Книга - Désir Fatal

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Désir Fatal
Amy Blankenship






Désir Fatal

La Saga des Liens du Sang – Livre 12



Amy Blankenship, RK Melton

Traduit de l’américain au français par Virginie Eymard



Copyright © 2013 Amy Blankenship

Edition française publiée par Tektime

Tous droits réservés




Chapitre 1


En traversant le salon de Gypsy installé au sous-sol, Ren ne pouvait s’empêcher de contempler la jeune fille qu’il était en train de porter dans ses bras pour aller jusqu’à la chambre.

Puis il passa la barrière de rideaux perlés, et la principale chose qui attira son regard était la fine couche de saleté qu’elle avait sur le visage : un peu comme du maquillage, pour cacher son teint impeccablement lisse et sans aucune tache. Puis il s’attarda un instant sur ses lèvres parfaites et sur ses longs cils noirs qui lui frôlaient les joues. Pourtant, il en aurait fallu bien plus que toute cette saleté et que tous ces vêtements sales pour lui cacher sa douceur et sa beauté.

Il sentait que l’épaisseur des tissus qu’elle s’était enveloppée autour de la poitrine le gênait. Ce n’était pas étonnant qu’elle se soit évanouie comme ça… il se demandait même comment elle pouvait respirer, avec toutes ces fixations qui la serraient autant. Il se demandait aussi au fond de lui-même qui avait eu l’idée brillante de l’habiller comme un garçon... heureusement pas lui !

Ren s’arrêta à côté du lit et se pencha pour déposer Lacey sur le matelas… et c’est à ce moment précis qu’elle choisit de se réveiller d’un coup, en se redressant brusquement et en lui donnant un coup dans son élan.

La première chose que Lacey remarqua, c’étaient ces bras robustes qui la tenaient prisonnière de manière possessive. Son cerveau divergea rapidement, laissant place au côté paranoïaque de son esprit : elle pensait sincèrement que le dangereux démon qu’elle fuyait depuis deux semaines l’avait finalement rattrapée.

Si la fin approchait pour elle, elle devrait alors tomber sans se battre. Avant même que l’obscurité l’aide à se libérer de sa vision, elle commença à donner des coups de poing au monstre qui la retenait.

- Maint’nant lâche moi, espèce de sale connard ! hurla-t-elle en tentant de faire perdre l’équilibre à son assaillant en lui donnant des coups de pied.

Pris au dépourvu par ce réveil quelque peu brusque, Ren lui arracha ses lunettes de soleil des mains en les jetant en l’air, parce qu’elle avait réussi à les lui faire tomber quand il avait les mains occupées à la garder prisonnière. Frustré, il serra les dents et la laissa tomber gracieusement sur le matelas.

Sans prendre la peine de remettre ses lunettes, il se dressa sur ses pieds en constatant que Lacey était parvenue à rebondir une fois et qu’elle avait même réussi à plier les genoux lorsqu’elle se trouvait en l’air afin de pouvoir atterrir en position agenouillée… ce mouvement était bien coordonné et rapide, pour une humaine… impressionnant !

Lacey cligna des yeux et se sentit soulagée lorsque sa vision devint enfin plus nette. Elle réalisa que cette main était celle de ce lourdaud de garde du corps de Gypsy. Elle fronça les sourcils quand ses yeux remarquèrent l’étrange regard de l’homme. En moins d’un battement de cil, elle se dit que la couleur de ses iris lui rappelait celle du mercure, avec une pointe de bleu glacé tout autour. Bizarrement, cela venait s’ajouter à son sex-appeal.

- Ahhhh… c’est lui, murmura-t-elle.

Puis elle eut un mouvement de recul quand elle le vit lever un sourcil de manière très élégante en lui rétorquant :

- Non… c’est pas moi… c’est le croquemitaine !

Faisant glisser ses lunettes noires sur son nez, il restait encore étonné du fait qu’elle l’ait regardé droit dans les yeux sans avoir la moindre once de peur.

Quant à elle, elle se forçait à le fixer tout en repoussant le plus loin possible l’image effrayante du démon et de tout ce qui tournait autour.

Le cœur battant toujours la chamade, elle croisa les bras sur sa poitrine et lui rétorqua avec tout le sarcasme qu’elle put ajouter :

- Non, le croquemitaine, c’est pas toi ! Toi, t’es qu’un sale type qui ne semble pas vouloir me lâcher !

Ren, ricanant à moitié, la regarda droit dans les yeux en lui ripostant de manière tout aussi sarcastique :

- Ah, ça, je suis sûr que tu adorerais !

- Mais pas du tout…

Elle se redressa sur le matelas, puis elle étira les bras de chaque côté et leva les poings tout en luttant contre le reste de peur qui stagnait dans sa colonne vertébrale. Elle n’avait pas de temps à perdre. Si elle ne parvenait pas à sortir d’ici au plus vite, il se pourrait qu’il soit déjà trop tard et c’est pourquoi elle étudiait ce qui pourrait lui causer du retard.

- Bien sûr que si ! insista Ren en se demandant comment une jeune fille aussi canon pouvait rester mignonne même vêtue d’habits masculins.

- Bon d’accord… laisse-moi te dire ce que j’adorerais… j’adorerais que tu me laisses prendre ce que je suis venue chercher pour que je puisse gentiment m’en aller d’ici, lui dit-elle en levant le menton.

- Tiens, bah justement, parlons-en ! Tu cherchais quoi, exactement ? Et qui t’a envoyée ? s’enquit Ren en se penchant un peu plus près d’elle pour l’intimider à répondre à la seule question qui lui faisait des nœuds au cerveau. Il n’aimait pas l’idée qu’elle se mette elle-même en danger en travaillant avec des démons et résistait à l’envie de lui faire changer d’avis.

Même si elle ne pouvait pas voir ses yeux cachés par ses lunettes de soleil, Lacey pouvait sentir son reflet argenté s’aplatir sur elle et dut étouffer un frisson. Toujours méfiante à son égard, elle recula un peu pour mettre le lit entre eux. Ensuite, elle cligna des yeux, stupéfaite en le voyant soudainement disparaître de sa vue.

Elle ne put s’empêcher de respirer par saccades, puis elle sentit deux mains s’agripper à ses épaules. Sa main gauche ne fit que brasser de l’air au lieu de toucher la surface du matelas. Quant à lui, s’il n’avait pas bougé aussi vite, elle serait tombée du lit pour se retrouver sur le sol.

- Pourquoi ne pas rester tranquille une minute ? poursuivit-il un peu plus durement qu’il ne l’avait prévu. Après tout, cette fille allait devoir se calmer avant de se faire du mal.

La respiration de Lacey accéléra encore et son regard se déplaça dans la pièce à la recherche d’une arme quelconque. À son grand soulagement, elle observa ce qui faisait office de décoration sur les murs et pensa au talent de son grand-père pour réfléchir à ce genre de choses. Pourtant, ces objets n’étaient pas facilement à sa portée, et c’était dommage, vu le contexte.

L’homme qui lui tenait les épaules avait bougé trop vite pour être humain… ce qui signifiait que c’était un démon. Si c’était le cas, alors que faisait-il dans l’abri secret de son grand-père ? Pourquoi était-elle seule avec lui ?

Elle cligna lentement des yeux et toutes ses envies de se battre la quittèrent lorsqu’un souvenir la frappa en plein visage : son grand-père était mort. Un bruit derrière la porte la ramena dans la réalité et elle vit Gypsy et celui qui avait cassé la porte d’entrée du magasin entrer dans la chambre.

Les épaules de Gypsy s’affaissèrent lorsque l’expression de Lacey passa lentement de la tristesse à un air accusateur tandis qu’elles se regardaient d’un côté à l’autre de la pièce.

- Tu pourrais pas me les virer d’ici, que je puisse avoir un moment calme pour réfléchir ? exigea Lacey en colère, qui luttait contre le fait qu’elle ne reverrait plus jamais son grand-père.

- Dois-je vous rappeler que c’est elle qui s’est faufilée ici sans avoir été invitée ? répliqua Ren en souhaitant qu’il y ait un démon sachant lire dans les pensées à proximité, afin qu’il puisse s’emparer de ce pouvoir. Il aurait donné n’importe quoi pour savoir ce que cette fille pensait. La dernière chose dont il avait besoin, c’était qu’elle ait suffisamment de temps pour s’inventer un alibi avant qu’il puisse enfin connaître la vérité à ce sujet.

- Ren, s’il te plaît ? Est-ce que tu peux nous laisser un instant toutes les deux ? Nick… ?

Cette demande venait de la part de Gypsy, qui se sentait triste pour Lacey. Elle aussi, elle avait dû faire face à son propre chagrin lorsque leur grand-père est mort… et aujourd’hui, c’était à Lacey d’affronter cette rude épreuve.

Ren tourna les yeux du côté de Gypsy pendant un moment avant de regarder la fille qu’il serrait encore. Gardant son emprise, il se pencha en avant jusqu’à ce que ses lèvres soient à quelques centimètres de son oreille :

- Je ne suis pas loin.

Lacey, qui n’était pas née de la dernière pluie, avait parfaitement compris la menace sous-jacente de l’homme.

Gypsy soupira et hocha la tête avant de faire signe aux deux hommes de sortir de sa chambre.

- Allez, maint’nant, partez ! Je vais très bien me débrouiller toute seule !

Elle balaya une mèche de cheveux noirs de ses yeux quand ils sortirent de la chambre, mais ils firent une pause dans son salon pour faire demi-tour et la regarder. Fronçant les sourcils, elle s’approcha calmement de la porte d’entrée de l’abri antiatomique et la leur montra :

- Je n’veux pas vous offenser, mais je n’ai pas vu ma cousine depuis plus d’un an et je pense qu’elle a autant de questions que vous… alors sortez !

Nick posa une main sur l’épaule de Ren et le poussa doucement vers la porte, puis il enleva rapidement sa main quand ce dernier haussa les épaules et passa devant lui pour sortir de la pièce. Avant de le suivre, il tourna la tête en souriant à Gypsy de manière rassurante :

- On est juste à côté si besoin. Prenez votre temps.

Ren lui tourna autour pour tenter de gagner du temps, mais les mots moururent sur ses lèvres quand il vit Lacey se tenir derrière Gypsy avec un sourire en coin qui lui faisait comprendre qu’elle avait obtenu tout ce qu’elle avait voulu. Cette petite garce l’horripilait à un tel point… alors il décida de jouer au même jeu qu’elle.

Inclinant la tête légèrement en bas afin qu’elle puisse voir la couleur argentée de ses yeux, il lui rendit son sourire. Lacey, quant à elle, eut du mal à croire que cet homme venait tout juste de lui sourire comme s’il savait quelque chose qu’elle ne savait pas. Eh bien, qu’il aille se faire voir ! En guise de représailles, elle tendit un bras pour fermer la porte du bunker en la claquant suffisamment fort pour qu’elle fasse un grand bruit le temps d’une seconde avant d’en fermer le verrou.

- Tiens, prends ça dans la gueule, vieux sexy des années 80 ! hurla-t-elle intérieurement en oubliant complètement le fait qu’elle venait de lui faire un compliment et une insulte dans la même phrase.

- Mais pour qui elle se prend ? pesta Ren en s’approchant du verrou pour déverrouiller la porte, mais Nick l’en empêcha très vite.

- Allez… je ne pense pas qu’elle soit dangereuse, dit Nick, qui voulait calmer Ren. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, elle est à moitié morte de peur en ce moment, et elle ne prévoit pas de prendre le contrôle du monde. De plus, il n’y a qu’une seule façon de sortir du bunker et nous nous tenons juste devant elle. Crois-moi… ce n’est qu’une fille ! Pas une menace !

- Mais vas te faire foutre ! lui dit Ren, maintenant exaspéré. Si elle est aussi innocente que ça, pourquoi s’habille-t-elle comme un garçon ? Pourquoi tente-t-elle d’entrer par effraction dans la boutique de son grand-père au beau milieu de la nuit ? Oh, et… n’oublions pas le fait qu’elle soit allée directement au coffre-fort qui contenait pas plus tard qu’hier une foule d’artefacts très puissants que n’importe quel démon donnerait en échange de son épée pour l’avoir en main ? Tu peux m’expliquer ça, Robin ? finit-il avec arrogance.

Nick esquissa un sourire narquois et lui dit à son tour :

- Oh mais non… moi, c’est Batman !

- Qu’importe, Robin ! rétorqua Ren en posant la paume d’une main contre la porte, les yeux fermés pour mieux se concentrer.

Il fronça les sourcils lorsque les pensées de Nick, qui n’étaient pas très agréables, lui traversèrent soudain l’esprit de manière très nette. Ren ne put s’empêcher de commencer à se lamenter silencieusement sur le pouvoir de lire les pensées qui venait de lui faire défaut alors qu’il lui aurait été bien utile. Mais où se trouvait le putain de démon qui savait faire ça ? Il lui en fallait un, et très vite !

Gypsy soupira devant l’entêtement de Lacey et se retourna pour lui faire face. Elle ne prit pas la peine de lui dire que les deux hommes savaient comment déverrouiller la porte qu’elle venait de leur claquer au visage. Si elle continuait de contrarier Ren, elle le découvrirait assez tôt… Gypsy en était certaine.

- Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ? commença-t-elle pour très vite se taire parce que Lacey lui indiqua d’un geste sur les lèvres qu’il fallait qu’elle se taise.

- Chhhuuttt !

Elle continua en chuchotant :

- Peux-tu me dire où se trouve notre cristal ?

Elle se leva en parcourant la pièce dans tous les recoins pour tenter de le trouver parmi tous ceux que sa cousine avait exposés dans sa chambre. Gypsy sourit en réalisant ce que sa cousine cherchait, puis elle s’approcha de son ordinateur, où le fameux cristal se trouvait. Plus jeunes, elles s’en servaient souvent pour se dire tous les secrets qu’elles ne voulaient pas que les autres entendent… et surtout pas les adultes ! Et ce cristal était resté leur secret. Il leur avait été donné par leur grand-père. Et si elles l’ont partagé longtemps, il a été mis de côté parce qu’elles ne l’avaient plus utilisé au fil du temps. Gypsy ne le savait pas pourquoi, mais ce cristal était l’un des seuls qu’elle avait conservé… contrairement aux autres cristaux… peut-être qu’elle aurait maintenant sa réponse.

Ren, quant à lui, avait laissé sa main collée à la porte en essayant d’écouter au travers de son épaisseur. Ses yeux rétrécirent quand la voix de Gypsy fut coupée au beau milieu d’une phrase. Nick se tenait à ses côtés, l’oreille collée contre le froid de la porte. Il avait entendu les mêmes choses que Ren, qui se mit à froncer les sourcils quand il entendit Lacey demander à Gypsy où se trouvait un cristal. Puis, un silence de plomb se fit dans la pièce. Juste le son de leurs pas.

- Un cristal ? Mais ? Et quoi encore ? Qu’est-ce qu’un cristal a à voir avec tout ça ? demanda Nick.

Ren lui adressa un regard lui imposant de garder le silence avant de fermer les yeux et de se concentrer à nouveau.

Gypsy et Lacey s’assirent face à face sur le canapé, Gypsy tenant le cristal en main. Puis, Lacey plaça sa main dans la sienne pour le piéger entre leurs paumes avant de lâcher un lourd soupir.

- Maint’nant, tu peux me dire tout ce que j’ai raté depuis que je suis partie, dit-elle doucement à sa cousine.

Frustré, Ren cherchait à tout entendre, mais seuls des fragments de conversation lui parvenaient, comme une mauvaise réception radio. Il se rendit vite compte qu’il était bloqué, un peu comme par une sorte de magie, ou de sortilège. Autour de lui, l’air se chargea d’énergie et son froncement de sourcils s’amplifia. Il regarda la porte avec un mépris non caché.

Confus, Nick se pencha en arrière de la porte :

- Je n’entends plus rien…

- On dirait que Gypsy a quelque chose qui protège les conversations personnelles, dit Ren en pinçant ses lèvres l’une contre l’autre dans cette agitation. C’est comme si elles se servaient de quelque chose de magique pour nous empêcher de les entendre.

Nick se moqua de Ren, lui qui était si fort et si puissant :

- Tu veux me dire que même toi, avec toute ta puissance et ta prestance, tu n’es pas capable de faire face à tout ça ?

La mâchoire de Ren se relâcha un instant au moment où il parvint enfin à la puissance du cristal. Il l’étira comme un bouclier jusqu’à l’endroit où il se trouvait.

- Non pas du tout. J’ai jamais dit ça. Il m’en faudrait bien plus que le jeu stupide d’une gamine et son tour de salon pour m’empêcher d’entrer.

Il se pencha un peu plus près de la porte et regarda Nick avec un sourire malicieux :

- Tu veux entendre ce qu’elles disent ?

- Pourquoi ? Tu me prends pour un con ou quoi ? Bien sûr, que je veux entendre ! lui répondit Nick avec un sourire rusé. Lui aussi, il écoutait aux portes quand ça l’arrangeait. Et bien souvent, c’était lui le pro dans ce domaine.

Ren changea de position et posa une main sur l’épaule du jaguar ; il le serra même un peu fort, histoire de s’amuser un peu.

Nick cria dans cette empoigne dure, mais il l’ignora très vite en entendant la voix des jeunes femmes aussi clairement que s’il était dans la même pièce qu’elles.

- Pas mal du tout, murmura-t-il de mauvaise grâce.

Gypsy, assise les jambes croisées sur le canapé, racontait à Lacey tout ce qu’il s’était passé : elle commença par la mort de leur grand-père et ça ne lui avait pas pris autant de temps qu’elle l’aurait pensé pour raconter toute l’histoire. Puis, elle se pencha un peu en avant quand elle commença à lui parler de Nick, de Ren, et de tout le bazar avec Samuel. Elle rougit en admettant qu’elle avait le béguin pour Nick depuis des années.

Derrière la porte, ce dernier inspira profondément, satisfait d’entendre la confession de Gypsy. Il se tourna vers Ren pour voir comment il réagissait et fut déçu de voir qu’il restait de marbre.

- Tais-toi, lui dit Ren en fronçant les sourcils, souhaitant que Nick cesse de penser autant à lui.

Nick avait envie de rire… mais il se retint malgré tout pour entendre ce qu’il se passait à l’intérieur de la pièce.

Une fois que Gypsy eut terminé, Lacey frotta sa tempe avec sa main libre et son visage était fendu d’un long froncement de sourcils, un peu comme si elle avait mal à la tête.

- Hé bien ? Il s’est passé tout ça et tu es toujours en vie ? Et Grand-Père, qui pensait m’avoir donné le sale boulot ! Y a-t-il autre chose que je devrais savoir ? s’enquit Lacey qui croisait les doigts pour qu’il n’y ait plus rien à dire.

Gypsy réfléchit un moment, puis secoua lentement la tête en lui disant :

- Non, je pense que j’ai dit tout ce qu’il y avait de plus important.

- C’est quand même vraiment étonnant que le Brouet de la Sorcière tienne toujours le coup, chuchota Lacey en serrant sa main sur celle de sa cousine avant de la soulever.

- Et toi, t’as même essayé de tirer sur un démon avec une balle en bois ? dit-elle avec stupéfaction et sympathie en secouant la tête. Je suis tellement heureuse que ce Michael ait le pouvoir de te guérir. En plus, je suis sûre que si j’étais revenue ici et que je vous avais retrouvés morts, Grand-Père et toi, et bien, j’en serais morte !

- Et moi, je suis contente que tu sois de retour à la maison. Tu restes bien, hein ? demanda Gypsy en laissant une pointe d’espoir grandir dans ses yeux.

Lacey voulut dire non, mais elle marqua un temps d’arrêt en se mordant la lèvre inférieure alors qu’elle essayait de se faire à l’idée de ce que sa cousine venait de lui dire. En levant le menton, elle ferma les yeux. Gypsy, elle, se demandait si elle avait trouvé le filet de sécurité qu’elle cherchait. Si ça empêchait les démons de la retrouver un peu plus longtemps, alors elle n’allait pas se plaindre.

- Mais, dis-moi ? Attends un peu… tu étais sérieuse en disant que les démons ne pouvaient pas entrer ici sans ta permission ?

Elle lui posa cette question tout en sachant que quand quelque chose semblait trop beau pour être vrai… et bien, ça l’était quand même !

- On ne peut plus sérieuse ! lui confirma sa cousine avec enthousiasme. On a même testé la formule magique pour être sûrs qu’elle fonctionnait, et elle marche super bien !

Elle s’efforça de ne pas sourire en se souvenant que Nick et Ren avaient été aspirés en-dehors du magasin.

- C’est la chose la plus merveilleuse que j’ai entendue en, heeeeuuuuummm… une bonne année ! dit Lacey en toute sincérité et en sentant une partie de la tension libérer ses épaules et son dos.

Et peut-être même que si elle restait, elle pourrait gagner un peu plus de temps avant de faire face à la mort.

- Et tu dis que c’est l’un de ces sorts qui est resté dans le coffre pendant tout ce temps ?

Elle se demanda intérieurement s’il provenait du même grimoire que celui dans lequel elle avait trouvé celui qui promettait de contrer le pouvoir de la marque de démon qu’elle portait maintenant. Du moins, c’est comme ça qu’elle l’avait compris… qu’en lançant un sort de distorsion au-dessus de sa marque démoniaque, il serait pratiquement impossible de la suivre. Bien sûr, le sort n’enlèverait pas sa marque, mais c’était la meilleure chose à faire.

Elle avait besoin de savoir où ils avaient pris ce grimoire. Sa prochaine étape serait donc de localiser le clan de sorcières le plus puissant de la ville et de les convaincre de l’aider à exécuter le sort. Le problème, c’était… que quelqu’un avait déplacé ce fichu livre.

Gypsy fit pivoter sa tête d’un côté lorsque le soulagement qui était au fond des yeux de Lacey se transforma en inquiétude.

- Lacey, où étais-tu pendant tout ce temps ? Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu reviennes ?

Comme Lacey ne répondit pas tout de suite, Gypsy baissa le regard vers l’endroit où leurs mains étaient encore unies autour du cristal.

- Saches que Grand-Père était mort d’inquiétude lorsque tu as disparu. Il a essayé de me le cacher, mais tu es restée si longtemps à l’écart qu’il a fini par se convaincre que tu ne reviendrais jamais… que quelque chose de terrible t’était arrivé.

Lacey fit une petite grimace en se disant que son grand-père était la dernière personne responsable du pétrin dans lequel elle était.

Ils avaient toujours tenu Gypsy à l’écart mais maintenant qu’il était mort, rien ne pouvait l’empêcher de dire au moins une partie de ce qui lui était arrivé. En plus, quand son passé l’aurait rattrapée, elle saurait au moins ce qui lui était vraiment arrivé.

Se sentant calme et apaisée, elle décida de dire à sa cousine quelles étaient les activités annexes de la famille.

- Grand-Père t’envoyait toujours aux ventes aux enchères et dans des endroits sûrs pour récupérer les artefacts qu’il voulait pour sa collection ou pour apaiser sa clientèle. C’était ton travail et tu te débrouillais très bien.

Elle sourit affectueusement à sa cousine avant d’ajouter :

- Mais moi… j’étais douée pour faire quelque chose de complètement différent.

- Où veux-tu en venir ? s’enquit Gypsy en un froncement de sourcils.

Elle avait le pressentiment qu’elle n’allait pas aimer ce que Lacey allait lui dire.

Celle-ci haussa les épaules comme si ce n’était pas si grave :

- Grand-Père t’envoyait chercher les choses qui étaient disponibles et faciles à obtenir… il te suffisait de conclure secrètement des accords grâce à des choses très recherchées ou à d’énormes liasses de billets. Et moi, il m’envoyait faire des choses complètement différentes… et pas si faciles à obtenir.

- Comme quoi ? demanda Gypsy.

- Comme tout plein de choses que personne d’autre ne voulait faire, lâcha Lacey qui vit subitement la mâchoire de sa cousine se relâcher d’un coup.




Chapitre 2


- Il t’envoyait voler des choses pour lui ? La voix de Gypsy se fit déconcertante. J’n’arrive pas à croire que Grand-Père t’ai incitée à faire quelque chose d’aussi dangereux.

- Comment tu penses qu’il a fait pour se lancer dans cette entreprise ? Tout au début, je veux dire ? demanda Lacey avec un léger sourire.

- Je n’ai entendu que des rumeurs, lui confia sa cousine.

Certains des plus hauts gradés des ventes aux enchères clandestines avaient faits certaines allusions au cours de ces dernières années. Elle se contentait d’hocher la tête poliment et de sourire, puis elle balayait vite ces ragots de son esprit car elle ne voulait pas y croire.

Puis elle soupira en concédant :

- Je ne faisais que hausser les épaules en pensant qu’ils s’en prenaient à moi parce que je mettais souvent la main sur des choses que les autres voulaient vraiment.

- En même temps, ils pouvaient être jaloux. Grand-Père était un cambrioleur notoire dans la fleur de l’âge. Il a été en mesure de mettre la main sur beaucoup d’objets de valeur ces dernières années, lui confirma Lacey avec beaucoup de fierté dans la voix. Il était spécialisé dans les objets surnaturels… des vieux livres d’orthographe, des journaux, des peintures et toutes sortes d’objets magiques. On dit même qu’il aurait trouvé le Saint Graal et qu’il l’aurait caché à l’homme qui l’a engagé pour le trouver. Personnellement, j’en doute fort, mais cela ne fait que s’ajouter au mythe qui entoure notre grand-père.

Gypsy prit la parole à son tour :

- Comment est-il resté en vie tout ce temps, à chercher des objets aussi dangereux ?

Lacey répondit en haussant les épaules :

- Qui sait ? Grand-Père s’est fait beaucoup d’ennemis avant de laisser tomber son passe-temps préféré. Personne ne pouvait prouver que c’était lui parce qu’il maîtrisait l’art du vol. Une des premières choses qu’il avait volées était un dispositif de camouflage qui l’a rendu complètement indétectable. Ce qui le protégeait de la plupart de ses ennemis qui le soupçonnaient était le fait que beaucoup de choses qu’ils pensaient qu’il aurait pu voler étaient assez puissantes pour être utilisées contre eux s’ils se vengeaient.

- Un peu comme un dispositif lui permettant de se cacher, répéta Gypsy les yeux écarquillés. Comme la cape d’invisibilité d’Harry Potter ?

- Je ne sais pas... je ne l’ai jamais vu depuis, vu qu’il a disparu avant nos naissances, répondit Lacey. Je suppose que quelqu’un d’autre devait être un voleur encore meilleur que Grand-Père.

- Pas étonnant que ce qui reste de notre famille ait quitté la ville et nous ait prévenus de ne pas traîner avec lui. Je pensais que c’était simplement parce qu’ils croyaient qu’il était fou de croire au surnaturel et de gérer un magasin comme celui-ci.

Gypsy secoua la tête en se rappelant toutes les fois où elle l’avait défendu. Elle ne le regrettait toujours pas. Elle l’avait aimé et c’était tout ce qui comptait pour elle.

- Mais pas du tout ! la contredit Lacey. La famille n’était pas au courant de tout ça, et d’ailleurs, c’était son souhait. Il faisait exprès d’agir bizarrement quand il était avec eux… pour que comme ça, ils lui collent l’étiquette du paria bizarre et qu’ils décident de ne pas être trop proches de lui. De son côté, il ne voulait pas les mettre en danger si quelqu’un le poursuivait.

Les lèvres de Lacey laissaient entrevoir un triste froncement de sourcils tout en pensant au moment où elle avait emménagé avec lui… ici même, dans ce magasin. Ses parents sont morts dans un accident quand elle avait neuf ans, et c’est son grand-père qui est venu la chercher au bout de quelques heures. Il se demandait si cet « accident » en était vraiment un ; il lui avait même avoué son inquiétude une fois qu’elle eut appris la vérité le concernant.

Et la théorie disait que ses parents auraient pu être assassinés à cause d’une babiole paranormale et qu’elle avait été poussée à vouloir se venger. Du coup, évoluer dans un tel milieu lui aurait peut-être permis de tomber sur le ou la coupable. Mais rien ne s’était jamais présenté, et elle était très vite devenue accro à son travail. Il y avait ça… et l’argent qu’elle gagnait, aussi !

- En fait, c’est moi qui voulais le suivre dans cette aventure. Mais lui, il a toujours été contre, se rappela-t-elle. Au bout d’un moment, je l’ai accablé… en partant voler toute seule. Un jour, j’ai tout fait pour qu’il me surprenne en train de le faire, afin qu’il n’ait pas d’autre choix que de m’apprendre comment entrer et sortir sans être vue. Ce n’était pas son idée… et je ne lui ai pas laissé le choix. En fait, il avait deux options : soit de me laisser y aller toute seule et de me faire tuer, soit de m’apprendre ses combines et de croiser les doigts pour que tout fonctionne.

- Je vois, dit Gypsy en hochant la tête, se sentant presque désolée pour son grand-père. Le pauvre, il n’a pas eu de chance par rapport à ça.

- Bon, eh bien… pour être franche, c’est plus ma dernière mission qui m’a complètement dépassée, avoua Lacey. C’était ma faute et Grand-Père n’aurait pas dû autant se reprocher tout ça. Il savait très bien à quel point j’étais têtue et qu’il avait fait de son mieux.

- Oh non, chuchota sa cousine en grimaçant. Mais là, tu es partie pendant plus d’un an. Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? Elle tendit la main pour lui essuyer une tache de poussière avec son pouce. Est-ce pour cela que tu t’es habillée de cette manière et que tu t’es introduite ici comme une voleuse ? Tu essaierais pas de fuir quelque chose ? Ou quelqu’un ?

- Un peu des deux… je ne devrais même pas être ici maintenant, et moins tu en sauras, mieux cela vaudra pour toi. Elle tourna les yeux du côté de la porte en se disant que le mieux pour elle serait de suivre l’exemple de son grand-père et de protéger sa famille en gardant ses distances. J’étais censée venir ici sans me faire attraper, mais ton garde du corps a tout gâché.

Gypsy remarqua que Lacey commençait à perdre patience et la manière dont elle regardait la porte lui disait qu’elle était pressée de partir. Voulant la retenir auprès d’elle, elle poursuivit rapidement :

- Il y a une clause dans le testament de Grand-Père à ton égard… il a toujours eu l’espoir de te voir revenir.

Lacey sourit affectueusement :

- Il s’est toujours bien occupé de nous.

Gypsy hocha la tête en confirmant :

- En effet, et c’est pour ça qu’il t’a laissé la moitié du magasin dans son testament. Et oui, le Brouet de la Sorcière est à moitié à toi, et à moitié à moi. En ton absence, je me suis débrouillée pour que l’acte soit fait exactement comme Grand-Père l’a voulu. Nous sommes associées, et nous allons gérer cet endroit ensemble, dans la mesure où tu décides de rester, évidemment !

- Je ne sais pas, murmura Lacey.

Ses jours étaient comptés. Et même si elle avait eu recours à cette formule magique et qu’elle avait soigné sa marque de démon… tout finirait un jour par la rattraper et ce serait la fin. Elle tenta de retirer la main de Gypsy mais sa cousine ne la laissa pas faire. Elle poursuivit : tu ne sais pas ce que tu me demandes. Si je reste… ça risque d’être dangereux pour nous deux… pas seulement pour moi.

- J’ai maintenant des amis puissants qui pourront t’aider si besoin… comme par exemple à te protéger… lui expliqua Gypsy en levant le menton. Après tout ce qu’il s’est passé ici… et je suis maintenant plus forte que dans tes souvenirs. Je pourrai moi aussi faire face à pas mal de choses.

Lacey ferma les yeux en inspirant profondément. Cette boutique qu’elle aimait tellement était à moitié à elle… « Merci, Grand-Père », dit-elle en elle-même. Il lui a toujours dit combien elle lui rappelait lui-même lorsqu’il était plus jeune, chose dont elle a toujours été fière. Elle se souvenait aussi de ses longues leçons de morale sur le fait qu’elle pouvait se faire tuer n’importe quand. Et oui… et s’il la voyait maintenant, la première chose qui sortirait de sa bouche serait : « Je te l’avais bien dit ! »

Gypsy voyait qu’elle était en train de gagner et ajouta :

- Tu peux aussi me dire ce que tu cherchais dans le coffre en demandant à Ren de te le rendre, si ça peut t’aider à aller mieux.

Elle était si seule depuis que Lacey était partie et que Grand-Père était décédé. Elle était convaincue que Lacey était morte et l’avait même pleurée. La voir ici maintenant… elle ne voulait pas la perdre à nouveau.

Lacey, de son côté, avait l’impression que son cerveau avançait très vite. Elle voulait vraiment rester, mais oserait-elle sous-estimer les démons qui la poursuivaient en baissant la garde ? Et pour couronner le tout, un des amis de Gypsy était un démon… ou un surhumain, ou quelque chose de ce genre, et ça la rendait un peu nerveuse. Soudain, elle repensa à quelque chose que Gypsy lui avait dit. Réfléchissant un instant, elle finit par sourire de manière malicieuse en disant :

- Je reviens sur ce que tu m’as dit tout à l’heure. Ce sort, jeté sur le magasin… seul le propriétaire peut inviter les gens à entrer, c’est bien ça ? Si je suis à moitié propriétaire du magasin, et que je demande à quelqu’un de partir… il s’en va ? Hein ?

- Tout à fait. Tu peux décider de qui peut venir et qui ne le peut pas, dans la mesure où la personne n’est pas humaine à cent pourcent, confirma Gypsy en hochant la tête rapidement puis en respirant de manière saccadée lorsque Lacey se pencha brusquement en avant et la prit dans ses bras.

- Ça veut donc dire que je peux demander à ceux qui m’importunent de partir, ton garde du corps de mes deux inclus, dit Lacey dans un gloussement, nerveuse à l’idée qu’elle s’était mise en tête, et convaincue que la meilleure chose qu’elle pouvait faire était de rester là où elle avait un bouclier démoniaque autour d’elle. Peut-être qu’un jour elle serait comme une recluse, mais au moins, elle serait au courant quand il sera temps de faire face à ses démons.

- Euh… s’il te plaît, ne vire pas les garçons, implora Gypsy en se dégageant de leur étreinte et riant presqu’en voyant la mine déconfite de sa cousine. Si Ren et Nick n’avaient pas été là, je serais soit morte, soit l’esclave d’un démon, et tu n’aurais pas de boutique dans laquelle tu pourrais te réfugier. Ils m’ont tous les deux sauvé la vie à un moment donné. Et concernant Ren, tu ne peux pas faire marcher le sort sur lui, parce que c’est lui qui m’a aidée à le mettre en place.

Elle fit un sourire discret en pensant qu’elle avait déjà utilisé cette formule magique contre lui le jour où elle avait voulu la tester.

Lacey leva presque les yeux au ciel, mais elle se contenta d’acquiescer pour faire savoir à sa cousine qu’elle se comporterait… pour le mieux qu’elle le pourrait dans tous les cas.

- Tu peux au moins garder mon secret ? Moins les gens sauront ce que je fais, mieux ça sera. Pour être honnête, je n’aurais même pas dû te le dire. De plus, je préférerais m’entendre avec tout ton harem plutôt que de me battre avec.

Gypsy était sur le point de lui répondre quand elles entendirent le verrou tourner, ce qui les fit sursauter. Elle soupira longuement en se disant que soit les garçons avaient décidé qu’ils avaient assez longtemps attendu, soit qu’ils avaient tout entendu… elle préférait la première option.

Les filles regardèrent avec lassitude l’épaisse porte d’acier s’ouvrir et Ren entra, suivi de Nick. Ren n’avait pas l’air du tout content, alors que Nick affichait une expression compréhensive et sereine.

- J’ai bien peur qu’il en soit terminé pour vos petits secrets, dit Ren avec satisfaction. De toute façon, on vient de les entendre.

Lacey le regarda juste en pensant qu’ils avaient seulement entendu ce qu’elle venait de dire à Gypsy et… que ce n’était que la partie visible de l’iceberg. S’ils savaient vraiment tout, ils l’auraient déjà foutue dehors en prenant soin de bien tout refermer.

Nick remarqua les regards intenses que Ren envoyait à Lacey et se demanda si cet idiot allait vraiment la mettre dans son lit alors qu’il venait de l’accuser d’être une voleuse. Au plus profond de lui-même, il espérait vraiment qu’il ne serait pas suffisamment stupide, sinon les filles pourraient très bien se le mettre à dos.

Prenant le parti d’attendre et de voir ce qu’il ferait, il avança jusqu’au canapé où Gypsy était assise pour voir comment se déroulerait la suite des évènements.

Se sachant épiée, Gypsy lâcha rapidement le cristal et serra les dents envoyant que Ren le fixait avec désapprobation. Elle ne comprenait pas pourquoi, mais être surprise de la sorte par ce type lui donnait l’impression d’être comme une enfant prise en flagrant délit. Elle glissa sur le côté du canapé pour se rapprocher de Nick.

- Dans des circonstances un peu plus ordinaires, un cristal comme celui-ci, qui est un cristal servant à protéger notre vie privée, aurait pu fonctionner avec votre grand-père et d’autres membres de votre famille… mais je ne suis pas humain, leur dit Ren, même s’il s’adressait plutôt à Lacey. Et après ce que je viens d’entendre, je pense que garder des secrets n’est pas la meilleure idée… en fait, c’en est même une très mauvaise et toi, ajouta-t-il en mitraillant Lacey du regard, je suis sûr que tu n’as pas raconté toute ton histoire.

Lacey serra ses lèvres ensemble et lui lança sur un ton on ne peut plus provocateur :

- Personne ne t’a demandé de nous espionner.

Et là, c’est Ren qui dominait Lacey, la regardant fixement avec ses yeux argentés intenses et ses lunettes de soleil en main. Comment osait-elle lui parler ainsi ? Il faisait deux fois sa taille.

Gypsy se leva rapidement pour aller s’installer derrière Nick au moment même où Ren claqua ses deux paumes contre l’arrière du canapé, mettant Lacey prisonnière des coussins près desquels elle était assise.

- Vas-y ! Je t’écoute ! lui ordonna-t-il d’une voix dure en espérant que l’intimidation serait la clé pour avoir les détails qu’il voulait obtenir.

Maintenant que Gypsy était derrière lui et ne pouvait pas voir quelle expression il faisait, Nick se mit à sourire largement. Il fit un pas en arrière, se rapprochant encore plus de Gypsy pour lui faire savoir en silence qu’il la protégerait du grand méchant Ren en cas de besoin. Il n’y pouvait rien si Ren le faisait passer pour le gentil.

Lacey regarda Ren avec autant de ferveur et sortit quelque chose de sa poche sans que personne ne s’en aperçoive. Sentant le mince métal chaud contre sa peau, elle surprit tout le monde quand elle claqua sa paume contre la poitrine de Ren et le repoussa aisément loin d’elle.

- Recule, insista-t-elle calmement.

Ren sentit quelque chose lui piquer la peau à travers sa chemise et recula à contrecœur. Ses lèvres s’amincirent car il avait deviné qu’elle avait une sorte de médaillon ensorcelé dans sa main qu’il parvint à balancer loin d’elle d’un mouvement rapide. Puis, lorsque celui-ci lui brûla la main, il glissa à l’autre bout de la pièce.

- T’en a pas marre de toujours jouer avec tes machins, là ? grogna-t-il, en souhaitant silencieusement que sa main arrête de piquer. Mais peu importe… il n’aimait pas beaucoup ça, c’était certain.

- J’ai rien à te dire, riposta Lacey en gardant une voix tranquille tout en se levant.

Le fait que le médaillon ait si bien fonctionné sur Ren lui fit savoir que ce dernier était puissant, car il ne réagissait qu’aux pouvoirs et ne faisait rien aux démons faibles parce qu’ils n’avaient pas assez de puissance. Et honnêtement, elle ne s’attendait pas à ce qu’il fonctionne aussi bien sur lui… mais en même temps, elle n’avait que son médaillon à portée de main.

- P’t’être que ne suis qu’une humaine, mais ne fais surtout pas l’erreur de me sous-estimer, exhala bruyamment Lacey lorsque Ren fit un pas menaçant en sa direction.

- Je ne te connais même pas, lui dit-elle en arquant un sourcil.

Ren passa une main dans sa frange avec exaspération et compta silencieusement jusqu’à dix… même si ça ne lui servait à rien.

Ignorant Ren, Lacey dirigea son regard vers Gypsy :

- Je vais enlever ces vêtements de garçon, et puis j’irai prendre une douche. Est-ce que Grand-Père a gardé les vêtements que j’avais laissés ?

Gypsy hocha la tête en se disant que Lacey avait plus de couilles que dans ses souvenirs :

- Ils sont rangés dans la malle qui est dans le placard.

Lacey lui envoya un sourire reconnaissant :

- Bon ! À dans quelques minutes. Et toi, poursuivit-elle en regardant bien Ren dans les yeux, histoire qu’il paye pour ce qu’il venait de lui faire quelques minutes plus tôt :

- Ne pense même pas à mater !

- Parce que tu penses que c’est ce que j’allais faire ? répondit-il sur un ton injurieux. Croisant les bras par-dessus la poitrine, il tenta de reprendre le dessus : en tous cas, tu as l’air d’un sale petit rat de rue.

Lacey laissa passer sur son visage un petit sourire amusé et se dit que si elle ne parvenait pas à le battre au jeu des insultes, elle pourrait au moins s’amuser avec lui :

- Pourtant… tu sais que tu en as trèèèèèès envie.

- Je crois que tu as mal compris, déclara Ren. C’est toi qui es connue pour forcer les serrures et te glisser là où tu n’es pas invitée.

Prise au dépourvu, Lacey jeta le cristal et partit se doucher en claquant la porte derrière elle. Ren attrapa le cristal en plein vol en souriant et l’emporta avec lui habilement… comme ça, plus personne ne pourra l’utiliser !

- Ah, tiens, elle a oublié ses vêtements, remarqua Nick en pointant le menton du côté du placard que Gypsy avait mentionné quelques instants plus tôt dans sa conversation avec cette dernière.

Au bout de quelques secondes, la porte s’ouvrit brusquement et Lacey entra en hurlant tant qu’elle put pour exprimer son besoin de zone libre de testostérone. Elle alla directement droit au placard et traîna le coffre.

Gypsy haussa un sourcil et se mordit la lèvre pour ne pas sourire en voyant sa cousine faire glisser le lourd coffre jusqu’à la salle de bain. Puis elle claqua à nouveau la porte sans même regarder dans leur direction.

Au moment où ils entendirent l’eau de la douche se mettre à couler, Gypsy se mit à rire. Les choses seraient beaucoup plus amusantes avec sa cousine à ses côtés. En tous cas… cette fille était drôle et elles avaient été les meilleures amies du monde pendant un bon moment.

- Je ne comprends pas pourquoi tu rigoles, lui adressa Ren en grognant.

Puis il sortit de la pièce en trombe en tapant des pieds dans les escaliers. Il ne comprenait pas comment il pouvait être aussi énervé et excité en même temps.

Nick renifla et regarda Gypsy :

- Et moi qui croyais qu’ils flirtaient juste…

Gypsy acquiesça. Peut-être que cela pourrait être une autre bonne raison pour que Lacey reste.

- Alors, dans ce cas, si jamais elle a des ennuis… et je pense qu’elle en a sûrement, qui ne pourrait pas mieux la protéger que Ren ? constata-t-elle en souriant.

Nick se demandait s’il devait être jaloux parce qu’elle pensait que Ren était un meilleur protecteur que lui, ou bien s’il devait être heureux parce que cette attirance bizarre entre Ren et Lacey semblait contenter Gypsy. Il y pensa un instant, puis laissa tomber l’affaire… car il fallait bien admettre que Ren était plus grand, plus fort et beaucoup plus puissant que lui. Dommage que le principal défaut de ce grand benêt soit son manque de cellules grises…



Ren avait entendu la remarque de Nick mais ignorait ce qu’il insinuait. Flirter… et puis d’ailleurs, il se trompait. Jamais, il ne s’était senti attiré par cette gosse. Elle était sarcastique, sournoise, et c’était une voleuse… tous les défauts du monde, selon ses critères à lui. Une fois arrivé en haut des escaliers, il se mit à tourner en rond dans l’entrepôt immense.

- Et elle a osé me dire, à MOI… de ne pas la mater ! déblatéra-t-il.




Chapitre 3


Lacey soupira quand l’eau chaude déferla sur son corps et savoura le sentiment d’être finalement complètement libre des fixations qu’elle s’était enroulées autour des seins pour pouvoir ressembler à un adolescent. Elle avait eu la bonne idée de brûler les vêtements volés qu’elle avait portés.

Elle attrapa le robinet et augmenta la température de l’eau. Pour elle, se détendre était un luxe dont elle n’avait pas pu profiter depuis qu’elle avait quitté Vincent et toute la horde de démons qui étaient après elle.

Vincent… même son prénom avait éveillé en elle des sentiments de culpabilité et elle fronça tristement les sourcils. Elle l’avait rencontré quelques jours après avoir reçu une maquette de l’énorme musée où son grand-père l’avait envoyée. Il se trouve qu’ils avaient tous les deux étés envoyés par des personnes différentes pour aller voler la même chose.

Ses lèvres tremblèrent lorsqu’elle repensait à tout ça… les yeux effarés de Vincent et ses airs de beau gosse, quand il la surprit en train d’entrer dans la même pièce secrète dans laquelle il était. S’ils avaient essayé de se battre pour savoir lequel d’entre eux était arrivé en premier et qui méritait le butin, ils auraient certainement alerté les gardes lourdement armés qui étaient juste au bout du couloir. Ces derniers les auraient certainement chassés, ou pire… ils auraient également pu leur tirer dessus.

Après s’être contemplés quelques temps, ils arrivèrent finalement à trouver un compromis et décidèrent qu’ils pourraient se mettre ensemble pour tenter de prendre l’objet. Et en y repensant, elle se rendit compte que Vincent s’en serait bien sorti d’une autre manière… il avait seulement accepté de faire tandem avec elle parce qu’il l’avait bien voulu.

Une fois qu’ils furent sortis du musée, ils furent soudainement entourés de cinq démons aux yeux sombres qui étaient entrés dans le corps de cinq officiers de police du coin.

Debout dans la lumière des feux clignotants des voitures de police, les mains en l’air, avec cinq paires de fusils pointés sur eux, elle pensait qu’ils ne s’en sortiraient pas vivants. Jusqu’à ce que Vincent remette à l’un d’eux l’objet volé en échange d’une énorme mallette remplie d’argent.

Par la suite, Vincent lui proposa de partager cet argent. Il lui demanda également de faire affaire avec lui. Sans penser aux conséquences, elle avait accepté en pensant qu’elle pourrait obtenir encore plus de choses pour son grand-père en utilisant les relations de Vincent, qui étaient de nouveaux collectionneurs assez agressifs.

En même temps, elle était contente d’avoir enfin trouvé un partenaire pouvant être aussi sournois qu’elle. Et le fait qu’il soit super sexy n’était pas non plus une mauvaise chose, avec son petit accent anglais lui donnant l’impression qu’il flirtait avec elle en permanence.

Elle secoua la tête à cette pensée naïve et se massa les cheveux avec du shampooing. Elle avait seulement accepté cet arrangement par cupidité, mais aussi parce qu’il était sacrément sexy… ses deux faiblesses.

Après une nuit torride, tout comme la plupart des jours qui suivirent, Vincent lui en avait dit un peu plus au sujet du réseau clandestin auquel il appartenait. Elle comprit rapidement que devenir partenaire avec lui signifiait qu’elle était aussi partenaire avec tout un réseau de puissants démons.

Grâce à son grand-père, elle savait des choses sur les démons, mais cela ne voulait pas dire qu’elle leur avait déjà fait face. Et même si elle savait d’emblée dans quoi elle allait s’embarquer, et que cela l’avait rendue nerveuse, elle avait malgré tout ignoré ce sentiment et avait attendu avec impatience toute la frénésie dont Vincent lui avait parlé.

Ce soir-là, il l’avait emmenée à la rencontre du maître démon de ce réseau… un vieil homme qui avait cent dix ans et qui s’appelait Masters, ce qu’elle trouvait très drôle à l’époque.

Quand le vieux démon rejeta froidement son invitation dans le réseau de voleurs et qu’il tenta de la tuer sur place, elle perdit son sens de l’humour. Si Vincent n’avait pas pris la balle devant elle, elle serait morte. Elle pensait qu’il était mort mais il s’était secoué en grognant parce que la balle était entrée en lui, lui envoyant un jet de sang sur le visage.

C’est à ce moment-là qu’elle comprit que Vincent ne pouvait pas être tué, peu importe ce qu’on lui faisait. Tout en se disputant avec le démon aux yeux noirs pour la protéger, il s’était arraché la balle de l’épaule, expliquant qu’il cherchait depuis des années un partenaire et que c’est elle qu’il avait choisie.

Vu que Vincent était son voleur préféré, Masters avait accepté à contrecœur, mais seulement s’il pouvait la désigner comme l’une de ses sous-fifres, ce qui lui donnait le droit de la tuer si jamais elle s’écartait du droit chemin ou essayait de quitter le groupe.

Alors, Vincent l’avait regardée calmement par-dessus son épaule ensanglantée en lui demandant :

- C’est soit ça, soit il ne te laissera pas sortir vivante de cette pièce. Es-tu d’accord avec cette entente ?

Son grand-père lui avait appris à ne jamais passer d’accord avec un démon, mais elle n’était pas assez stupide pour être en désaccord avec celui qui était devant elle. Comme elle avait regardé dans ses yeux noirs, elle savait qu’il la tuerait et l’oublierait très vite.

Une fois qu’ils eurent quitté l’immense domaine de Masters, elle se retourna pour pouvoir mieux observer Vincent, pensant qu’il était lui aussi un démon… ou, du moins, une sorte de démon hybride, et qu’il ne l’avait pas prévenue. Elle jugea utile d’informer ce beau salaud qu’elle lui était reconnaissante de lui avoir sauvé la vie, mais qu’elle avait pour principe de ne pas coucher avec les démons.

Vincent la prit alors doucement par les épaules et lui demanda de regarder attentivement le sang qui avait taché sa chemise… du sang rouge. S’il avait été un démon, il aurait été noir. Une fois qu’elle se fut calmée, il expliqua ses… circonstances inhabituelles, en disant qu’il était complètement humain, dans tous les sens du terme, mais que des anges l’avaient maudit.

Elle n’était pas certaine d’avoir compris ce qu’il entendait par « anges » puisqu’il ne voulait pas s’étendre là-dessus, mais elle avait bien gardé en tête que Vincent ne pouvait pas mourir. Non, en fait… il pouvait mourir, mais il ne restait pas mort longtemps. Il avait même déboutonné sa chemise pour lui montrer que sa blessure avait déjà cessé de saigner et guérissait rapidement.

Lacey compatit, car elle avait appris à mieux le connaître, comprenant qu’il avait vécu tellement longtemps qu’il s’ennuyait, qu’il n’avait peur de rien, et qu’il se sentait seul… mais aussi, très en colère d’être encore en vie alors que tous ceux qui comptaient pour lui étaient morts.

Elle et Vincent avaient conclu plusieurs accords concernant leur partenariat et leur amitié. La première était qu’elle n’essaierait pas de s’enfuir parce que même s’il ne pouvait pas mourir, Vincent était presque sûr qu’elle le pouvait et qu’elle le ferait une fois que Masters l’aurait rattrapée. L’autre accord était qu’ils continuent leur relation sans condition, chose qu’elle avait énormément appréciée.

Ce n’est pas qu’elle ne l’aimait pas… parce qu’elle l’aimait. Mais il était plus comme son meilleur ami, ce qui était une bonne chose depuis le moment où il avait admis avoir perdu la capacité de donner son cœur il y a des siècles. Pour lui, tomber amoureux de quelqu’un ne ferait que de l’attrister parce qu’il devrait voir cette personne vieillir et mourir… le laissant seul au bout d’un certain temps. Et cela, elle le comprenait parfaitement.

C’est là qu’elle apprit certaines choses au sujet du plus grand voleur de l’époque… son grand-père. Il se faisait appeler « le Caméléon » et c’est le seul nom qu’il avait donné. Et d’ailleurs, il avait été tellement doué dans l’art de la tromperie qu’il n’avait jamais raté une seule mission pour laquelle il avait été embauché… mais aussi pour celles qu’il avait secrètement acceptées.

En fait, il était reconnu comme étant un maître dans l’art du camouflage et le fait qu’il se soit fait appeler « le Caméléon » lui confirma qu’il s’agissait de son grand-père, et tout ça, elle ne le dit à personne, pas même à Vincent. La théorie la plus acceptée était qu’il était métamorphe, ce qui, selon elle, était proche de la vérité, puisque personne ne savait que son grand-père avait le don de pouvoir devenir invisible.

Les démons étaient toujours à sa recherche, mais beaucoup le croyaient mort. Après sa dernière mission, qui était de voler une âme d’orbe à un original, il est tout simplement parti en prenant l’orbe avec lui. Depuis, aucun d’entre eux n’a été en mesure de le trouver… et pourtant, ils l’avaient bien cherché… Lacey n’en doutait pas une seconde ! Par contre, ce qu’ils ne savaient pas, c’était que l’âme de l’orbe en question était rangée dans un coffre en béton à Los Angeles, au beau milieu d’un quartier infesté de démons.

Et c’est pour cela qu’elle savait mieux que quiconque qu’il aurait été dangereux pour elle de contacter n’importe quel membre de sa famille, de peur que les démons trouvent son grand-père. Toujours en allant dans ce sens, c’était aussi certainement mieux qu’elle ne le contacte pas du tout non plus. Il n’aurait pas compris pourquoi, et il serait probablement venu la chercher et il se serait sûrement fait tué.

Elle avait gardé le silence pendant plus d’un an, n’indiquant jamais à personne où elle se trouvait alors qu’elle s’impliquait de plus en plus dans ce réseau de voleurs de haut niveau. Dès qu’elle remarqua qu’elle n’était plus surveillée de ses moindres faits et gestes, elle commença à planifier son évasion. Elle avait même prévenu Vincent qu’elle le ferait dès qu’elle en aurait l’occasion.

Il lui rappela que Masters l’avait marquée sur l’épaule, mais elle avait déjà réfléchi à ce qu’elle devait faire par rapport à ça : elle le rassura en lui disant qu’elle ferait en sorte que son prochain arrêt serait d’aller prendre dans un coffre qu’elle connaissait tenir un grimoire qui l’aiderait avec cette marque de démon… sans lui dire qu’il s’agissait de celui de son grand-père. Et d’ailleurs, pour Vincent, elle n’avait même pas de grand-père.

Les deux dernières missions qui leur avaient été assignées avaient été si dangereuses qu’elle avait failli se faire tuer les deux fois. Mais c’est Vincent qui a pris les risques à sa place en se rendant pendant qu’elle s’enfuyait. Et chaque fois, il se faisait brutalement tuer. Une fois son corps abandonné quelque part, il revenait toujours complètement guéri.

Du coup, reconnaissant qu’il devenait trop dangereux pour elle de rester dans les parages, Vincent lui avait proposé de l’aider à s’échapper. Et par hasard, leur mission suivante les ramena au musée où ils s’étaient rencontrés. Le travail consistait à voler un appareil censé neutraliser tous les démons qui se trouvaient à une centaine de mètres de lui quand il était déclenché. Et ça, ça les arrangeait bien, en même temps.

Ils avaient prévu, pour cette mission, qu’un seul d’entre eux rentrerait. Leurs espoirs se fondaient principalement sur le fait que quand Vincent donnerait l’appareil à Masters, le démon se concentrerait dessus, mais, comme il s’agissait d’une arme contre ceux de son espèce, il n’irait pas après Lacey tout de suite, ce qui lui donnerait le temps d’aller trouver la formule magique dont elle avait besoin pour contrebalancer la marque qu’il lui avait faite.

Ils étaient parvenus à voler l’objet facilement. Aux yeux de Lacey, celui-ci ressemblait beaucoup à un Rubik’s Cube en métal à dix côtés couverts de symboles dorés au lieu de couleurs. Ils en profitèrent pour assommer les gardes et leur voler leurs armes. C’est à ce moment-là que Vincent se tourna vers elle pour lui faire un joli petit discours d’adieu et un baiser sur la joue.

Les ennuis commencèrent quand ils sortirent du musée pour trouver des maîtres démons qui les attendaient avec toute leur horde. Masters avait beaucoup ri en disant que la marque qu’il avait faite à Lacey l’avait averti de ce qu’elle planifiait… jusqu’au fait qu’elle soit la petite-fille du Caméléon et qu’elle courait vers lui et son coffre-fort, rempli de choses très intéressantes… comme, par exemple, l’âme de l’orbe.

Puis il a hoché la tête en direction de Vincent pour le remercier de ne pas lui avoir dit quels étaient les vrais pouvoirs de la marque.

Elle avait regardé Vincent d’un air accusateur, puis lui avait arraché l’appareil de la main en priant pour qu’il fonctionne au moment où il commencerait à se mettre en marche. C’est parce qu’elle avait gardé en tête une photo du Cube qu’elle parvint sans effort à rapidement en relier les symboles.

Les uns après les autres, les démons se mirent à tomber dans une douleur atroce, mais pas Masters… non, cet enfoiré commençait à marcher droit vers elle avec une lueur enragée dans les yeux.

C’est là que Vincent changea de camp. En effet, elle n’avait pas remarqué qu’il avait pris une vieille lame cachée au même endroit que le Cube. Il l’avait en main et il la tenait contre la gorge du démon. D’un mouvement sec, le démon plongea une main dans la poitrine de Vincent qui lui ressortit par le dos.

- Vas t’en, lui grogna Vincent en fermant les yeux alors que la tête du démon tombait sur le sol.

Puis, les autres démons, depuis leur position allongée, la regardèrent. C’est à ce moment-là qu’elle posa très vite le Cube à ses pieds et fit exactement ce que Vincent lui avait dit de faire… elle courut aussi vite qu’elle le put.

Elle n’avait aucun moyen de savoir si Masters avait dit à quelqu’un d’autre ce qu’il savait d’elle et priait pour que ce fils de pute cupide n’ait pas partagé ses secrets de peur qu’un autre démon le devance dans sa course à l’âme d’orbe légendaire. Ses pensées revenaient vers Vincent, se demandant s’il allait bien ou s’il était torturé pour avoir eu un rôle dans son évasion.

Certes, on ne pouvait pas le tuer de façon permanente, mais elle était bien consciente qu’il y avait bien pire que d’être mort… et être brutalement tué encore et encore faisait partie de ces choses.

Elle regarda son épaule en pensant une fois de plus qu’elle devait absolument trouver ce sortilège pour contrebalancer sa marque et pour que Vincent ne se soit pas sacrifié pour rien. Elle laissa l’eau chaude de la douche laver ses larmes silencieuses en redoublant de détermination.

À l’étage, Ren arrêta soudainement de faire les cent pas et fixa le sol en entendant l’eau circuler dans les tuyaux. Un sourire sournois s’afficha sur son visage quand il réalisa qu’il se tenait juste au-dessus de la salle de bain du bas où se trouvait Lacey. Son regard suivit le bruit jusqu’au mur, où les tuyaux qui faisaient circuler l’eau descendaient jusqu’au sol et entraient dans le bunker.

Elle était sous la douche depuis suffisamment longtemps et il était prêt à reprendre son interrogatoire.

Il marcha jusqu’aux tuyaux et posa une main sur celui qu’il voulait et ferma les yeux, se concentrant sur la température du cumulus. Ses lèvres s’étiraient dans un sourire satisfait alors que du givre commença à apparaître sur le tuyau en laiton se trouvant sous ses doigts. Le cri qui résonna dans le bunker fit sursauter tout le monde, sauf lui.

Dans la douche embuée, l’eau était passée de chaud à glacé en moins d’une seconde, ce qui avait fait bondir Lacey sous le pommeau. Dans sa surprise, elle avait glissé sur le fond de la baignoire en emportant presque le rideau de douche avec elle.

- Lacey ! cria Gypsy avec inquiétude.

Lacey se détacha du rideau de douche et le mis de côté, soulagée de constater qu’il était toujours à sa place.

- Tout va bien, hurla Lacey en concentrant son regard sur le pommeau. Mais il faut que tu changes ton cumulus ! L’eau est passée de chaud à un froid polaire en moins d’une seconde.

Derrière la porte de la salle de bain, Gypsy fronça les sourcils en se demandant ce qui avait pu causer un tel changement de température. Un peu plus tôt dans la journée, elle avait pu prendre une douche sans rencontrer ce genre de problème.

- Je vais demander à Ren de s’occuper de ça, l’informa-t-elle au travers de la porte. Il est assez bricoleur et bien souvent, tout se remet à fonctionner après ses interventions.

Lacey tourna la tête et regarda attentivement la porte. En entendant l’explication de Gypsy, elle sut immédiatement ce qu’il venait de se passer.

- Alors là, c’est la guerre, souffla-t-elle entre ses dents.

Elle n’eut pas le choix et dut rentrer à nouveau sous la douche pour se rincer les cheveux.

Le sourire jusqu’aux oreilles, Ren était juste au-dessus d’elle, assis sur le sol le dos contre le mur. Quelques instants plus tard, il entendit des pas dans l’escalier et ne cacha pas son sourire lorsqu’il vit Nick arriver vers lui.

- J’en étais sûr ! s’exclama ce dernier dans un murmure. Mais je dois admettre que c’était bien vu de ta part.

Ren lui répondit en tapotant le tuyau :

- Je sais… il m’arrive aussi d’avoir de bonnes idées.

Nick fit parcourir une main dans ses cheveux :

- Je vais rester dans les parages… Gypsy vient juste de lui dire que tu aimais bien bricoler.

Le sourire de Ren s’accentua encore plus :

- Rho mince alors ! C’est vraiment dommage !

- On dirait pourtant que tu t’amuses bien, l’accusa Nick.

- En effet, confirma Ren. Je vais maint’nant descendre, histoire de voir si je peux voir quel est le problème du cumulus de Gypsy.

Nick renifla et secoua la tête pendant que Ren retournait au bunker. Il aimait beaucoup le fait que l’attention de Ren soit maintenant concentrée sur Lacey, et non sur Gypsy.

Ren entra dans le salon juste à temps pour entendre la douche s’arrêter de couler. Il regarda Gypsy, qui était assise sur le canapé, le visage figé dans un froncement de sourcils.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il en arborant un air innocent.

- Mon cumulus ne fonctionne plus, tout d’un coup, expliqua Gypsy en regardant la porte de la salle de bain. Lacey m’a dit que l’eau chaude est devenue froide comme ça, poursuivit-elle en claquant des doigts.

- Ça craint ! lui rétorqua Ren, ce qui fit que Nick tourna la tête pour qu’elle ne voie pas son sourire apparaître.

Lacey sortit de la douche en frissonnant et se sécha vite. Enveloppant une serviette autour d’elle, elle avança jusqu’au miroir qui se trouvait au-dessus de l’évier et se rendit compte qu’elle avait l’air bien mieux maintenant qu’elle ne se cachait plus sous une couche de saleté et de vêtements beaucoup trop grands pour elle.

Prenant la brosse à cheveux de Gypsy, elle commença à la passer dans ses longs cheveux noirs. Se retournant, elle continua de les brosser tout en ouvrant le coffre… et sourit en voyant tous les vêtements qu’elle avait laissés en partant. Elle se battit contre l’envie de tout jeter en l’air pour pouvoir s’y rouler dedans. Il fallait bien dire que ses affaires lui avaient manqué !

Elle prit une robe pourpre électrique et une paire de sandales noires et les plaça sur le dessus de sa poitrine avec une parure de sous-vêtements. Se retournant face au miroir, elle termina de se brosser les cheveux et reposa la brosse sur le lavabo. La tête penchée d’un côté, elle contempla un moment la petite collection de cosmétiques de Gypsy, et s’efforça de s’en appliquer rapidement pour enfin se sécher les cheveux.

Elle regarda de nouveau dans le miroir et eut le souffle coupé quand elle vit que la marque qui était sur son épaule s’étendait maintenant beaucoup plus qu’avant, et que, à la place de son propre reflet, c’était une silhouette noire qui la regardait. Un véritable cri de terreur lui sortit de la bouche quand cette ombre noir sombre sortit du miroir pour l’atteindre.

Elle trébucha à reculons et faillit se prendre les pieds dans le coffre dans sa précipitation pour l’éviter. Son dos heurta le mur de la salle de bain pendant que des bras trop longs continuaient à tenter de l’attraper et que des lèvres effrayantes se déplaçaient dans un rythme qu’elle pouvait qualifier de sorte d’incantation.

Elle fit un bond en l’air quand la porte vola brusquement à l’intérieur de la salle de bain. Ren se tenait debout sur le seuil, suivi par Gypsy. Lacey les regarda avec de grands yeux et voulut crier une fois de plus en constatant que l’image 3D du démon avait disparu et qu’une mince couche de cristaux de glace recouvrait maintenant le miroir.

Le souffle de Ren se figea dans sa poitrine quand il remarqua sa transformation de sale garçon de rue en peau douce et souple aux cheveux soyeux et propres, avec un corps qui lui faisait regretter de ne pas avoir été à la place du savon. Il savait qu’elle était belle, mais il l’avait sous-estimée. Ses yeux rétrécirent immédiatement sur sa serviette qui était légèrement ouverte et qui laissait à sa vue un morceau de mamelon.

Il se força rapidement à détourner ses yeux en suivant son regard vers le miroir et fronça les sourcils en voyant la couche de glace qui s’y était formée. Le miroir choisit ce moment précis pour se fissurer sous la glace en émettant un bruit inquiétant dans le silence.

Les yeux de Lacey s’élargirent devant le regard suspect de Ren et tentèrent rapidement de trouver un moyen de le détourner du miroir.

- Et pour qui tu te prends à défoncer la porte de la salle de bain pendant que j’y suis, hein ? Sale pervers ? lui cria-t-elle tout en se redressant pour remettre sa serviette en place.

- On pensait juste que tu avais un problème, répondit doucement Gypsy.

Lacey soupira longuement :

- Eh bien, comme vous pouvez le voir, tout va bien pour moi. J’ai cru voir un truc bizarre dans la glace, mais c’est tout. Maintenant, excusez-moi, dit-elle en claquant une fois de plus la porte sur Ren. J’t’avais bien dit de ne pas venir me mater, le nargua-t-elle.

- Ren, le réprimanda Gypsy.

Puis elle ferma la bouche en claquant ses lèvres quand elle remarqua son regard dur et déterminé.

Lacey ouvrit la bouche pour crier, mais aucun son ne sortit. Si c’était une guerre personnelle qu’elle avait déclaré à Ren, elle ne parvenait pas à trouver quoi que ce soit qui vaille la peine de le surpasser.

- Putain, qu’est-ce qu’il est canon ! murmura-t-elle en jetant une fois de plus un regard nerveux dans le miroir. Ne se sentant plus du tout en sécurité, elle s’habilla en vitesse.

Ren sourit en entendant ce compliment mais cela ne dura pas longtemps car ses pensées se tournèrent vers le miroir et l'étrange formation de glace. S’il avait rendu l'eau des tuyaux très froide, cela n'aurait pas pu affecter le miroir… ni rien d'autre dans la salle de bain, d’ailleurs. Non... le cri de Lacey avait été aussi réel que la peur qu'il avait lue sur son visage quand il avait ouvert la porte pour la première fois.

Désireux de donner à Ren plus de temps seul avec Lacey pour, espérons-le, allumer l'étincelle qui, comme il pouvait le voir, était déjà là, Nick jeta un œil sur son téléphone portable, puis il se retourna pour regarder Gypsy :

- Tu es prête ? Il est presque neuf heures.

Les yeux de Gypsy s’allumèrent et elle lui sourit, impatiente de débuter son premier jour de travail. Elle était un peu plus que curieuse de savoir comment elle allait s'y prendre pour inviter ses clients non humains, un par un, dans sa boutique lorsqu'ils entreraient en contact avec sa barrière. Ce serait aussi amusant de voir quelqu'un qu'elle connaissait depuis des années essayer d’entrer et de ne pas pouvoir le faire... Au moins, aujourd'hui serait une journée très instructive.

- Eh bien, je suis contente que les humains normaux puissent entrer sans invitation, sinon je devrais rester à la porte toute la journée comme une hôtesse du Wal-Mart. Bonjour, vous pouvez entrer, maintenant ! gloussa-t-elle en balayant sa main devant elle, ce qui fit sourire Nick.

Gypsy regarda Ren par-dessus son épaule :

- Allez, à vous deux d’jouer, maint’nant !

Elle partit en trombe dans les escaliers avant que Ren puisse dire quoi que ce soit.

Les lèvres de Nick se mirent à trembler, mais il ne dit rien non plus en voyant Ren froncer les sourcils. Enfonçant les mains encore plus profondément dans ses poches, il suivit Gypsy à l’étage pour pouvoir mettre en place la pancarte qu’il avait faite pour Halloween. Si la plupart des gens penseraient qu’il ne s’agissait que d’une décoration d’Halloween, elle indiquait clairement : Tous les inhumains doivent demander la permission avant d’entrer. Il avait l’intention de la mettre sur la porte juste au niveau des yeux afin qu’elle soit vue par tout le monde.

Ren se frotta le menton en regardant attentivement la porte de la salle de bain. Il avait raison quand il pensait que Lacey portait avec elle un vaporisateur de parfum quand elle s’était introduite dans les locaux, la veille. Maintenant qu’elle venait de se doucher, il pouvait sentir sa véritable odeur.

Il pouvait également sentir sa peur, associée au son de sa respiration saccadée alors qu’elle se hâtait de s’habiller. Elle lui avait encore menti. Ce qu’elle avait vu dans ce miroir lui avait vraiment fait peur et il était bien conscient que lui demander ne lui ferait pas forcément de bien. C’est à ce moment-là qu’il décida que la coupe était pleine.

Sortant son téléphone portable de sa poche, il composa le numéro de Storm. Il attendit et sourit lorsque son interlocuteur décrocha à la moitié de la première sonnerie.

- Je vais voir si je peux te trouver Zachary, lui dit Storm en raccrochant brusquement.

Ren n’eut même pas le temps de lui parler. Cela ne l’étonna même pas de voir apparaître les deux hommes dans le salon de Gypsy.

- Mais, bordel, Storm ? Pour qui tu t’prends ? se plaignit Zachary en rentrant sa chemise déboutonnée dans son pantalon défait. Il fallait qu’il ait une discussion avec lui sur le fait qu’il se permette de débouler comme ça à n’importe quel moment de sa vie pour le téléporter avec lui n’importe où. Il poursuivit :

- Tu vois pas que j’étais en train de faire quelque chose d’important ?

- Cela ne prendra qu’une minute, dit Ren en souriant rien qu’en pensant à ce que Zachary était justement en train de faire. Il connaissait assez bien le sens de l’humour de Storm pour le savoir… bref, c’était un moment parfait.

Il enleva ses lunettes de soleil et les glissa dans sa poche en se disant qu’il devrait regarder Lacey droit dans les yeux pendant un moment afin d’utiliser le pouvoir du Phénix.




Chapitre 4


Lacey finit de s’habiller en évitant le miroir autant que possible en se plaignant au fond d’elle-même. Pourquoi ce type a-t-il insisté pour venir à sa rescousse ? Elle allait très bien, merci beaucoup. Bien sûr, elle avait eu ses moments d’angoisse, mais elle s’en était bien sortie. Son irritation l’avait vidée. Et comme elle savait que les démons l’avaient trouvée, elle se dit que ses jours étaient comptés et qu’elle n’aurait sûrement pas le temps de prendre sa revanche.

Elle ferma le coffre et l’enfonça dans un coin avant de contourner le mur pour pouvoir rester hors du reflet du miroir et d’atteindre tranquillement la porte.

Le sourire de Ren devint carrément méchant quand la poignée commença à tourner et il se téléporta directement devant la porte de la salle de bain. Il ne la laissa pas faire plus d’un pas avant de tendre rapidement une main pour lui prendre le front tout en lui serrant l’arrière de la tête de l’autre main pour qu’elle reste immobile.

Inclinant la tête en l’air, il se pencha en avant et planta son regard de mercure dans le sien.

Lacey entrouvrit la bouche pour lui hurler dessus, mais sa voix lui fit soudainement défaut quand elle vit de sombres flammes éclater dans ses beaux yeux argentés. En un instant, les flashes de certains événements qui se sont produit au cours de l’année dernière commencèrent à courir si vite dans sa tête qu’elle eut du mal à les suivre. Le flot d’émotions qui suivit ces visions l’accablait.

Effrayée par ce qu’il lui arrivait, elle tenta de sortir de l’étreinte de Ren, mais son esprit s’engourdit et elle ne pouvait plus bouger.

Ren tenait encore Lacey alors qu’une multitude de souvenirs inondaient son esprit en lui laissant tout voir, et même éprouver certaines émotions qui les accompagnaient. Son entêtement l’empêcha de tomber à genoux par terre. Il vit tout, à partir de sa rencontre avec Vincent, jusqu’à sa vision de la créature passant à travers le miroir de la salle de bain.

Il se mit à respirer lourdement du nez en voyant ses moments intimes avec Vincent, ressentant une jalousie presque aveuglante teintée de haine envers l’homme qui l’avait mise dans cette situation dangereuse. Comment osait-il la toucher si tendrement après lui avoir montré un tel mépris ?

Las d’en avoir autant vu, il relâcha Lacey dans un grognement sévère qui fut immédiatement suivi d’une fissure bruyante qui résonna dans le calme de la pièce.

Sa tête claqua d’un côté quand sa paume heurta son visage. Il savait qu’il l’avait bien mérité, mais il n’avait aucune raison de s’excuser pour cette intrusion.

- Sale connard ! Comment oses-tu me faire ça ? enragea Lacey.

Voyant les flammes disparaître de ses yeux d’argent, elle sut tout de suite qu’il avait pu parcourir ses souvenirs un par un.

- Pour qui tu t’prends, hein, en te permettant d’envahir mes pensées de la sorte ?

- Ah, tu vois, c’est ce genre de réactions auxquelles je fais face, moi aussi, ajouta Zachary dont le visage se fendit d’un grand sourire.

Lacey regarda autour de Ren pour voir qui avait parlé mais elle n’aperçut que deux autres hommes qui semblaient s’être désagrégés dans les airs.

- Pourquoi ? Hein ? insista Lacey en rejetant complètement le fait qu’elle venait de voir deux personnes téléportées hors de la pièce, comme transportées vers leur vaisseau mère. Ça ne la dérangea pas autant que le fait que l’homme qui était face à elle venait de lui voler tous ses secrets.

- Et tu as le culot de me traiter de voleuse ?

Ren la regarda avec une expression stoïque :

- Tu ne m’en aurais pas parlé, de toute manière, et pourtant, rappelle-toi bien que… j’ai quand même eu la gentillesse de te poser la question plusieurs fois. Tu ne m’as pas laissé d’autre choix que de faire appel à un ami très puissant pour m’aider à obtenir les réponses dont j’avais besoin. D’ailleurs, c’est une bonne chose, parce que tu t’es empêtrée dans un tas de problèmes.

- C’est à moi de régler ces problèmes, et pas à toi, répliqua Lacey.

Il se pencha vers elle et sourit quand elle recula contre le cadre de la porte.

- Pour ton information : ici, tout le monde n’est pas méchant. On pourrait même t’aider à te sortir de ce pétrin.

Il arqua un sourcil sombre avant de remettre ses lunettes de soleil.

- Je suis désolée si je suis un peu nerveuse à l’idée de faire confiance aux gens en ce moment… surtout s’il s’agit d’un démon, dit Lacey qui aurait préféré qu’il retire ses lunettes de soleil. Tu peux certainement comprendre pourquoi.

- Je pourrais te confier un de mes secrets les plus précieux, si ça peut t’aider à te sentir mieux, proposa Ren calmement. Je suis un humain, mais je possède la capacité de… copier… ou plutôt, de prendre les pouvoirs des créatures paranormales, dans la mesure où elles restent dans mon éventail de succubes.

Lacey fronça les sourcils :

- Succubes ? Je croyais que ce terme ne s’appliquait qu’aux créatures de genre féminin… en fait, je sais bien qu’il s’agit des femelles, mais du coup, ça ne fait pas de toi un incube ?

Ren secoua la tête :

- Je ne suis pas un véritable succube, c’est juste que nous avons toujours appelé cela comme ça, sachant que je semble aspirer n’importe quel pouvoir de nulle part quand quelqu’un en a assez en lui pour que je puisse le faire. Et ce n’est pas par choix non plus… ça arrive, que je le veuille ou non. Et si je suis entouré de plus d’une de ces créatures, alors je puise plus qu’un seul type de pouvoir.

- Tu es donc un voleur, souligna Lacey avec un sourire satisfait.

Le sourire de Ren concordait avec le sien, mais il corrigea très vite son hypothèse :

- Je ne peux pas leur enlever leur pouvoir, mais je peux les égaler, ce qui est très utile lorsque je me retrouve contre l’un d’entre eux.

- Si tu ne sais pas vraiment ce que tu es, comment sais-tu que tu n’es pas un démon, ou du moins un peu comme un métis ? demanda-t-elle curieusement.

- Parce que le sang des démons est noir, dit Ren en se rappelant la façon dont Vincent avait gagné sa confiance.

Il jeta un coup d’œil sur le coupe-papier placé sur le bureau de Gypsy. En le saisissant, il se trancha la paume et lui fit voir la couleur cramoisie qui avait eu le temps de perler quelques secondes avant que la plaie ne commence à guérir.

Les muscles de l’estomac de Lacey se serrèrent à la vue de cette blessure qu’il s’était auto-infligé. Elle regarda rapidement son visage, se sentant coupable de lui avoir fait faire ça juste pour lui prouver qu’il ne mentait pas. D’une certaine façon, il lui rappelait Vincent… humain ou pas.

- Et comme tu peux le voir, je saigne très bien, et mon sang est rouge, dit Ren en remettant le coupe-papier sur le bureau. Je suis complètement humain tant qu’il n’y a que des humains à proximité… mais hélas, il se trouve que c’est la guerre contre les démons, ici à Los Angeles. Cet endroit grouille de démons et d’autres créatures paranormales en ce moment. Je connais même quelques Dieux qui traînent dans les parages. Mes pouvoirs ont tendance à changer à mesure qu’ils entrent et sortent de mon champ de portée.

- Mais pourquoi tu me dis tout ça ? demanda Lacey qui savait très bien que c’est quelque chose qu’il aurait dû garder pour lui… du moins, c’est ce qu’elle aurait fait.

- Prends ça comme une sentence de t’avoir arraché la vérité en la retirant de tes souvenirs. Je suis désolé d’en être arrivé là, lui dit Ren de manière très honnête. Je sais que je peux être un vrai salaud, mais sache simplement ceci : je vais faire de mon mieux pour te protéger si tu me le permets. Cela signifie que la prochaine fois que quelque chose sort d’un miroir pour te sauter dessus, ne mens pas… mais appelle-moi.

Lacey cligna des yeux lorsqu’il dit « appelle-moi » et son esprit vacilla :

- Tu ne peux pas lire mes pensées en ce moment, hein ? demanda-t-elle en sentant la chaleur monter sur ses joues.

Ren fronça les sourcils et essaya d’entendre ce qu’elle pensait, mais tout ce qu’il trouva n’était que du silence. Puis il réalisa qu’elle avait plus qu’une marque sur le corps. Il l’avait vu quand elle avait presque perdu sa serviette dans la salle de bain. Il se demandait quels autres secrets elle cachait.

- Le petit symbole tatoué juste sous ton sein gauche est en fait une barrière qui empêche les autres de lire tes pensées, dit-il en réalisant subitement pourquoi il pouvait maintenant entendre celles de Nick sans aucun problème, mais qu’il ne pouvait pas entendre celles de Lacey même en se concentrant.

Alors qu’elle fixait Ren, Lacey sentit ses joues s’embraser sans pouvoir décider si c’était parce qu’elle était excitée ou énervée. Pas besoin d’être un génie pour comprendre quelles étaient ses intentions quand il est entré dans la salle de bain. Elle avait même juré avoir vu l’argent de ses yeux briller au travers de ses lunettes de soleil alors qu’il la regardait pendant que son rythme cardiaque accélérait.

- Dans ce cas… je suis heureuse de constater que ce tatouage fonctionne, parvint-elle à articuler avant de lui tourner autour pour sortir le coffre de la salle de bain.

Elle allait bientôt mourir, mais elle devait ranger ses vêtements et en plus, elle ne pouvait pas rester là à le regarder toute une journée… et bizarrement, tout ça l’excitait drôlement.

Comme il n’entendait plus rien d’autre, Nick s’éloigna du haut de l’escalier, point de vue d’où il pouvait tout entendre, et alla dans la partie principale du magasin, où il sourit en levant le pouce à l’attention de Gypsy, ce qui la fit sourire affectueusement.

Il jeta un coup d’œil dans le magasin pour compter le nombre de clients qui naviguaient dans les rayons. Jusqu’à présent, il y en avait cinq et elle n’avait pas eu à les inviter. Il garda les yeux sur la leader du groupe Wicca qui s’approcha de Gypsy pour savoir si la commande qu’elle avait effectuée la semaine dernière était arrivée.

Gypsy se rendit dans l’arrière-boutique et il la suivit au cas où le paquet soit lourd mais il s’arrêta dans son élan quand il entendit la sonnette. Son sixième sens était bien plus élevé que celui d’un humain, et Nick dut réprimer son grognement tout en se retournant pour voir deux démons derrière la porte.

Et même s’ils ressemblaient beaucoup à des anciens militaires avec leurs coupes de cheveux et leurs expressions sévères, il était récemment devenu un pro pour repérer les démons. Comme des vampires sans âme, leur odeur les trahissait toujours.

Un très beau jeune homme entra dans le magasin avant de faire une pause. Regardant ses deux compagnons par-dessus son épaule qui étaient encore debout juste sur l’extérieur du seuil, il voulut rire quand il les vit regarder juste devant eux sur le sol, l’air agité.

Voyant qu’ils le regardaient d’un air accusateur, il se contenta de sourire et de hausser les épaules en disant :

- Désolé les gars.

Il pouvait dire qu’ils savaient qu’il n’était pas désolé du tout vu la façon dont ils le dévisagèrent, mais à vrai dire, il ne s’en souciait pas du tout.

Les ignorant, il se retourna et laissa son regard parcourir le magasin pour tenter d’y trouver le vieux bonhomme ou sa petite-fille.

Nick se plaça debout sur toute sa stature et glissa une main dans la poche de son trench où la doublure de la poche était découpée, lui donnant un accès facile à d’autres choses cousues dans le cuir. Il avait là tout un petit arsenal discret d’armes qu’il n’hésiterait pas à utiliser sans attirer l’attention des autres clients.

Il suivit l’homme qui se dirigeait vers le comptoir et remarqua qu’il ne regardait rien d’autre dans le magasin. Nick avait l’impression que l’étranger n’était pas là en tant que client et que ses chiens de garde démoniaques qui le regardaient à travers la fenêtre n’étaient pas un bon signe pour le retour de Gypsy dans le monde des affaires.

L’étranger regarda curieusement Gypsy qui sortait de l’arrière-boutique une boîte en main pour se rendre à l’autre comptoir où une femme l’attendait.

Nick changea de place, pour se mettre entre Gypsy et cet homme étrange qui la regardait.

- En quoi puis-je vous aider ?

L’homme le regarda une fois de plus d’un air ennuyé. Il détestait s’adresser au videur du magasin, mais il n’était pas intimidé non plus. Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste pour en sortir une enveloppe.

- Je ne suis qu’un messager et ne veux aucun mal à qui que ce soit. J’ai une invitation pour le propriétaire de cet établissement.

Nick saisit l’enveloppe, mais l’homme la lui retira pour la remettre dans sa veste.

- Elle est uniquement à l’attention du propriétaire, lui dit l’étranger avec un accent anglais et un haussement de sourcil élégant.

Nick inspira profondément mais ne sentit qu’une odeur d’humain. Il se retourna et se pencha contre le comptoir, regardant en arrière les deux démons qui regardaient l’étranger avec des yeux sombres.

- Vous êtes en étrange compagnie, pour un humain, commenta Nick qui ne s’attendait pas à obtenir de réponse de sa part. Il n’en eut pas, d’ailleurs.

Gypsy regarda par la fenêtre et vit les deux hommes fixer le magasin au lieu d’y entrer. Elle tourna immédiatement son regard en direction de Nick, le trouvant avec un homme qu’elle n’avait jamais vu avant.

Il arborait une soyeuse chevelure d’ébène légèrement bouclée qui lui atteignait presque les épaules et une épaisse boucle d’oreille en or. Ses joues bronzées étaient nues, mais il avait une moustache et un bouc bien rasés de même largeur, ce qui fait que ses lèvres parfaites semblaient encadrées. Et la perfection ne s’arrêtait pas là : elle avait remarqué ses longs cils foncés par-dessus son regard brun sombre qu’elle jugea comme étant langoureux.

Elle était sûre qu’il séduirait sans problème n’importe quelle femme qui croiserait son chemin. En fait, ce gars était vraiment trop beau et si ces derniers jours lui avaient appris quelque chose, c’était bien que les vrais humains ne l’étaient jamais autant. Cela la rendit d’autant plus nerveuse alors qu’elle essayait de finaliser au plus vite sa transaction avec sa cliente. S’énervant de plus en plus, elle regardait par-dessus le comptoir la jolie fille qui venait régulièrement dépenser de l’argent dans son magasin puis soupira de satisfaction quand cette dernière lui tendit un gros billet en lui disant de garder la monnaie.

- Merci, dit Gypsy en souriant et en remarquant qu’une liste d’articles chers et difficiles à trouver était mélangée aux billets. Elle regarda la cliente tout en réalisant qu’elle était certainement au courant de l’afflux soudain des démons, sinon elle ne ferait pas de demandes aussi étranges, mais elle n’avait pas le temps d’en discuter maintenant avec elle.

- Je vous appellerai quand les articles arriveront, l’informa-t-elle en hochant la tête comme si elle avait simplement commandé une boîte de chocolats.

Alors que la cliente s’en allait avec sa boîte d’articles douteux, Gypsy regarda Nick qui faisait face au beau gosse et qui semblait le jauger dans un terrible face à face.

- Puis-je vous aider ? demanda-t-elle en arrivant de l’autre côté du comptoir.

L’étranger détourna les yeux de Nick et lui sourit :

- J’espère que oui. Est-ce que par hasard, le vieil homme qui dirige cette boutique est ici ?

Le sourire poli de Gypsy s’évanouit, mais elle avait déjà répondu à cette question des milliers de fois depuis qu’elle avait repris les rênes du magasin.

- Je suis navrée, mais il est décédé il y a plus d’un mois.

Elle perçut une tristesse silencieuse se glisser dans les yeux de l’homme et cela la mit plus à l’aise. Avec ce genre de réaction, il n’était sûrement pas là pour lui causer des ennuis.

- Alors, peut-être que sa petite-fille est disponible ? demanda calmement l’homme.

- C’est moi. Je peux faire quelque chose pour vous ? demanda poliment Gypsy.

L’homme fronça légèrement les sourcils dans sa confusion, mais son sourire reprit rapidement le dessus :

- Peut-être. On m’a dit de donner ça au propriétaire.

Il glissa l’enveloppe de sa poche pour qu’elle la voie. Avec Monsieur Je-Tire-Plus-Vite-Que-Mon-Ombre juste à côté d’eux, il se méfiait en pensant que celle-ci pouvait lui être arrachée à tout moment.

- En fait, je suis à moitié propriétaire avec une partenaire, l’informa Gypsy avec fierté, maintenant que Lacey était de retour.

Un instant, son interlocuteur eut l’air de contempler quelque chose, mais il finit par poser l’enveloppe sur la surface vitrée du comptoir en la faisant glisser vers elle.

Avant même que Gypsy ne puisse l’atteindre, Nick l’intercepta d’un réflexe rapide et l’ouvrit. Il parcourut des yeux l’épais morceau de feuille dorée avant de regarder à nouveau l’étranger. L’homme lui lança un regard de tueur.

Si Gypsy n’approuvait pas l’attitude protectrice de Nick envers elle, l’expression figée de son visage l’incitait à ne pas exiger cette enveloppe. Vu la façon dont les choses se passaient en ce moment, elle avait deviné qu’il s’agissait d’une menace de mort… même si, pourtant, elle était très curieuse de pouvoir lire la lettre.

Nick s’approcha de l’autre côté du comptoir où se trouvait Gypsy et enleva son 9 millimètres de dessous sa chemise. Il maniait le pistolet aussi bas derrière le comptoir de manière délibérée afin que personne d’autre dans la pièce ne puisse le voir, sauf l’homme qui se tenait juste en face. Le pouls de l’homme resta stable, tout comme sa respiration. Nick en conclut qu’il ne représentait pas une menace, mais il voulait que Gypsy se méfie quand même.

- Je reviens. N’invite personne dans ta boutique tant que je ne suis pas là et tire-lui dessus s’il s’approche trop de toi, lui dit-il avec un soupçon de mise en garde dans la voix.

- Mais... ? Pourquoi ? répondit Gypsy dans un murmure confus en le regardant comme s’il était complètement fou. Et la lettre ? Que dit-elle ?

- C’est juste une invitation, mais je pense qu’elle concerne plutôt Ren. Je te tiendrai au courant dès qu’il m’aura dit ce qu’il en pense, précisa Nick en se retournant pour se rendre dans l’arrière-boutique.

Détournant le regard de l’homme, Nick lui répondit, toujours de manière méfiante :

- … à une vente aux enchères très importante, répondit ce dernier avec un sourire sexy.

Les yeux de Gypsy s’illuminèrent lorsqu’elle entendit qu’il s’agissait d’une vente aux enchères, puis elle fronça les sourcils en se demandant pourquoi Nick pensait que Ren serait le premier concerné, même si c’était pour une vente clandestine, car ce n’était pas la première fois qu’elle recevait une invitation par messager.

- De quelle importance ? s’enquit-elle, intriguée.

- J’aimerais tout d’abord vous poser une question, répondit l’homme. Etes-vous de la famille de Lacey ?

La bouche de Gypsy s’entrouvrit alors qu’elle resserrait instinctivement son emprise sur le pistolet en prenant du recul, comprenant maintenant pourquoi Nick avait pris l’invitation pour Ren.

- Mais… qui êtes-vous ? demanda-t-elle avec appréhension.

Les lèvres de son interlocuteur laissaient entrevoir un sourire, mais il ne répondit pas.

Ren regarda en direction de la porte ouverte du bunker quand il entendit les pas de Nick descendre les escaliers en courant. Il regarda le jaguar bondir les dernières marches en serrant une enveloppe dans les mains et se mit à sourciller lorsqu’il le rencontra au niveau de la porte.

- Lis juste ça et pose pas d’questions, lui ordonna Nick en lui tendant l’enveloppe.

Ren l’ouvrit et sortit l’invitation, en la lisant entièrement. Les muscles de sa mâchoire fléchirent un instant alors qu’il luttait contre l’envie de froisser le papier. Son corps se détendit et il changea d’avis en jetant un coup d’œil sur Lacey qui les surveillait de près.

- Et si on allait à une vente aux enchères ? demanda Ren.

- Une vente aux enchères ? répéta Lacey en s’adossant sur le canapé en faisant mine d’y penser un instant et de poursuivre : non, merci.

- Pourtant, tu n’as pas le choix.

Ren se mit à contempler l’invitation pendant un instant. Puis il poursuivit :

- Il semblerait que le principal article de cette vente aux enchères soit une âme marquée et son offre de départ est une âme d’orbe. La vente aux enchères aura lieu ce soir à minuit… tout près d’ici.

Il sentait déjà sa peur s’intensifier, mais il n’avait pas l’intention de la mettre en danger. Son activité dans le réseau clandestin allait prendre fin ce soir… et il s’en assurerait.

Lacey avait l’impression d’avoir les jambes en caoutchouc alors qu’elle s’approchait de Ren et qu’elle prenait le papier qu’il lui offrait. Son regard fut immédiatement attiré vers le symbole du bas où se trouvait normalement la signature, et son cœur s’enfonça dans le creux de son estomac avec effroi. Elle leva rapidement le regard et lut l’invitation en diagonale.

- Qu’ils aillent se faire foutre. Si je reste ici ce soir, ils n’auront pas leur article star et leur petite vente aux enchères va être un échec, dit Lacey en remettant le papier à Ren. Tu vois ce sigle, en bas ? C’est celui du réseau pour lequel je travaillais... et si je vais à cette vente aux enchères, ils me tueront.

- Lacey, dit Ren d’un ton calme, conscient qu’elle avait la frousse. S’ils sont si proches, c’est qu’ils savent déjà où tu es. De toute manière, tu ne pourras pas te cacher éternellement. En plus, on dirait bien que l’on a quelque chose qu’ils veulent.

- Ouais… moi, lui répondit-elle sans se donner la peine de cacher sa peur dans sa voix tout en le regardant. Et si je suis certaine qu’ils me tueront, ce n’est pas une raison pour leur faciliter la tâche.

Nick se retourna et commença à monter les premières marches de l’escalier pour aller retrouver Gypsy et ne pas la laisser seule trop longtemps. Sans même se tourner vers eux, il leur lança :

- Une fois que vous aurez décidé de ce que vous allez faire, y’a un Anglais qui attend la réponse en haut et deux démons qui l’attendent devant le magasin.

Ren baissa les yeux sur Lacey quand il entendit son cœur s’emballer en montant les escaliers derrière Nick. Son expression et ses pensées s’assombrirent. Cet étranger avait plutôt intérêt à ne pas être le bâtard britannique qui l’avait fourrée dans ce pétrin.

Lacey fila jusqu’à la pièce principale, précédée par Nick. Sa bouche s’entrouvrit lorsqu’elle vit Vincent se tenir tranquillement là en regardant Gypsy de l’autre côté du comptoir. Son regard fléchit en voyant l’arme qu’elle tenait en main et elle eut l’envie de pouffer de rire face à cette menace inutile, mais elle se refusa de se dire qu’elle serait la seule à comprendre la blague.

Vincent tourna la tête en direction de celle qu’il recherchait et fixa son regard sur elle.

- Aaaah ! Voilà enfin la jeune fille, respira-t-il en réalisant qu’elle lui avait manqué plus qu’il ne l’avait voulu.

En quelques secondes, Lacey avait les bras autour de sa taille, le visage pressé dans sa poitrine.

Il lui rendit son étreinte et se garda de regarder les démons qui étaient dehors et, même si elle les avait déjà vus, il se tourna pour faire en sorte qu’elle ne puisse les voir.

Gypsy cilla devant ces retrouvailles affectueuses et baissa son arme. Et puis, après tout, il ne pouvait pas être si méchant que ça, vu la façon dont ses yeux s’étaient adoucis à la seconde où il avait vu Lacey. Elle rendit l’arme à Nick quand il la rejoignit derrière le comptoir. Une cliente choisit ce moment pour venir lui poser une question et elle regarda Nick sans savoir si elle devait partir tout de suite ou si elle devait rester.

- Surveille bien qui invite Gypsy dans le magasin. Mais laisse-moi celui-ci, déclara Ren, qui venait d’arriver, sur un ton insistant.

Nick sentit un frisson froid glisser le long de sa colonne vertébrale et se dirigea rapidement vers l’avant du magasin. Même le jaguar en lui était content de ne pas être celui qui avait les bras autour de Lacey en ce moment-même. Ren avait été un vrai salaud quand il s’agissait de concourir pour Gypsy, mais il avait le sentiment que ce n’était rien comparé à ce que l’arrivée de cet Anglais annonçait.

Vincent jeta un coup d’œil à l’homme en colère qui s’approchait d’eux de manière brusque et intimidante. La première chose qu’il avait remarquée chez lui, c’était la façon dont il le regardait… car il ne le regardait pas vraiment… son regard était collé sur le dos de Lacey, là où ses bras étaient bien serrés autour d’elle.

Il n’avait peut-être aucun pouvoir surnaturel, mais après avoir vécu autant de siècles, il savait repérer un homme jaloux à des kilomètres à la ronde. Il se demandait intérieurement ce que Lacey pensait de la relation… si relation il y avait. Depuis un an, il était le seul homme à la toucher et ils n’avaient pas été séparés assez longtemps pour qu’elle se donne à un autre amant. Elle était beaucoup trop exigeante pour ça.

Avec un sourire agacé qui lui tirait les lèvres, il serra son emprise pour voir s’il allait s’y opposer. Après tout, son passe-temps préféré était d’énerver les gens.

Il connaissait suffisamment sa complice pour savoir que son idée d’obsession et de possession n’était réservée qu’aux babioles qu’ils avaient l’habitude de voler… mais pas aux personnes du sexe opposé. C’était une des choses qu’il aimait chez elle : le fait qu’ils étaient tous les deux en faveur de la clause sans engagement.

Sachant qu’il ne pouvait pas arriver là et l’éloigner loin de cet homme, Ren se força à s’arrêter à moins de deux pas derrière Lacey. Il détestait déjà ce connard, mais il était assez intelligent pour contenir son envie de l’étrangler pour qu’il comprenne pourquoi il avait amené deux démons jusqu’ici.

Il glissa sa main droite dans son trench pour cacher le fait qu’il était serré si fort qu’il pouvait sentir ses ongles lui blesser douloureusement sa paume. Si cette crapule pensait qu’il allait ramener Lacey dans son réseau pourri de voleurs clandestin, il lui ferait alors comprendre qu’il aurait à penser à quelque chose de bien plus douloureux.




Chapitre 5


- Je me suis tellement inquiétée pour toi, murmura Lacey dans la chemise de Vincent, essayant en vain de retenir ses larmes rien qu’à le voir toujours en vie.

Les cauchemars qu’elle avait eus de lui, enterré vivant quelque part, ou même pire, avaient instantanément perdu leur pouvoir sur elle depuis qu’elle s’était retrouvée dans ses bras… ceux de son ami qui était mort tellement de fois. Son cœur s’était arrêté cette nuit-là et rien que le fait d’y penser la faisait encore frissonner.

Sa main s’agrippa au tissu de sa chemise :

- Masters… la main de ce salaud t’est passée à travers. Comment t’es-tu enfui ?

Entendant un léger tremblement dans sa voix, Vincent ignora l’homme enragé qui était derrière elle et libéra son étreinte afin de pouvoir tendre les bras. Il la repoussa doucement et constata que ses joues étaient mouillées. Et putain… il lui avait pourtant bien dit de ne pas s’inquiéter pour lui… et encore moins de pleurer.

Son ton s’endurcit :

- Tu n’as pas oublié, ma belle ? Mais j’adore ça… toutes ces choses… mourir n’est rien de plus qu’un jeu pour moi.

Ses stupides larmes avaient le pouvoir de lui faire plus mal que si une main lui crevait le cœur.

- Alors garde tes larmes pour quelque chose qui en vaut la peine, lâcha-t-il en se rappelant que la façon la plus rapide de lui sécher les yeux… c’était de l’énerver.

Lacey jeta un œil sur Vincent. Il l’avait fait exprès :

- Pfff… qui que ce soit, c’est un sale con ! Dis-moi ce qu’il s’est passé, lui rétorqua-t-elle en décidant de jouer au même jeu que lui.

- Ahhhhh ! Bah voilà ! Comme ça, c’est mieux ! Vincent se mit à sourire, trouvant cela vraiment attachant. Quand je me suis réveillé, j’étais de retour chez Masters, dans le jardin. Un tas de démons en colère s’éclataient en me tuant les uns après les autres. Mes blessures, qui guérissaient rapidement, leur permettaient d’avoir le plaisir de m’en faire encore et encore… mais quelle monotone bande d’enfoirés !

Lacey inspira profondément et ses yeux s’élargirent tout en le regardant. Son imagination se déchaîna tandis qu’une myriade de scénarios sur la manière dont les démons pourraient le tuer déferla sur l’écran de son mental comme un film d’horreur.

Voyant à nouveau ses yeux briller, Vincent ajouta rapidement :

- Ils n’étaient pas les seuls à s’amuser, et ils n’ont même pas battu mon record de décès en quarante-huit heures parce qu’ils n’arrêtaient pas de parler.

- C’était ma faute. Je suis désolée… vraiment désolée. J’aurais dû emporter ton corps avec moi d’une façon ou d’une autre, dit Lacey en souhaitant pouvoir remonter le temps. Tu t’es sacrifié pour me sauver une fois de plus, et je… je t’ai laissé au sol. J’étais censée être ta partenaire.

- Tu as fait exactement ce que je t’ai dit de faire, lui rappela Vincent sans mâcher ses mots.

Il tendit la main et la tapota sur le dessus de sa tête comme un bon petit chiot juste parce qu’il savait qu’elle détestait ça. Quand elle rejeta son bras, il était convaincu qu’elle ne s’effondrerait plus devant lui. Il en avait suffisamment traversé pour elle, les mois derniers et il ne pensait pas qu’il pourrait supporter de la voir pleurer maintenant sans lui dire quels étaient ses vrais sentiments.

- Mais tu as dû t’éloigner d’eux, sinon tu ne serais pas à Los Angeles… remarqua Lacey. Tu pourrais les laisser tomber dès maintenant et rester ici avec moi… là où c’est plus en sécurité.

- Tu prends tes désirs pour des réalités, ma cocotte, lui répondit Vincent en inclinant la tête vers l’avant du magasin pour attirer son attention sur ses fans aux yeux noirs qui regardaient toujours chaque mouvement qu’il faisait. Mon escorte m’attend pour que je leur apporte ta réponse.

Lacey eut du mal à leur accorder son attention, puis elle haussa les épaules sans crainte.

- Ils ne peuvent pas entrer dans Le Brouet de la Sorcière. Les démons ne sont pas autorisés à y entrer sans la permission de ma cousine, ou la mienne, alors ils peuvent rester là et pourrir parce que je m’en fous complètement.

- Hélaaaassss… ce n’est pas si facile, dit Vincent en secouant la tête en direction de sa petite partenaire audacieuse.

Quel dommage qu’il ait autant déteint sur elle !

Décidant de la sortir du pays des Bisounours, Vincent prit un ton plus sérieux pour lui montrer son mécontentement :

- Il me semble que tu aies oublié un détail important… laisse-moi te rappeler la réalité des choses. Les démons de notre petit réseau ont une obsession pour les armes des mortels et grâce à ce réseau clandestin, ils en ont obtenu une belle collection. Ces deux-là, par exemple, ils n’ont pas besoin d’entrer ici pour nous capturer… non, pas du tout… et vu qu’ils sont armés, au pire, ils nous tirent dessus au travers de la vitre.

Lacey regarda lentement par la fenêtre en se demandant pourquoi ils ne lui avaient pas encore tiré dessus… peut-être parce qu’il y avait beaucoup de circulation dans la rue… peut-être aussi parce que du monde allait d’un magasin à l’autre, ce qui faisait beaucoup trop de témoins.

Elle reconnut les deux démons parce qu’ils étaient avec Masters la nuit où elle s’était échappée. Vincent avait raison au sujet de leur obsession pour les armes… ils avaient même mis la main sur des armes haut de gamme contre les monstres. Par ailleurs, utiliser des armes au lieu de s’attaquer aux gens leur permettait de se fondre plus facilement dans la masse.

- Pourtant, ils ne peuvent pas tirer sur ce qu’ils ne voient pas, fit-elle remarquer en attrapant la main de Vincent pour tenter de le tirer vers l’arrière-boutique avec elle.

Elle fronça les sourcils en remarquant qu’il ne voulait pas bouger.

Il la secoua en avant pour lui éviter de reculer contre le volcan fulminant qui se tenait juste derrière elle… non, mais quel con, celui-là !

- S’ils le voulaient, ils pourraient même faire exploser le magasin. Et ça, tu le sais aussi bien que moi, dit-il calmement.

Si pour lui, se faire tuer était devenu un jeu, Lacey devait apprendre à raisonner, sinon, elle risquait de carrément perdre la tête. Cette pensée l’irrita et il changea de ton :

- Maintenant, fais-moi le plaisir de prendre cinq minutes pour réfléchir. Sinon, c’est toi que je devrais enterrer.

- Et merde ! lança Lacey en lui arrachant la main dans un cri frustré. Il fallait qu’elle l’empêche de lui sortir cet argument chaque fois qu’il n’approuvait pas ses actions. Et d’ailleurs, pourquoi tu t’entoures de monstres alors que tu ne leur ressembles en rien ? siffla-t-elle, même si elle connaissait déjà la réponse et que c’était une raison futile à ses yeux. Eux aussi, ils peuvent mourir aussi vite que nous. Tu l’as prouvé en décapitant Masters.

- Ne t’inquiètes pas de ça, ma belle, lui dit encore Vincent en se disant qu’elle n’était pas en mesure de fuir ou de se cacher. Je suis ici pour t’aider et tu dois vraiment être méfiante. Le nouveau démon qui est intervenu pour prendre la place de Masters veut conclure un marché avec toi.

- Un marché… ils pensent vraiment que je suis assez stupide pour refaire cette erreur ? Lacey fit une grimace. Ça ne se produira pas.

- Ecoute-moi, dit Vincent en passant sa main à travers sa frange pour la pousser hors de ses yeux. Ce soir, à la vente aux enchères, ils mettront en avant le fait qu’ils aient ton âme et t’offriront ta liberté en échange de l’âme d’orbe que ton grand-père a volé il y a longtemps. Et tu l’as bien, cette âme d’orbe ? Hein ?

Se rappelant avoir tenu cette étrange âme d’orbe dans la paume de sa main, Ren fronça encore plus les sourcils. Aussi, l’image du tourbillon de l’entité piégée à l’intérieur lui vint à l’esprit. Pourtant, il n’avait senti aucun pouvoir venant de l’âme… seulement un pouvoir massif provenant de l’orbe elle-même. Ce qui était à l’intérieur était très bien protégé et confiné. Certainement pour une bonne raison, et le fait que les démons le surveillent ne lui convenait pas du tout.

Lacey regarda Vincent d’un air mécontent quand elle réalisa soudain qu’il était en train de se perdre pour la sauver une fois de plus.

- Mais… c’était ton idée, non ? Parce que tu sais très bien qu’une fois qu’un marché est conclu avec les démons, ils s’y conforment et nous laissent tranquille ?

- Stop ! Arrête de me prendre pour un héros ! lui dit-il en se condamnant toujours d’avoir enfreint la seule règle qu’il s’était imposée : celle de s’être laissé charmer par quelqu’un. C’est quelque chose que j’avais suggéré parce qu’ils me torturaient et que je voulais qu’ils cessent au plus vite.

Lacey serra son poing pour lui cogner la poitrine sans se soucier de savoir si cela faisait plus mal à elle qu’à lui. Non, mais… sérieusement… qu’est-ce qu’il pouvait être bête quand il prétendait ne pas ressentir la douleur de la mort ! Parce que, tellement de fois, elle avait pu voir son regard angoissé pour croire en une telle absurdité.

- T’essayerais pas de me faire pleurer, là ? l’accusa-t-elle.

Vincent se rendit compte qu’il n’aurait probablement pas dû admettre ce petit détail. Elle devrait plutôt lui en vouloir de l’avoir mise en danger au lieu de s’inquiéter de son niveau de tolérance à la douleur. Peu importe à quel point ça faisait mal, si la douleur ne signifiait rien.

Il aurait dû savoir qu’il ne fallait pas céder à sa solitude, ne serait-ce qu’une minute… la traîner dans ce pétrin comme un sale connard d’égoïste juste parce qu’il s’ennuyait. C’était incroyable qu’il l’ait protégée si longtemps, mais si elle voulait bien l’écouter, il pourrait enfin la libérer de tout ça.

- Bon, d’accord… écoute… je ne sais pas ce qu’est cette âme d’orbe, mais le fait qu’ils la veulent et qu’ils soient non seulement prêts à te laisser vivre, mais aussi à te donner une chance pour repartir à zéro… eh bien, ça peut vouloir dire que cette âme d’orbe n’est probablement pas une putain d’bonne chose, admit-il en lui envoyant un regard têtu. Mais si ça peut te permettre de rester vivante, eh bien, dans ce cas, je te demande tout de suite de leur donner cette putain d’babiole.

Elle grogna en se demandant s’il arrêterait un jour d’utiliser le fait qu’elle soit mortelle en sa défaveur. Pour le moment, elle se fichait complètement du démon légendaire que son grand-père avait prétendu piéger dans l’âme d’orbe tel un génie dans une bouteille. Comme son grand-père n’avait jamais su comment l’ouvrir, et qu’il avait essayé, ce n’était pour elle qu’un joli petit presse-papiers.

Se balançant pour chasser Ren de la pièce, elle sursauta en le trouvant à moins d’un mètre derrière elle. Il y avait quelque chose dans le regard noir avec lequel il regardait Vincent qui lui fit mettre encore plus de distance entre lui et son ami. Elle s’interposa entre eux et s’appuya contre le comptoir. Génial… Ren avait l’air de vouloir tuer quelqu’un et Vincent disait toujours qu’il voulait mourir… ils devraient bien s’entendre.

Elle prit une longue inspiration pour se calmer et redressa les épaules :

- Bon… puisque vous avez tous les deux l’air de détester les voleurs, j’en conclu que vous n’avez pas volé cette âme d’orbe, mais que vous l’avez tout bêtement mise dans un endroit plus sûr, comme Gypsy me l’a assuré… c’est vrai ?

- C’est vrai, admit Ren du tac au tac.

Il voulait qu’elle lui demande de l’aide, car l’homme qui se tenait près d’elle voulait certainement sa mort. Pourtant, il avait pu obtenir un certain nombre d’indices sur comment faire la prochaine fois qu’il serait avec elle rien qu’en voyant la façon dont l’étranger venait de se comporter en sa compagnie.

Il se retenait de se frotter la tempe. Le fait d’avoir utilisé le pouvoir de Zachary sur Lacey lui avait embrouillé la tête et ça le perturbait. Il avait l’impression d’être celui qui la connaissait depuis un an… qui lui avait fait l’amour… qui l’avait protégée… et qui est même mort pour elle. Au moins, il avait encore gardé suffisamment de bon sens pour accuser l’autre.

- Dans ce cas, tu ne devrais pas avoir de problème pour le récupérer… pas vrai ?

Lacey voulait vérifier son degré d’honnêteté.

Sachant que ça lui sauverait la vie, Ren avait l’intention d’utiliser cette âme d’orbe à des fins commerciales. Au lieu d’annoncer son projet devant Vincent l’Informateur Démoniaque, il répondit vaguement :

- Je peux m’arranger, mais il faut d’abord que j’en parle à un certain Dieu… il sourit intérieurement quand Vincent leva un sourcil en entendant sa remarque au sujet d’un Dieu. Mais les démons devront accepter que tu aies une escorte à la vente aux enchères, parce que tu n’iras pas seule.

Lacey sentit une pointe d’espoir naître dans sa poitrine en se rappelant soudain de ce que Ren lui avait dit à propos d’aspirer les pouvoirs de ceux qui étaient autour de lui et d’être en mesure de les utiliser. Elle ne pouvait qu’imaginer à quel point il deviendrait puissant s’il entrait dans une pièce remplie de démons et d’autres créatures paranormales. Très bonne idée, même… les démons ne comprendraient pas ce qui leur arriverait jusqu’à ce que tout soit enfin terminé et ils n’auraient pas d’autre choix que d’accepter d’ajouter le nom de Vincent à la liste des personnes libérées.

Ren la fixait, et elle lui offrit lentement le plus beau sourire qu’il ait jamais vu. C’est à ce moment qu’il sut que les ennuis ne faisaient que commencer pour lui.

Maintenant qu’elle avait pris de l’assurance, elle se rapprocha de Vincent et le défia du regard :

- Très bien. Va le dire à ces enfoirés. Je n’accepterai leur accord qu’à une seule condition. L’accord devra comprendre… mon âme et ma liberté… mais également ton âme et ta liberté.

- Pourquoi ? T’as envie de mourir ? demanda Ren, voulant soudainement faire entendre raison à cette jolie fille.

- Non ! Je suis complètement d’accord avec ton nouvel ami, dit Vincent qui reçut un regard ennuyé de la part de Ren. Je ne ferai pas couler le bateau… surtout pas quand tu es dedans. Nous allons être entourés de démons ce soir, à la vente aux enchères. Parce qu’il y a beaucoup de choses à prendre… pas seulement toi !

Vincent respira profondément avant de poursuivre :






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Ren croyait avoir attrapé un petit voleur. Mais il découvrit très vite que t la plus désirable des tentatrices s'était cachée sous un tas de vêtements crasseux. Réalisant qu'elle avait été marquée par les démons et qu'elle désirait mourir, Ren comprend rapidement que la seule façon de la garder en vie est de l'avoir à sa portée. Si les démons étaient assez suicidaires pour penser qu'ils allaient la lui enlever, alors il allait leur faire souhaiter leur propre mort. S'acoquiner avec les voleurs d'un anneau poursuivis par des démons avait été simple… mais c'est leur échapper après qu'ils aient choisi de la tuer, qui mettait Lacey dans une situation critique. Lorsque son partenaire meurt pour lui donner une longueur d'avance, elle ne laisse pas son sacrifice rester inutile et s'enfuit comme si elle avait une horde de démons à ses trousses… ce qui s'avère être le cas. Comment pouvait-elle savoir que sa fuite la mènerait au beau milieu d'une guerre démoniaque et jusque dans les bras d'un séduisant inconnu, bien plus puissant que le pire de ses cauchemars ? Ren croyait avoir attrapé un petit voleur. Mais il découvrit très vite que t la plus désirable des tentatrices s'était cachée sous un tas de vêtements crasseux. Réalisant qu'elle avait été marquée par les démons et qu'elle désirait mourir, Ren comprend rapidement que la seule façon de la garder en vie est de l'avoir à sa portée. Si les démons étaient assez suicidaires pour penser qu'ils allaient la lui enlever, alors il allait leur faire souhaiter leur propre mort.

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