leva un sourcil en prenant note du verre vide de Kyoko et eut un léger mouvement de recul, consciente que Kyoko se ferait une joie de la tuer le lendemain quand elle aurait la gueule de bois. Mentalement honteuse, elle réussit à se convaincre que cette nuit était une nuit de fête, et que Kyoko lui pardonnerait... un jour.

Regardant Tasuki avec sa meilleure expression pitoyable en lieu et place d'un :



— Au secours, aide-moi, je suis dans la merde !



Suki renchérit.



— Je crois que c'est une bonne idée.



Elle lui fit un clin d’œil d'encouragement malicieux.

Elle avait toujours bien aimé Tasuki et elle se surprenait souvent à souhaiter que Kyoko sorte plus souvent avec lui plutôt qu'avec Toya qu'elle aimait bien mais qui ne traitait pas toujours Kyoko aussi bien qu'il devrait. Elle était heureuse que Kyoko ne se laisse pas faire et soit capable de rendre à Toya coup pour coup.

Puis il y avait Kotaro, qui aurait emporté Kyoko pour l'épouser si l'opportunité s'était présentée. Il était gentil et la traitait comme une déesse, mais Suki n'était pas à l'aise à l'idée de perdre sa meilleure amie.



Le regard de Suki s'illumina à l'idée de tenter de rapprocher Tasuki et Kyoko, particulièrement après la façon dont ils avaient dansé ensemble à l'instant. Elle n'était pas assez bête pour se faire surprendre en train de s'en mêler, parce que Kyoko pouvait être super effrayante lorsqu'elle était méga furieuse. Il fallait qu'une fille en ait pour sortir avec les deux têtes brûlées avec lesquelles elle sortait. Le sourire de Suki s'adoucit à la pensée de son propre petit-ami, même si c'était un titre qu'elle ne lui donnerait jamais officiellement.



Shinbe était aussi fou que les deux gars qui sortaient avec Kyoko, sinon plus.

Revenant à ses pensées présentes, Suki se leva avec un sourire joueur.



— Je vais aller dire un mot au D.J. pour le convaincre de jouer ma chanson préférée, je reviens tout de suite !



Sur ces mots, elle laissa les deux autres seuls. Elle espérait secrètement que le temps passé ensemble sans elle allait déclencher une flamme entre ces deux là. Kyoko retourna la tête vers Tasuki, se sentant étourdie et sourit d'un air coupable.



— J'adorerai un peu de thé... ou peut-être du café serait encore mieux. Même si parfois le rush de la caféine est presque aussi néfaste.



Elle sourit à ses propres paroles,



— Si ça ne te dérange pas d'aller m'en chercher pendant que je vais faire un tour aux toilettes.



Elle saisit la main tendue de Tasuki et le laissa l'aider à se lever.

Kyoko cligna des yeux rapidement alors que les choses commençaient à lui paraître un peu flou, et puis elle se mit à glousser.

— Je reviens tout de suite !

Elle balaya les murs à la recherche d'un panneau indiquant la direction des toilettes des femmes. S'apercevant qu'elles se trouvaient près de la porte d'entrée, elle partit en espérant ne pas paraître aussi chancelante qu'elle se sentait. Peut-être que si elle se passait de l'eau froide sur le visage et qu'elle ne buvait plus d'alcool de la nuit, alors tout irait bien.

Le corps de Kyou se tendit alors qu'il regardait la fille se diriger tout droit vers le dernier endroit où il voulait la voir aller, vers l'entrée et ... en direction de l'ennemi. Son regard doré torturé se teinta de rose et avec un grondement de fureur, il disparut comme s'il ne s'était jamais trouvé là.

L'esprit brumeux de Kyoko se demanda pourquoi on avait placé les toilettes jusqu'à l'entrée de la boîte, près de la porte alors qu'elle regardait une horde de gens qui continuait de pénétrer dans le club. Certains nouveaux arrivants semblaient déjà bien partis en terme d'ébriété, et le bruit provenant de la salle s'amplifia.

Yohji, un des gars de la fac, arriva en titubant, sans regarder ou il allait.

Son frère l'avait déjà convaincu de faire le tour des bars de la rue un peu plus tôt et ils venaient seulement de quitter le dernier pour venir tenter leur chance dans ce club. Alors qu'il se retourner pour appeler son jeune frère, Hitomi, il entra en collision avec un corps chaud et mou.

Entendant un cri poussé par une voix de femme,n Yohji tendit instantanément les bras et la rattrapa. Alors que son regard se posait sur le visage de celle qu'il tenait contre lui, un sourire carnassier s'étala sur son visage.

— Kyoko ?

Une fois que la pièce fut décidée à ne plus tournoyer et à être dans le bon sens, Kyoko leva les yeux vers le gars qui lui était rentré dedans, pour finir par jouer le héros en la rattrapant au vol.

— Yohji... Salut...

Kyoko rougit lorsqu'il la serra d'un peu plus près et elle tenta immédiatement de se libérer de son étreinte en se tortillant.

Pas bon ! Pas bon ! psalmodiait-elle quelque part dans sa tête ... elle pouvait entendre l'avertissement clairement.

Elle avait rencontré Yohji plein de fois à la fac, et bien qu'il soit un favori auprès des filles, avec sa grande beauté et son attitude si machiste, typique des mecs populaires, elle avait toujours tenté de l'éviter. Il était bien trop agressif à son goût et elle choisit de se tenir éloignée de lui et du groupe avec lequel il traînait.

— Je vais bien maintenant, Yohji, alors tu peux me lâcher, elle sourit, masquant son anxiété, en tentant de conserver son calme sans faire de scène.

Yohji ne relâcha pas son étreinte et lui adressa un sourire calculé en constatant son malaise.

— Pourquoi devrais-je te lâcher maintenant que je t'ai enfin dans mes bras, Kyoko ?

Ses yeux étaient déjà pleins de désir et son visage prit un air de prédation. Il avait été eut des vues sur elle depuis longtemps et elle ne lui avait jamais accordé la moindre attention. Et bien, à présent que ses deux gardes-du-corps n'étaient pas à proximité pour l'arrêter, elle n'allait pas s'en aller aussi facilement.

Hyakuhei vit la scène en train de se produire à peine à quelques mètres de lui avec intérêt. Il pouvait voir le gars parfaitement mais n'avait vue que sur le dos de la femme.

Cette fille...

Son regard s'illumina d'une lueur étrange alors qu'il la regardait. Il pouvait sentir sa nervosité et sa pureté à tel point que cela surchargeait ses sens.

Concernant le gars qui la tenait, son désir était tellement lourd dans l'air qu'on pouvait y goûter. Le regard d'Hyakuhei devint fixe alors que le besoin de tuer ce crétin commençait à brûler dans ses veines. Il se mit à avancer dans sa direction, uniquement pour se retrouver bloqué par un bouclier fait d'un arc-en-ciel de poussière. Les paillettes apaisantes se posèrent alors qu'il se penchait pour s'adosser au mur une fois de plus, le regard soupçonneux, figé. Elle était protégée par l'immortel ?

Il tendit la main et toucha ce qu'il restait de la barrière et laissa le sentiment d'apaisement l'envahir. Un tel effect calmant ne suffirait pas à supprimer ses intentions maléfiques bien longtemps.

Les petits garçons et leurs jeux, sourit-il alors que ses yeux couleur d'encre revenaient à la fille.

Son aura l'avait complètement pris par surprise. Son regard parcouru son joli corps et sa peau luisait comme la rosée sur une fleur avant la première lueur de l'aube. Le besoin de la toucher l'envahissait alors qu'il avançait encore dans sa direction... ignorant cette fois l'agaçant bouclier de paillettes protectrices de l'immortel.

Alors même qu'il s'apprêtait à prendre la fille dans ses propres bras, une autre vague de possessivité le frappa comme un coup physiquement porté. L'aura familière caressa ses sens, une aura qu'il n'avait pas perçue depuis des décennies. Avec un dernier regard pour la fille qu'il venait de se réserver mentalement, son sombre regard s'adoucit brièvement alors qu'il prenait sa décision. Il l'aurait... bientôt.

Un sourire malin vint courber ses lèvres face à cette nouvelle aura alors qu'il se retirait dans l'obscurité, hors de vue.

Alors, Kyou, mon égaré, a décidé de se joindre au jeu... Voyons qu'elles sont ses réelles intentions.



*****

Toya se rua dans l'appartement qu'il partageait avec Shinbe mais lorsqu'il ne vit pas son ami, il commença instantanément à hurler.

— Shinbe, bordel, t'es où ?

Sa colère était si grande et pour des raisons évidentes, il avait un très mauvais pressentiment concernant la sécurité de Kyoko, en particulier après ce que Kotaro lui avait dit à propos des autres filles disparues... si nombreuses.

Déjà, ses nerfs avaient subit un choc et s'il ne pouvait poser les yeux sur Kyoko rapidement, il allait casser quelque chose. Mais en même temps, lorsqu'elle poserait les yeux sur elle, elle aurait bien de la chance s'il la laissait à nouveau quitter son champ de vision... Si cela ne dépendait que de lui, il l'aurait menottée à lui de façon permanente pour sa sécurité.

Shinbe sortit de la salle de bain en boutonnant sa chemise bleu glacier en ayant l'air de quelqu'un qui avait prévu une sortie en ville.

— Je suis là, y a le feu quelque part ?

Il s'assit sur le canapé et commença à mettre ses chaussures comme s'il n'avait pas la moindre préoccupation.

Kotaro se tint debout derrière Toya en attendant de voir si Shinbe avait la moindre information sur le lieu où se trouvait Kyoko. S'appuyant sur le comptoir de la cuisine, il regarda Toya qui se dressait tel une tour au dessus de Shinbe.

Si Toya se rappelait ce que Shinbe avait fait pour lui par le passé, il lui montrerait sans doute plus de respect. Kotaro pencha la tête dans une drôle de position en y repensant.

Non, ça n'y changerait rien, se corrigea-t-il. Regarder le garçon péter sa crise aurait été amusant si Kyoko n'avait pas disparu.

— J”ai perdu Kyoko et à présent, je n'arrive pas non plus à retrouver Suki !

Toya tressaillit lorsque Shinbe ne leva même pas les yeux vers lui.

Le sourire suffisant de Shinbe commençait vraiment à lui taper sur les nerfs. Si Shinbe n'avait pas déjà été à moitié abruti par les fréquents coups que Suki lui administrait sur la tête, Toya n'aurait pas hésité à lui éclater la tête. Mais là tout de suite, il avait besoin du cerveau de son ami en état de marche pour obtenir des réponses à ses questions.

Shinbe termina d'attacher les lacets de ses chaussures en sachant que Suki allait lui en vouloir pour ça mais il n'en avait rien à faire. Il lui revaudrait ça. Ils s'amusaient toujours beaucoup lorsqu'ils se réconciliaient après une dispute... son regard était comme figé dans cette pensée plaisante. Se réconcilier avec elle serait amusant...

En entendant un dangereux grondement, Shinbe revint brutalement à lui et accorda à nouveau son attention à son ami, levant un sourcil calmement.

— Quoi ?

— Shinbe, merde ! Je ne joue pas ! Où diable sont Suki et Kyoko ? aboya Toya, son regard doré perçant son ami tel la lame d'un couteau.

Si Shinbe ne se dépêchait pas de lui répondre, il savait qu'il allait exploser.

Shinbe fronça les sourcils, confus lorsqu'il remarqua que Kotaro s'appuyait contre le bar. Toya et l'agent de sécurité ne s'appréciaient même pas, ils ne traînaient certainement pas ensemble. Sa cage thoracique se serra.

— Je ne suis pas certain, mais Suki m'a lâché ce soir en disant qu'elle sortait avec une amie, mais elle ne m'a pas dit avec qui.

Lorsque Toya commença à nouveau à jurer, Shinbe se leva.

— Attends, j'ai pas fini ! Alors calme-toi. Pendant que j'étais à son appartement un peu plus tôt, j'ai vu un flyer sur son bar pour une soirée au Club Minuit avec la date d'aujourd'hui entourée dessus.

Il sourit lascivement.

— Je m'apprêtais à y aller pour voir si j'arrive à la trouver.

Kotaro soupira alors que Toya commença une tirade sur la stupidité des filles. Ne souhaitant pas perdre de temps, il se tourna vers la porte.

— Merci Shinbe, jeta-t-il par dessus son épaule en partant, désormais encore plus inquiet que jamais.

Il espérait seulement qu'elle était en compagnie de Kamui... sous sa protection en quelque sorte.

Shinbe inclina la tête sur le coté en regardant Kotaro partir par dessus l'épaule de Toya, puis il la redressa pour fixer son regard renfrogné sur Toya.

— Il se passe quoi et pourquoi Kotaro était-il ici ?

l’inquiétude zébrait ses yeux améthyste. Il avait toujours apprécié Kotaro mais il ne pouvait l'admettre devant Toya sans se voir épingler comme traître.

Toya attrapa ses clés sur le bar en répondant.

—Je te dirais ça en chemin.

Il se retourna et se dirigea vers la porte, sans même se donner la peine de s'assurer que Shinbe était derrière lui.

Il détestait être sans Kyoko. ça lui sonnait toujours l'impression d'être à la dérive dans la confusion. Il était temps de la retrouver et de la remettre à sa place... à ses côtés.




Chapitre 5


Kyoko n'aimait pas la façon dont Yohji la tenait serrée contre lui et elle sentit le ressentiment en elle sur le point d'éclater. Le repoussant aussi fort qu'elle pouvait avec les paumes contre son torse, elle lui lança un regard électrisé par la colère alors qu'elle tentait à nouveau de l'obliger à la lâcher.



— Écoute, tu dois me lâcher tout de suite, Yohji ! Je suis ici avec quelqu'un.

Elle écarquilla les yeux lorsqu'il se contenta de lui adresser un regard suffisant en la serrant à nouveau.

— Merde !

Kyoko enrageait et se mit à taper du pied, en tentant de piétiner les orteils de Yohji.

De l'autre côté de la pièce,Tasuki avait rapporté un simple thé à la table et il le déposa.

Regardant en direction de la porte afin de voir s'il apercevait Kyoko, son regard s'assombrit lorsqu'il remarqua Yohji en train de la harceler. La plupart des gens qui le connaissaient croyaient que Tasuki était le garçon Américain de base, gentil, bon voisin et populaire à l'école... Mais il avait caché son sale caractère.

Yohji était sur le point de le voir se déchaîner s'il n’ôtait pas rapidement ses mains du corps de Kyoko.

La colère de Tasuki était visible sur son visage alors qu'il traversait la pièce pour aller secourir sa douce Kyoko/

Il savait, par les conversations des autres à l'université, que Yohji et son frère étaient agressifs envers les filles et il avait même fait l'objet d'accusations de viol après des rendez-vous galants, plus d'une fois.

Alors qu'il les approchait, il remarqua le frère de Yohji, Hitomi, qui se tenait près de lui mais cela n'allait pas l'arrêter. Ces deux gars étaient du poison et il le savait. Le regard de Tasuki s'illumina d'une lueur améthyste alors qu'il avançait. Le niveau d'adrénaline était élevé et il grinça des dents en voyant Kyoko lutter pour se libérer.

Kyoko commença à avoir les sourcils qui tremblaient alors que les mains de Yohji remontaient le long de son dos et qu'il saisissait fermement entre ses mains la rondeur de ses fesses, la forçant à se courber contre lui. Elle pouvait percevoir son désir alors qu'il lui adressait un sourire diabolique.

— ça suffit !

Elle avait levé la main si rapidement que Yohji ne l'avait pas vue venir, pas avant d'entendre claquer l'écho à son oreille.

Le frère de Yohji, Hitomi, entendit le son et se retourna pour regarder la joue de son frère, rouge. Il eut un sourire suffisant puis en regardant au delà de son frère, il constata que la garçon nommé Tasuki se dirigeait droit vers son frère, une expression de rage sur le visage.

Connaissant son frère, il savait que ce dernier saurait se débrouiller seul avec la fille récalcitrante, alors Hitomi les contourna pour aller se placer directement en travers du chemin de Tasuki.

— Ou crois-tu aller exactement, mon petit ?

Tasuki regarda derrière Hitomi, confrontant directement Yohji du regard. Il pouvait voir la main de celui caresser la... de Kyoko. Sans même réfléchir, il projeta tout son poids dans le coup de poing qu'il balança dans le ventre d'Hitomi. à son grand étonnement, l'autre garçon bougea à peine.

Comme il était tellement plus costaud que l'élève de prépa, d'un coup de poing, Hitomi envoya Tasuki s'écraser contre le mur opposé du couloir. Il leva les épaules, se disant que le garçon ne se relèverait pas et il se retourna afin de regarder son frère s'amuser avec son nouveau jouet.

Voir la fille lutter pour se libérer provoqua un sourire chez Hyakuhei. "Donc, cette fille ne se laissera pas faire si facilement. Ce sera mon plaisir de la faire plier." En regardant le jeune homme qui était venu défendre son honneur, Hyakuhei décida qui il voulait comme dernière recrue.

Il attrapa promptement le garçon du nom de Tasuki avant qu'il ne s'écrase contre le mur.

Ses sens lui disaient que le garçon était encore pur... un puceau... Comme c'était étrange. S'entourant d'un voile d'obscurité afin que les autre ne les voient pas, Hyakuhei baissa les yeux vers lui. Il l'avait regardé se comporter avec cette fille et plusieurs autres. Il serait un bon choix.

— Bienvenu dans l'obscurité, mon fils... murmura-t-il alors qu'il plantait ses canines dans les veines de Tasuki.

Les yeux d'Hyakuhei s'agrandirent alors qu'il s'imprégnait du parfum du sang du garçon. Pouvoir caché ? Il avait un goût d'améthyste. Il serra le garçon plus fort car il en voulait plus.

Tasuki avait encaissé le coup au visage sans broncher tellement il avait d'adrénaline dans le corps. Il avait l'intention de se relever mais alors que des bras l'enlaçaient par derrière, tout devint noir et il fut paralysé d'une peur instantanée. Une voix douce presque séductrice l'accueillit dans l'obscurité.

Il tenta d'avaler un peu d'air et il sentit des dents acérées s'enfoncer dans la chair de son cou. Alors que sa vie était aspirée, sa dernière pensée fut pour Kyoko. Il avait vraiment besoin d'arriver jusqu'à elle. Il tendait la main vers elle dans sa tentative finale pour aller vers lorsque l'oubli pris le dessus, prenant possession de son dernier souffle.

*****

La main de Kyoko était encore brûlante après l'impact avec la joue de Yohji. Elle voulait revenir en arrière maintenant que tant de regards se tournaient désormais vers elle. Le fait que la claque ait résonné comme un putain de coup de feu n'arrangeait pas la situation.

— Qu'ils aillent tous au diable !

C'était ce qu'elle avait tenté d'éviter mais non, Yohji devait s'en aller et c'était un tel trou du cul. En parlant de culs, il lui restait encore à retirer la main du sien. Elle leva lentement le regard vers lui à nouveau. L'expression de colère dans ses yeux ne l'inclinait pas à croire une seconde qu'il avait l'intention de la lâcher.

Elle lui retourna son regard incendiaire, en attendant de voir s'il allait lui retourner la claque ou la laisser partir. Si elle était le genre de fille à faire des paris... elle aurait parié sur la première option.

Kyou voyait bien que le petit brin de fille ne faisait pas le poids contre le désir émanant de ce gars qui la serrait si fort. Il mit mentalement en pièces le chien qui osait toucher ce qu'il avait l'intention d'obtenir pour lui-même. Soudain, cela lui importait peu qu'Hyakuhei le détecte ou pas alors qu'il se décidait. Au moment même ou Kyou fit mine de sortir des ténèbres avec l'intention de l'éloigner de son harceleur, il entendit un grondement grave.

Sonné l'espace d'un instant, Kyou reconnut que ce type de grondement ne pouvait provenir que d'un Lycan. Son regard doré suivit le son jusqu'à sa source alors qu'il continuait de vibrer depuis l'entrée seulement à quelque mètres de la fille. La rage du loup engloutit le couloir bondé.

Kyou concentra son regard sur la scène, en se demandant s'il pouvait se fier à une telle force sans âge aussi près de la fille. Il n'avait pas vu un Lycan depuis la période ou il venait d'être transformé et alors il n'avait regardé que de loin. Il se rappelait avoir une fois dit à Toya que les Vampires et les Loups-garous ne se fréquentaient pas. Toya lui avait demandé pourquoi et il ne lui avait pas répondu car il n'avait fait que répéter les paroles d'Hyakuhei et il n'en connaissait pas la raison.

Kotaro jeta un œil à Yohji en train de tripoter «Sa Femme» et perdit le contrôle. En un clin d’œil, Yohji fut plaqué contre le mur, la main de Kotaro autour de la gorge, le soulevant dans les airs de plusieurs centimètres. Il avait déjà eu affaire aux frères libidineux et ou il y en avait un... l'autre n'était jamais loin.

Ses sens étaient en alerte maximale et il perçut la puanteur d'Hitomi et il sut qu'il arrivait par derrière. D'un seul coup de pied bien placé, Kotaro envoya Hitomi voler dans les airs, pour atterrir, masse informe sur le sol à l'autre bout de la salle. Les gens se dispersèrent et le couloir fut rapidement déserté.

Kyoko était assise où elle était tombée sur le sol, les yeux grand ouverts... ayant presque manqué ce qui venait de se produire, puisque cela s'était produit si vite. Son regard alla de la silhouette informe d'Hitomi à la silhouette d'un Kotaro furieux qui tenait par le cou, Yohji qui lentement bleuissait.

Elle savait qu'il lui fallait arrêter Kotaro avant qu'il ne blesse sérieusement quelqu'un. Kyoko resta bouche bée et commença à se relever. Appuyant ses mains au sol, elle trébucha en se redressant derrière Kotaro, posant une main sur son épaule pour tenter de le calmer.

— Merci, Kotaro, mais ça va maintenant, alors tu peux lâcher Yohji. OK ?

Sa voix était douce mais sa panique s'aggrava lorsque les doigts de Kotaro se resserrèrent autour de la gorge de Yohji. Kotaro tourna le visage vers Kyoko et elle recula instinctivement en voyant la teinte rouge autour de ses yeux bleu glacier.

— J’ai vu où se trouvait sa main, Kyoko, et je crois qu'il est temps de sortir les ordures ! gronda Kotaro alors qu'il se retournait vers Yohji en écoutant avec une fascination morbide alors que le garçon produisait une série de gargouillis et continuait à se cyanoser de façon terrifiante.

La colère de Kotaro fut satisfaite par la couleur plus sombre et il reprit suffisamment le contrôle pour se rendre compte que Kyoko était en train de le regarder, choquée. Il lui fallait calmer sa peur, il attrapa Yohji par le collet et se dirigea vers la porte pour apprendre au salopard les bonnes manières. Elle n'avait pas besoin de voir le reste.

Kyoko cligna des yeux alors que la porte se refermait en claquant derrière Kotaro. Abasourdie, elle était encore dans une confusion liée au choc. Wow... Kotaro pouvait vraiment se révéler effrayant quand il était fou de rage. Elle se sentait même désolée pour Yohji à cet instant précis.

Regardant par dessus son épaule, elle vit le frère de Yohji, Hitomi, encore étalé par terre là où Kotaro l'avait laissé au sol. Pour une fois, cela ne l'embêtait pas que Kotaro se montre si protecteur envers elle. Elle frissonna et tenta de ne pas penser à ce qui aurait pu se produire si Kotaro n'était pas arrivé au moment où il était intervenu.

Kyou la regarda mordiller sa lèvre inférieure comme si elle n'était pas certaine de savoir quoi faire. Lorsque son regard se déplaça à nouveau jusqu'à la porte, il rêvassa. Ainsi, elle avait la protection du Lycan. Il se demanda quels autres mystères entouraient cette fille. Celui-ci n'était vraiment pas un loup normal, celui qu'elle avait appelé Kotaro. Il pouvait sentir qu'il était aussi ancient que lui-même.

Kyoko se rapprocha des portes de verre donnant sur le parking sombre, en se demandant où Kotaro avait bien pu aller. Posant la main sur la poignée, elle commença à ouvrir la porte mais un jeune homme vint se placer devant, lui bloquant le passage. Elle demeura immobile pendant un moment alors que le garçon de petite taille plongeait son regard dans le sien. C'était la plus étrange sensation qu'elle avait connue.

Le garçon avait une chevelure complètement blanche et une peau presque aussi pâle que ses cheveux. Mais ce n'était pas le pire. Ses yeux étaient si noirs, ils semblaient sans fond, donnant à Kyoko la sensation qu'elle était en train de tomber dedans. Le garçon lui adressait un doux sourire, montrant à peine ses canines inhumaines et l'espace d'un instant, Kyoko cru réellement les avoir vu.

Une main sortie de nulle part attrapa l'épaule de Kyoko, accrochant un hurlement terrifié dans sa gorge alors qu'elle se retournait pour voir à qui appartenait la main.



*****



Kyou sortit de l'obscurité lorsqu'il vit le serviteur d'Hyakuhei de l'autre côté de la vitre. Il avait entendu parler du garçon trompeur. Le plus jeune qui semblait si innocent était souvent le plus fatal.

Glissant derrière Kyoko, ses yeux saignèrent et ses canines s'allongèrent, faisant comprendre à ce fantôme de garçon qu'il ne mordrait pas cette fille sans y laisser sa propre vie d'immortel.

La main de Kyoko se figea sur la porte, elle n'était pas vraiment sûre de vouloir l'ouvrir. Quelque chose en ce garçon l'épouvantait réellement. Alors qu'elle commençait à reculer, une lourde main sortie de nulle part attrapa son épaule. Un hurlement de terreur vint se loger dans sa gorge alors qu'elle se retournait pour voir de qui il s'agissait.

Kyoko oublia de respirer alors qu'elle levait les yeux dans un regard d'or éclaté. Une longue chevelure blanche encadrait son visage et ses épaules. Il avait environs deux ans de plus et sa chevelure n'avait pas cette sombre couleur en dessous des mèches argentées, mais il ressemblait presque à ...

— Toya ? murmura Kyoko, hésitante, certaine de se tromper mais la question la plus pressante... pourquoi la pièce tournoyait-elle ?

Aussitôt que leurs regards se rejoignirent, Kyou se sentit attiré par ses yeux. Elle le regardait comme si elle le connaissait. Mais ce n'était pas aussi perturbant que de l'entendre murmurer le prénom de son défunt frère. Ses bras glissèrent autour d'elle, lorsqu'il la vit perdre pied à cause de la boisson impure qu'elle avait consommé plus tôt.

Alors que ses mains glissait sur la surface de sa peau nue, là où le haut était trop court pour la masquer, il sentit une agitation dans son sang de vampire, quelque chose qui lui murmurait de la garder.

La vision de Kyoko avait décidé de lui faire faux-bond pour l'instant. Elle semblait faire fi de sa volonté alors que l'homme devenait flou pendant qu'elle levait un regard curieux vers lui. Même si elle ne pouvait le voir correctement, elle pouvait encore sentir le corps qui la tenait.

Tendant les doigts pour lui toucher la joue, elle demanda :

— Tu n'es pas Toya... Qui es-tu ?

Avant qu'elle ne puisse obtenir une réponse, Bouddha ou quelque soit le Dieu qui continuait à lui jouer des tours, éteignit les lumières alors qu'elle sombrait dans l'inconscience.

Kyou la serra fermement contre lui au moment où son corps devint mou entre ses bras. Elle s'était évanouie mais au moins ça n'avait pas été dans les bras d'un ennemi. Sa tête retomba en arrière, laissant paraître la douce et pâle colonne de sa gorge et Kyou lutta contre ses instincts. Il se demanda en silence si elle n'était pas dans les bras d'un ennemi, après tout. Ses canines commençaient à s'allonger et il imposa sa volonté à la sensation... Celle-ci était trop pure pour de telles ténèbres.

Puis, il sentit la colère monter contre la fille naïve. s'il n'avait été là pour la protéger, que lui serait-il arrivé ? Il trouva bien pratique d'oublier les pulsions qui l'avaient submergé quelques instant auparavant. Si le loup avait été un protecteur adéquat, il ne l'aurait pas laissée. Il regarda autour de lui, comprenant que les amis avec lesquels elle s'était trouvée plus tôt l'avaient également abandonnée.

Étendant sa perception sensorielle, Kyou put encore ressentir la présence de son ennemi juré à lui, Hyakuhei, dans les confins de cet immeuble. Sentant venir le mal depuis les étages au dessus de lui, il sut qu'Hyakuhei se trouvait quelque part en haut dans les pièces du deuxième étage.



*****

Shinbe bondit hors de la voiture avant même qu'elle n'ai cessé de bouger. Une chose le propulsait vers l'avant et le poussait directement vers l'entrée principale de la boîte à vitesse grand V. Il ne pouvait s'enlever de la tête l'image de Suki et Kyoko venant s'ajouter au nombre des filles disparues et ça le terrorisait.

Toya lui avait rapporté ce que Kotaro lui avait dit et une fois qu'il aurait mis la main sur Suki, il s'arrangerait pour la garder là. Sur quelle partie de son corps, il n'aurait su le dire, il lui fallait la retrouver d'abord.

Shinbe s'arrêta net lorsqu'il passa les portes du Club Minuit tel un boulet de canon.

Juste là, au milieu du grand couloir se tenait un homme tenant Kyoko et elle n'avait pas l'air si bien. Elle était sans mouvements et beaucoup trop pâle. D'ailleurs, l'homme non plus n'avait pas tout à fait l'air normal. Pâle était un bien faible mot pour le décrire... ce qui fit Shinbe s'arrêter nerveusement lorsqu'il comprit que l'homme lui rappelait son meilleur ami.

La chevelure argentée et le regard doré... La chevelure de Toya était aussi sombre que la nuit mais elle était parsemée des mêmes mèches argentées que l'homme devant lui. C'étaient là des caractéristiques très peu communes et la seule personne à combiner ces traits inhabituels qu'il ait jamais connu était Toya.

Remarquant que l'homme était en train de se déplacer afin de partir avec elle, Shinbe repoussa son sentiment de malaise. Toya le tuerait s'il n'arrêtait pas le kidnapping de Kyoko.

— Que crois tu être en train de faire avec Kyoko ?

Les yeux améthystes émirent une lueur alors que Shinbe hurlait, sentant bouger ses pieds sans y avoir pensé. Elle n'était peut-être pas sa petite amie mais elle comptait beaucoup pour lui... plus encore qu'il n'aurait voulu l'admettre et de plus, elle était la meilleure amie de Suki. Il était hors de question de laisser partir ce gars avec Kyoko entre ses griffes.

Kyou glissa un bras sous les genoux de Kyoko et la souleva sans efforts. Il la tenait comme on tient un bébé, elle avait la tête posée sur son épaule, il prenait garde de ne pas la déranger. Au moment où sa tête toucha son épaule, elle se blottit dans ses bras en poussant de doux soupirs.

Il pouvait percevoir la confiance et la satisfaction dans son aura alors qu'elle s'habituait à ses bras. Cette femme-enfant le perturbait grandement et plus il la regardait dormir, plus il voulait la dissimuler à tout le monde. Il savait qu'il le pouvait... s'il le voulait vraiment et la tentation était grande, en fait. Il n'avait jamais transformé quiconque en ce qu'il était... mais s'il l'avait voulu... il aurait pu.

Son attitude protectrice envers la fille, ainsi que ce besoin possessif de la garder furent une surprise pour lui et Kyou poussa un léger grognement en repensant à ses actes. Comment était-ce possible que cette fille l'affecte de cette façon ? Arrachant son regard à ce visage angélique, il leva les yeux alors qu'un jeune homme criait à son intention. On aurait dit que les hommes qui la voulaient ne cessaient de se mettre en travers de sa route.

Des yeux d'or se fixèrent sur un regard améthyste et il perçu quelque chose d'étrangement familier.

— Ce n'est pas à toi de le décider, sorcier, menaça Kyou d'un ton grave, assassin.

à cet instant, il sut qu'Hyakuhei lui-même ne pourrait la lui prendre, elle était à lui. Ses bras se resserrèrent autour d'elle, il n'aimait pas l'amour pour la fille qu'il sentait monter dans la puissante aura de cet autre homme.

Prenant une résolution ferme comme l'acier de rejeter ses pensées vagabondes, Kyou gronda de nouveau, doucement. Il ne laisserait pas cette fille l'atteindre, mais... il n'était pas prêt à renoncer à elle tout de suite. Il avait bien trop de questions et elle allait y répondre, qu'elle le veuille ou non.

Certain d'être à nouveau pleinement sous contrôle, Kyou décida qu'il était temps de partir.

Shinbe était en chemin pour aller rejoindre Kyoko lorsque l'homme se déplaça. Se déplaça ? Ce n'était sans doute pas le terme approprié. Il scintilla et disparut, puis réapparut comme sorti de nulle part, juste devant lui, c'était plutôt ça.



— Putain de...



Shinbe s'immobilisa brutalement lorsqu'en levant les yeux il vit un visage qui avait la mort marquée sur toute sa surface.

Il écarquilla les yeux sous l'effet du choc, il eut la sensation que son Cœur venait de s'arrêter de battre. Aussi proche de lui... il pouvait clairement distinguer la peau blanche de l'homme presque comme de la porcelaine et il ressemblait trop à Toya pour qu'il s'agisse d'une plaisanterie.



Clignant des yeux, il aurait pu jurer avoir remarqué des canine protubérantes dans la bouche de l'homme et un grognement d'avertissement semblait en provenir.

Shinbe demeura planté là alors que l'homme poussait son torse d'un seul doigt. La prochaine chose dont Shinbe eut conscience, c'était d'être sur le cul au milieu de la pièce. Clignant à nouveau des yeux, il demeura assis dans la confusion alors que l'homme à la chevelure d'argent habillé de noir l'enjamba tout simplement, puis, disparut soudain.



Suki atteignit la salle juste à temps pour voir Shinbe toucher le sol brutalement et un grand homme à la chevelure argentée en train de disparaître avec Kyoko. Elle cligna une fois des yeux et ils étaient partis... Là une seconde et disparus la suivante.

Shinbe, qui avait l'air d'être dans la quatrième dimension, resta assis là un instant de plus, en train de cligné des yeux, confus.



— Putain de merde ?!



Courant vers Shinbe, Suki tenta de l'aider à se relever, les mains tremblantes.



— Qui était cet homme qui a disparu avec Kyoko ?



Elle regarda Shinbe d'un air inquiet alors qu'ils se retournaient tous deux et se précipitaient à l'extérieur pour les retrouver.

Avait-il tout simplement disparu ?

Ils quittèrent l'immeuble et cherchèrent autour d'eux, frénétiquement sans trouver traces de l'homme ou de Kyoko ou que ce soit.

Se tournant vers Shinbe, Suki eut le regard qui scintilla. Elle eut l'impression d'être sur le point de pleurer.



— Où sont-ils allés ? Cet homme a kidnappé Kyoko !



Elle tremblait de peur. Ce qui avait commencé comme une soirée d'amusement entre filles avait viré au cauchemar.



— Calme-toi, Suki. Nous allons la retrouver. Toya est ici également.



Shinbe chercha avec anxiété autour de lui son ami disparu.



— Je croyais qu'il était juste derrière moi !



l’inquiétude vira rapidement à la colère à présent que le fait que Suki soit en sécurité à ses côtés était indiscutable. Une ombre pitoyable passa dans son regard perdu alors qu'il se perdait dans le passé.



— Et à quoi diable pensiez-vous ? Il aurait pu vous arriver quelque chose et je n'aurais pas su ou vous vous trouviez !



Il l'attrapa sauvagement par les bras alors que son regard améthyste s'assombrissait de manière possessive.



Les lèvres de Suki s'amincirent en réaction à sa colère. Quel était son problème ? Ce n'était pas comme si elle n'était jamais sortie avec ses amis. Son regard se fixa sur le sien alors que sa propre colère commençait à monter.



— Que veux-tu hmmmf ?



Ses paroles furent interrompues alors que les lèvres de Shinbe se fracassaient contre les siennes dans un baiser brûlant et déchirant. Shinbe avait été tellement inquiet pour elle qu'il ne pouvait pas arrêter les sentiments qui s'étaient précipités. Il voulait s'assurer qu'elle pouvait ressentir toutes les émotions qui parcouraient ses veines sur-le-champ. Il la serra fort dans ses bras, se jurant qu'elle n'allait plus jamais quitter sa champ de vision.



Suki gémit doucement à l'intensité du baiser de Shinbe. C'était comme s'il lui découvrait chaque émotion brute de son âme. Elle pouvait pratiquement les sentir du bout de ses doigts alors qu'elle agrippait ses épaules. Sachant que si elle lâchait, elle ne pourrait pas se tenir debout, vu que ses jambes venaient de se transformer en gelée, elle s'accrocha à lui comme si sa vie en dépendait.



Son esprit se trouva vide pendant un moment et elle oublia qu'elle était en colère contre lui ou que Kyoko venait de disparaître. Tout ce qu'elle pouvait ressentir était Shinbe et un amour qui leur survivrait sans aucun doute.

Doucement, il relâcha sa prise, mettant fin à leur baiser en frottant son nez contre le sien. Ses yeux se remplissaient de soulagement, mais étaient toujours sombres de désir. Secouant légèrement la tête, il essaya de se concentrer sur la situation actuelle et pour une fois, son esprit lubrique ne s'égara pas à la sensation du corps doux de Suki dans ses bras… après tout, elle avait été là pendant plusieurs vies.



— Il y a des évènements qui se sont produits et tu dois le savoir. Ce n'était pas sans danger pour Kyoko et toi de sortir seules ce soir. Je vais tout t'expliquer pendant que nous cherchons Toya. Je pense que Kotaro est ici quelque part aussi.



Shinbe enroula un bras protecteur autour d'elle alors qu'ils se dirigeaient vers le parking pour trouver Toya.



Suki fut trop abasourdie pendant un certain temps pour faire autre chose que hocher la tête.




Chapitre 6


Relevant légèrement la tête, de façon à ne pas perturber Kyoko, regarda vers la fenêtre d'où provenait le bruit. Chaque fibre de son corps lui disait que quelqu'un ou quelque chose était là... en train de les regarder. Son regard se fixa sur l'ombre de ce qui semblait être un homme. On aurait juré qu'il était debout à la fenêtre... au deuxième étage ?



Un contour argenté se dessina autour de la silhouette, lui donnant un aspect presque fantomatique. Toya avait déjà vu cette apparition... dans ses cauchemars.

Les yeux comme des soleils d'or étaient dirigés vers le sol mais Toya pu voir des éclairs rouges les zébrer l'espace d'un instant et il aurait également pu jurer avoir vu des crocs.



L'image scintilla alors que des flocons métalliques de poussière multicolore se mirent à pleuvoir contre la fenêtre, comme pour obstruer la vue. Toya secoua la tête et cligna rapidement des yeux avant de regarder à nouveau vers la fenêtre pour constater qu'il n'y avait plus rien.



— Mais bordel, c'était quoi ?



Se sentant plus qu'un peu sur les nerfs, il quitta le lit et se dirigea discrètement vers la fenêtre. En regardant au dehors, il ne vit rien d'autre que l'obscurité et les ombres. Prenant une profonde inspiration, il demeura perplexe lorsqu'il détecta une odeur persistante sur le rebord de la fenêtre, un parfum qu'il ne reconnaissait pas. Un sourd grondement d'irritation lui échappa alors qu'il tentait de l'identifier. Décidé à croire que c'était sans doute un tour de son imagination lié aux événements de la soirée, il vérifia une dernière fois, par acquis de conscience, qu'il n'y avait effectivement rien. Se satisfaisant temporairement du fait que l'odeur était au moins en train de se dissiper, il se glissa à nouveau dans le lit avec Kyoko en gardant pendant un bon moment un œil ouvert... Au cas où.



***



Kotaro demeura sous la fenêtre de Kyoko, percevant la présence du vampire qu'il avait rencontré dans l'allée près de la boite de nuit. Bien qu'il n'ai jamais eu l'opportunité de regarder de près le promeneur de la nuit, il était certain qu'il s'agissait de Kyou. Il pouvait percevoir la froide puissance tranquille de Kyou et c'était une chose dont il ne voulait pas aux abords de Kyoko. Kyou était une énigme et on ne pouvait lui faire confiance.



Avec un grondement, il utilisa sa vitesse inégalée pour parvenir jusqu'au deuxième étage devant la porte de Kyoko en un clin d’œil.

Humant l'air, il se calma un peu en percevant le parfum de Kyoko, récent et fort. Il eut la confirmation qu'il n'y avait aucun suceur de sang dans ses murs mais un grondement lui échappa lorsqu'il perçu l'odeur de Toya, presque aussi récente que celle de sa Kyoko. Toya était entré dans l'appartement également mais n'en était pas ressorti. Posant la main sur la poignée, Kotaro la tourna et compris qu'elle était cassée. Cassée mais verrouillée.



— Mais qu'est-ce que... gronda-t-il en colère devant le signe évident d'effraction.



Kotaro maintint la main devant lui, regardant ses griffes. Aucune serrure ne lui avait jamais résisté et celles de sa Kyoko ne faisaient pas l'affaire. Kotaro eut un sourire arrogant. Kotaro maintint la main devant lui, regardant ses griffes s'allonger et s'affiner vers la pointe. Aucune serrure ne lui avait jamais résisté et celles de sa Kyoko ne faisaient pas l'affaire. Kotaro eut un sourire arrogant en insérant sa griffe dans la serrure. Jouant à peine avec, il entendit avec satisfaction, un clic. Avec la discrétion d'une ombre, il pénétra dans l'appartement... Refermant doucement la porte derrière lui.



N'entendant rien, que le silence, il suivit la trace laissée par l'odeur de Kyoko

Un instant plus tard, il se retrouva debout à la porte de sa chambre. Son regard bleu incandescent, aiguisé tel une lame, il était concentré sur ce sentiment de malaise qui parcourait tout son corps.

Ignorant ce qu'il allait trouver de l'autre côté, il ouvrit lentement la porte.



***



Kamui décida de demeurer invisible alors que Kotaro pénétrait dans l'appartement de Kyoko. Ce n'était pas comme s'il se cachait de son ami, non... Il ne s'agissait pas de cela du tout. Mais en sachant qui se trouvait en ce moment dans le lit de Kyoko... Et bien, il pensait plus judicieux de demeurer caché plutôt que de s'offrir comme cible à ce qui ne manquerait pas de péter. Il avait fait tout son possible pour garder Kyoko en sécurité toute la soirée mais en ce qui concernait Toya, le gardien d'argent allait devoir se débrouiller seul.



Kamui grimaça en silence lorsque Kotaro ouvrit la porte de la chambre à coucher.

La scène qui accueillit Kotaro dépassait son entendement. Couché dans le lit de Kyoko, ce chien galeux, Toya ! La tenant comme si elle était à lui et seulement à lui...

Dans l'attitude de Kotaro, il y avait la promesse d'une punition dans l'éventualité où la réponse donnée devait se révéler inacceptable.



— Putain de merde, lâche-moi, connard !



Toya griffa les doigts serrés enroulés autour de son cou alors que de son autre main, il frappa Kotaro avec une force qui aurait dû lui secouer le crâne.



Bien que Kotaro aie à peine bougé, l'impact avait permit à Toya de se libérer et il se prépara à encaisser, pour le cas où cet imbécile n'en aurait pas fini avec lui.

Toya pouvait ressentir l'intense colère émanant de la silhouette lui faisant face.

Sa propre colère explosa lorsqu'il comprit d'où devait venir Kotaro pour l'attaquer à ce sujet.



— Et tu croyais faire quoi dans la chambre de Kyoko, espèce de sale obsédé ? balança-t-il en retour.



Kotaro sentait que l'altercation était sur le point de devenir plus bruyante car Toya avait haussé le ton. Jetant un œil vers la chambre de Kyoko, il pu voir que sa porte était toujours entrouverte, il indiqua la porte d'entrée d'un mouvement de la tête en grondant :



— Sortons avant que ça ne la réveille.



Lorsqu'il parut clair que Toya ferait preuve de réticence, Kotaro se fit provoquant, sachant que ça allait marcher.



— À moins que tu ne craignes de te retrouver seul avec moi ?



Il lança un sourire moqueur et un regard méprisant à Toya pour qu'il tombe dans le panneau.



— Bien sûr que non, les connards d'abord...



Toya attendit que Kotaro fasse le premier pas, il espérait vraiment qu'il le fasse.

Sa mauvaise humeur était suffisamment consommée pour qu'il élimine tout le voisinage. Il avait besoin d'une personne sur laquelle il pourrait se défouler, qui plus est, cela faisait longtemps qu'il attendait une bonne excuse pour se battre avec Kotaro.

Tous deux semblèrent devenir flou le temps de quelques battements de cœur avant de se retrouver dans la cour déserte en bas de l'immeuble de Kyoko.



Alors même que Kotaro se retournait pour lui faire face, Toya le frappa au visage d'un coup de poing suffisamment puissant pour lui faire perdre conscience.



Il gronda de colère lorsque Kotaro fit un dérapage vers l'arrière à travers l'herbe sans tomber. Ce n'était pas comme s'il n'appréciait pas Kotaro... Sur bien des plans, c'était le contraire. C'était comme avoir un ami comme ennemi.



Toya le fixa du regard, sentant augmenter sa jalousie... La raison pour laquelle Kotaro et lui étaient toujours en train de se sauter à la gorge était qu'ils désiraient toys deux Kyoko.



Kotaro secoua la tête et posa à nouveau les yeux sur son adversaire.



— Voyons si tu seras cap de le refaire alors que je suis prêt, pervers ! lança Kotaro alors qu'ils fonçaient l'un sur l'autre en grondant.



Ceux qui avaient la capacité d'entendre ce genre de choses purent entendre les échos de pouvoir au moment de l'impact.



Kamui les suivit dans la cour et était désormais appuyé contre le mur de briques en train de regarder les deux en train d'évoluer sous les lampadaires.

Voyant la puissance derrière le coup de poing de Toya, il émit un sifflement.

Il semblerait que notre Toya soit en train de se réveiller.



Les yeux de Kamui s'arrondirent lorsqu'il remarqua une ombre étrange projetée depuis l'immeuble contre lequel il était adossé sur le mur de l'immeuble d'en face. S'éloignant quelque peu du mur, il leva les yeux vers le toit pour tenter de comprendre qui pouvait s'y tenir debout.



Kyou se dressait sur le toit de l'immeuble de deux étages, le regard baissé vers la cour alors que les deux autres sortaient sur la pelouse.



Il s'accroupit bien bas, regardant le garçon enragé frapper le lycan avec plus de force qu'aucun homme normal n'aurait pu rassembler. C'est au moment où ils foncèrent l'un vers l'autre à une vitesse surnaturelle qu'il en fut certain... Aucun des deux n'était humain. Il regarda les vagues de pouvoir les quitter et éclater comme des échos d'éclosions bleues.



Le pouvoir des anciens ?



Kyou avait cru qu'Hyakuhei et lui étaient les seuls à encore posséder ce genre de puissance antique. Ses yeux commencèrent à briller alors qu'il continuait à regarder l'agressivité qui augmentait en bas.



Toya n'avait jamais senti sa force atteindre de tels sommets comme à cet instant où Kotaro et lui s'affrontaient coup pour coup, ne reculant ni l'un ni l'autre. Alors qu'ils entraient en collision avant de se repousser mutuellement pour entrer de nouveau en collision, il sentit quelque chose en lui qui s'éveillait, comme tiré d'un profond sommeil.



S'il avait pu se voir, Toya aurait été choqué. Sa chevelure déjà longue s'était allongée d'environ un mètre et ses yeux avaient pris une teinte argentée.

Il avait remarqué une chose, c'était que les ongles de ses doigts avaient rapidement poussé et ressemblaient désormais à des griffes avec lesquelles il tentait de taillader Kotaro qui esquivait de justesse.



Kyou semblait hypnotisé par les mouvements de celui qui ressemblait tant à son frère. Mais c'était insensé... Son frère avait péri de la main d'Hyakuhei des siècles auparavant... Il l'avait enterré.

Ses doigts griffus serraient le rebord du toit fermement alors qu'il sentit l'intensité de la puissance du Lycan s'élever à un niveau désormais menaçant. Il savait que le loup s'était retenu mais comme la puissance de son adversaire augmentait la sienne également.

Kyou ressenti l'impérieux besoin de porter secours à l'imprudent garçon avant qu'il ne soit blessé.



Dans la chambre obscure, juste en dessous du regard attentif de Kyou et au dessus de l'intense combat dans la cour en bas, Kyoko s'assit droit dans le lit, comme si elle venait d'être réveillée par une peur soudaine.

Elle pouvait le sentir... Quelque chose n'allait pas. Son attention se concentra sur la fenêtre car elle savait que quoi que ce quelque chose fut, il se trouvait au delà de la vitre.



Rampant rapidement à travers le lit, Kyoko se précipita vers la fenêtre et lutta pour parvenir à l'ouvrir. Alors que le panneau glissait vers le plafond, elle se pencha par dessus le rebord de la fenêtre à la recherche de quoi que ce soit sortant de l'ordinaire.

Ses lèvres s'entrouvrirent lorsque son regard se fixa sur Toya et Kotaro. Ils étaient tous deux en position de combat et avaient l'air d'avoir du mal à respirer comme si le combat ne venait pas tout juste de commencer.

Kyou se pencha en avant, ses instincts protecteurs crépitant dans ses veines pour ce garçon qui ressemblait tant à son frère bien-aimé. Il avait l'intention de plonger et d'attraper cet irrationnel garçon avant que le Lycan ne puisse véritablement le blesser.



Au moment même ou le rouge commençait à être visible dans ses yeux et qu'il s'apprêtait à prendre son envol, les deux adversaires se foncèrent dessus de nouveau.

Un nom résonna comme un cri qui mit un terme au développement de ces deux scénarios.



— Toya ! hurla Kyoko au moment même ou ils étaient sur le point de se tacler mutuellement.



— Assez ! Je t'en prie, Toya.



Elle dit cette seconde partie plus bas... ignorant que tous trois, en train de l'écouter, pouvaient entendre cette supplique murmurée du fond de son cœur.

Le cri de ce nom fit vaciller Kyou lorsqu'il s'agenouilla, serrant de nouveau le rebord du toit.



Toya ? Ce ne pouvait être vrai.



Arrachant lentement son regard à cette fille inconsciente, il regarda à nouveau celui qu'elle avait appelé dans la cour. Alors que les deux rivaux dirigeaient brusquement leur attention vers la fille en hauteur, ils l'avaient vu et avaient maintenant leur attention directement concentrée sur lui.



Toya gronda du fond de sa gorge alors que cette même apparition qu'il avait cru voir à l'extérieur de la fenêtre de Kyoko un peu plus tôt baissait à présent les yeux vers lui, il était aussi réel que lui-même.



Kotaro manqua d'exploser, dans un réflexe de protection, en voyant Kyou si proche de Kyoko. Il se força à attendre car il voyait que le regard du vampire était fixé uniquement sur Toya. Il se demanda secrètement si Kyou pourrait reconnaître le frère qu'il avait perdu... en l'humain qu'il était à présent devenu. Ses yeux se plissèrent avec soupçon lorsqu'il entendit Toya murmurer d'un ton inamical,



— C'est toi !



Kotaro leva à nouveau les yeux vers l'image ombrageuse au dessus de la fenêtre ouverte de Kyoko. Le reflet d'un cheveu argenté alors que la lueur de la lune tombait sur Kyou lui donna à réfléchir. Ce pourrait-il que Toya, de manière inexplicable, se rappelle de Kyou ? Même s'il s'agissait du frère mort-vivant de Toya... était-il prudent de le laisser approcher de Kyoko ? Kotaro n'avait pas la moindre idée du lieu ou il avait passé tout ce temps ou encore si Hyakuhei possédait toujours une emprise sur lui.



Kyoko fronça les sourcils en voyant à la fois Toya et Kotaro en train de regarder au dessus d'elle comme s'ils ne pouvaient pas la voir du tout.

Prise d'une étrange sensation sur la nuque elle se persuada qu'il y avait quelque chose là-haut, elle se pencha par la fenêtre aussi loin qu'elle pouvait, et elle se tortilla pour tenter de voir ce qu'ils étaient en train de regarder.

Alors que l'apparition drapée d'étoffe noire et de chevelure argentée flottant au vent juste au dessus d'elle captait son attention, Toya hurla son nom.



Tout ce qui comptait c'était Kyoko et qu'il lui fallait la sauver.

Kotaro savait qu'il pouvait sauter suffisamment haut pour l'attraper avant même qu'elle n'aie une chance de toucher le sol... ou les bras tendus de Toya. Mais alors même qu'il se mettait en mouvement, Kyou bondit du toit et descendit sur Kyoko tel un nuage de ténèbres.



Alors que son regard plongeait dans celui de la fille qui tombait en arrière, Kyou n'hésita pas. Comme si elle était délibérément en train de tenter de le fuir, il s'élança pour la capturer de nouveau. Son instinct lui disait de ne pas la laisser chuter... ou s'évader.



Tout semblait se passer au ralenti. Kyoko ne pouvait détacher ses yeux du pâle visage et des cheveux argent encerclés de ténèbres alors qu'il glissait en se rapprochant de plus en plus. Puis elle sentit ses bras autour d'elle et elle fut brusquement tirée vers le haut contre son corps dur... elle n'était plus en train de tombée mais elle était à présent suspendue dans les airs.



— C'est encore... toi, murmura-t-elle, en se demandant pourquoi elle n'était pas effrayée.



Toya demeura figé alors qu'une image qui avait souvent hanté ses rêves sauvait Kyoko du trottoir en dessous. Il serra les dents lorsque le couple commença son ascension au lieu de venir au sol.



— Oh, non ! Espèce de salaud !!! Ramène Kyoko ici !!!



Il hurla en serrant le poing, en souhaitant avoir le pouvoir de voler pour pouvoir les pourchasser.



Entendre Toya hurler secoua Kyoko et la sortit de sa transe. Elle fronça les sourcils, repoussant soudain de ses paumes l'homme dangereusement sensuel qui la tenait serrée si fort. Tournant la tête aussi loin qu'elle le pouvait, elle pu voir Toya et Kotaro en train de courir sous eux et soudain elle comprit que celui qui la tenait... était en train de voler.



Le repoussant plus fort d'une main et s'accrochant pour ne pas mourir de l'autre, elle hurla, elle n'aimait pas ce qui était en train d'arriver et elle espérait que ce ne soit qu'un rêve causé par les Long Island ice teas que Suki l'avait convaincue de boire.



— Kotaro ! Toya ! hurla-t-elle avant d'ajouter silencieusement en se retournant pour regarder l'homme au dessus d'elle, aidez-moi, je vous en prie !



Kyou pouvait sentir le pouvoir monter chez la fille alors qu'elle faisait appel à ses amis mais il ne voulait pas la lâcher. Il avait trop de questions qui ne sauraient demeurer sans réponses. Il baissa les yeux vers les deux homes qui étaient en train d'essayer de ne pas perdre sa trace alors qu'ils courraient à travers le parc et s'émerveilla devant cette étrange paire.



— Ils sont ennemis... et pourtant ils te protègent tous les deux ? s'interrogea-t-il à haute voix comme pour se parler à lui-même.



— Chuttt, murmura-t-il au creux de son oreille, en essayant de la mettre sous son contrôle.



Il avait de besoin de calmer la peur naissante qui provoquait la montée de sa puissance.



— Tu es à moi pour l'instant.



À sa grande surprise, elle tourna ses yeux émeraude vers lui et il resta bouche bée en remarquant les larmes soudaines qui en émergeaient. Son expression se tinta de confusion lorsqu'il réalisa qu'il n'avait pas voulu la faire pleurer.

La douce lueur surnaturelle entourant son aura changea instantanément. Son corps commença à brûler d'une lumière aveuglante pour ses sens vampiriques... il voulait fermer les yeux mais ne pouvait détourner le regard. La lumière brûlante fusa droit vers le bas puis fit un ricochet sur une énorme pierre au milieu du parc avant de fuser de nouveau vers le ciel tel un signe invoquant les dieux eux-mêmes



Une image fusa si vite qu'il n'était pas certain de ce qu'il venait de voir. On aurait dit que la fille avait été pétrifiée et était agenouillée, les mains tendues. Alors que les yeux de la statue commençaient à s'ouvrir... les siens se fermèrent brutalement, faisant barrage à cette image inoubliable. Il aurait pu jurer qu'il l'avait entendu murmurer son nom.



Alors que Kyoko remarquait la lumière aveuglante provenant d'entre eux deux, les yeux dorés de l'ange mystérieux se fermèrent et son emprise se desserra. Elle le repoussa, sans réaliser ce que serait la conséquence et elle chuta d'une hauteur vertigineuse.

Alors qu'elle tombait, elle regardait, pleine de confusion, alors qu'il plaquait le bras par dessus ses yeux comme pour les protéger mais les lèvres entrouvertes et et les canines allongées qu'elles avaient dissimulées ne lui échappèrent pas. Elle ne fit pas un bruit alors qu'elle tournoyait vers le sol en espérant envers et contre tout qu'elle allait soudain se réveiller.

Toya s'arrêta en dérapant sous Kyoko lorsqu'ils s'arrêtèrent en plein vol mais lorsque la lumière irradia d'elle pour aller ricocher sur l'énorme pierre, il fut momentanément aveuglé. Il mit les mains en l'air tout en essayant de voir entre ses doigts afin de jauger de l'endroit ou elle risquait de tomber mais tout ce qu'il pu voir était une image dingue de Kyoko statufiée.



— Mais que se... ? gronda-t-il, enragé plus encore lorsque ses yeux se fermèrent, interrompant la vision contre son gré.



La lumière émanant d'elle provoquait une douleur insupportable.

Kotaro ne cligna même pas alors que la lumière émanait de la silhouette descendante de Kyoko. Il sentit sa chaleur et cela l'attira vers elle encore plus vite... elle l'appelait. Il bondit haut dans les airs, l'attrapant avant qu'elle ne tombe sur l'énorme roc, puis promptement disparu dans les allées environnantes, serrant fort sa précieuse charge.



Elle était étendue, gémissante entre ses bras, tremblant de la peur qu'elle venait de connaître. Aussitôt que le choc fut estompé, Kotaro su qu'il y aurait pour lui beaucoup de questions auxquelles il ne voulait pas vraiment qu'elle obtienne de réponse. Cela viendrait plus tard. Tout de suite, il lui fallait la conduire en sûreté.

Il partit si vite... aucun humain ou aucun autre n'aurait pu suivre ses déplacements.





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Aux yeux de Kyoko, les créatues mythiques sont de ces choses qu'on loue et qu'on regarde un samedi soir avec ses amis. Lorsqu'un individu mystérieux qui la suit partout transformera les ombres autour d'elle en coins sombres aux arêtes acérées, sera-t'elle en mesure de se câcher du passé ? L'obscurité s'est abattue sur le monde une fois de plus et les gardiens ont attendu la résurrection.

Bien qu'ils soient considérés comme des créatures de mythe, dans cette realité-ci ils sont bien plus réels que les gens ne le croient. C'est uniquement lorsque la lune est haut dans le ciel que ces créatures, ces gardiens, bataillent contre le mal qui cherche à submerger le monde et la fille qui détient le pouvoir ultime… La lumière au coeur de l'obscurité.

Translator: Bella Nazaire

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    Аудиокнига - «Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres»
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